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Au-delà de la mise à l’écart de Chantôme…

Le problème de Chantôme et des jeunes du PSG

Comment motiver les jeunes joueurs formés au club après leurs débuts ?

mardi 6 avril 2010, par Gauthier B.

Le problème de Chantôme et des jeunes du PSG

Clément Chantôme a été écarté par Kombouaré suite à des propos jugés déplacés dans une interview accordée au journal le Parisien. Ce n’est pas le premier accroc de Chantôme avec un entraîneur, et ce n’est pas le premier signe d’une lassitude du joueur, voire d’une cassure qui semble très profonde. Laissant présager un départ inéluctable au prochain mercato…

Samedi matin, le Parisien publiait une interview de Chantôme dans laquelle il clamait son mal-être et disait en substance qu’il ne comprenait pas tous les choix de son coach. La sanction est vite tombée : Chantôme s’est retrouvé écarté du groupe qui se déplaçait à Auxerre le lendemain. Dans cette fameuse interview, Chantôme n’est pourtant pas allé très loin. De Dhorasoo à Kezman, ces dernières années ont vu des joueurs bien plus incisifs vis-à-vis de leur entraîneur. Tout juste Chantôme glisse-t-il une allusion gênante à une éventuelle politique de passe-droits au sein de l’effectif :

Depuis deux saisons, je joue très peu en championnat. Ça ne me permet pas de progresser. Moi, j’ai toujours l’obligation d’être bon, même si je ne joue pas pendant deux mois. Si je ne suis pas bon, je retourne sur le banc. C’est une situation difficile à vivre.

Mais il est vrai que, désormais, ce genre de propos arrive assez régulièrement dans la bouche de remplaçants, qui trouvent continuellement leur sort injuste. La réaction épidermique du coach kanak est expliquée par l’intéressé lui-même, samedi après-midi :

Il y a quinze jours, j’avais demandé aux joueurs de mettre leurs états d’âme de côté. Avec qu’on vit aujourd’hui, un mort, des matches à huis clos, une image du club très mauvaise, il faut faire preuve de professionnalisme et de solidarité. Clément sait que ce qu’il a dit n’est pas bien. Il n’est peut être pas fier mais il va assumer. Pour le moment, on pense au club. A la fin de la saison, il y aura des entretiens.

Kombouaré avait dressé une ligne de conduite à ses joueurs, et Chantôme ne s’y est pas tenu. Il est donc fort logiquement mis provisoirement à l’écart. Pour cet incident-là, l’affaire n’ira pas plus loin.

Toutefois, cela met en avant un problème bien plus profond à propos de Chantôme. Ce joueur est un manieur de ballon assez habile, et il a forcément ses aficionados, qui ne comprennent pas pourquoi les techniciens du PSG ne lui font pas plus confiance, pourquoi les clés du jeu parisien ne lui ont pas encore été remises. Mais il faut se souvenir que ce ne sont pas sur ces qualités-là que Chantôme a pu jouer chez les pros.

Chantôme a déjà été motivé

En 2006, quand Guy Lacombe le fait apparaître dans le groupe pro, puis en match officiel, tous les observateurs des entraînements et des matches parisiens s’accordent à dire que la fraîcheur et la motivation de Chantôme font grand bien à un PSG moribond. Il se comporte comme un chien fou, a un coffre incroyable et enchaîne les titularisations. Rien à voir avec le Chantôme qui se traîne aujourd’hui comme une âme en peine et qui paraît par dessus tout nonchalant.

Le PSG aurait-il tué la motivation d’un jeune homme plein d’entrain, à force de ne pas lui donner sa chance ? Le raccourci paraît un peu facile. Deux facteurs rentrent en ligne de compte quant aux absences répétées de Chantôme. Premièrement, sa santé et son physique frêle lui ont joué des tours. Il a enchaîné les blessures, les maladies et les petits pépins à un rythme confondant. À partir de début 2007, il a commencé à disparaître puis réapparaître dans le groupe au gré de ses divers bobos. De plus, l’arrivée de Jérémy Clément a fait qu’il n’était plus le seul milieu de terrain hyperactif de l’effectif parisien.

Il faut en fait attendre décembre 2007 pour voir Chantôme enchaîner les matches. Jusqu’à la fin de saison, il est très régulièrement titularisé par Paul Le Guen, dans un poste de neuf et demi où son activité fait énormément de bien à l’équipe, même si statistiquement il ne pèse pas, ne réalisant pas de passe décisive et ne marquant aucun but.

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Clément Chantôme (photo Éric Baledent)

Chantôme a déjà été en concurrence

Le premier tournant et le début du déclin interviennent au début de la saison suivante. Makelele est recruté et, contrairement à une idée reçue, Paul Le Guen hésite sur son complément à la récupération : il ne sait pas qui de Jérémy Clément ou de Clément Chantôme sera le plus efficace. Plus tard, il avouera même qu’il ne croyait pas en l’association Makelele-Clément. Bref, Chantôme a une carte à jouer ; il rate la marche, puis se blesse, et voit Clément s’imposer.

Ici intervient alors le deuxième facteur de ses non-titularisations : il a finalement mal réagi à la concurrence, et doit se contenter de bribes de matches au profit d’un milieu de terrain indiscutable : Rothen-Makelele-Clément-Sessegnon. Il n’a plus vraiment sa place, et lâche complètement prise. Il s’investit de moins en moins à l’entraînement, à tel point qu’il a une prise de bec avec Yves Colleu, l’adjoint de Le Guen.

Chantôme est alors dans un cercle vicieux : il a perdu sa place de façon complètement transparente, et n’arrive plus à se remettre en selle pour la regagner. L’arrivée de Kombouaré aurait pu être salutaire… mais les places à prendre avec le nouveau coach se situent plutôt sur les côtés : Paris se cherche un milieu gauche, puis un milieu droit quand Sessegnon passe de l’autre côté. Et les performances de Chantôme sont loin d’être irrésistibles : Jallet se montre plus efficace à droite, et Sessegnon s’avère être la solution la moins pire à gauche. Chantôme parvient toutefois de temps en temps à briller, à marquer ou faire marquer, et acquiert alors une réputation de joueur technique, un peu intermittent, bien loin de ce qu’il laissait transparaître auparavant.

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Clément Chantôme (photo Éric Baledent)

Que faire d’un joueur qui ressent une injustice ?

Même si le contraire est l’idée la plus communément admise, Chantôme a eu sa chance au PSG. Plusieurs fois il a été titulaire, plusieurs fois il a été mis en concurrence. Il se plaint de retourner sur le banc lorsqu’il n’est pas bon, mais des joueurs comme Cearà, Giuly ou Armand, au pédigrée bien plus impressionnant que Chantôme, sont eux aussi allés s’asseoir quand leurs performances ont décliné. Que ce soit sous Le Guen ou sous Kombouaré, plusieurs joueurs qui ne rentraient pas dans les papiers du coach au départ ont réussi à se faire une place en travaillant à l’entraînement et en donnant tout lors de leurs rares apparitions — Luyindula, Pancrate, Traoré, Maurice ou même Kezman —, Chantôme aurait très bien pu faire comme eux au lieu de croire que les dés sont simplement pipés.

Enfin, certains arguent que Chantôme a été trimballé à tous les postes du milieu de terrain. Ce n’est pas faux. Mais la vraie question qu’il faut se poser nous semble la suivante : au nom de quoi le PSG devrait octroyer à un jeune joueur le droit de jouer au poste qu’il souhaite, plusieurs matches d’affilée, et ce qu’il soit bon ou mauvais ? Le PSG est-il réellement responsable de la baisse de motivation de ce joueur qui n’a visiblement pas su se remettre en question ? Avec Chantôme se pose le même cas de figure que pour Ngog : voilà deux joueurs talentueux, qui ont su faire les efforts qu’il fallait pour briller très jeunes et pour forcer la porte du monde professionnel. Une fois arrivés, ils n’ont pas su gérer un contre-coup tout à fait légitime, et n’ont pas admis de devoir se battre à nouveau pour garder leur place. Et que peut faire le PSG face à des joueurs démotivés, si ce n’est finir par les laisser partir ?

Interrogé le mois dernier, Simon Tahar, le président de l’association PSG, nous confiait ses préoccupations au sujet de la confirmation avec l’équipe première des jeunes formés au PSG :

Quelque chose ne fonctionne pas, il faut identifier les raisons qui font que les joueurs ne sont pas en confiance. On leur donne l’occasion de jouer, alors qu’il y a quelques années ce n’était pas envisageable — à l’époque de Luis Fernandez ou d’Artur Jorge il n’y avait aucune chance pour qu’un jeune puisse débuter en pros —, mais ils ne sont pas performants. Ce n’est pas un manque de qualité, ces joueurs sont tous internationaux. Il y a un problème que nous devons résoudre. […] Je pense qu’il y a un travail à faire dans l’accompagnement des joueurs lorsqu’ils rejoignent le groupe pro, pour qu’ils se sentent un peu plus en confiance, qu’ils ne se démoralisent pas à la première déconvenue.

C’est tout le problème de Clément Chantôme, et plus généralement de la génération de joueurs formés au club que l’on disait dorée : comme faire franchir le cap à tous ces joueurs, et comment maintenir le degré d’implication qu’ils avaient à leur début ?

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