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Villeneuve voulait virer Le Guen. Ou pas…

Les relations entre Villeneuve et Le Guen (1/2)

En 2008/2009, L’Équipe et le Parisien ont multiplié les infos contradictoires

mardi 9 juin 2009, par Vivien B.

Les relations entre Villeneuve et Le Guen (1/2)

Mardi 5 mai 2009, le PSG annonçait sur son site officiel le départ de Paul Le Guen à la fin de la saison, au terme de son contrat. Cette annonce mettait un terme à une saison de rumeurs de licenciement, de prolongation de contrat ou de départ forcé. L’occasion pour PSGMAG.NET de faire le point sur l’histoire de ce départ à travers les deux médias les mieux informés sur le Paris Saint-Germain : le Parisien et L’Équipe. La lecture comparative et rétrospective est des plus croustillantes… Première partie : les relations entre Villeneuve et Le Guen au PSG.

L’histoire commence en début de saison. C’est connu, Charles Villeneuve ne s’entendait pas du tout avec Paul Le Guen. D’ailleurs, l’ancien président du PSG voulait absolument se séparer de son entraîneur, au plus tard à la fin de la saison. En octobre, on est même passé tout près

Villeneuve allait virer Le Guen pour Deschamps

« Vous n’allez pas nous faire croire que… »

Charles Villeneuve et Paul Le Guen se supportaient tellement difficilement que, début octobre, l’entraîneur était sur le point de quitter le club. Le 9, L’Équipe fait sa une sur « Deschamps tout près du PSG ». Degorre et Touboul développent en pages intérieures :

Villeneuve déplore aussi l’absence d’identité de jeu du PSG, apprécie très peu que Paris ait la plus mauvaise attaque du championnat et réfléchit aux moyens d’y remédier, ce qui peut s’interpréter comme une réflexion sur l’après-Le Guen. Les deux hommes ne sont pas sur la même longueur d’onde et le président parisien semble déterminé à ne pas laisser se détériorer la situation. De source proche du club, il se dit même qu’une défaite contre Lorient, au Parc, dans une semaine, scellerait le sort de l’entraîneur parisien. Et les deux dernières réceptions des Merlus se sont soldées par deux défaites parisiennes…

Le président parisien dément le lendemain dans les colonnes du Parisien :

Manifestement, depuis que je suis au PSG, je me rends compte que beaucoup de gens cherchent à nous déstabiliser, notamment dans le cadre de mes rapports avec Paul Le Guen. Derrière le titre « Deschamps tout près de Paris », il n’y a pas un seul fait probant, ce ne sont que des hypothèses. Je démens quelque chose de purement spéculatif. C’est ahurissant ! Dès qu’il y a des défaites, hop, Villeneuve va tout changer ! Moi, je ne suis pas comme ça, je ne suis pas un destructeur. Je n’hésite pas à prendre des décisions, mais avant, je réfléchis, j’écoute et je n’ai pas besoin d’un cercle de conseillers.

La relance de Laurent Perrin, qui réalise l’interview, est sublime : «  Vous n’allez pas nous faire croire que tout cela n’est que spéculation…  » Villeneuve a l’outrecuidance de poursuivre :

Dans cette affaire, il n’y a ni fumée ni feu. On me prête tout le temps plein d’histoires, qu’est-ce que j’y peux ? Il y a deux semaines, j’étais en contact avec David Dein (NDLR : l’ancien directeur général d’Arsenal) pour préparer l’arrivée d’Arsène Wenger, j’étais en même temps à Abu Dhabi pour trouver des fonds. Aujourd’hui, c’est Deschamps, et demain, ce sera quoi ? Fabio Capello ? Marcello Lippi ?

— Paul Le Guen est-il menacé ?
— Par qui ? Par quoi ? Sur la route oui, il peut avoir un accident de circulation. Écoutez, on vient de commencer le championnat. Bien sûr, je ne peux pas me contenter d’un 0-0 contre Kayseri. Je veux aussi la manière parce que notre public veut du beau jeu. Avec Sébastien Bazin, notre stratégie est claire, il faut créer une culture du jeu qui nous survivra. Nous sommes une entreprise de spectacle, il faut que ceux qui viennent au stade aiment le style de jeu du PSG. Paris ne peut pas se contenter de simples résultats. Mais avant de passer de la 17e place à la première, il faut quelques étapes.

— Est-il toujours l’homme de la situation ?
— Je pense que c’est un bon technicien. Aujourd’hui, nous faisons confiance à Paul Le Guen.

Encore une fois, la relance du journaliste est admirable : « Dans le monde du football, cette formule a une valeur très relative » Villeneuve avait donc le choix entre ne pas répondre, laissant la voix à toutes les spéculations («  interrogé, Villeneuve n’a pas répondu à nos questions », « silence gêné au siège du club ») ou démentir, et permettre ainsi aux journalistes en mal de cohérence d’interpréter ce démenti comme… un aveu. Ce que fait Didier Braun dans son billet du 10 octobre, intitulé « Les affaires reprennent » :

Dans les salles de rédaction, on s’impatientait. Chaque jour, le rédacteur en chef interpellait le spécialiste du Paris SG : « Alors, coco, ça bouge au Camp des Loges ? » La réponse était toujours la même : « RAS, chef ! » Pas rassuré malgré tout, le chef se jetait sur la concurrence. Mais non, le calme plat ; pas de défaite à faire rugir le kop, pas de conflit avec les remplaçants, pas de zizanie dans le vestiaire. Les banderoles assassines avaient disparu du Parc. Les hooligans les plus virulents avaient pris des manières de militants du Nouveau Centre. La province, les Guignols, les talk-shows du lundi se désolaient : Paris ne faisait même plus rire. Et puis, il y a eu Makelele et ses cartons, Rothen et son bouquin, Villeneuve qui snobe la mairie, la rumeur Deschamps. Et, surtout, le président qui renouvelle sa confiance à l’entraîneur. Alors, ça, le coup du communiqué pour réaffirmer la confiance du président à son entraîneur, c’est un signe qui ne trompe jamais, à Paris comme partout. Les affaires reprennent.
Makelele qui écope de quelques cartons jaunes, Villeneuve en soins, et une rumeur démentie par le club : effectivement, le rédacteur en chef devait vraiment s’impatienter pour voir là des sujets majeurs.

Villeneuve aura beau enchaîner admirablement (« Je vous ai répondu, qu’est-ce que vous voulez que je rajoute ? »), le piège se referme. Une fois la question posée, aucune réponse ne permet de mettre fin à la rumeur. À partir du moment où les journalistes ont décidé de faire vivre un bruit de couloir, il n’est plus possible de s’en défaire : le club aura beau démentir, tout le monde s’en amusera. Et les plumitifs d’oublier que ce n’est pas quand l’entraîneur est sur le point d’être viré que le président lui « maintient sa confiance », mais seulement quand un journaliste demande au président… si l’entraîneur bénéficie toujours de sa confiance. La boucle est bouclée.

Sur le même principe, voilà comment Fabrice Jouhaud, aujourd’hui directeur de la rédaction de L’Équipe, commentait la réaction de Charles Villeneuve sur Canal+ : « On se dit que ce qu’on raconte doit pas être complètement faux pour qu’il le prenne avec autant de sérieux. »

De l’art de lire entre les lignes

L’interview de Villeneuve dans le Parisien se poursuit :

Lui avez-vous fixé un objectif en termes de résultat ?
— Non, moi, je ne tiens pas ce langage. Il y a toujours des vérités de l’instant et des vérités futures, mais les vérités futures, on ne les connaît pas. Pour l’instant, on est sur le même bateau et on espère que le bateau va arriver à quai.On est dans une construction beaucoup plus longue que cette saison, elle doit amener l’équipe à disputer le titre dans deux ou trois ans.

— Mais êtes-vous satisfait du travail de votre entraîneur ?
— Écoutez, je viens de vous dire qu’on lui maintenait notre confiance. Ça veut dire que je pense qu’on peut faire encore mieux avec Paul Le Guen. Sinon, il serait déjà parti. Mon ambition est de donner un vrai style au PSG. J’ai beau ne rien connaître au foot, je suis un spectateur comme les autres et je préfère regarder du beau jeu que ma montre.

— Quand vous dites ça, on se pose encore plus de questions, car le style Le Guen est plutôt défensif…
— Être défensif, c’est un très bon principe, toutes les grandes équipes se sont construites à partir d’une grande défense. Comme me le rappelait Zidane, les Italiens sont toujours difficiles à battre parce qu’ils sont extrêmement solides en défense. Le groupe a de grands joueurs. Makelele, Giuly, Sessegnon, Hoarau qui progresse à chaque match. Il y a de l’espoir, indéniablement.

Laurent Perrin et Arnaud Hermant s’y mettent alors à deux pour lire entre les lignes :

L’avertissement lancé à Le Guen. Il faut parfois savoir lire entre les lignes ou prendre toute la mesure d’une phrase. Derrière le discours présidentiel se cache une réelle mise en garde à l’égard de Paul Le Guen. Charles Villeneuve ne veut pas simplement des résultats, il veut aussi du jeu et du spectacle. […] Du côté du Camp des Loges, on s’en doute, l’atmosphère est lourde. L’hypothèse d’un changement d’entraîneur laisse les joueurs perplexes. Car beaucoup estiment par expérience qu’« il n’y a pas de fumée sans feu », comme le prétend Grégory Bourillon.

Ou comment, en guise de lecture entre les lignes, le Parisien se réfugie derrière des propos anodins d’un joueur qui lit la presse et entend des rumeurs, mais ne peut en aucun cas confirmer d’éventuels contacts entre Deschamps et Villeneuve. Pour paraître plus crédible, le quoditien attribue d’ailleurs à Bourillon — arrivé au PSG seulement un an plus tôt — une « expérience » censée donner plus de poids à ses propos que s’il s’agissait d’un simple proverbe… Au fait, comment lire entre les lignes de l’édition du 17 octobre du Parisien, dans laquelle Claude Makélélé lance : «  Tous les présidents veulent du beau jeu ou du spectacle. Nous, joueurs, on veut des résultats.  » Ou dans celles de L’Équipe du 15 novembre, lorsque le vice-capitaine Sylvain Armand déclare : «  Tout le monde rêve d’évoluer comme le FC Barcelone… […] Mettons le pied, le ballon en touche ou dégageons loin quand on est en difficulté. Il faut être défenseur dans l’âme, être rigoureux. »

Le 8 novembre, c’est au tour du chroniqueur Pierre Ménès, dans Aujourd’hui Sport, de jouer au décryptage :

Petit cours de français codé avec Charles Villeneuve, qui sait manier le verbe mieux que personne : « L’objectif est bien sûr de finir la saison avec Paul Le Guen afin de maintenir l’équilibre d’un groupe. » La phrase est d’une précision limpide, comme une passe de Rothen, mais elle mérite cependant une traduction en langage clair, la voici : « Je n’ai déjà pas les sous pour acheter des joueurs comme Briand, je ne vais pas non plus payer pour me débarrasser d’un entraîneur. Qui, en plus, ne me dérange pas. »
Le message nous apparait pourtant bien plus confus sous la plume de Ménès que dans la bouche de Villeneuve : si ce dernier refuse de virer Le Guen, c’est pour des raisons financières. Et, « en plus », accessoirement, parce qu’il n’en éprouve pas le besoin. Ou comment passer de la lecture entre les lignes au fantasme emberlificoté.

Revenons à Bourillon. Comme le quotidien de Saint-Ouen, L’Équipe s’est empressé d’interpréter les banalités de Bourillon comme la confirmation d’un renvoi imminent de l’entraîneur parisien. Dans un article intitulé « Paris dément, pas Bourillon », Régis Dupont cherchait à démontrer aux lecteurs du quotidien le bienfondé de la rumeur Deschamps :

[Les dénégations des dirigeants parisiens] n’ont pas semblé convaincre les joueurs eux-mêmes. Ainsi, Grégory Bourillon, qui s’est présenté hier en conférence de presse : « Il y a beaucoup de vagues autour du PSG et on est forcément impliqués indirectement mais nous n’avons rien à penser là-dessus. Les dirigeants dirigent, les joueurs jouent, c’est tout. […] On sait bien que la situation du coach est délicate depuis le début. Des mots ont été dits, des choses se sont passées, on est toujours sur le qui-vive au PSG. Il n’y a pas de fumée sans feu. »

Le groupe parisien n’a pas attendu nos révélations, hier matin, pour comprendre que Le Guen, dont le contrat s’achève en juin prochain, ne bénéficiait pas d’une confiance immense de la part de son président […]. « Beaucoup de gars dans le vestiaire sont derrière le coach, a quand même rappelé Bourillon. Me concernant, il n’y a pas de problème avec lui. »

Qu’est-ce que Bourillon ne dément pas ? Une affirmation de L’Équipe dont il dit n’avoir « rien à penser », et que son statut de salarié du PSG ne lui permet pas de pouvoir confirmer ou infirmer, comme il le rappelle lui-même. Alors sur quoi se base le quotidien sportif pour appuyer ses dires ? « Il n’y a pas de fumée sans feu. » Voilà l’argument massue de L’Équipe : un joueur qui pense que si quelque chose est écrit dans la presse, c’est sans doute vrai. Ça méritait bien les gros titres…
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Bourillon ne dément pas la rumeur Deschamps

 » » Plus d’infos sur la rumeur Deschamps au PSG

L’Équipe en était sûr, Villeneuve allait virer Le Guen

Bien après la rumeur Deschamps, L’Équipe était toujours persuadée que Charles Villeneuve et Paul Le Guen ne se supportaient pas. Le quotidien sportif l’a écrit et répété durant des mois.

Entre le président et l’entraîneur parisiens, les foyers de tension sont toujours aussi intenses. Si un licenciement de Le Guen n’est pas envisageable à très court terme, l’idée de s’en séparer, au plus tard à la fin de la saison, semble avoir plus que mûri dans l’esprit présidentiel. […]

Bien sûr, le président du PSG a démenti les informations selon lesquelles il souhaitait se séparer de Le Guen mais, en interne, le doute est mince. Le Guen est au bord du gouffre, Deschamps dans les starting-blocks. […]

En fin de contrat à l’issue de la saison, il se doute que la probabilité qu’il prolonge est proche de zéro. […]

Charles Villeneuve l’a dit : il apprécie Paul Le Guen. Mais il l’apprécierait encore plus si le Breton n’était plus l’entraîneur du PSG. Entre les deux, le courant n’est jamais vraiment passé. Quand, l’été dernier, l’un réclamait Jimmy Briand, l’autre lui ramenait Mateja Kezman. Quand l’entraîneur voulait un défenseur central, le président s’offrait Ludovic Giuly. Et le fait que Le Guen ne fasse pas jouer Kezman irrite sérieusement Villeneuve. Certains joueurs ne sont pas non plus de grands fans de leur coach : outre Kezman, Camara, Traoré et, à un degré moindre, Giuly et Makelele. […]

Jérôme Touboul et Damien Degorre, le 3 novembre 2008

Le Guen, le survivant. […] Après une saison et demie catastrophique, l’entraîneur parisien vit sans doute ses derniers mois au PSG.

Damien Degorre, le 2 décembre 2008

Un départ de Charles Villeneuve favoriserait en tout cas les desseins de l’entraîneur, Paul Le Guen. Depuis le début de leur collaboration, les deux hommes ne s’apprécient que modérément. Et le président n’avait qu’une envie limitée de lui proposer une prolongation de son contrat, qui arrive à échéance en juin. […] Le Guen ne devrait pas être un allié de poids pour Charles Villeneuve.

Damien Degorre, le 18 janvier 2009

Avec Charles Villeneuve, très attiré par des techniciens comme Wenger et Deschamps, l’entraîneur parisien savait disposer d’un soutien relatif et d’attributions limitées au terrain et à la définition du profil des recrues. En fin de contrat en juin prochain, Paul Le Guen voit ses chances de prolongation progresser avec la nouvelle donne, car Sébastien Bazin l’apprécie.

Régis Dupont et Jérôme Touboul, le 23 janvier 2009

La démission de Charles Villeneuve éclaircit l’horizon de l’entraîneur parisien. Qui pourrait prolonger son contrat. […] Avec Charles Villeneuve aux commandes, Paul Le Guen était assis sur un siège éjectable. Le printemps venu, le futur ex-président du PSG aurait, sans aucun doute, appuyé sur le bouton rouge et invité l’actuel entraîneur à boucler ses valises pour laisser la place à un successeur.

Damien Degorre, le 25 janvier 2009

Le Parisien en était sûr, Villeneuve allait virer Le Guen

Le Parisien ne disait d’ailleurs pas autre chose. Dès le 5 octobre, Laurent Perrin donnait le ton :

Le Guen est donc toujours en quête du juste équilibre. Si l’inconstance de ses joueurs ne l’aide pas, c’est à lui de trouver des solutions. Sa marge de manoeuvre est étroite car le PSG ne peut se permettre de traverser une nouvelle saison galère. Charles Villeneuve n’est pas Alain Cayzac. Il n’hésitera pas à prendre des décisions quand elles s’imposeront.

Laurent Perrin, le 5 octobre 2008

Le 26 octobre, Dominique Sévérac écrivait à propos du président parisien :

Charles Villeneuve, l’homme qui guette la moindre faille chez Le Guen.

Dominique Sévérac, le 26 octobre 2008

Puis Charles Villeneuve a longuement démenti dans le quotidien du 3 novembre (voir plus bas). Après ce jour, et contrairement à L’Équipe, les affirmations selon lesquelles Le Guen allait se faire virer prochainement — tant les désaccords entre Villeneuve et lui étaient nombreux — ont disparu des colonnes du Parisien.

En fait, Charles Villeneuve et Paul Le Guen s’adoraient

Et puis fin janvier, patatras ! En fait, Charles Villeneuve avait proposé une prolongation de contrat à Le Guen, qui l’appréciait beaucoup… C’est ce qu’indiquent Dominique Sévérac et Sylvie De Macedo le 25 janvier dans le Parisien.

« Depuis quelques mois, on m’a proposé des discussions », révèle Le Guen, qui ajoute aussitôt : « Mais je ne suis pas pressé », manière de dire qu’il n’a pas vraiment donné suite. Selon nos informations, Charles Villeneuve et Paul Le Guen avaient commencé à dessiner les contours de l’effectif de la saison prochaine, avec le Breton comme entraîneur à l’époque de ces discussions. Par ailleurs, il se dit ouvert à tout, comme prendre le titre de manager général si on le lui propose : « Je suis prêt à discuter. »

Un mois plus tard, le 25 février, les mêmes auteurs persistent :

Le PSG aimerait le garder. Si Charles Villeneuve était encore le président du PSG, il lui aurait proposé de prolonger. […] Le Guen, très détendu ces temps-ci, ne compose pas avec n’importe qui. Il aimait bien Charles Villeneuve, il apprécie Sébastien Bazin, mais refuserait de travailler avec un Gérard Houllier au-dessus de lui, ce dernier possédant trop le profil d’un entraîneur capable de jouer les recours.
Non, vous ne rêvez pas : Dominique Sévérac, qui le 26 octobre écrivait à propos du président parisien «  Charles Villeneuve, l’homme qui guette la moindre faille chez Le Guen  », ce même Dominique Sévérac explique tranquillement à peine quatre mois plus tard qu’en fait Villeneuve voulait garder Le Guen, lequel aimait bien son ex-président. Nous avons cherché un erratum dans les pages du quotidien, mais sans succès. Un manque d’attention de notre part, sans doute.

De son côté, L’Équipe revient timidement, sans donner l’air de trop y toucher, sur ses affirmations péremptoires. Le 25 janvier, Damien Degorre nous explique que Le Guen et Villeneuve étaient tombés d’accord pour finir la saison ensemble, « pas plus ». Mais le journaliste se sent tout de même obligé de relayer les propos de l’entraîneur parisien, qui fait part de ses bonnes relations avec Charles Villeneuve :

Entre les deux hommes, l’histoire n’avait pas très bien commencé. Ils avaient trouvé un modus vivendi qui permettait de conclure la saison sans heurts. Pas plus. Mais l’hiver est encore présent et c’est Villeneuve qui doit ranger prématurément son bureau du Parc des Princes. À cinq mois du terme de son contrat, Le Guen retrouve des couleurs et la probabilité qu’il prolonge son contrat prend bien plus de vigueur. […] « J’ai de bonnes relations avec M. Bazin, c’est connu, déclarait le technicien, hier, avant le déplacement à Ajaccio. J’en avais aussi de bonnes avec M. Villeneuve, c’était moins connu. C’était très pratique et pas incompatible. […] Je suis prêt à discuter avec tout le monde, expliquait Le Guen. On suppute beaucoup, mais on m’a proposé des discussions depuis longtemps. »

Quelques jours plus tard — le 3 février —, c’est Guillaume Dufy qui porte l’estocade : finalement plus si convaincu que ça de virer Le Guen, Villeneuve « comptait aborder le sujet » d’une prolongation de contrat. « Il se murmurait même » qu’il n’était « plus certain de ne pas garder Le Guen », glisse le reporter.

L’entraîneur du PSG, soudainement en position de force, ne prolongera pas forcément son contrat. […] Charles Villeneuve comptait aborder le sujet avec le technicien breton au plus tôt fin mars. Son départ de la présidence est donc perçu par beaucoup comme une victoire pour Le Guen. […] Il se murmurait même que Charles Villeneuve n’était plus certain de ne pas garder Le Guen.

Le même Dufy, deux mois plus tard — le 15 avril —, s’étonnera encore :

Cela peut surprendre, l’entraîneur regretterait le départ de Charles Villeneuve, avec lequel les relations ne furent pas toujours saines.

S’ils avaient été moins occupés à nier tous les démentis des Parisiens, les journalistes de L’Équipe auraient pourtant pu s’en rendre compte plus tôt. Le 3 novembre, dans le Parisien, Charles Villeneuve se montrait très clair :

Avec Paul, nous sommes en parfaite osmose. Il n’y a pas l’ombre d’un cheveu qui nous sépare. Quand on cherche à m’opposer à Paul Le Guen, on se trompe totalement. Notre entente est parfaite. Nous échangeons tellement tous les deux. Je parle football avec lui mais aussi histoire et politique. […]

[À propos des rumeurs de tension entre Le Guen et lui] Cela vient de ceux qui veulent prendre la place de l’un ou de l’autre. Nous avons mis un certain temps à les identifier. Nous savons désormais qui ils sont. Viendra le moment avec Sébastien Bazin et ses collaborateurs où nous prendrons les décisions qu’il faut. Nous ne pouvons pas écarter les vipères lubriques quand elles sont à l’intérieur du vivarium. Tous ne sont pas des pythons royaux. Je crois qu’un certain nombre de gens aimeraient que Paul parte, persuadés qu’il n’y arrivera pas compte tenu du passé et qui essaient de planter un coin dans l’espace de notre relation. On en parle tous les deux. On se marre de ça. Il a beaucoup d’humour. Nous avons une relation très libre et très claire. Il n’est pas dupe et moi non plus, alors, entre nous, cela marche bien.

Dans l’interview de fin de saison qu’il a accordée à L’Équipe, Paul Le Guen est revenu à son tour sur ses relations avec Villeneuve :

Je n’ai jamais ressenti ce couperet [un licenciement en début de saison]. J’ai lu à la une de votre journal : « Deschamps près du PSG ». Je respecte la presse, mais rien ne vaut les choses que l’on vit en interne. Peut-être qu’en perdant un match, j’aurais sauté, mais je sentais que les choses allaient s’améliorer, que je tenais le truc. Nous sommes partis [Charles Villeneuve et moi] d’une relation de défiance. Lui avait du entendre beaucoup de mal de moi, et moi, un petit peu sur lui. Progressivement, les choses se sont arrangées. Il m’a vu travailler, et je l’ai vu intervenir devant le groupe. À la fin, il y avait un vrai respect.

Et certains journalistes se demandent encore pourquoi leurs lecteurs ne prennent pas pour argent comptant toutes leurs affirmations ?

À suivre sur PSGMAG.NET :
- PSG : les coulisses du départ de Paul Le Guen (2/2).

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7 votes

1 commentaire a déjà été posté par nos lecteurs

  • #1

    Arno P-E
    9 juin 2009 18:18

    Quel article énorme Vivie, merci !

    Une fois mis comme ça bout à bout, ces extraits sont surréalistes Surpris !

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