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Portrait de Jérôme Rothen, milieu de terrain du Paris SG

Jérôme Rothen, l’imparfait du PSG

Il paraît que Rothen n’est pas parfait… Et alors ?

jeudi 8 janvier 2009, par Arno P-E

Jérôme Rothen, l'imparfait du PSG

Jérôme Rothen est un joueur à part. Dans le cœur des supporters du PSG, dans les médias, ou sur les terrains, jamais le n°25 ne passe inaperçu. Jamais il ne laisse indifférent. Il faut dire que le personnage a valeur d’exception dans le paysage footballistique actuel. Inclassable au milieu d’une foule de joueurs formatés, l’international parisien se balance quelque part entre talent pur, fort tempérament et prises de position bien tranchées. Parce que Rothen est entier, il n’invite pas à la demi-mesure. Rothen, on aime… ou on déteste. Et pourquoi le cacher, moi, j’aime.

Dès 2001, les journaux se font l’écho des prouesses d’un jeune milieu évoluant à Troyes : Jérôme Rothen. On le dit passeur surdoué… mais aussi caractère bien trempé. Au Paris Saint-Germain, les amoureux de la rubrique transferts frétillent. Selon la rumeur, le bonhomme se déclarerait supporter du PSG, et désireux de rejoindre la capitale. Le tout au conditionnel car Jérôme est encore peu médiatisé. Gros doute chez les supporters du PSG : intox ? Dans un milieu où il est de bon ton de railler les Rouge et Bleu, à la suite des Guignols, un tel discours paraît surréaliste. Pourtant, avec Rothen dans ses rangs, Paris tiendrait enfin un véritable joueur-supporter… et plutôt adroit paraît-il ! Faut-il en rêver ?

Une franchise parfois désarmante

Les saisons suivantes apporteront une réponse claire : parti à Monaco, le blondin crève l’écran. Meilleur passeur du championnat de France saison 2002/2003, finaliste de la Ligue des Champions après avoir éliminé le Real en 2004, international convoqué à l’Euro, sa réussite sportive est totale. Mais surtout, interview après interview, Jérôme Rothen confirme les bruits de vestiaires : oui il est bien supporter du PSG, oui il veut jouer au Parc. À contre-courant de tous ceux qui invoquent l’excuse des stades pleins et du challenge d’un championnat étranger pour ne s’offrir en fait qu’à celui qui possédera le plus gros chéquier, Rothen tourne le dos aux gazo-roubles de Chelsea et signe au Paris Saint-Germain. Enfin ! Nous sommes en 2004, et la capitale va pouvoir juger le gaucher atypique sur pièce.

Quatre années plus tard, Johnny [1] a gagné le statut d’ancien. Devenu cadre dans le club qu’il supportait enfant, il a laissé à tous le temps de comparer l’homme, et la réputation qui lui est faite.

Le souci de Rothen, c’est qu’il ne fait rien pour passer inaperçu. Attention, le garçon n’est pas en quête perpétuelle du coup de pub, il ne va pas se mettre en avant pour se faire mousser… c’est juste qu’il ne recule pas quand on lui tend un micro. Pourquoi le ferait-il ? Et surtout, il ne calcule jamais quel impact pourront avoir ses paroles : il dit ce qu’il pense, et assume.

Alors, « grande gueule », Jérôme Rothen ? Peut-être bien. Mais pas n’importe comment, pas pour lui-même. Quand on lui demande ce qu’il faudrait faire pour sortir de la zone de relégation en mars 2007, l’international ne tourne pas autour du pot. Là où d’autres auraient parlé confiance, invoqué des automatismes à roder ou toute autre excuse fumeuse du genre, Rothen se montre plus direct :

On a trop accepté la défaite, trop vite selon moi. Il faudra avoir la culture du maintien et assumer cela jusqu’au bout. Cette manière de perdre m’agace, la défaite m’agace, on joue avec la vie du club depuis un moment et ce soir, c’est dur. Perdre chez le dernier, quand même, on pouvait s’attendre à autre chose, non ? […] On n’a pas mis les c… sur le terrain, on aurait dû les mettre. Il faut mettre les c… sur le terrain sinon ça donne des matches comme ça. On n’aurait pas perdu contre Sedan si on avait fait ce qu’il fallait.

Certes, après une telle sortie, on peut jouer les prudes, trouver que ce ne sont pas des mots à utiliser quand on est un modèle pour les enfants, etc. Certains ne s’en sont pas privé. C’était occulter un peu vite quelques détails essentiels. Tout d’abord, le fait que Rothen disait la vérité : quand on est professionnel, il y a un moment où il faut savoir retrouver un minimum de fierté, et de volonté d’aller au combat si l’on veut pouvoir se regarder dans la glace. Ensuite, ces vérités, quoiqu’un peu triviales, elles restent tout de même bonnes à dire.

Rothen n’est pas homme à faire ses coups dans le dos. Les vestiaires pourris par les non-dits, les ambiances malsaines où certains usent d’un double-discours, trop peu pour lui. Et si ça doit en choquer quelques uns, ou en vexer d’autres, eh bien tant pis. Oui, quand on est relégable et que l’on ne trouve même pas la ressource de se battre dignement face au dernier, c’est qu’il faut au plus vite mettre les couilles sur le pré.

Cette franchise jouera des tours au milieu de terrain du PSG. La fausse polémique causée par la sortie de son livre [2] en est un exemple parmi d’autres. Non seulement le joueur du PSG a l’audace de citer des propos injurieux de Zidane à son encontre, mais en plus quand on l’invite en plateau, il ne montre pas le bon goût de revenir sur ce qu’il a écrit [3]. Indignation générale : vous rendez-vous compte, ce que ce Rothen ose rapporter, c’est vraiment lamentable… Tiens, et si on l’invitait demain pour qu’il le raconte chez nous aussi ? Et le gaucher de devoir revenir sur le même sujet, interview après interview, sans pour autant modifier une fois sa version… D’ailleurs, pourquoi l’aurait-il fait, puisque c’était la vérité ?

Bien sûr, pour plaire au bon peuple il eut été plus sage d’arrondir les angles, ou de noyer le poisson afin d’éviter les sujets qui fâchent. Seulement voilà, il semblerait que plaire au plus grand nombre soit le cadet des soucis du bonhomme. Et c’est peut-être ce qui le rend si attachant. Cette désarmante franchise d’un Jérôme Rothen qui hausse les épaules en confirmant que oui, même un Gallas a pu faire des conneries d’adolescents, cette spontanéité ne font-elles pas tout le charme du personnage ?

Rothen, tous les défauts d’un Parisien

On peut toujours se faire de fausses idées, et se laisser séduire par un joueur trop doué. Mais vu du Virage Auteuil, il semblerait bien que Jérôme Rothen ne triche pas. Oui, il soigne son look, arbore des coiffures étudiées et roule en Porsche — et trop vite en plus. Jérôme Rothen n’est pas discret. Ça agace… surtout les jaloux. Oui, Rothen répond aux journalistes. Pire, il leur dit ce qu’il pense, au risque de froisser quelques susceptibilités. Ça irrite… surtout les icônes mégalos, et leur cortège de cire-pompes. Oui, Rothen est imparfait. Pourtant, il jouit au Parc des Princes d’une extraordinaire côte de popularité. Pourquoi ? Dites que vous êtes fan de Jérôme Rothen à un supporter d’un club de province, c’est récolter toujours les mêmes réactions : incompréhension, surprise, voire consternation.

Mais, Rothen a été contrôlé à plus de 200 km/h sur l’A13 ! À part centrer, il ne sait rien faire ! Son pied droit ne lui sert à rien, si ce n’est à monter dans le bus. Et encore, selon quelques témoignages malveillants, il y grimperait à cloche-pied… Comment peut-on aimer Rothen, alors qu’un sondage, lui attribuait le titre de joueur le plus détesté de la L1 ?

Celui qui voudrait torde le cou à ces idées reçues pourrait gloser longtemps. Avancer que si Rothen gagne assez pour pouvoir se payer une voiture capable de commettre des infractions que je serais bien en mal de reproduire au volant de ma Super5, même avec toute l’odieuse perversité dont je suis capable… ça ne le rend pas plus stupide qu’un autre conducteur, flashé à 160 km/h. Que celui qui a encore tous ses points sur son permis lui jette la première contravention !

On pourrait aussi répondre qu’à part centrer… et marquer quelques des buts somptueux, comme face à Metz, Nantes ou Toulouse (voir ci-dessous), Rothen ne fait que défendre. Ce qui tombe bien, puisque en définitive, c’est là juste ce qu’on lui demande : adresser des passes décisives, et bloquer son couloir. Il faudrait aussi expliquer — longuement, sans doute — que lorsque l’on a un pied gauche à faire pâlir d’envie toute la L1, on ne voit pas trop pourquoi on s’embêterait à repiquer sur son droit… [4] Tout ça pour conclure en disant que si les joueurs adverses ne peuvent pas supporter Rothen, c’est peut-être à force de se faire enrhumer. Il faut avouer qu’en quatre ans, vu le nombre de vents distribués à ses vis-à-vis, le milieu du PSG a activement contribué à augmenter le trou de la Sécu, et que cela n’est pas preuve d’un sens civique très aigu.

Cliquez-ici pour voir le but de Jérôme Rothen à Toulouse

Cliquez-ici pour voir le but de Jérôme Rothen contre Nantes

On pourrait avancer tout cela, et bien plus encore… Mais ce serait bien fastidieux. Et surtout, cela occulterait une réalité bien plus terre à terre. Oui, Rothen a une belle petite gueule de voyou, et il en joue un peu. Un côté Gavroche, le cliché du Titi parisien… Oui, il a la langue bien pendue et il réagit parfois trop vite, avant de le regretter, comme dans cette histoire de tract distribué par un supporter et jeté au sol. Mais tout ça, moi ça me plaît. Parce que je me demande si, au fond, on peut rêver plus parisien que tous ces défauts ?

Rothen peut sembler arrogant, fier. Justement, c’est ça qui est bon. Oui, le voir provoquer ses adversaires, et chambrer un peu ceux qu’il a martyrisés, moi j’adore. Guy Carlier moquait son habitude de venir saluer ses supporters… L’humoriste auto-proclamé y voyait de la forfanterie. Pour qui porte les mêmes couleurs que lui, la scène est bien différente. Oui, voir Rothen rentrer sur le terrain les poings serrés, match après match, me fait triper. Même au bout de quatre ans, quand il se dirige sur son côté, se tourne vers la tribune et harangue les Parisiens, quand le match n’a pas encore commencé mais que déjà on sent qu’il sera dedans, oui, j’ai la chaire de poule !

Il l’a toujours dit avant de rejoindre le PSG, se moquant éperdument des réactions que cela susciterait sur tous les stades de province : Rothen a le cœur Rouge et Bleu. Depuis, pour moi, il a fait mieux que beaucoup d’autres : il l’a aussi prouvé.

Alors certes, si cette saison le Paris Saint-Germain retrouve de son lustre d’antan, Jérôme Rothen a quant à lui un peu marqué le pas cet automne. Fatigue physique, période de moins bien, peut-être s’est-il aussi un peu dispersé avec cette histoire de biographie. Mais faut-il lui en vouloir ? Et puis après tout, il reste impliqué dans près d’un but parisien sur deux, lors de cette première moitié de saison [5]. Il s’agit de se remémorer ce que l’international a donné au club lors des deux dernières saisons. Sans lui, sans son énergie et son apport sur le terrain, Paris jouerait sans doute en L2 aujourd’hui. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que le milieu gauche a été élu Ballon d’Or PSG MAG’ en 2007. On comprend mieux en se remémorant l’impact qu’avait Rothen lors de ces matches au couteau, face à Saint-Étienne ou à Sochaux, comment le public pourtant si exigeant du Parc des Princes peut excuser chez le milieu parisien une certaine forme de lassitude.

Pour comprendre la relation très spéciale qui lie Jérôme Rothen à ses fans, peut-être faut-il se figurer ceci : dimanche, le Paris Saint-Germain se déplace à Bordeaux. Il fera froid, les Girondins sont logiquement favoris et en ce qui me concerne, je ne pourrai suivre le match que derrière ma télévision. Un match qui promet d’être difficile. À vivre, pour moi, égoïstement, et surtout à jouer, pour eux.

Pourtant, je ne me pose aucune question concernant Jérôme. Certes, Rothen est imparfait, mais je sais qu’il se donnera à fond. Je sais qu’il prendra son côté gauche avec la volonté de ne jamais baisser les bras. Je sais la rage dans le combat, et l’application au moment de délivrer le centre. Je sais que celui qui lui prendra un ballon le verra revenir se battre pour le reprendre. Je sais que dimanche, à Chaban-Delmas, Rothen ne lâchera pas. Parce qu’il ne l’a jamais fait. Jérôme Rothen est comme nous : il porte le PSG dans son cœur. Et le tee-shirt qu’il arbore sous son maillot ne ment pas : partout où Rothen va, on peut dire qu’ici, c’est Paris.

P.-S.

Crédit photo : Stephy’s In Paris

Notes

[1] Surnom donné au joueur parisien en référence à Johnny Rotten, chanteur du groupe punk les Sex Pistols.

[2] Vous n’allez pas me croire, éditions Prolongations.

[3] Mais alors Saint Zinédine serait donc faillible ? Vous allez voir que si ça se trouve, il lui arrive d’aller aux toilettes aussi…

[4] Vous trouvez cette critique absurde ? Relisez l’article paru dans Libération le mois dernier, expliquant que Rothen n’a « aucune qualité footbalistique notable, à l’exception du pied gauche ; le meilleur du foot français ».

[5] Rothen était, en décembre, à l’origine de 44 % des buts du Paris SG. Soit comme buteur, soit comme passeur décisif, soit comme avant-dernier passeur !

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5 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    commentateur anonyme
    8 janvier 2009 14:02

    très bon article résumant parfaitement la situation de Rothen sur sa cote de popularité au psg et en dehors de paris !ce joueur ne lache rien….et comme tu dis ici c PARIS(c pr cela que rothen dérange…un joueur qui ose avouer son amour envers paris cela provoque inéluctablement de la jalousie…)

  • #2

    commentateur anonyme
    8 janvier 2009 15:40

    Allez Rothen meme si ta pas la forme en se moment ou te soutiendra quoi qu’il arrive. Alors lache rien comme tu le fait depuis le debut de la saison et continue a envoyer des caviars a Hoarau.
    Allez Gégé ICI C’EST PARIS !!!!!!

  • #3

    Snow
    8 janvier 2009 15:48

    Bravo.
    Il est a noter que malgré son statut de supporter-joueur, Rothen ne beneficie pas de plus de clemence de la part des supporters, il suffit de tendre l’oreille ça et là ces 2-3 derniers mois.

    Je me suis d’ailleurs toujours demandé pourquoi les supporters parisiens reclamaient des joueurs qui aiment le maillot à la folie, et pourquoi ces mêmes joueurs n’ont jamais de credit supplementaire dans la consideration des fans ensuite ( jurispreduence Rothen, Revault, Llacer, Nouma). J’ai même l’impression qu’on leur pardonne moins. Et après ça crache sur les derives du foot business…

    Sinon, c’est vraiment savoureux, le video de son but contre Nantes.
    Un but magnifique….et le ton un brin moqueur de Linette << premier poteau de Barthez….>> envers le gardien qui a fait 2 fois plus de boulettes que Landreau en club, mais toutes oubliées .Allez comprendre..

  • #4

    ImForeverBlowingBubbles
    9 janvier 2009 17:56

    Autant le dire tout de suite, je ne suis pas fan de Rothen. Je parle ici de l’homme car je n’ai rien à reprocher au joueur (même si son début de saison est largement en-deça de sa prestation de l’an dernier).

    La seule chose qui me plait chez lui est son attachement au maillot à l’heure où pour 99.5% des joueurs pros l’amour des couleurs se limite à trouver le petit logo coloré sur l’entête de leur fiche de paye tellement joli qu’ils décident d’en commencer une collection -comme nous le faisions gamins avec les fanions- (ne niez pas, je sais que vous faisiez la collec’). Cet amour particulier est connu sous le terme "syndrome Dalmat".

    Pour le reste, là où Arno voit de la fraîcheur, j’aurais plutôt tendance à voir de la naïveté confinant souvent à la stupidité. Là où son amour -avoué- pour Rothen lui fait voir un gentil rebelle, je vois un gars irrévérencieux -voire irrespectueux- . OK, tout est loin d’être rose dans le monde du foot pro (doux euphémisme), mais cracher dans la soupe ou descendre ses petits camarades juste pour faire parler de soi est une attitude qui, si elle ne m’étonne pas de sa part, ne me donne pas vraiment envie de prendre ma carte de son fan club…

  • #5

    commentateur anonyme
    9 janvier 2009 20:40

    C’est le propore du bonhomme, comme je l’écrivais : JéRo ne laisse pas indifférent ! Mais quand a-t-il dénigré ses coéquipiers ? Je me souviens plutôt de Pauleta (pourtant loué pour sa grande âme par maints supporters) qui expliquait l’année passée que les autres joueurs parisiens n’avaient pas le niveau…
    Hem…

    La franchise et la candeur d’un Rothen, comme celles d’un Luis d’ailleurs, me font davantage penser aux réactions un peu innocentes, infantiles de gars qui sans avoir fait de longues études ne manquent pas forcément d’intelligence.

    Chacun sa vision du truc, chacun sa sensibilité Clin d'oeil.

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