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L’Équipe, la crise, et nous

Degorre, le cavalier de l’apocalypse du PSG

L’Équipe promet un cataclysme de vestiaires au Paris SG

lundi 9 février 2009, par Arno P-E

Degorre, le cavalier de l'apocalypse du PSG

Dans tout film catastrophe qui se respecte intervient le personnage du cavalier de l’apocalypse. Souvent incarné par un clochard cradingue et édenté, ce second rôle remplit deux objectifs : expliquer à peu de frais quel danger au juste guette le héros, et délivrer le seul indice capable de sauver le monde. Voilà ce que cela donne, version PSG…

Au cas où le spectateur moyen n’aurait pas vu l’affiche avec une tornade géante ravageant New York, la Tour Eiffel prise dans une gangue de glace ou encore une vague monstrueuse s’apprêtant à engloutir Tokyo, au début du film catastrophe le personnage inquiétant du prédicateur se doit de préciser clairement quel danger guette le héros [1]. Le cavalier de l’apocalypse se doit aussi de donner une piste pour résoudre ledit problème. Si possible dans son dernier souffle, et de manière incompréhensible au premier abord. Par exemple en latin, ou sous la forme d’un parchemin à demi-déchiré, le personnage principal ne parvenant à démêler la prophétie absconse qu’au tout dernier moment, ouf [2]…

Tremblez, mécréants !

Au PSG, le cavalier de l’apocalypse, c’est Damien Degorre. Non pas que PSGMAG.NET remette en cause l’hygiène du journaliste de L’Équipe, après tout nous ne connaissons pas cet éminent confrère, mais parce que Degorre semble au fait de tous les cataclysmes qui visent, ou viseront le Paris Saint-Germain. En bon prophète du jugement dernier, le journaliste de L’Équipe tente donc de mettre ses concitoyens au courant, vu que ces derniers font tout pour rester inconscients du danger qui les guette, cette bande de naïfs. Comme, par exemple, le 25 janvier 2009 :

Jusqu’ici, Claude Makélélé apparaît comme le ciment d’un groupe encore en lice sur quatre compétitions. Mais cette cohésion atteint des limites que la crise au sommet du club pourrait exacerber. Une courte série de contre-performances et les inimitiés éclateraient au grand jour et feraient vaciller un équilibre fragile. Ça vaut dans tous les clubs mais, à Paris, les proportions sont toujours plus importantes.

Fous ! Pauvres fous que vous êtes ! Écoutez la prophétie de Damien Degorre et tremblez devant la colère des Dieux ! Ah, ça, pour vous le PSG est en tête du classement, et il n’avait encore pas été éliminé de la moindre compétition mais… une série de matches perdus et patatras, le vestiaire se lézarderait ! Le Paris Saint-Germain se verrait la proie des sept plaies d’Égypte. Oui, mécréants, Degorre vous aura prévenus, les Parisiens sont à la merci d’une série de contre-performances ! L’apocalypse nous guette, car l’équilibre est trop fragile et…

Mais qu’est-ce qu’il raconte Degorre là ? Évidemment ! Évidemment que si le Paris Saint-Germain venait à connaître une série de contre-performances, ce serait la crise. Alors lui écrit qu’à Paris les proportions sont toujours plus importantes… mais c’est parce que lui en parle ! Si, à l’image de Rennes, en course avec Paris en championnat mais éliminé depuis belle lurette en coupe d’Europe [3] et en coupe de la Ligue [4], si le Paris SG connaissait plusieurs revers consécutifs, bien entendu que le moral des joueurs en prendrait un coup, et que certaines tensions apparaîtraient ! Alors où est l’info là ? Damien Degorre a-t-il des raisons fondées de croire en une fragilisation particulière du vestiaire parisien ? Eh bien oui !

Car tel le personnage de film à gros budget, le journaliste détient des infos que l’on croyait secrètes, et même si personne n’est préparé à cette trop cruelle vérité, il les divulgue tout de même…

L’attitude de certains d’entre eux [les joueurs du PSG] au cours de cette semaine tumultueuse a fait sourire les autres, tous ceux qui n’entraient pas dans le cercle des intimes de Villeneuve. Mercredi, lorsque Zoumana Camara a pénétré dans les locaux du Camp des Loges, lançant innocemment : « Vous avez des nouvelles de ce qui se passe ? », plusieurs de ses coéquipiers se sont regardés, sourire en coin, avec l’étrange sentiment que le défenseur central prêchait le faux pour savoir le vrai.

Ah, ah ! Vous voyez bien que le vestiaire est pourri par une ambiance néfaste. La pestilence, c’est la pestilence, le premier des fléaux ! Bientôt les cieux cracheront un flot de grenouilles enflammées — ou sanguinolentes, c’est selon l’arrivage à Rungis, on fait ce qu’on peut. La preuve : Zoumana Camara est rentré dans le vestiaire en demandant des nouvelles à ses coéquipiers !

Si ça, c’est pas le signe d’une crise profonde ! Ça valait bien un article… Quant aux autres joueurs, il se sont regardés, sourire en coin ! Non mais vous imaginez un peu ? Sourire en coin ! Et en plus, Degorre, qui a aussi des dons de télépathe, sait ce qu’ils pensaient : ils imaginaient que si Camara demandait des nouvelles, c’est qu’en fait il savait ce qui se passait. Ce qui est drôlement logique, maintenant que Degorre l’écrit…

Prophète, un boulot pas marrant-marrant…

Misericordium absolutare, comme dirait Omar Sy. Bon, le seul souci c’est qu’au PSG, des prophètes de l’apocalypse on en a plein. Et qu’en plus ils se tirent dans les pattes. Les rédacteurs de PSGMAG.NET se voyaient déjà en train de faire les bagages pour rejoindre la Canebière. C’est que là-bas, tout est quand même plus tranquille. Par exemple, d’après Bernard Lions [5], lui aussi journaliste à L’Équipe, si d’aventure deux joueurs se tapent dessus à l’entraînement, ça n’est pas du tout signe de crise. Mais non, au contraire c’est la preuve que le groupe va bien…

Ça prouve que le groupe vit. […] [Ce genre d’histoires] C’est le propre de tous les grands clubs.
On n’imagine pas où le PSG en serait si Camara avait tenté d’étrangler Chantôme, au lieu de monter une crise rien qu’en lui demandant des nouvelles du président [6].

Prêts à partir pour échapper à l’inévitable calamité visant Paris, nous nous sommes pourtant ravisés… Voilà que dès le lendemain, un journaliste du Parisien semait le doute :

Zoumana Camara, pas dans son assiette, est souvent passé à côté, de manière troublante. Le défenseur, à qui d’aucuns prêtent un rôle trouble pendant la crise au sommet, rôle qu’il n’a jamais joué, est peut-être déstabilisé par cette semaine agitée.

Allons bon… Si c’est Dominique Sévérac, du Parisien, qui se met à reprendre de volée Damien Degorre, de L’Équipe, on fait quoi nous ? Déjà qu’on ne sait plus qui croire, parce que l’apocalypse selon Degorre ça avait quand même de l’allure, mais si en plus on doit mettre la clef sous la porte ! C’est à PSGMAG.NET normalement d’expliquer que L’Équipe raconte n’importe quoi… voilà qu’ils se tirent dessus entre eux maintenant.

Non, c’est triste cette affaire. Nous on se voyait déjà en mode La Guerre des Mondes, fuyant sur les routes embouteillées pour survivre à la crise parisienne, au vestiaire lézardé et tout. Parce que Degorre, il était on ne peut plus clair : au Paris Saint-Germain, plus rien ne va :

Certains ont tenté d’y remédier à leur façon, à l’image de ce membre de l’encadrement qui, à l’occasion de mises au vert, filait acheter en douce des kebabs aux joueurs. Comme si la sauce blanche allait rapprocher ceux qui n’ont pas d’autres points communs. Ce n’est pas le cas. Depuis peu, il ne le fait plus.

Mes biens chers frères, nous étions unis par cet amour commun du kebab. Mais notre gourou, Charles Villeneuve, parti, la CSB, doit aujourd’hui être dissoute. Chacun devra donc poursuivre sa propre voie dans le vestiaire, seul. Prions pour que cette terrible nouvelle n’arrive pas aux oreilles de Damien Degorre car là, je ne donnerais plus cher de nos peaux.

Entonnons une dernière fois l’hymne de la CSB, en mémoire du temps passé. « Sainte Pita priez pour nous, faites que les oignons ne viennent jamais à manquer et protégez le Gyros de la rupture de courroie… ».

Non, il n’y a rien à dire, la prophétie de Degorre c’était du lourd. Bon, le seul souci c’est qu’on s’est emballés un peu vite sur le coup, et ce n’est qu’une fois les valises remisées dans les locaux de la rédaction et le dictionnaire bilingue Anigo – français, français – Anigo précieusement rangé que nous avons pris le temps de lire l’augure de L’Équipe jusqu’au bout. Voici la conclusion de Damien Degorre :

Non, jusqu’ici, le vestiaire parisien n’affiche aucune désunion. Claude Makélélé, d’un œil amusé par ces jeux de clans, veille au grain et n’hésite pas à recadrer. Hoarau, Sessegnon et Edel, eux, s’en moquent complètement. Mais, en privé, tous ou presque reconnaissent que deux ou trois défaites de suite entameraient sérieusement l’harmonie apparente de ce groupe.

Voilà. En fait pour l’instant il ne se passe rien, mais d’après Damien Degorre si on perd plein de matches alors ce sera peut-être la crise. Et nous on a dépensé 85 centimes d’euros pour ça.

Remarquez, il y a pire. Parce qu’en plus d’avoir pris un joli retour dans les dents de la part du Parisien, depuis cet article, Degorre [7] est également prié de se garer très loin du Camp des Loges, et de surveiller ses arrières quand il marche seul la nuit. En tout cas ce sont les conseils de Charles Villeneuve, au micro des Spécialistes, sur Canal+ :

Ce à quoi il faut faire très attention, c’est qu’un ou deux journalistes qui profitent de leur proximité en ayant écrit des livres avec un certain nombre de personnages importants du club n’en profitent pour essayer de diviser le [vestiaire]… — ce que j’ai vu d’ailleurs ce week-end dans un grand quotidien —, ça il faut faire très gaffe ! Parce que notamment l’un des joueurs qui est visé est très vif, et je ne veux pas être à la place du journaliste lorsque la rencontre va se produire. Et ça il faut faire très attention, il faut se tenir à l’écart. Et ceux qui alimentent ce type de divisions sont des criminels.

Comme quoi, cavalier de l’apocalypse, c’est pas toujours un boulot marrant. Ceci dit on l’avait prévenu dès le départ Damien Degorre : à chaque fois, avant la fin du film, le gars, il meure.

Notes

[1] Les connaisseurs remarqueront que les dérèglements climatiques hollywoodiens ne visent QUE les grandes capitales mondiales, c’est bon, les Marseillais ne risquent rien : jamais vu le vieux port envahi d’icebergs ou Notre Dame de la Garde au milieu des dunes…

[2] Mais comment le vieillard pouilleux savait-il que seule la bombe à neutrinos inversés, gardée en réserve par un scientifique à la conscience torturée, pourrait empêcher le soleil de s’éteindre à jamais ? Il emportera son secret dans la tombe, car le personnage du cavalier de l’apocalypse se doit de mourir avant la fin du film, gardant ses secrets pour lui, ce qui est bien pratique d’ailleurs étant donné que le scénariste n’avait plus trop d’idées pour expliquer tout ça, alors bon…

[3] Battus par Twente, il fallait le faire…

[4] Piteusement sortis par Le Havre, limite le seul match que les Normands aient gagné sur les trois derniers mois…

[5] Sur L’Équipe TV le 26 janvier.

[6] C’est qu’à Marseille, le grand club qui ne gagne jamais rien, ils ont le soleil, ce qui change tout.

[7] Également auteur des biographies de Cayzac et Rothen.

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