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Cinquième journée de phase de groupes de la coupe UEFA

[UEFA] PSG - Twente : le chant des possibles

À quoi bon venir supporter un PSG quasiment condamné ?

mardi 16 décembre 2008, par Arno P-E

[UEFA] PSG - Twente : le chant des possibles

Pourquoi aller au Parc des Princes jeudi ? Le Paris Saint-Germain n’a plus son destin entre ses mains, la rencontre sera télévisée alors que la météo promet de se révéler catastrophique, et Paul Le Guen devrait faire partiellement tourner l’équipe, afin de jouer à fond la carte du championnat. Qualification, football enlevé ou même bon moment à passer, en toute logique il n’y a rien de cela à attendre de ce PSG - Twente.

Contre Twente, le scénario du match semble déjà gravé dans le béton du Parc. Avec son match nul face à Santander, le Paris Saint-Germain a hypothéqué ses chances de passer un hiver européen. Alors qu’ils menaient 2 à 0, les Parisiens ont vu le club espagnol égaliser, et par là-même leur passer devant au classement de la poule A. Si Espagnols et Français comptent autant de points avant cette dernière journée, le club de Santander possède grâce à sa différence de buts un avantage qui s’avèrera sans doute décisif dans la course à la troisième place qualificative.

Un scénario couru d’avance

Les détails techniques auraient de quoi rebuter jusqu’à un Polytechnicien, mais ce qu’il faut en priorité retenir de l’incompréhensible règlement de la coupe UEFA, c’est que pour sortir de sa poule, le Paris SG doit battre Twente avec une énorme marge. Car au moment même où Paris affrontera les Bataves, Santander reçoit quant à lui Manchester City… mais avec une meilleure différence de buts que le PSG (d’une unité).

Pour résumer, les Rouge et Bleu doivent non seulement battre Twente, mais avec un écart supérieur de deux buts à celui qu’obtiendront les Espagnols. Si Santander gagnait 2-0, il faudrait que Paris l’emporte sur un score fleuve du type 3-0, ou 4-1. Rien que ça.

Tous les amateurs de football ont en mémoire des exemples de matches qu’il fallait gagner par 2–0 pour continuer l’aventure (France - Danemark en coupe du monde), voire des matches qu’il suffisait de gagner (Lyon - Roma ; Chelsea - Lyon), ou même de ne pas perdre (France - Bulgarie)… mais qui ont tous été perdus. Parce qu’à force de vouloir marquer trois buts, on en vient à faire n’importe quoi, et à ne jamais réussir à inscrire le premier.

C’est à ce genre d’écueil que le club de la Capitale se voit confronté : attaquer sans relâche, mettre de la folie dans le jeu, tout en restant lucide et efficace. Car quand bien même Paris l’emporterait, reste le fait de ne pas maîtriser son propre destin. En Ligue des Champions, avec l’haïssable Vieille Dame en décembre 1997, il est déjà arrivé au PSG de se faire recaler à la différence de buts, malgré une belle victoire sur le Besiktas lors de la dernière journée.

Alors voilà ce qui a toutes les chances de se passer jeudi soir : Paul Le Guen, qui n’oublie pas que dès dimanche il faudra accueillir un Valenciennes ragaillardi par sa belle victoire face à Monaco, ne prendra pas le moindre risque. Le banc du Paris Saint-Germain est bien trop juste pour se permettre de risquer de blesser, ou même de trop fatiguer certains cadres dans une rencontre de coupe à l’issue plus qu’incertaine. Paris ne peut manquer l’occasion de passer la trêve sur le podium. C’est donc en théorie une équipe un peu remaniée que les supporters découvriront au coup d’envoi.

Des joueurs certes motivés par l’enjeu, qui sauront mouiller le maillot, mais des joueurs inexpérimentés, trop préoccupés de bien faire, de marquer vite, de multiplier les attaques… qui du coup risquent fort de balbutier leur football. Voilà qui promet un match non seulement frustrant, mais en plus sans doute disputé dans des conditions pénibles.

Un terrain lourd, un froid humide aussi difficile à supporter sur le terrain qu’en tribune, un adversaire qui n’a rien à perdre et peut se permettre d’évoluer en contre, sans aucune pression… C’est la configuration catastrophe. D’autant que Twente n’est pas non plus ce que l’on pourrait appeler une équipe de peintres. Si beaucoup prenaient ce club à la légère lors du tirage, son bilan devrait aujourd’hui inciter à la prudence : élimination de Rennes (pourtant invaincu en L1 depuis quatre mois), victoire face à Schalke 04, victoire face à Santander, très courte défaite à Manchester… Voilà qui a de quoi calmer quelques ardeurs. Avant de penser à un succès sur un score écrasant, il faudra déjà penser à gagner tout court.

Quand en plus on sait que sur ses treize victoires cette saison, le PSG n’a jamais réussi à vaincre par au moins trois buts d’écart [1], ce qui serait une sorte de tarif minimum jeudi, il y a de quoi douter des chances de qualification des joueurs parisiens.

Une analyse logique de cette rencontre ne peut donc mener qu’à cette conclusion : il n’y a guère de raison sensée pour que le Paris Saint-Germain parvienne à se qualifier pour les seizièmes de finale. Et donc, par conséquent, aucun espoir valable pour un fan de passer une bonne soirée au Parc des Princes. Quitter le travail au plus vite un jour de semaine avec pour seule certitude de devoir rester deux heures immobile dans le froid, et comme point de mire la perspective de voir son club condamné à une frustrante élimination, même s’il l’emportait 1 à 0… il y a mieux dans le Top 5 des soirées les plus agréables. Ce PSG - Twente, c’est un peu le prototype de la rencontre dont il ne faut rien attendre de bon. Le modèle même du match qui voit les supporters quitter le stade en mode « j’aurais mieux fait de rester chez moi ».

En gros, si vous avez le choix, préférez suivre la rencontre bien au chaud sur Canal + Sport ou à la radio. Mieux, emmenez donc votre copine dîner dans un restaurant où il n’y a aucun écran de télévision susceptible de retransmettre la rencontre. Que les radins qui hésitent à investir en pure perte se rassurent, même si vous emmenez votre promise dans une pizzeria au rabais il y aura toujours davantage de chances que votre soirée se termine sur une orgasmique conclusion qu’au Parc des Princes. Quant aux indécrottables célibataires, eh bien choisissez-vous un bon DVD, voire un bouquin sympa, bref, passez à autre chose. Si vous avez le choix…

Notre honneur, c’est notre soutien

Quant aux autres… eh bien ils se sont déjà donné rendez-vous. Jeudi. Au Parc… Les « autres », ce sont les intoxiqués, les drogués et les amoureux fous du Paris Saint-Germain. Ceux qui savent que de toute façon, même s’ils essayaient de ne pas suivre cette rencontre, couper avec les Rouge et Bleu un soir d’Europe se révèlerait impossible. Alors à quoi bon planifier ce restaurant, si c’est pour aller toutes les cinq minutes envoyer un texto à un ami resté en tribune ? Parce que savoir que les autres sont à Auteuil, à Boulogne, en G ou en K, à se donner pour le PSG, pendant qu’on attend là, c’est insupportable.

Ce match, il faut le prendre pour ce qu’il est : il y a 99 % de chances que Paris finisse là son aventure européenne. 99 % de chances de repartir du stade avec en bouche la saveur de ces années perdues depuis nos dernières épopées européennes. 99 % de chances de se prendre une nouvelle fois la réalité en pleine face : Paris n’est plus rien au niveau européen. 99 % de chances de se faire mal. Sur ce match-là, objectivement, tout est contre nous.

Mais qui, parmi les supporters du PSG, pourra vendredi matin se regarder dans une glace s’il n’est pas allé défendre ce petit 1 % ? Qui peut accepter de négliger cette infime probabilité que le PSG s’en sorte et renverse une situation perdue ? Victoire ou défaite, qui pourra supporter d’avoir abdiqué sans même avoir combattu, d’avoir rendu les armes avant le dernier souffle ?

Abandonner, ça n’est pas notre club. Ca n’est pas Paris. Miser sur la défaite, vivre dans la peur une vie de semi-supporter, préférer éviter toute déception, pour ne pas trop se faire de mal, mais ça, ça n’est pas Paris !

Il ne reste plus aucune raison sensée de croire en la victoire ? Seuls l’élimination, le froid d’une nuit d’hiver et la perspective d’une nouvelle soirée de frustration nous tendent les bras ? Tant mieux. Le Paris Saint-Germain n’a jamais été aussi fort qu’acculé dans ses derniers retranchements.

Notre histoire est parsemée de ces soirées glorieuses, qui ont vu une poignée de Parisiens renverser des situations dramatiques. Regardez-les, ces joueurs de 1974, battus 2-1 par Valenciennes dans le match aller pour la montée en première division. Qui les donnait gagnants sur le match retour ? Valenciennes ira même jusqu’à mener 2-1, au Parc, en début de seconde mi-temps lors de la rencontre retour.

Quarante-huitième minute. Encore une erreur de notre défense. Et toujours ce Polonais, Wilczek, pour nous punir. Valenciennes mène deux buts à un. Pendant quelques secondes, je me désintéresse du match. Je regarde le bout de mes chaussures. J’essaye de penser à autre chose. Fontaine croise les jambes et me jette des petits coups d’œil pointus. On dirait qu’il couve une maladie. Dans mon dos, Borelli est prostré.
_ Cinquante-cinquième minute. Laposte réussit un joli dribble, et passe le ballon à Dogliani. But. Il reste plus d’une demi-heure de jeu. J’ai l’impression de revivre. Les vingt mille spectateurs aussi.
_
_ Daniel Hechter, Le Football Business

Il n’y a pas été question d’abandon, d’atermoiements, ce soir-là. Et le PSG s’est imposé 4 à 2, laissant Just Fontaine inanimé sur le bord du terrain, après un malaise cardiaque. C’est à lui qu’il faut parler de passer une bonne petite soirée, pas trop éprouvante ?

Ou bien à Valdo, Lama et Le Guen, qui avaient été battus 3 buts à 1 par le Real Madrid lors du match aller de cette même coupe UEFA ? Ou à tous ceux qui se sont quand même rendus au Parc pour soutenir le Paris Saint-Germain au match retour ? Car autant regarder la vérité en face : il fut un temps où Paris comptait davantage de supporters qu’aujourd’hui. Un temps où pour un match de coupe d’Europe, le Parc ne pouvait qu’être plein, même si jusque-là le PSG n’avait pas montré grand-chose à ce niveau. Un temps où, pour un match perdu d’avance, les tribunes résonnaient de 46 000 voix, jusqu’à la 5e minute de temps additionnel. Un temps où, même à bout de souffle, exsangue et condamné à des prolongations qui ne pouvaient que le voir perdre, le Paris SG pouvait compter sur la totalité de ses supporters… jusqu’à la tête d’Antoine Kombouaré. Ce soir-là, joueurs et supporters, tout le monde s’est dépouillé, pendant 97 minutes ! La veille, il n’y avait pourtant rien de bon à espérer. À moins d’être franchement déraisonnable…

Déraisonnable comme le fut ce PSG - Steaua Bucarest d’août 1997. Défaits 3 à 0 sur tapis vert lors du match aller de ce tour préliminaire de la Ligue des Champions suite à l’oubli d’un fax rappelant que Laurent Fournier était suspendu, les Parisiens relevaient pour le match retour un défi au moins aussi fou que celui qui attend leurs héritiers, jeudi soir. On connaît le résultat final, le mythique triplé de Raí pour un 5-0 rentré dans l’histoire. Un 5-0 disputé devant 42 000 supporters. 42 000 fans qui avaient pris le risque de venir au Parc soutenir une équipe promise à une élimination piteuse.

Combien serons-nous, ce jeudi ? Peu importe… Du moment que ceux qui sont là chantent. Quelle équipe Paul Le Guen alignera-t-il ? Peu importe, du moment qu’elle est soutenue jusqu’au bout. Dans quel état serons-nous le lendemain, si le PSG venait à se faire éliminer ? Peu importe ! Du moment que personne ne lâche rien !

Le Paris Saint-Germain a encore une chance de passer. Elle est infime, elle ne dépend même pas que de notre résultat. Mais il y a encore une chance ! Voilà l’important.

Paris s’est construit sur la gloire de ces invraisemblables épopées. Jeudi, seule cette vérité devra compter : il nous reste une chance. La chance de participer à un de ces événements qui font que jamais le Paris Saint-Germain ne pourra être considéré comme un club comme les autres. Et même si la raison voudrait que nous repartions brisés, ou plutôt justement parce que tout concorde à ce que nous repartions brisés, il faut prendre le risque. Tout tenter, et se jeter à corps perdu dans le tourbillon. Et encourager le PSG.

Oui, selon toute vraisemblance nous ne nous battrons pas pour autre chose que pour notre honneur. Celui du Paris Saint-Germain FC, et celui de ses supporters à travers lui. Mais après tout qu’y a-t-il de plus important que cela : l’honneur ? Le nôtre réside dans notre soutien.

Le PSG, ses joueurs, ses dirigeants, et ses supporters, tous nous touchons du doigt une occasion unique de prouver notre valeur. Ce match peut être fou. Alors rendons-le fou ! Ce match peut être inoubliable. Alors faisons qu’il devienne inoubliable. Ce match peut aussi s’avérer atroce. Prenons le risque ! Il peut surtout rentrer dans l’Histoire. Notre Histoire. Remplissons notre rôle ! Chantons ! Parce que c’est encore possible !

Qui peut se dire supporter, et refuser une occasion de contribuer à écrire l’Histoire de son club ? Qui pour tourner le dos à une opportunité de participer à l’Histoire de son club ?

… et de contribuer à ce qu’un jour, elle devienne Légende.

P.-S.

Crédit photo : PSGMAG.NET

Notes

[1] Paris ne l’a emporté que 3 fois sur 13 par deux buts d’écart — face à Marseille, Nancy et Le Mans —, ses autres ses victoires, soit 77 % !, se concluant donc sur la plus petite des marges.

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22 votes

2 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    commentateur anonyme
    19 décembre 2008 01:40

    article prémonitoire… le relire maintenant n’en est que plus grisant !

  • #2

    Arno P-E
    19 décembre 2008 11:41

     Sourire Disons qu’après ça, il n’y a pas de regrets d’être venu au parc !

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