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Les vraies raisons du départ de Le Guen

PSG : les coulisses du départ de Paul Le Guen (2/2)

En 2008/2009, L’Équipe et le Parisien ont multiplié les infos contradictoires

mercredi 10 juin 2009, par Vivien B.

PSG : les coulisses du départ de Paul Le Guen (2/2)

Mardi 5 mai 2009, le PSG annonçait sur son site officiel le départ de Paul Le Guen à la fin de la saison, au terme de son contrat. Cette annonce mettait un terme à une saison de rumeurs de licenciement, de prolongation de contrat ou de départ forcé. L’occasion pour PSGMAG.NET de faire le point sur l’histoire de ce départ à travers les deux médias les mieux informés sur le Paris Saint-Germain : le Parisien et L’Équipe. La lecture comparative et rétrospective est des plus croustillantes… Deuxième partie : les coulisses du départ de Paul Le Guen.

Après que Charles Villeneuve a quitté le PSG début 2009, la presse annonçait que la prolongation de contrat de Paul Le Guen au PSG était sur les bons rails. Logique, puisque si Villeneuve et Le Guen ne se supportaient pas, l’entraîneur entretenait en revanche de bonnes relations avec Sébastien Bazin. C’est en tout cas ce que l’on pouvait lire à l’époque… Retour sur la fin de saison de Le Guen au PSG, côté coulisses.

L’avenir de Paul Le Guen

Paul Le Guen vers l’OM : le Parisien tacle L’Équipe

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Le Guen à l’OM

Après Deschamps au PSG, L’Équipe s’est illustré quelques mois plus tard par une autre rumeur explosive : Paul Le Guen à Marseille. Mercredi 18 mars 2009, l’« information » fait la une du quotidien sportif. L’entraîneur parisien dément fermement, tout comme les dirigeants marseillais. Qu’à cela ne tienne, L’Équipe peut compter sur son chroniqueur Didier Braun, dès le lendemain :

Il faut toujours se couvrir car, parfois, pleuvent les démentis. Une vraie averse hier : de l’OM et du Paris SG, au sujet de Paul Le Guen. […] L’info et le démenti jouent chaque jour à cache-cache. Une info peut être fausse un jour et exacte le lendemain (et inversement). Elle peut être fondée à 99 % à minuit moins une et 100 % dépassée à minuit plus une. Elle peut être inexacte de bonne foi et démentie de mauvaise. Elle peut avoir plus de chances d’être juste dès qu’elle a été démentie. Un démenti peut comporter un nombre de contrevérités qui mériteraient d’être démenties. D’accord, les informations que donnent les tableaux d’affichage n’appellent pas de démenti. Mais l’info sportive se déniche le plus souvent hors des stades, dans des couloirs mal éclairés.
Voilà une réponse intéressante : peut-être que, lors de la publication du quotidien sportif, Anigo avait effectivement rencontré Le Guen. Et puis le lendemain, la rencontre n’avait jamais eu lieu. Peut-être que, le 15 mars, Colleu et Anigo ont bien parlé de leur future collaboration à quelques minutes du match le plus médiatisé de France, mais que le lendemain, leur discussion avait porté sur un tout autre sujet. Ou peut-être L’Équipe prend-t-il tout simplement ses lecteurs pour des pigeons ? Allez savoir…

Une chose est sûre : pour le Parisien, la rumeur Le Guen à l’OM est… « fantaisiste » ! De la part d’une collègue du groupe Amaury, la remarque de Sylvie De Macedo dans l’édition du 19 mars n’est pas anodine :

[…] a reconnu l’entraîneur parisien au moment où son téléphone portable s’est mis à sonner dans sa poche. « Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas José Anigo », a-t-il lancé à l’assemblée, rejetant d’un trait d’humour les rumeurs fantaisistes qui l’envoient à Marseille pour la saison prochaine.
Après la rumeur selon laquelle Zoumana Camara jouerait un rôle trouble dans le vestiaire, c’est la deuxième fois en quelques semaines que le quotidien de Saint-Ouen tacle son cousin du groupe Amaury. La rédaction de PSGMAG.NET s’inquiète de cette concurrence nouvelle…
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Le Guen à l’OM

De son côté, Pape Diouf en profitera pour y aller du couplet habituel en province : la presse parisienne — lire « pro-PSG » — cherche à déstabiliser Marseille :

Cette information est un faux grossier. En annonçant que l’OM est entré en contact avec Paul Le Guen en vue de la saison prochaine, un quotidien parisien du matin se livre à une forme de manipulation indigne. Sortir cette prétendue information, qui n’a pas un début de vérité ou d’existence, c’est amener à se demander si le quotidien en question ne vise pas un but bien précis, celui de chercher à déstabiliser l’OM, dont les résultats actuels et la stabilité peuvent ennuyer certains. Avoir recours à cette arme du mensonge n’est pas honorable.

Le 3 mai, Le Guen devrait rester

Après la rumeur marseillaise, c’est tout simplement à Paris que le Parisien envoyait Le Guen la saison prochaine : « En fin de contrat, il [Le Guen] n’aura rien à dire si Sébastien Bazin décide de ne pas le garder. Mais c’est loin d’être la tendance », croyait savoir le quotidien dans son édition du 3 mai 2009.

Le 3 mai, finalement, Le Guen s’en va

Le 3 mai, au soir du match PSG-Rennes, Sébastien Bazin annonce en fait à Paul Le Guen qu’il ne souhaite pas le prolonger à la tête de l’équipe première du club parisien. L’information sera dévoilée deux jours plus tard dans L’Équipe. Mais les raisons ne sont pas évidentes…

Pour quelles raisons Le Guen quitte-t-il le PSG ?

Virer Alain Roche ? Oui, mais non…

Le 14 avril, dans le Parisien, Laurent Perrin dépeint une situation « plus complexe » qu’on ne le dit :

On lui [Paul Le Guen] prête l’intention de se débarrasser d’Alain Roche, responsable de la cellule recrutement, ou de refuser de travailler avec Claude Makelele si ce dernier devient directeur sportif. La réalité est plus complexe. Le technicien breton souhaite travailler dans de bonnes conditions. Il refusera qu’on vienne empiéter sur ses prérogatives. Il veut savoir comment le club s’organisera, avec quels hommes et avec quels moyens. Il désire aussi se sentir complètement soutenu. […] Le Guen reste passionné par sa fonction et viscéralement attaché au PSG. On le dit las, toutefois, des luttes de pouvoir intestines, de l’ingratitude de certains et de l’environnement médiatique.

On, pronom indéfini mis pour tout le monde en général et personne en particulier. Mais qui est donc ce « on » qui prête des intentions à Le Guen en faisant fi de la complexité de la réalité ? Peut-être Guillaume Dufy. Le lendemain, voici ce que ce dernier écrivait dans L’Équipe :

Paul Le Guen […] aimerait surtout ne plus devoir travailler ni avec Alain Roche ni avec Bruno Skropeta.

D’après L’Équipe : le staff et le recrutement

« Le souhait des dirigeants parisiens de lui imposer une partie de son staff technique et, surtout, leur volonté de dépenser un minimum dans le recrutement ont conduit à un irrémédiable désaccord. » Mardi 5 mai, en une, L’Équipe ne prend pas de précaution : le départ de Le Guen tient à un désaccord sur la composition du staff et « surtout » à une ambition limitée dans le recrutement.

Dans les pages intérieures, Damien Degorre développe :

Ce fut une discussion tendue, musclée, avec quelques haussements de ton. […] Si Le Guen voulait rester, il devrait se plier à ses conditions. Parmi celles-ci, des moyens financiers pour recruter réduits à leur portion congrue et la volonté de maintenir Alain Roche, responsable de la cellule recrutement, et Bruno Skropeta, directeur de la communication, deux hommes avec lesquels l’ex-entraîneur de Lyon ne voulait plus collaborer. Or, Bazin les a rencontrés tous les deux la semaine dernière pour leur dire qu’il souhaitait poursuivre avec eux. Autre point de tension, le nom de l’entraîneur-adjoint. Le Guen se veut fidèle à Yves Colleu, rencontré à Rennes en 1998. Seulement, ce dernier ne plaît pas à tout le monde au sein du club. Certains ne le trouvent pas assez proche des joueurs, d’autres un soupçon autoritaire. Pas une raison pour s’en séparer, répliquait Le Guen en substance, quitte à déplaire à certains administrateurs qui le souhaiteraient.

D’après le Parisien : ni le staff, ni le recrutement

Pour le Parisien en revanche, les raisons sont tout autre. Le 6 mai, dans un article intitulé « Les raisons d’un divorce », Arnaud Hermant, Laurent Perrin et Dominique Sévérac exposent une version très différente, voire complètement opposée :

Des proches du patron de Colony Capital avancent que Bazin s’est rendu sans arrière-pensée à la réunion mais devant le refus de Paul Le Guen d’évoluer, de faire son autocritique et de s’ouvrir, principalement dans le domaine de la communication intérieure (notamment avec Roche, le directeur sportif, et Skropeta, le directeur de la communication) et extérieure (médias, public), il s’est résolu à ce divorce. Il n’a pas été question d’Yves Colleu, l’adjoint de Le Guen, ni des finances éventuelles pour la saison prochaine, la discussion entre les deux hommes ayant atteint un point de non-retour plus tôt qu’ils l’avaient prévu.

Le même jour, Bérard, Gouillard, Hermant et Perrin complètent :

Peu bavard avec les journalistes, Sébastien Bazin nous a néanmoins confié qu’il est convaincu d’avoir fait le bon choix. «  J’ai pris la bonne décision », nous a-t-il expliqué, avant de préciser qu’elle ne reposait en aucun cas sur une volonté d’imposer un autre adjoint qu’Yves Colleu à l’entraîneur breton. « Je ne m’immisce pas dans ces questions sportives », a souligné le patron de Colony Capital.

À PSGMAG.NET, nous sommes très respectueux du travail des journalistes de L’Équipe et du Parisien. Il est évident que le fait de voir régulièrement des erreurs dans leurs articles n’est que pure médisance. Mais là, nous avons tout de même un peu de mal à faire confiance aux deux journaux… Après tout, peut-être ne saura-t-on jamais le fin mot de l’histoire : qui peut dire par exemple quand Le Guen s’est décidé à quitter l’OL ? Le Parisien et L’Équipe, certes. Mais il faut voir le résultat…

Au fait, quand Le Guen a-t-il décidé de quitter Lyon ?

Le 22 avril, le Parisien nous apprenait que l’entraîneur s’était décidé en toute fin de saison :

Jean-Michel Aulas expliqua, le jour du départ regretté de son entraîneur, que ce dernier lui avait confié avoir pris cette décision deux semaines auparavant, à l’occasion d’un Auxerre-Lyon, soit le 24 avril 2005. Si Le Guen se décide toujours un 24 avril, alors on guettera le moindre signe après… Lyon-PSG ce vendredi, un autre 24 avril.

Et deux jours plus tard, L’Équipe nous apprenait que l’entraîneur s’était décidé… six mois plus tôt :

Six mois avant son départ des bords du Rhône, Le Guen s’était arrangé pour faire passer le message qu’il partirait en juin, sans jamais le confirmer publiquement.

Une chose est sûre, il y a toujours pire ailleurs. Ainsi certains médias tentent-ils de copier leurs grands frères du groupe Amaury, mais sans avoir le réseau pour cela. Au final, cela donne des articles plutôt… légers. Appréciez vous-mêmes.

Le départ de Le Guen vu par Football 365

Le départ de Paul Le Guen a alimenté la presse tout au long de la journée du 5 mai 2009. Entre 12h52 et 22h42, Football 365 a ainsi publié pas moins de sept dépêches à ce sujet :


- 12h52 PSG - Le Guen annonce son départ
- 12h53 PSG - Le Guen va partir
- 14h20 PSG - Le club confirme pour Le Guen
- 16h54 PSG - Bazin au Camp des Loges ?
- 18h43 PSG - Bazin arrive au Camp des Loges
- 19h27 PSG - Silenzio Stampa
- 22h42 PSG - Et Bazin croisa Le Guen…

Attardons-nous sur ce dernier article, qui vient compléter le suivi en temps réel de la vie du Paris SG. Dans « Et Bazin croisa Le Guen… », Aurélien Canot rend compte de l’agitation du Camp des Loges. Une illustration supplémentaire de l’écart entre la presse sportive traditionnelle et la presse sportive du web, qui fait du remplissage à partir de ce qu’elle lit dans les kiosques le matin.

Pour l’événement, la rédaction du « leader incontesté de l’info foot sur Internet » a en effet décidé de se rendre sur place. L’occasion de savoir ce que pensent de la situation Damien Degorre, journaliste à L’Équipe, et Christophe, « membre du Kop Auteuil » (sic) qui porte un « sweat-shirt au (re-sic) couleur(re-re-sic) du club ». Pas peu fier d’avoir parcouru les 25 km qui séparent les bureaux de Sporever — à Boulogne-Billancourt — de Saint-Germain-en-Laye, Aurélien Canot — «  envoyé spécial au Camp des Loges » — nourrit son reportage de détails croustillants : « Claude Makelele se gare sur une place handicapée », « Sammy Traoré fait laver son gros 4x4 sur le parking des joueurs ». À la fin de l’entraînement, l’envoyé spécial relève un événement extraordinaire : « le défilé de grosses cylindrées en tous genres [les voitures des joueurs] ».

Et sur le fond ? Eh bien la discussion entre Bazin et les joueurs parisiens aura duré « très précisément 38 minutes ». Après avoir « débarqué à 18h37 », Bazin est reparti « à 19h38 » en s’installant « sur le siège passager de sa berline ». De son côté, Paul Le Guen était déjà parti — dans un coupé — aux côtés d’Yves Colleu, qualifié d’« adjoint mal-aimé », ce que seuls les lecteurs de L’Équipe du matin auront pu comprendre. Conclusion du reporter ? « Les ponts semblent déjà presque définitivement coupés [entre Bazin et Le Guen] ».

Privé de commentaire des joueurs, à qui il aurait été demandé de ne pas s’exprimer, Aurélien Canot cache mal son désarroi : « Excepté le “on nous a demandé de ne pas parler” de Mickaël Landreau, c’était le silence presse parfait. Pas plus de déclaration de Bazin, snobant la presse, que des joueurs (Rothen : “je ne parle pas”). » Mais qu’ont bien pu dire Sylvain Armand et Zoumana Camara pour repousser les micros qui s’offraient à eux : « je ne m’exprime pas », « ça va pas être possible », ou encore « revenez demain » ? Malheureusement, les lecteurs de Football 365 ne le sauront sans doute jamais…

Mais à défaut d’infos, l’envoyé spécial sait rentabiliser son déplacement en reprenant à son compte les rumeurs de la presse papier, quitte à devoir baser sa démonstration sur du vent. « Une chose est sûre, affirme ainsi Aurélien Canot, il n’y avait qu’à voir Le Guen et Makelele — côte à côte mais sans se parler — rejoindre les vestiaires du Camp des Loges mardi pour vérifier qu’il n’y a toujours aucun dialogue entre eux. Et ça ne date pas d’aujourd’hui.  » Comme quoi il y a encore pire que les journaux du groupe Amaury : ceux qui tentent — maladroitement — de les imiter [1].

À suivre sur PSGMAG.NET :
- Les relations entre Villeneuve et Le Guen (1/2) ;
- La fin de saison, le bilan de Le Guen au PSG, l’arrivée de Kombouaré.

Notes

[1] À cet égard, ayons une pensée pour Michel Moulin, qui a fort heureusement échoué avec son quotidien low cost.

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