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Longue interview de Paul Le Guen dans L’Équipe

vendredi 29 mai 2009, par Vivien B.

Longue interview de Paul Le Guen dans L'Équipe

À la veille du dernier match de la saison, Paul Le Guen a accordé une grande interview à Frédérique Galametz — et non aux journalistes spécialistes du PSG —, dans le journal L’Équipe. Alain Roche est durement visé. Mais malgré quelques reproches adressés à Bruno Skropeta et Sébastien Bazin — pour sa gestion de la fin de saison —, l’entraîneur parisien ne règle pas ses comptes. Il dévoile les coulisses de ses deux ans et demi au Paris SG. Il révèle ainsi la nature de ses relations avec ses présidents successifs, mais aussi sa volonté de ne pas exclure Kezman jusqu’à la fin de la saison, comme le club le souhaitait.

Ses relations avec Cayzac, Villeneuve et Bazin

Je n’ai jamais ressenti ce couperet [un licenciement en début de saison]. J’ai lu à la une de votre journal : « Deschamps près du PSG ». Je respecte la presse, mais rien ne vaut les choses que l’on vit en interne. Peut-être qu’en perdant un match, j’aurais sauté, mais je sentais que les choses allaient s’améliorer, que je tenais le truc. Nous sommes partis [Charles Villeneuve et moi] d’une relation de défiance. Lui avait du entendre beaucoup de mal de moi, et moi, un petit peu sur lui. Progressivement, les choses se sont arrangées. Il m’a vu travailler, et je l’ai vu intervenir devant le groupe. À la fin, il y avait un vrai respect.

[…] C’est faux [de dire que je ne m’entendais ni avec Cayzac ni avec Bazin]. Avec Cayzac, c’était courtois. Ensuite, tout est lié à son départ. J’étais un salarié du club. On m’a demandé de rester. Je ne lui reproche pas ses critiques ensuite, mais forcément la relation s’est altérée. [Avec Sébastien Bazin] j’ai toujours eu une relation courtoise mais sans affection. Avec mes présidents, je me montre respectueux, mais je fais toujours valoir mes convictions. Il ne faut pas me chatouiller sur mes équipes, par exemple, quelle que soit la façon dont on a recruté les joueurs.

Claude Makelele et le recrutement

Je me suis battu pour Hoarau et Sessegnon. J’ai initié leur venue. Pour Claude Makelele, contrairement à ce qui a été dit, j’étais preneur pour un an ou deux. Je n’ai jamais été opposé à sa venue, un tel joueur ne se refuse pas. En revanche, je n’ai pas compris pourquoi on lui proposait quatre ans de contrat, et je l’ai dit. Et ça s’est transformé en : « Il n’en veut pas. » – Parce que vous aviez peur ?(Il s’agace.) Mais peur de quoi ? Je ne suis pas là pour protéger ma place. Et si j’avais voulu la protéger, comme il était en relation avec Sébastien Bazin, j’aurais dit plutôt bravo, quelle que soit la durée. Sauf qu’il était de mon devoir de faire valoir ce que je pensais. Mais je savais qu’en exprimant un certain scepticisme sur les quatre ans de contrat, cela ne me rendrait pas populaire auprès de certains. […] On lui a menti [à Claude Makelele]. On lui a dit que je ne le voulais pas. C’est faux, et je veux qu’il sache aussi que je suis d’accord avec lui sur tous ses propos. Il a dit que nous avions une relation respectueuse et cordiale. Je suis d’accord. Il m’a toujours rendu la confiance que je lui ai accordée, il me relayait parfaitement dans le vestiaire car nous nous connaissons depuis longtemps. Je l’ai désigné capitaine, nos discussions en tête à tête étaient franches. Ensuite, il a dit que je n’étais pas le meilleur entraîneur qu’il ait connu. Il a raison. Et il a rajouté aussi qu’il n’était pas le meilleur joueur que j’ai entraîné. Il a raison aussi. Enfin, il a dit qu’il fallait nettoyer le club [de ses saletés]. Je n’emploie pas ces mots-là, mais il y a effectivement au club des rentes de situation.

Le cas Mateja Kezman : Alain Roche et Bruno Skropeta

Un jour, Alain Roche [responsable de la cellule recrutement] m’appelle d’Istanbul où il discute le transfert de Kezman, à la demande de Villeneuve. Nous n’en avions jamais parlé. Alors, oui, je lui ai dit : « Je n’en veux pas. » Je n’avais rien contre le joueur, mais on ne l’avait pas suivi de près, il n’était pas sur nos listes. Et je n’acceptais pas cette façon de faire. […] Alain, je connaissais sa personnalité. Je savais que je ne pourrais pas compter sur lui pour m’aider à défendre au mieux les intérêts sportifs du club. Il cherche constamment à faire allégeance avec l’autorité, mais je ne mesurais pas à quel point son incompétence et sa médiocrité allaient me pénaliser. J’en ai eu la confirmation ce jour-là. Et dans dix ans, quinze ans, il continuera encore à faire allégeance, qu’il soit ou pas en activité… Moi, je ne conçois pas le travail ainsi.

[…] Là où ça se complique, c’est qu’on a dit à Kezman que je le voulais. Et forcément, ça rend la position de l’entraîneur impossible. Malgré tout, j’ai tenté de l’intégrer en mettant mon orgueil de côté. Après, ses performances n’étaient pas à la hauteur. Mais j’ai été réglo. Parce que j’ai dit les choses en temps et en heure à chacun. Kezman, lui, a été victime de la situation au départ. Ensuite, il est parfois allé trop loin dans les mots à mon égard, voire dans les gestes. Mais nous avons eu des explications d’homme à homme. […] [Après son jet de maillot] le club souhaitait l’exclure jusqu’à la fin de saison. J’ai refusé, il n’était pas tenable d’entraîner un joueur qui n’aurait jamais la possibilité de jouer. Sa valeur marchande aurait encore diminué, et cela n’aurait pas aidé le groupe. – Lors de sa suspension, Kezman a évoqué la pression que vous lui mettiez… Je savais d’où cela venait. Le dir’ com [Bruno Skropeta] n’avait pas joué la carte du club sur ce coup-là et je le lui ai dit. […] Mais je n’ai pas d’ennemis. Bruno Skropeta, on ne sait pas s’il est directeur de la communication ou attaché de presse de certains joueurs. En tout cas, il n’est pas le directeur de la communication du club. Le jour où un président fort ou un directeur fort lui dira ce qu’on attend de lui, les choses seront plus claires. [S’il a nui à mon travail ?] Honnêtement, je ne m’en préoccupe pas. Je ne veux pas de règlement de comptes.

Son départ du PSG

J’ai beaucoup de défauts mais je ne suis pas naïf. J’ai compris, dès l’été dernier, qu’un désaccord était inéluctable. On m’a obligé à avaler quelques couleuvres. Je l’ai fait vraiment pour le PSG, car j’aime suffisamment ce club pour avoir cette pugnacité.

[…] J’aurais adoré faire dix ans au PSG, c’est mon club. J’y ai connu des émotions fortes, la grande période Denisot… J’ai vécu cela comme un vrai privilège. En revenant, j’ai aussi initié le centre d’entraînement. Je me suis inscrit dans une perspective à moyen et long terme, même si je n’avais qu’un contrat de deux ans et demi. Aujourd’hui, il y a un outil de travail qui correspond aux besoins. Moi, j’ai voulu faire avancer le club et protéger ses intérêts, même si cela a été parfois compliqué parce que les dirigeants d’ici n’ont pas l’expérience d’un Aulas par exemple.

[…] À Paris, nous étions en désaccord sur des points fondamentaux, sur des hommes, des façons de voir, notamment dans la gestion du club et sa façon d’évoluer, sur les moyens de recrutement. Aujourd’hui, il faut redonner un coup d’accélérateur. Ils disent qu’ils en ont les moyens, tant mieux.

[…] Quand je suis allé dîner avec le président [le 3 mai, après la défaite contre Rennes au Parc, 0-1], on a eu une discussion un peu rude. Mais ça ne me choque pas, je déplore seulement le moment choisi. J’aurais voulu qu’on me laisse travailler jusqu’au bout, qu’on puisse défendre au maximum nos chances. On le fera encore samedi [contre Monaco], on a une finale formidable à jouer au Parc. J’espère de tout cœur cette place européenne. […] N’importe quel entraîneur aurait été désarmé en pareille situation. Le moment de l’annonce de mon départ était totalement inopportun. Mais c’est moins embêtant que de dire au vestiaire « S’il y a des problèmes, voyez Claude [Makelele]. » C’est une erreur. On peut me coller pas mal de choses sur le dos, mais j’ai une conscience professionnelle. J’aurai jusqu’au bout assumé, reçu les doléances et transmis.

[…] Non [le vestiaire ne m’a pas lâché]. Dans un vestiaire, il y a toujours des pro et des anti, ceux qui jouent et ceux qui ne jouent pas. L’essentiel est d’exercer une autorité forte, d’être respecté au-delà d’être aimé. J’ai le sentiment de l’avoir été. Il y a eu des rapports parfois durs, mais ils sont restés normaux et n’ont jamais été étalés sur la place publique. Et aucun n’est venu dans mon bureau me dire : « Ce que vous faites, c’est de la merde. »

[…] Si j’avais voulu accumuler les titres, je serais resté à Lyon. Ici, mon bilan est positif. On m’a demandé de sauver le club de la relégation, et de le remonter dans les premières places du championnat, on l’a fait. Il y a une coupe de la Ligue, une finale de coupe de France, un quart de finale de coupe d’Europe. Après, on peut toujours discuter…

[…] Je ne me pose pas la question [de revenir un jour à Paris], mais ici, je ne suis pas détesté. Ce n’est pas la première fois que je tourne une page, je sais les tourner. C’est dur de quitter Paris, bien sûr. On ne part pas le cœur léger, mais je ne veux pas me plaindre. Je suis déjà formidablement content d’avoir fait deux ans et demi. J’aimerai toujours Paris. Alain Cayzac disait que c’était un critère pour entraîner le PSG. J’ai au moins celui-là… (Il sourit.)

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3 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    Chris
    29 mai 2009 13:30

    Ah comme je vais le regretter, ce coach…

  • #2

    Snow
    29 mai 2009 16:12

    Le passage sur Alain Roche est assez savoureux….

    Entre ses casseroles niveau recrutement et sa façon de traverser les crises en sortant renforcé ( ce qui commence à devenir de plus en plus louche…), voici que Le Guen balance la balançoire….

    Je sais que mon avis sur Roche est tres loin d’etre partagé par tout le monde, mais au delà de ses rares reussites en matière de recrutement ( Ceara est à mettre à son credit malgré tout), il donne de plus en plus l’impression de prendre des responsabilités au sein du club que son bilan perso ne justifie pas necessairement.

    Enfin, concernant l’interview de Le Guen, il faut bien admettre que son discours semble integre, coherent. Le fait de faire passer l’interet collectif avant son interet individuel, ou son image mediatique, en fait une personne très respectable à mon sens.

  • #3

    padeco
    31 mai 2009 03:58

    J’ai été en contact avec PLG et je pense que c’est un bon entraîneur et un homme très honnête même s’il enjolive un peu son rôle et n’a pas eu une communication personnelle suffisante pour faire progresser techniquement les joueurs principaux du PSG. Quelqu’un pourrait il me donner un contact mail ou autre pour le contacter je ne pense pas qu’à l’adresse du PSG.fr il réponde encore comme il le faisait. Mon mail dp@oomail.com

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