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Sessegnon, du boycott au départ

Retour sur le transfert de Sessegnon à Sunderland

dimanche 30 janvier 2011, par Julien Siriex

Samedi, Paris a officiellement enregistré le départ de Stéphane Sessegnon vers le club anglais de Sunderland, actuel sixième de Premier League. PSGMAG.NET vous propose de revivre toutes les étapes ayant mené à ce transfert.

Décembre 2010. Rarement titularisé par Antoine Kombouaré, jugé coupable par certains d’avoir coûté la victoire à Lyon puis face à Monaco, Stéphane Sessegnon vit mal sa situation au Paris Saint-Germain. Alors, quand le club de Sunderland se penche sérieusement sur son cas, le Béninois, plutôt que de redoubler d’efforts pour récupérer sa place de titulaire — perdue à la régulière au profit de Ludovic Giuly —, préfère choisir la solution de facilité en déclarant vouloir rejoindre les Black Cats. Seul problème pour lui, les dirigeants parisiens et Antoine Kombouaré sont inflexibles : il n’y aura aucun départ lors de ce mercato hivernal. L’entraîneur l’a rappelé dans un point-presse relayé par le Parisien :

Aujourd’hui, je suis très content du groupe que j’ai. J’ai déjà dit aux joueurs qu’il n’y aurait pas de départ. Je défends les intérêts du club, alors si un joueur veut partir, c’est niet ! On a besoin de tout le monde parce qu’on n’est pas nombreux. J’ai un bon groupe en termes de qualité, mais en quantité, on est restreints. Qui dit « pas de départ » dit « pas d’arrivée », moi, ça me convient. L’arrivée d’un joueur n’est pas à l’ordre du jour. Si on n’a pas de pépins, on peut aller chercher un trophée avec ce groupe.

Alors que la porte semble se refermer pour Stéphane Sessegnon, ce dernier profite d’une hypothétique altercation qui serait intervenue avec son coach le mardi 21 décembre, veille de Nancy-PSG. Le joueur déclare ainsi dans L’Équipe :

La réunion a bien eu lieu, mais elle a vite dérivé vers quelque chose de désagréable pour moi. J’ai été choqué par la tournure qu’elle a pris. […] Je lui ai dit que je voulais partir. Lui m’a répondu que je ne partirai pas, que j’étais important dans son groupe. Je suis resté calme, je comprenais sa position, mais lui ne comprenait pas la mienne. Il s’est énervé, et ça a dépassé le simple cadre d’un entraîneur qui ne souhaite pas laisser partir un joueur. Dans ce qu’il a dit, dans son comportement, il m’a blessé. […] Bon, le coach m’a insulté. Je pense qu’un entraîneur ne peut pas traiter l’un de ses joueurs d’« enculé », de « joueur de merde », comme cela a été le cas mardi avec moi. Voilà ce qu’il m’a dit, je ne vais pas le cacher. Dans ces conditions, il me paraît impossible de continuer à jouer à Paris. (Il insiste.) Impossible. Moi, je n’ai jamais manqué de respect à personne, que ce soit à mes coéquipiers, aux membres du staff ou au personnel du club. Jamais. Je ne vois pas pourquoi je me laisserais traiter de la sorte. Je suis un père de famille, j’ai des enfants, je ne peux pas admettre que quelqu’un me traite d’enculé. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Même si Antoine Kombouaré niera auprès de l’AFP avoir tenu de tels discours, il est convenu que le Béninois n’effectuerait pas le déplacement à Nancy, pour le bien du groupe :

Non [je ne l’ai pas insulté]. Je reconnais que la discussion a été animée mais jamais je ne me permettrais de l’insulter. J’ai beaucoup de respect pour lui. J’ai juste défendu avec fermeté les intérêts du club et du collectif. Et je ne veux pas qu’il se serve de cet épisode comme prétexte. Je le répète, cela fait deux mois que lui et son agent mettent la pression pour envisager un départ. Pour moi, tout est clair : Stéphane ne partira pas. Je ne veux pas me séparer d’un joueur important. On verra en fin de saison. […] Aujourd’hui, j’ai un groupe restreint avec un noyau dur de seize joueurs. Stéphane est un garçon qui gagne très bien sa vie. C’est la première fois qu’il se retrouve victime de la concurrence. Mais au lieu de baisser les bras, j’aimerais qu’il se batte et qu’il montre qu’il a du caractère. Qu’il profite de ses vacances et se repose bien. Je l’attends le 2 janvier à la reprise. Le club a besoin de lui.

Malheureusement pour le Kanak, Stéphane Sessegnon n’a pas profité de ses vacances pour mettre de l’eau dans son vin. Au contraire, le joueur semble plus que décidé à quitter à tout prix le PSG. Le 2 janvier, pour la reprise de l’entraînement, le milieu de terrain parisien brille… par son absence. Pour cause, il lance un boycott, expliqué par RMC :

Stéphane Sessegnon ne s’est pas présenté ce dimanche matin au Camp des Loges pour la reprise de l’entraînement du PSG. Le milieu de terrain béninois apparaît donc bien décidé à partir au clash avec son club. Cette absence n’est pas « justifiée » selon le PSG qui « en prend acte ».

Le Paris Saint-Germain, au pied du mur, ne peut faire jouer un joueur contre son gré. Les dirigeants parisiens prennent alors la seule décision possible : le joueur, tant qu’il sera absent, sera sanctionné financièrement. Le Parisien apporte des précisions :

4 876 €. C’est ce que Stéphane Sessegnon perd chaque jour en faisant la grève de l’entraînement au PSG. Les dirigeants de club se basent sur l’article 607 de la charte du football professionnel. Pour une absence non justifiée, le salaire fixe mensuel (brut) peut être réduit de 1/30e par jour de retard. La sanction s’élève à 4/30e pour le refus de participation à un match. Le salaire brut de Sessegnon, hors prime, est de 190 000 € par mois. Le joueur perd donc 4 876 € par jour et même 19 506 € un jour de match.

Cette perte sèche à venir pour l’ancien Manceau ne le fait cependant pas revenir au Camp des Loges. Mais le joueur prend conscience que de ne plus s’entraîner peut lui nuire, notamment s’il souhaite rejoindre Sunderland. Il décide alors, dès le 4 janvier, de se maintenir en forme au centre d’entraînement de l’Insep sous les ordres de Renaud Longuèvre, l’entraîneur de l’athlète Ladji Doucouré. RMC raconte :

Par amitié avec l’agent du joueur, Longuèvre a accepté d’ouvrir les portes de l’Insep au joueur parisien, en froid avec Antoine Kombouaré et plus que jamais déterminé à être transféré cet hiver. Arrivé à l’Insep à 11 heures, Sessegnon s’est livré à deux séances de deux heures assez soutenues (étirements, sprint, puissance, exercices cardio-vasculaires). Une nouvelle séance est prévue mardi.

La situation n’évoluera plus pendant près de deux semaines, malgré quelques discours apaisants de Kombouaré dans lesquels le coach parisien clame son désir de voir le joueur revenir s’entraîner avec ses partenaires. Et le 20 janvier, contre toute attente, le Béninois effectue son retour au Camp des Loges. RMC.FR détaille la situation :

Selon nos informations, le retour de Stéphane Sessegnon à l’entraînement du PSG coïncide avec un changement d’état d’esprit. Le joueur estime qu’il sera finalement très difficile de partir au mercato d’hiver. Ce sont certains proches, depuis plusieurs jours, qui l’ont poussé à revenir au Camp des loges afin qu’il garde la forme et qu’il change son image. D’autant que Sessegnon s’entraînait seul depuis quelques jours à Saint-Germain-en-Laye. Il espère convaincre d’éventuels recruteurs étrangers de l’engager. Sunderland, notamment, avait des doutes sur son attitude. Le Béninois aurait décidé de tourner la page sur le dossier des insultes de Kombouaré même s’il ne lui pardonnera pas pour autant. […] Il sera trop juste pour le voyage à Agen mais il pourrait faire son retour sous le maillot parisien lors du déplacement à Arles-Avignon.

Si RMC estimait alors que le retour de Sessegnon était sincère, L’Équipe avait vu clair dans le jeu du Béninois :

Fin du feuilleton ? Pas si sûr. Si officiellement la position du club et de Colony Capital, son actionnaire majoritaire, reste identique et ferme (« Pas d’arrivée, pas de départ »), Sessegnon n’a pas confirmé à Kombouaré qu’il était revenu pour de bon. En réalité, son retour ne pourrait être que stratégique. Cette démarche pourrait lui avoir été suggérée par Sunderland, de concert avec l’agent du joueur, pour apaiser les débats. Car le club anglais ne s’est pas résigné.

Et effectivement, la présence au Camp des Loges de Sessegnon aura été bien brève. Arrêté trois jours par le staff médical du PSG pour une infection étrange, le joueur n’est pas retenu pour le déplacement à Agen en coupe de France. Censé retrouver ses partenaires le lendemain au Camp des Loges, le Béninois ne se montre finalement pas. Pour cause, il est en Angleterre pour négocier son avenir avec Sunderland.

Et le PSG ne reverra plus son joueur… Car Sunderland, avec une offre finalement à la hauteur des espérances parisiennes — 7 millions d’euros assortie de différents bonus —, parvient à faire craquer les dirigeants parisiens. Sessegnon, après un bras de fer entamé un mois plus tôt, voit ses désirs devenir réalité. Il l’a indiqué sur le site officiel de sa nouvelle équipe :

Je suis très heureux et très fier d’être ici. […] J’ai hâte de débuter en Premier League. C’était mon rêve depuis des années. C’est le meilleur championnat ; j’ai toujours voulu y participer. […] Sunderland était l’endroit où je voulais aller, même si d’autres équipes étaient intéressées. Dès que je suis arrivé ici, j’ai senti que Sunderland était un grand club avec un grand esprit de famille. J’ai également senti qu’ici les gens vivent pour le football.

Les dirigeants parisiens ont désormais à peine plus de 24 heures pour trouver son remplaçant. La piste la plus chaude mène au Stéphanois Dimitri Payet… qui vient de lancer un boycott pour rejoindre le Paris Saint-Germain.

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2 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    Ricou75
    30 janvier 2011 14:26

    Très bon bilan de tout ce qui s’est passé, c’est bien résumé, comme d’hab !

    Mais à votre avis, qui va remplacer Sessegnon ?

  • #2

    Julien Siriex
    30 janvier 2011 14:33

    Merci !

    Pour la succession de Sessegnon, Payet reste malgré tout la piste la plus chaude. Mais si les dirigeants stéphanois devaient avoir le dernier mot, le Belge Legear et le Lorientais Amalfitano tiendraient la corde. Après, il y a quelques rumeurs mais qui ne paraissent pas très fondées. (cf l’actu du jour d’hier : http://www.psgmag.net/2677-L-actu-P…)

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