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Combien Colony a-t-il investi au PSG ?

Combien Colony a-t-il réellement investi au PSG ?

mercredi 15 juin 2011, par Vivien B.

Combien Colony a-t-il réellement investi au PSG ?

Après avoir fait la lumière sur l’organigramme des entreprises du « groupe PSG » — et révélé que, contrairement à ce qu’annoncent L’Équipe et le Parisien, Colony Capital ne détient plus 95,8 % du PSG depuis un an et demi —, puis détaillé le montage mis au point par Colony Capital, les modalités de la vente du club par Canal+ en 2006 et nos critiques à l’égard du Parisien, nous poursuivons notre enquête en faisant la lumière sur les dettes du « groupe PSG » et l’investissement total de Colony Capital depuis 2006.

« Colony Capital a déjà injecté dans le club environ 100 M€ », affirmait le Parisien le 12 avril dernier. La probable future vente du PSG — seul un protocole d’accord a été signé pour le moment — étant estimée à 40 M€, le quotidien régional considérait le même jour que « Colony Capital, qui a déjà investi 100 M€ environ dans le PSG, n’aurait donc aucun retour sur investissement ». Même son de cloche à L’Équipe, où Jérôme Touboul assurait en mars dernier que Sébastien Bazin « a mis plus de 100 M€ dans le club depuis cinq ans ». Les choses sont-elles aussi simples ?

Combien Colony Capital a-t-il investi depuis son arrivée à la tête du « groupe PSG » en 2006 ? Dans quelles structures ? Quand ? À quoi cet argent a-t-il servi ? Enquête.

Quels types d’investissements ?

Deux types d’investissements sont à distinguer :

- la participation en capital : il s’agit des montants déboursés pour acquérir les actions de Colfilm SAS, c’est-à-dire des titres de propriétés de l’entreprise qui elle-même détient la SASP Paris Saint-Germain Football et la Sese SA ;

- les prêts accordés à Colfilm SAS : le rachat du « groupe PSG » puis son financement ont été assurés par des emprunts souscrits auprès de Colony Capital par Colfilm SAS, qui se charge d’une part de rembourser Canal+ et d’autre part d’alimenter à son tour la trésorerie de la SASP et de la Sese SA via des avances en compte courant.

La participation au capital de Colfilm SAS

Par l’intermédiaire de ses sociétés luxembourgeoises Colyzeo s.à.r.l. et C7 Princes (Lux) s.à.r.l., le groupe Colony Capital a successivement porté sa participation dans le capital de Colfilm SAS de 3 M€ en juin 2006 à 8 M€ en septembre 2007 lors d’une augmentation de capital, 15 M€ en avril 2008 lors du rachat de l’essentiel des parts de Butler, 23 M€ en juin 2009 lors du rachat de l’intégralité des parts de Morgan Stanley et enfin 62 M€ en décembre 2009 lors d’une deuxième augmentation de capital.

À ce jour, Colony Capital a donc investi 62 M€ en titres de participation, dont la valeur nominale n’a pas changé depuis 2006 : chacune des 12,63 millions d’actions formant le capital social de Colfilm SAS vaut toujours 5 €.

À noter que l’essentiel de ces 62 M€ provient de l’augmentation de capital de 39 M€ souscrite en décembre 2009 — dont n’a pas eu connaissance la presse spécialisée —, qui a été financée par compensation d’une partie de la dette détenue par Colony Capital : au lieu de procéder à un versement de 39 M€, le fonds d’investissement américain a diminué le montant de la dette qui lui était due au titre des avances en compte courant (voir ci-dessous) en échange de l’acquisition des nouvelles actions de Colfilm SAS. Le même mécanisme avait été utilisé en 2007/2008 à concurrence de 6 M€.

Pour schématiser, avec cette augmentation de capital de 39 M€, il n’a donc pas été question d’injecter de l’argent frais, que le PSG aurait pu dépenser sur le marché des transferts. Il faut davantage y voir un échange : 39 M€ de dette contre 39 M€ d’actions créées pour l’occasion. Actions que Colony Capital peut aujourd’hui espérer revendre au même prix… mais sans avoir eu à débourser un centime pour en faire l’acquisition.

Les prêts accordés à Colfilm SAS

Colfilm SAS n’étant qu’une coquille vide, ne générant aucun chiffre d’affaires, elle a dû emprunter de l’argent afin d’une part de financer ses filiales, et d’autre part de régler Canal+ pour l’acquisition du PSG. Ces emprunts n’ont pas été contractés à l’égard d’établissements bancaires, mais à l’égard de ses propres actionnaires : les groupes Colony Capital, Butler et Morgan Stanley.

Au 30 juin 2007, au terme de sa première année d’existence en tant que holding du « groupe PSG », Colfilm SAS avait ainsi contracté une dette de 20,4 M€, répartie à parts égales entre ses trois actionnaires : 4,5 M€ envers Colyzeo Finance s.à.r.l. et 2,3 M€ envers C7 Princes (Lux) s.à.r.l. ; 6,4 M€ auprès de FPE III et 0,4 M€ envers Butler Capital Partners SA ; 6,8 M€ envers Morgan Stanley & co International. Ces emprunts, souscrits en novembre 2006 puis en juin 2007 et dont la rémunération est fixée au taux Euribor 12 mois (4,03 % au 2 janvier 2007) majoré de 0,50 %, ont notamment permis de régler les deux premières échéances à Canal+ pour près de 15 M€. Dès le départ, au travers d’intérêts sur un emprunt qu’ils avaient accordé à Colfilm SAS, le « groupe PSG » a donc rapporté de l’argent à ses actionnaires.

En 2007/2008, la dette a augmenté de près de 4 M€, la hausse de 10,0 M€ relative aux avances versées durant la saison — en décembre 2007 puis en avril et en juin 2008 — étant compensée par une baisse de 6,3 M€ par incorporation au capital. Au 30 juin 2008, Colfilm SAS avait donc une dette de 24,3 M€ à l’égard de ses actionnaires.

Durant la saison 2008/2009, le montant brut de la dette a encore augmenté de 14,5 M€ — en juin 2009 — , afin de financer d’une part le payement de la troisième échéance au groupe Canal+ pour l’achat du PSG (8,9 M€ avec les intérêts) et d’autre part l’augmentation de capital de la SASP souscrite par la HSE SA (6,2 M€). Cette hausse a porté la dette à 40,1 M€ au 30 juin 2009. Le groupe Colony Capital étant devenu actionnaire majoritaire avec 95,8 % des parts, il a également racheté les créances auparavant détenues par Butler et Morgan Stanley. La dette de Colfilm SAS était ainsi répartie exclusivement entre Colyzeo Finance s.à.r.l. (26,4 M€) et C7 Princes (Lux) s.à.r.l. (13,7 M€). La holding du « groupe PSG » a supporté 1,3 M€ de charges d’intérêts en 2008/2009 au titre de cette dette — somme reversée non pas à une banque extérieure, mais toujours à ses actionnaires.

Au 30 juin 2010, la dette de Colfilm SAS — à rembourser d’ici juin 2014 — n’était plus que de 24,2 M€ : une augmentation de capital de Colfilm SAS d’un montant de 39 M€ a d’abord éteint la quasi-totalité de la dette — par compensation —, avant que de nouveaux emprunts en décembre 2009 puis en juin 2010 ne viennent l’alourdir à nouveau : 15,9 M€ à l’égard de Colyzeo Finance s.à.r.l. et 8,2 M€ à l’égard de C7 Princes (Lux) s.à.r.l.. En 2009/2010, les intérêts de la dette de Colfilm SAS à l’égard de ses actionnaires ont représenté une charge de 0,6 M€ — contre 1,2 M€ de produits financiers dus aux créances détenues sur ses filiales.

Entre juin 2006 et juin 2010, Colony Capital a ainsi prêté à Colfilm SAS un montant cumulé de 68 M€, dont environ 25 M€ ont servi à rembourser Canal+. Si elle avait directement versé cette somme à la chaîne cryptée, la société américaine n’aurait alors pas touché les intérêts créés par l’endettement de sa propre filiale.

L’essentiel de cette dette — 45 M€, soit près de 80 % — ayant été annulé par le fonds d’investissement en contrepartie d’une augmentation de sa participation au capital de Colfilm SAS, Colony Capital n’était plus détenteur en fin d’année dernière que d’une créance de 24 M€, incluant les intérêts capitalisés depuis cinq ans.

Synthèse des investissements de Colony Capital au PSG

Au 31 décembre 2010, Colony Capital avait donc investi 85 M€ au total : 62 M€ en capital, 23 M€ en avances de trésorerie. Des sommes sur lesquels il a gagné des intérêts, et qu’il est toujours susceptible de récupérer intégralement ! Il lui suffit pour cela de revendre ses parts dans Colfilm SAS et de demander le remboursement des prêts qu’il a accordés, aucune créance n’ayant été abandonnée par le fonds d’investissement américain jusqu’à présent.

Rappelons par ailleurs que le rachat du « groupe PSG » auprès de Canal+ pour plus de 30 M€ [1] a été supporté par Colfilm SAS, et non par Colony Capital directement.

Enquête : organigramme, comptes, transferts, salaires

Enquête sur les dettes du « groupe PSG » et l’investissement de Colony Capital :

- Combien Colony Capital a-t-il réellement investi au PSG ?
- Enquête : les dettes des entreprises du « groupe PSG »

P.-S.

Crédit illustration : Andres Rueda

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13 votes

7 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    Stéphane
    15 juin 2011 17:12

    Bonjour, Vous oubliez de préciser dans votre synthèse que Colfilm ne détient plus que 30% du PSG (dans lequel elle a investit 85 M€). Si les chiffres qui circulent dans la presse sont vrais (valorisation de 40 M€ lors de l’entrée des quataris - ce qui m’étonnerait un peu d’ailleurs), alors Colony/Coolfilm a récupéré 40 M€ x 70% = 28 M€. Au total, Colony/Colfilm aurait donc investit 85 - 28 = 57 M€ pour un petit 30% du capital. Pour rentrer dans ses frais, il faudrait (1) ne pas avoir à remettre d’argent dans le futur (impossible dans les conditions actuelles du résultat du PSG) et (2) revendre le PSG au moins 200 M€ (pour 100%). Autant dire qu’ils ne reverront jamais leur argent.

  • #2

    Vivien Brunel
    15 juin 2011 17:22

    @ Stéphane : on le précise en introduction, seul un protocole d’accord a été signé, la vente n’est pas encore effective. Par ailleurs, personne ne sait pour le moment quel sera le montage de la vente. La valorisation qui circule dans la presse (40 M€), par exemple, en l’absence d’éléments précis permettant de savoir de quoi il s’agit, je n’y accorde pas grand intérêt…

  • #3

    Stéphane
    15 juin 2011 17:26

    @Vivien Je suis d’accord. La presse ne fait pas la différence entre un rachat de titre (qui est payé à l’actionnaire) et une augmentation de capital (l’argent va directement au club, donc l’actionnaire n’en voit pas la couleur). Donc c’est probablement encore pire pour eux. Ils vont probablement perdre 70-80 M€ dans cette affaire.

  • #4

    Chaman
    15 juin 2011 23:09

    J’ai entendu dire que colony ne "reverrait jamais son Argent".

    Mais vous avez oublié que Conoly est vennu pour obtenir le bail du parc des princes qu’il est sur le point d’obtenir.

    Et le bail a une durée de 50 ans.

    Et en 50 ans ils vont récuperer plusieurs millions, voir plusieurs dizaines de millions si il se débrouillent bien.

    Et ca, ça a pas été prit en compte !!

  • #5

    Michel
    27 juin 2011 14:29

    Il n’est pas tout à fait exact d’expliquer que CC a "gagné" de l’argent sur les dettes qu’à contracté le PSG à son égard.
    En effet, si ce mécanisme existe surement (je vous fait confiance) il faudrait préciser que CC doit à son tour se refinancer de son côté et que cela a un coût.

    Votre explication de la conversion de la dette en titres est aussi un peu faussée. Certes CC n’a pas dépensé un centime pour obtenir ces actions mais il ont fait une croix sur le remboursement du principal et sur les intérêts qu’ils auraient dû toucher.

  • #6

    Vivien Brunel
    27 juin 2011 15:59

    @ Michel : au contraire, ce que nous annonçons est tout à fait exact. Sourire Colony se refinance de son côté, mais à un taux inférieur à celui auquel il prête : 50 points de base de moins, pour être précis.

    Pour ton deuxième point : oui en convertissant la dette en titres, Colony renonce de fait à toucher les intérêts futurs que cela aurait pu rapporter s’il avait conservé l’intégralité de sa dette (et prend en revanche une option sur d’éventuels dividendes, pour être complet). Nous n’avons pas dit le contraire. Clin d'oeil Par ailleurs, tu oublies qu’en obtenant ces actions sans débourser un centime, ils évitent une sortie de trésorerie qui aurait représenté un coût le cas échéant.

  • #7

    Michel
    29 juin 2011 14:53

    @ Vivien : merci pour ta réponse. Je suis d’accord avec votre article et encore une fois il est très détaillé et très documenté. Je trouve juste dommage de laisser sous entendre (je ne sais pas si c’est volontaire ou non) que CC se fait également de l’argent sur le dos du club en lui prêtant également le d’argent. On est dans le cadre d’un montage LBO classique. Et même si CC se prend 50 bp au passage ils perdent la remontée de dividendes (inexistant dans le club). D’ailleurs la frilosité des banques pour prêter de l’argent au club (gage de Natixis sur les droits TV montre bien que le situation n’était pas rose).

    Enfin pour la conversion de la dette, même si CC évite une sortie de trésorerie (je pense que c’est négligeable au niveau du groupe) ils font une croix sur les intérêts que rapportait cette dette. Or les intérêt sont des revenus sécurisés contrairement aux dividendes qui en plus n’existent pas au PSG.

    sinon encore une fois article très intéressant !

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