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Tour d’horizon des défauts et qualités de Le Guen

Bilan PSG 2008/2009 : Paul Le Guen en questions

Sa communication — interne —, son recrutement, le point de vue d’Alain Cayzac

jeudi 25 juin 2009, par Gauthier B., Vivien B.

Bilan PSG 2008/2009 : Paul Le Guen en questions

Paul Le Guen, c’est ceux qui le connaissent qui en parlent le mieux. Nous sommes partis des critiques les plus fréquemment adressées à l’ancien Parisien pour déterminer ses principales qualités et ses principaux défauts, en fonction de ce que ses anciens partenaires en disent. Le livre d’Alain Cayzac, publié l’an dernier, offre également un support très intéressant pour décrypter le fonctionnement du Breton.

Dans son édition d’avril 2009, So Foot publiait un article intitulé « Le Guen ou le muet », qui dressait un portrait de l’ex-entraîneur du PSG. Au risque de décevoir certains de nos lecteurs — à commencer par Daniel Riolo [1] —, PSGMAG.NET se gardera bien de dire du mal de ce texte, pour la bonne et simple raison qu’il s’agit d’un travail réellement objectif sur le coach breton. Simon Capelli-Welter et Franck Annese ont en effet interrogé et retrouvé des citations de nombreuses personnes, pour obtenir in fine un avis le plus exhaustif possible sur Le Guen. Ainsi aux attaques et critiques formulées par Jean-Michel Moutier et Marcelo Gallardo répondent des témoignages bien plus élogieux de ses anciens joueurs, d’anciens coéquipiers et de collègues. En résumé, un article honnête comme on aimerait en lire plus souvent, et qui nous servira de point de départ.

Personne n’aime Le Guen

Si ses relations avec la presse sont difficiles (voir Bilan PSG 2008/2009 : Le Guen et la communication), Paul Le Guen connaît également des problèmes en ce qui concerne sa communication interne ; il a d’ailleurs plusieurs fois rencontré des difficultés dans ses précédents clubs pour cette raison. Les relations hiérarchiques ont visiblement souvent été compliquées et, vu le caractère très renfermé du Breton, qu’il ait froissé un certain nombre de personnes n’est pas si étonnant. Qu’il ne veuille pas rentrer dans des guerres d’influences et qu’il refuse d’expliquer ses choix à des personnes qui ne les comprendront de toutes façons pas est tout à son honneur, mais il faut reconnaître que ce n’est pas forcément le comportement le mieux adapté au monde du football.

Dans So Foot, Jean-Michel Moutier — « ex-directeur sportif du Stade Rennais et du PSG, entre autres » — évoquait le fonctionnement de le Guen :

La vérité, c’est qu’il est têtu comme un Breton, il ne fait confiance à personne à part à Colleu, son adjoint. Il refuse de parler aux journalistes, mais aussi aux agents des joueurs. D’ailleurs, quand lui-même était joueur, il n’avait pas d’agent. Il n’a jamais joué le jeu des réseaux, de la « sympathie ».
Que Le Guen ne joue pas le jeu des réseaux a manifestement perturbé Moumoute, mais est-ce pour autant un véritable défaut ?

Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas nouveau. Pierre-Louis Basse le racontait dès 1995 dans son livre « PSG, Histoires secrètes 1991-1995 » : dans un chapitre sur la fête suivant la victoire parisienne en coupe de France 1995 dans une boîte de nuit appelée le Niels, Basse oppose Roche le fêtard à Paul Le Guen, buteur du jour.

Le magnum de champagne, offert par Michel Denisot, faisait le bonheur des convives. Alain Roche le golfeur, casquette à l’envers, ne fut pas le dernier à l’honorer. […] Comme un éclair, Paul Le Guen est passé au Niels, préférant s’éclipser de bonne heure. Il ne changera donc jamais le Breton. Solide, attachant, silencieux, droit et dur comme cette roche qui fait de Quiberon l’une des plus émouvantes d’Europe, l’une des plus belles aussi. Vous êtes journaliste, mais vous n’avez pas le numéro de téléphone de Paul Le Guen. Ni vous, ni moi, ni personne. Insaisissable. Il marque un but, et puis s’en va. […] Merci Paulo. Et puisque Le Guen est en effet assez semblable à ces marins que l’on croise au large du Croisic, remplissant leur filet sans vous dire un mot, pourquoi voudriez-vous que Le Guen se mette à exulter au milieu d’une boîte de nuit ? Paul est venu, et c’est déjà beaucoup.

So Foot poursuit :

Partout, les témoignages sont les mêmes : Paul Le Guen finit tôt ou tard par s’isoler au sein du club. Jusqu’au clash avec les présidents en place qui se plaignent de n’avoir plus aucune prise sur lui (Blayau, Villeneuve, Murray) au nom du respect du principe de séparation des pouvoirs cher à l’entraîneur breton.
Si nous ne sommes pas en mesure d’évoquer les relations de Le Guen avec Blayau à Rennes ou Murray aux Rangers [2], le cas de Villeneuve nous est en revanche plus familier. Le moins qu’on puisse dire est que Villeneuve ne se plaignait pas de n’avoir « plus aucune prise sur lui » (voir Les relations entre Villeneuve et Le Guen (1/2)).

Au sein de son effectif, là encore, le manque de communication de Le Guen est parait-il problématique. Dans l’article de So Foot, un joueur dit le contraire : Jocelyn Gourvennec raconte qu’il suffisait d’aller trouver l’entraîneur pour obtenir des explications. Et l’on peut aussi s’étonner qu’un entraîneur supposé mal aimé de ses joueurs soit publiquement soutenu depuis l’annonce de la non-reconduction de son contrat par Armand, Sakho, Sessegnon, Rothen, Traoré — qui n’avait pourtant pas hésité à dire publiquement sa déception de ne plus être titulaire — et surtout par Ludovic Giuly (voir ci-dessous). Plus globalement, un entraîneur pourra difficilement être apprécié par les 25 joueurs de son effectif professionnel : il existera toujours des gens qui auront du mal à accepter leur statut de remplaçant — explications ou pas —, qui trouveront qu’ils ne jouent pas au poste adéquat, ou qui n’aimeront pas les séances d’entraînement. Ça s’est toujours vu, et ça se verra encore. En tout cas, la défiance supposée des joueurs à l’égard de Le Guen est loin d’être dramatique : nous sommes à des lieues de ce qu’il s’est passé en 2000 quand les joueurs du PSG avaient clairement lâché leur entraîneur Philippe Bergeroo.

En parallèle, depuis l’annonce de son départ, Paul Le Guen a pu compter sur le soutien public de nombre de ses joueurs ou anciens joueurs. Quelques extraits :
- Christophe Revault (le Parisien du 19 avril) : « J’estime beaucoup Paul Le Guen. J’ai joué avec lui [au PSG], travaillé [sous ses ordres] à Rennes. Je connais toutes ses qualités humaines et tout l’investissement qu’il met dans son job. »
- Sylvain Armand (AFP) : « C’est quelqu’un que j’apprécie. […] Même critiqué, il a toujours tenu le même discours et nourri des ambitions. Il a fait passer un message auquel le groupe a adhéré. »
- Ludovic Giuly (Les dessous du sport, le 7 mai) : « L’équipe doit continuer à se battre pour lui rendre hommage et pour saluer le travail qu’il a accompli avec son staff pendant deux ans et demi. Un an, c’est un peu court pour se forger une opinion définitive sur quelqu’un, mais je n’ai jamais eu de problème avec Paul Le Guen. C’est un bon coach, un mec droit. »
- Jérôme Rothen (RMC le 5 mai) : « Il m’a apporté humainement pendant deux ans et demi. Même si ça n’a pas été évident sportivement au début, il a fait avec le groupe qu’on lui a donné. On a vécu une saison dernière catastrophique et ce qui se passe cette année n’était pas gagné d’avance. Personnellement, il a su me redonner la confiance que j’avais perdue sous Guy Lacombe. »
- Mamadou Sakho (PSG.fr, le 28 mai) : « D’un point de vue personnel, c’est un homme que je respecte beaucoup. Il a été l’entraîneur qui m’a lancé dans le milieu professionnel. Après, tout le monde a ses qualités et ses défauts, mais personnellement je l’apprécie. »
- Stéphane Sessegnon (le Parisien du 14 mai) : « À mes yeux, on doit respecter l’homme et le coach qu’il est en accrochant la Ligue des Champions et en luttant jusqu’au bout. On lui doit bien ça. »
- Sammy Traoré (PSG.fr, le 6 mai) : « Je voudrais rendre un hommage à Paul Le Guen pour son amour du club. […] Il a permis au PSG de retrouver le haut du championnat. Mardi, le coach nous a annoncé qu’il ne serait plus avec nous la saison prochaine. Il nous a tenu un discours digne, en amoureux de l’institution PSG, qu’il faut placer au-dessus de tout. »
- Mateja Kezman (le Parisien du 16 mai) : « Même si j’ai eu des moments difficiles avec le coach, je n’avais pas de revanche à prendre. Il y a toujours eu du respect entre nous. […] Je sais que c’est une bonne personne. »

Côté supporters, la côte d’amour dont bénéficie Paul Le Guen est difficile à mesurer. Au Parc des Princes comme sur les forums Internet, il y a débat. En ce qui concerne les amateurs de football, en revanche, le soutien semble massif : le 11 avril, L’Équipe interrogeait ses lecteurs : « le PSG doit-il prolonger le contrat de Paul Le Guen ? » 70 % des 78 000 votants ont répondu oui. Le 5 mai, jour de l’annonce de son départ, le quotidien sportif repose la question : « Les dirigeants du Paris SG ont-ils raison de ne pas reconduire le contrat de Paul Le Guen la saison prochaine ? » Cette fois, ce sont 64 % des 95 000 internautes ayant voté qui affichent leur désapprobation à propos de la décision de Sébastien Bazin.

De l’austérité du Paul Le Guen

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Le Guen sourit
Ne vous fiez pas à cette photo : Le Guen ne sourit jamais !

Souvent caricaturé comme un être froid, austère, qui ne sourit jamais, Paul Le Guen a pourtant offert cette saison en conférence de presse un visage bien différent. Les vidéos des séances de questions-réponses disponibles sur PSG TV, leparisien.com ou encore lequipe.fr sont là pour en témoigner. L’entraîneur parisien y faisait fréquemment preuve de plus d’humour et parfois de légéreté que certains ont bien voulu le raconter. Mais c’est vrai qu’il ne se baladait pas avec un gros chien au Camp des Loges, cela explique sans doute pourquoi, contrairement à d’autres, Le Guen n’est pas parti sous les applaudissements de la salle de presse après avoir pourtant menacé des journalistes…

Avant PSG-OM, Le Guen était interrogé sur le caractère particulier de ce match : « On sent l’effervescence : il y a un peu plus de demandes d’interviews, donc il y a un peu plus de refus », répondait-il dans un grand sourire, accompagné de rires dans l’assistance.

Le 27 février, après la qualification européenne acquise sur le terrain du futur champion d’Allemagne, Le Guen s’amusait des bonnes performances du club parisien, à l’époque deuxième du championnat, encore en lice en coupe UEFA et en coupe de France : « On va finir par avoir un projet de jeu », lance-t-il à l’assemblée de journalistes. Quelques mois plus tôt, le 31 octobre, Bérard et de Macedo écrivaient par exemple : « Paris manque d’un vrai fond de jeu ».

Pour autant, son refus obstiné d’évoquer des sujets qui pourraient nuire au club… finit par être néfaste. À la fois pour lui — d’une part on lui reproche son silence, d’autre part il se prive d’une occasion de justifier ses décisions — et pour le club, l’absence de réponse officielle laissant libre court aux rumeurs.

Le Guen et le recrutement

Un autre reproche régulièrement adressé à Le Guen tient à son recrutement. L’idée qui circule assez allègrement consiste à dire qu’il est un mauvais recruteur. C’est peut-être vrai, mais les exemples présentés ne sont pas réellement convaincants. Dans l’article de So Foot, Bernard Lacombe évoque le fait que Le Guen voulait faire venir Chapuis et Carotti à Lyon. Cela peut sembler effectivement étrange, mais Lacombe s’abstient de préciser les circonstances — ainsi que ses propres échecs de recrutement, très nombreux. En 2004, Le Guen voulait donc recruter Carotti, mais si c’est dans un rôle de joueur d’appoint, cela semble tout de suite moins idiot. Car cet été-là, Bernard Lacombe a recruté Lamine Diatta pour jouer les utilités. Ce joueur est-il réellement au-dessus de Carotti ? Quand bien-même, le football regorge de réussites et d’échecs improbables, il est toujours facile avec le recul de refaire l’histoire.

Récemment, le Parisien présentait en guise de bilan des recrutements de Le Guen au PSG une réussite — Jérémy Clément — et deux échecs — Bourillon et Digard —. Il faut pourtant préciser que Digard, s’il n’a pas été très bon au PSG, a au moins permis au club de réaliser une belle plus-value financière (environ 4 M€). D’autre part, l’honnêteté oblige à attribuer à Le Guen le fait d’avoir recruté Luyindula, Hoarau et Sessegnon [3] ; celui d’avoir voulu prendre Briand plutôt que Kezman ; mais aussi celui d’avoir voulu éviter de prendre les Brésiliens Éverton et Souza. Au final, Le Guen et le recrutement, ce n’est pas si atroce que ça, et il n’y a de toute façon que très peu de recruteurs qui peuvent se targuer d’avoir fait un sans-faute.

Toujours dans So Foot :

Cela [sa discrétion et son humilité] lui a également évité de devoir répondre « publiquement » de transferts comme Everton, Souza et autres Kezman, qu’il n’avait vraisemblablement pas souhaités mais avec lesquels il a dû composer. […] Qu’il en soit entièrement responsable ou pas, Le Guen traîne tout de même de sérieuses casseroles en matière de recrutement : quid de Letizi aux Rangers ou de Bourillon au PSG ?
La présentation est spécieuse : les arrivées d’Éverton, Souza et Kezman ne sont « vraisemblablement » pas du fait de Le Guen — concernant Kezman, c’est même une certitude —, mais c’est tout de même de la faute du Breton !

L’épisode Kezman mérite un détour. Alain Roche n’ayant pas été autorisé à répliquer, seule la version de Le Guen est connue sur ce dossier. La voilà :

Un jour, Alain Roche [responsable de la cellule recrutement] m’appelle d’Istanbul où il discute le transfert de Kezman, à la demande de Villeneuve. Nous n’en avions jamais parlé. Alors, oui, je lui ai dit : « Je n’en veux pas. » Je n’avais rien contre le joueur, mais on ne l’avait pas suivi de près, il n’était pas sur nos listes. Et je n’acceptais pas cette façon de faire. […] J’ai répété à Bazin et à Villeneuve que ma priorité était Jimmy Briand, mais j’ai aussi commencé à comprendre que rien n’y ferait. Alors quand il a signé, je ne pouvais pas dire autre chose que : « J’en prends note. » Je savais que je me mettais en difficulté, que cela déboucherait sur ce qui se passe aujourd’hui, mais j’ai fait valoir mes convictions.

Dans son livre, Cayzac évoque un autre aspect du recrutement de Le Guen : le profil des joueurs recherchés.

Paul se caractérise aussi par son peu d’attirance pour les joueurs atypiques. Lorsqu’il recrute, un profil type de joueur a sa préférence. Il ne prend pas suffisamment en compte le fait que tous les footballeurs ne s’expriment pas avec aisance, que tous n’affichent pas un altruisme extradordinaire, que tous ne sont pas éduqués comme des fils de bonne famille, que certains ont le droit d’être mécontents quand ils sont remlaçants, que d’autres ont le droit de sortir en boîte de nuit de temps en temps, du moment que ça ne nuit pas à leurs performances… Il faut de tout pour bâtir un groupe. Des joueurs disiplinés, faciles à gérer, « qui repeindraient les vestiaires si le coach le leur demandait », comme les qualifèrent ironiquement les supporters lors d’une réunion avec Le Guen et moi-même. Mais aussi des individus un peu caractériels, rebelles, moins maniables, qui apportent de la passion et de l’impertinence à l’ensemble. Paul sait tout ça. Malgré tout, on apprend à tout âge et le fait de s’être battu lors des derniers mercatos pour obtenir les signatures d’Hoarau et de Sessegnon prouve qu’il a compris certaines choses.

Le point de vue d’Alain Cayzac vis-à-vis de Le Guen

Dans son livre-témoignage sur les deux années qu’il a passées à la présidence du PSG, Alain Cayzac est revenu entre autres sur sa collaboration avec Paul Le Guen. L’entraîneur est évoqué à plusieurs reprises, au cours de récits d’événements particuliers ou de bilans qui donnent l’occasion à Cayzac de dresser un portrait du Breton. Toutes ces réflexions permettent de mieux cerner le personnage Paul Le Guen et son fonctionnement, en interne, durant près de deux saisons.

Avant de détailler les qualités et les défauts de Le Guen énumérés par Alain Cayzac dans son livre, un bref rappel des relations entre les deux hommes est nécessaire, qui contribue à mettre en perspective les reproches adressés par l’ancien président du PSG.

La déception d’Alain Cayzac vis-à-vis de Le Guen

Dans son livre, Cayzac énonce ce qui semble être le principal reproche qu’il fait à son ancien entraîneur. Après avoir cité les témoignages qu’il a reçus en mai 2008, il évoque son ancien entraîneur :

Paul Le Guen, lui, ne m’enverra que ce SMS, le soir de la victoire à Sochaux qui sauve le PSG de la relégation, lors de la dernière journée de championnat : « Pensées amicales et sincères. On a réussi à le faire. » J’ai trouvé ça un peu court.
Dans une interview pour 20 Minutes, Cayzac dira qu’il pense que cette réaction s’explique « plus par pudeur que par indifférence ».

Toujours dans ce livre, à l’occasion d’un énième passage sur Le Guen, Cayzac fait le bilan de leur collaboration. Une nouvelle fois, c’est la réaction du Breton après la démission de son président qui semble avoir le plus marqué Alain Cazyac :

Pour en revenir à un aspect plus psychologique de nos relations, Paul a toujours été correct, honnête et droit. Mais on a tous besoin d’un supplément d’âme et de chaleur. Avec lui, je reconnais que j’ai eu du mal à le trouver. Ce n’est pas un reproche. Il est très pudique, droit dans ses bottes, ce qui est plutôt rare. Paul n’est pas du genre à changer d’avis comme de chemise. Mais alors que je l’ai soutenu sans modération, après avoir traversé un an et demi de galères ensemble, c’est vrai que j’aurais apprécié un petit coup de fil de temps en temps.

Autres reproches

Bien que le portrait dressé par Cayzac soit donc influencé par cette absence de relations entre les deux hommes depuis le départ de l’ancien vice-président d’Havas, les autres reproches énoncés dans « Passion impossible » méritent d’être cités.

Lenteur dans la prise de décision
En tant que manager d’un effectif, « peut mieux faire » comme on dit dans les bulletins scolaires. Souvent, je ne le trouve pas assez rapide dans ses prises de décision. Sans doute est-ce un souci de bien négocier, de ne pas se faire berner par les agents, mais il pratique souvent le surplace. En réalité, Paul est quelqu’un de naturellement méfiant. C’est une grave erreur de se précipiter, mais c’est aussi une erreur de se montrer trop lent. Vous donner l’impression au joueur de ne pas en avoir envie et vous courez le risque qu’il vous échappe.

Il détaille cela plus loin dans le livre :

On se retrouve parfois à contre-emploi : lui dans un rôle de président, mois dans celui de l’entraîneur. Lassé par certaines négociations, comme celle de Camara que Saint-Étienne ne veut pas lâcher facilement, et désireux d’avancer vite, j’aurais eu tendance à accepter de payer un peu plus cher certains joueurs quant lui, pour des raisons certes louables de contrôle de la masse salariale, tempère mes ardeurs.
La gestion des jeunes et des cadres de l’effectif
Je l’ai senti moins sûr de lui au fil du temps et pour moi, c’était une situation plus compliquée à vivre. Il avait du mal à gérer les problèmes Pauleta et Yépès, se montrait totalement indécis au sujet de l’attaquant portugais. Il a aussi surestimé la maturité des jeunes pros. Lorsqu’il décide, à Valenciennes, le 20 octobre 2007, d’aligner Sankharé, N’Goyi, N’Gog, Arnaud et Sakho, en confiant le capitanat à ce dernier, je suis d’accord avec lui. La défaite contre Rennes m’a tellement écoeuré que j’en ai plein le dos. En revanche, qu’il prolonge l’expérience le match suivant avec la réception de Lyon, me surprend énormément. Je le lui ai dit.
Remise en cause personnelle
Il éprouve aussi quelques difficultés à se remettre en cause, à travers des idées nouvelles et originales car il considère que le travail et le sérieux finissent toujours par payer. Dans un monde parfait, il aurait raison. Le foot n’est pas un monde parfait.

Dans l’interview publiée le 29 mai par L’Équipe, Le Guen évoquait les certitudes qu’il avait en quittant Lyon et plus globalement faisant son auto-critique :

À Glasgow, j’aurais pu rester plus longtemps. Mais là, j’ai fait une ou deux erreurs. Peut-être même que j’ai eu, là-bas, je le concède, un peu la grosse tête, enfin disons un peu de suffisance. Il y avait eu ces trois titres de champion avec Lyon, et j’avais des certitudes. Je me suis dit : « Allez, on va remettre tout cela dans l’ordre très vite. » J’aurais dû agir plus en douceur, me montrer patient, parce que ça valait le coup. Et je ne l’ai sûrement pas été suffisamment, parce que c’était aussi ma première expérience à l’étranger.

Autres qualités

A contrario, Cayzac rappelle également les qualités qu’il a constatées chez le natif de Pencran :

Avec Paul Le Guen, les premiers mois sont quasiment parfaits. Je le découvre très sûr de lui, confiant dans les solutions à trouver. […] J’apprécie qu’il sauve Paris de la relégation, qu’il prenne les bonnes décisions et parvienne à donner une véritble identité à cette équipe qui réussit neuf derniers matches plus que convaincants. Lors de sa première demi-saison comme entraîneur, Paul Le Guen réussit à transmettre une véritable sérénité au reste du groupe et au sein du club. Le 1er avril 2007, à 21 heures, juste avant le coup d’envoi du match contre Lens, Paris est dernier de L1. […] Pourtant, Paul est persuadé que l’équipe va s’en sortir. Son discours, son attitude, ses décisions, tout en lui augure une issue positive pour le club.

Le 3 juin 2008, Jérôme Rothen confirmait ces propos dans L’Équipe :

Il dégage toujours cette sérénité qui nous a fait du bien la saison dernière.

L’ancien PDG du club parisien poursuit :

Aurais-je dû virer Paul Le Guen ? Non. Il reste un bon entraîneur aux causeries simples, convaincantes et mobilisatrices. […] Je ne regrette pas d’avoir convaincu Paul de signer à Paris ni de l’avoir maintenu en place dans les moments pénibles. […]

J’admire son contrôle de soi, sa façon de ne pas accepter de concession à l’opinion publique, de rester toujours lui-même sachant qu’il va s’exposer à des critiques importantes, du style « on ne l’entend pas, il ne dit rien ». J’admire son courage et son autorité naturelle car, dans des circonstances très dures, il a su rester costaud. Je le trouve également brillant lors de ses causeries d’avant-match ou à la mi-temps d’une rencontre. Zéro faute là-dessus. Il a la même assurance vis-à-vis des jeunes joueurs que des plus expérimentés. On peut le trouver lisse, trop gentil, mais non, il n’est pas trop gentil. Il sait élever le ton. Je l’ai déjà vu s’entretenir avec des joueurs et se révéler tout à fait cinglant, mais jamais grossier. Il déteste par exemple parler à un joueur qui regarde ses chaussures au lieu de le regarder, lui. C’est un personnage très respectable à cet égard.

Concernant l’intégrité de Paul Le Guen, on peut également citer un article récent de L’Équipe :

Ce groupe, justement, s’est vite scindé en cours de saison entre les pro-Le Guen (Armand, Bourillon, Clément, Ceara, Rothen, Landreau entre autres) et ceux qui ne lui vouent pas –- ou plus - une estime illimitée (Giuly, Camara, Kezman, Makelele, Luyindula par exemple). Même si certains de ses choix tactiques ou certaines décisions ont pu prêter le flanc à la contestation cette saison, dans sa gestion des ressources humaines, Le Guen est apparu irréprochable. Il n’a jamais fait de distinction selon les « clans ». Il y a ceux à qui il a toujours maintenu sa confiance, en dépit des critiques qui se sont abattues sur eux. Ce fut le cas de Ceara et de Landreau la saison dernière, de Camara, Rothen ou Giuly cette saison. Makelele, lui, n’a pas non plus à se plaindre du sort qui lui a été réservé par son entraîneur. Il a été laissé au repos quand il le souhaitait et a joué quand il l’a voulu. Il y a ceux qu’il a su sortir d’ornières sportives, comme Luyindula, qu’il est allé sauver de Levante ou, à un degré moindre, Clément des Glasgow Rangers. Il y a encore ceux qu’il a propulsés au plus haut niveau, comme Sakho la saison dernière ou Hoarau cette saison. Il y a enfin des joueurs comme Chantôme, Pancrate ou Arnaud, à qui il a offert plusieurs chances de s’imposer, mais qui n’ont jamais su vraiment la saisir. En tout cas, très peu d’entre eux peuvent se plaindre d’un traitement inéquitable sur la durée, où les considérations tactiques l’ont emporté sur les sentiments. Ça ne suffit pas toujours pour tirer le meilleur d’une équipe.

Damien Degorre, L’Équipe du 18 mai 2009

On notera au passage que Degorre dément ainsi ce qu’il affirmait six mois plus tôt avec Jérôme Touboul, dans L’Équipe du 9 octobre :

La pression sur l’entraîneur parisien est réelle. Si le PSG s’était incliné à Nancy (1-1) dimanche dernier, Le Guen n’y aurait sans doute pas survécu. Il l’a su avant la rencontre. C’est pour cette raison qu’il a titularisé des joueurs qu’il avait lui-même fait venir à Paris, comme Bourillon, Clément ou Luyindula, plutôt que Traoré ou Kezman, par exemple.
À suivre sur PSGMAG.NET :
- Le Guen est un salaud ;
- La communication de Paul Le Guen ;
- Le Guen en questions : ses défauts, ses qualités ;
- La gestion des coupes en 2008/2009 ;
- La tempête de mai 2009 ;
- Des clans dans le vestiaire ;
- Peut-on critiquer la presse ? ;
- Bilan final : Paul Le Guen 2007-2009.

Notes

[1] « Eux aussi vont être taillés par le sublime PSGMAG.NET… D’ailleurs ils taillent tout le monde, ce qui en soi n’est pas un problème, sauf quand c’est basé sur un tissu de mensonges. », affirmait Daniel Riolo sur son blog le 8 avril dernier, à propos de cet article de So Foot.

[2] À noter que Barry Ferguson, à qui Le Guen reprochait son comportement et qui fut en partie responsable du départ de Le Guen, fut depuis exclu de sa sélection nationale et suspendu par les Rangers pour comportement inconvenant. Son capitanat lui a également été retiré. Dans un article intitulé « Goodbye and good riddance » (au revoir, et bon débarras), The Herald — le principal quotidien écossais — estima alors que ce nouveau dérapage de Ferguson donnait rétrospectivement du crédit aux propos de Le Guen.

[3] Alain Cayzac et Paul Le Guen confirment que l’entraîneur parisien s’est battu pour faire signer les deux principales valeurs marchandes de l’effectif actuel.

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4 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    Arno P-E
    25 juin 2009 09:35

    Je ne comprends pas : moi on m’avait dit que tout le monde détestait PLG Surpris ?!?

    Et s’il suffisait de quelques matraquages médiatiques pour faire passer son avis personnel comme une vérité établie ?

  • #2

    nicolasjpsg
    25 juin 2009 13:30

    Salut !

    Que dire, enfin un article objectif, rien d’autre à rajouter, sinon pour Daniel Riolo, c’est moi qui l’ait amené à votre site pour l’article : "Dénigres Le Guen…", il m’a dit qu’il avait pu vous parler et j’ai ressenti comme du mépris pour votre travail, mais en tous cas, vos articles me donnent envie de continuer à vous suivre désormais, j’ai enfin trouvé le site de référence du PSG, je vais de ce pas m’inscrire sur le forum !

    Perso, j’ai toujours défendu PLG meme lors de cette défaite à Caen 3-0, je supporte le PSG depuis une dizaine d’années seulement vu que j’ai 21 ans et c’est l’entraineur du PSG que j’ai le plus apprécié, je retiendrai cette image, quand l’an passé en pleine crise, au milieu d’une conférence de presse, sa voix a été prise de sanglots, témoignage de son émotion. Son refus de démissionner n’a jamais été perçu par moi comme une volonté de ne pas renoncer à d’éventuel indemnités de licenciement mais bien comme la preuve de son courage et de son refus d’abandonner le navire en pleine dérive.

    Merci Paul !

  • #3

    Arno P-E
    25 juin 2009 14:10

    Salut Nicolasjpsg,

    et bienvenue à toi sur PSGMAG.NET. Nous avons effectivement beaucoup échangé avec Daniel à propos des articles le concernant. Nous les lui avions envoyés par mail afin de ne pas avoir l’air de le tailler dans son dos. Il a choisi de n’évoquer notre existence qu’après que tu aies abordé le sujet sur son blog…

    Que dire ? Oui, il nous semble évident que Daniel Riolo, s’il a souvent un avis très intéressant sur le foot, car loin de la langue de bois et des clichés entendus partout, fait en revanche preuve d’une mauvaise foi et d’un manque de discernement immenses dès qu’il évoque Le Guen.

    Lui même ne s’en cache pas : il dit ne pas aimer l’homme, garder une dent contre lui, il avoue même que ses griefs sont d’ordre extra-sportif pour l’essentiel.

    Si nous condamnons ce genre d’attitude un peu malsaine, à nous de ne pas tomber dans ce travers vis-à-vis de D. Riolo : pas de personnalisation des rancoeurs, et surtout, pas d’acharnement. Il y a beaucoup à dire concernant l’animateur de RMC, nous l’avons fait. Il y a beaucoup à dire concernant d’autres personnalités du football aussi Tirer la langue. Alors nous ne nous focaliserons ni sur lui, ni sur personne… d’autant plus facilement que nous n’avons de problèmes ni avec lui, ni avec personne.

    Pour en revenir à Paul Le Guen, nous sommes très contents que ces premiers articles de notre série te plaisent Sourire.

  • #4

    nicolasjpsg
    25 juin 2009 14:33

    J’admire ton sang-froid mais je dois dire que personnellement, j’ai vraiment du mal à me controler face à cette mauvaise foi incroyable, maintenant, j’aimerai bien que Luis son grand ami revienne au PSG sous Colony pour voir ce qu’il ferait, vu que c’est le coach qu’il faut pour le PSG

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