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Analyse des articles de Libération et Le 10 Sport

Pourquoi il faut virer Le Guen ! (2/2)

Deux défaites, et le coach parisien reprend le rôle du bouc émissaire

mercredi 5 novembre 2008, par Arno P-E

Pourquoi il faut virer Le Guen ! (2/2)

Il semblerait que Michel Moulin ait quelques comptes à régler avec son ancien club, et notamment avec son entraîneur (voir la brève du 2 novembre). Coïncidence, dès son premier numéro, Le 10 Sport, le quotidien fondé par Moulin, sort un article égratignant Paul Le Guen. Un doute taraude toutefois la rédaction de PSGMAG.NET, échaudée par la propagande de Libération : ce texte serait-il lui aussi partisan ? Taper sur Le Guen relèverait-il de la dernière occupation à la mode ? Enquête…

Le journal Le 10 Sport est né ce lundi, avec tout ce que cela implique de besoin de se faire connaître, et de se démarquer d’une concurrence déjà établie. D’où l’idée hyper originale : Tiens, et si on se payait Le Guen ? Enfin de l’inédit, du novateur, de la « polémique positive » ! Aussitôt proposé, aussitôt accepté. Sauf que voilà, à tous les étages, les petites mains choisies pour élaborer ce sujet sur le coach parisien se sont révélées être de grands timides. Pas facile de percer dans ces conditions.

Chez Le 10 Sport, on est timide

Bien des chemins mènent à la reconnaissance du plus grand nombre. On peut tenter de gagner la confiance par un travail de qualité. Ou alors on fait beaucoup de vent. Ca, ça marche aussi pour attirer l’attention. Or, l’actualité pluviométrique de la contrée natale de Michel Moulin étant ce qu’elle est, dans son quotidien on a eu tendance lundi dernier à verser dans la métaphore météorologique, et ce dès le titre des articles. Question de solidarité avec tous les compatriotes du patron, ces sudistes victimes d’inondations, sans doute.

L’avenir s’assombrit pour Le Guen

Vous l’aurez compris, l’énigmatique A.B. [1], auteur de cet article, a choisi de brasser de l’air. Quitte à s’enrhumer d’entrée. Voici ce que l’Histoire retiendra comme les premières lignes consacrées au Paris Saint-Germain dans Le 10 Sport :

La scène se déroule dans les couloirs du Stade du Ray, après la victoire niçoise sur paris (1-0), samedi soir. Un ancien du PSG croise deux joueurs parisiens. Les regards sont lourds de sous-entendus. « Si vous continuez comme ça, soutient le premier, vous allez revivre la même saison que l’an passé ». Le duo opine et remet en cause la capacité de réaction de son entraîneur, Paul Le Guen. Signe qu’il règne déjà une ambiance de défiance au sein du groupe ?

Michel Moulin le disait : lui, les taupes, il n’aime pas ça. Question de mentalité. Et d’ailleurs, comme le président-du-peut-être-futur-second-club-de-football-parisien l’expliquait même à qui ne voulait pas l’entendre, d’après lui, la taupe du PSG auprès de L’Équipe, c’est Rothen, et franchement ça ne se fait pas. C’est donc guidé par son amour fou de la Vérité que Moulin balançait sans preuve l’international parisien. Grande classe.

Cette révulsion pour des méthodes journalistiques fragilisant un club de football qu’il porte en-dedans de son cœur, et ce besoin irrépressible de dénoncer les supposés indics des vestiaires, toutes ces qualités de M. Moulin expliquent sans doute pourquoi dès le premier jour son journal utilise la méthode souterraine, anonyme, occulte, pour tenter de discréditer l’entraîneur du Paris SG. Faites ce que je dis…

Voyons cela : Un ancien du PSG croise deux joueurs parisiens… Mais qui est ce mystérieux ancien ? Luis Fernandez, prêt à n’importe quoi pour retrouver un bout de strapontin au Camp des Loges ? Possible… Ou bien Jean-Michel Larqué, ex-entraîneur amnésique du PSG ? Larqué s’est toujours révélé prompt à cracher sur la main qui l’a nourri, qu’elle soit verte ou rouge et bleue. Ou plus simplement, cet ancien du club, ne serait-ce pas Michel Moulin lui-même ? Mystère. C’est qu’il y en a des anciens Parisiens dans la maison Le 10 Sport, plus ou moins aigris, plus ou moins revanchards, mais qui ont tous intérêt à voir un ami devenir calife à la place du calife ! Seule caractéristique commune, tous semblent souffrir d’une timidité chronique, et exiger rester incognito.

Ce doit être terrible d’être mis en avant dès le premier numéro d’un journal, quand vous faites tout pour rester dans l’ombre, n’aspirant qu’à la douce quiétude de l’anonymat. Car franchement, à part aller baver auprès d’un journaliste, qu’a fait cet ancien du PSG pour ébruiter cet échange ? Rien… De nos jours, il suffit d’en parler à un reporter, et voilà comment on retrouve ses propos dans le journal. Si c’est pas malheureux…

Mais remarquez : auteur anonyme, source anonyme discutant avec des joueurs anonymes, Le 10 Sport n’est plus un quotidien sportif, c’est une véritable cellule de thérapie de groupe visant à vaincre son angoisse du public ! Quoi qu’il en soit, à en croire A.B., son indicateur inconnu s’est montré plus entreprenant dans l’ombre des couloirs du Stade du Ray que dans les colonnes du journal. Voici ses propos : Si vous continuez comme ça vous allez revivre la même saison que l’an passé… C’est donc l’ancien du club qui seul jette de l’huile sur le feu. Rien à voir avec le PSG actuel. Que répondent les joueurs (que l’on préfère ne pas nommer) ? Eh bien on ne sait pas !

Comme c’est pratique ! D’après A.B., dont on commence à comprendre pourquoi il préfère rester anonyme, ils opinent. Seulement voilà, on peut opiner avec conviction, ou au contraire opiner parce qu’un chauve à l’accent sudiste vous raconte n’importe quoi entre le vestiaire et le bus du retour… ou encore parce que vous êtes prêt à n’importe quoi pourvu que l’on ne vous voit pas en compagnie d’un ancien coach devenu animateur de radio en attendant une pige dans un prestigieux club israélien. Dans ces cas-là, opiner, et opiner, ce n’est pas tout à fait la même chose !

Tout de même, l’auteur délivre une précision : Le duo opine et remet en cause la capacité de réaction de son entraîneur, Paul Le Guen. Absence totale de guillemets, soit dit en passant. Est-ce une citation ? Une impression ? Un demi-acquiescement en réponse à une perche tendue ? Au vu de la construction de la phrase, redondante (son entraîneur, Paul Le Guen), la seule donnée claire ici, c’est que Paul Le Guen est le coach du PSG. Celui à cause de qui ça ne va pas. Le Guen… Paul ! Celui dont les joueurs opinent de partout. Eh bien Paul Le Guen il s’appelle.

A.B., incapable jusque là de donner le moindre nom propre devient tout à coup très soucieux de clarifier à l’extrême la cible de sa rumeur de couloirs de vestiaires : l’entraîneur, Paul Le Guen. Au cas où. Étonnant comme subitement, la protection des individus semble être devenue une précaution inutile…

Chez Le 10 Sport, on n’a pas de chance

La suite de l’article cerne de nouveau les manquements de Paul Le Guen :

À la pause, le coach du PSG a pourtant haussé le ton devant ses troupes. « J’ai secoué les joueurs, a-t-il déclaré après la rencontre face à Nice. Je les sentais mous. Ce n’était pas un problème physique. Ils manquaient d’engagement. » Comme si ses joueurs ne voulaient plus se battre pour lui.

Le Paris Saint-Germain possède une remarquable qualité : ses joueurs sont sûrs de battre n’importe qui. Eh oui, s’il perd, ce n’est jamais parce que son adversaire a été meilleur, ou parce que l’arbitre lui a refusé un but tout à fait valable : c’est que les joueurs l’ont fait exprès, juste pour le plaisir de nuire à leur coach.

Mais, coïncidence troublante, cette supposée scission entre Paul Le Guen et ses joueurs, que rien ne prouve dans les faits, et que plusieurs témoignages de joueurs (Giuly, Makélélé, Armand…) ou de dirigeants (Villeneuve, à de nombreuses reprises) infirment, cette thèse, une voix s’était déjà élevée pour la mettre en avant, le dimanche 2 novembre… Celle de Michel Moulin !

Paul ne maîtrise pas l’équipe, ça se sent. […] Vous ne verrez jamais un joueur du PSG sauter dans les bras de Paul Le Guen.

Ca alors ! La veille même de la parution de l’article de A.B., c’est le propriétaire de son propre journal qui avançait la même théorie du désaccord joueurs-entraîneur ! Pour qui voudrait passer pour un professionnel indépendant, c’est vraiment le coup de pas de bol.

Mais heureusement, dans un sursaut déontologique que n’aurait pas renié Albert Londres, A.B. étaye son hypothèse de travail. Il nous sort du concret, et du lourd.

Le Guen s’était déjà mis en colère à la mi-temps du match contre Lorient lors de la 9ème journée. Menés, ses joueurs s’étaient révoltés et avaient gagnés (3-2), à l’énergie. Cette fois, le coup de gueule du coach n’aura servi à rien.

Et voilà : contre Lorient, Le Guen avait gueulé et le PSG l’avait emporté… et là, face à Nice, non ! Si ça, ce n’est pas la preuve que le coach parisien ne sert plus à rien.

Ce qu’il y a de pratique pour les détracteurs du coach breton, c’est qu’avec ce type de raisonnement, au premier match perdu, on a la preuve tangible que le vestiaire lâche son entraîneur. Comme ça, on n’a pas besoin de se casser la tête longtemps pour faire plaisir au patron : tant que le Paris SG ne fera pas de championnat à 38 victoires, tout devrait bien se passer.

À la décharge de A.B., il faut toutefois concéder qu’au Paris Saint-Germain, la situation est grave :

Pire, le souvenir de la belle victoire à Marseille (4-2) n’est déjà plus qu’un souvenir. Après deux revers consécutifs en trois jours, le PSG a décroché au classement.

Oui, vous l’avez bien lu : le souvenir de la victoire contre l’OM n’est désormais plus qu’un souvenir. C’est dire s’il s’est perdu au loin, le temps où Paris gagnait : si les souvenirs de cette période heureuse sont devenus des… euh… des souvenirs. Jolie répétition en tous cas. Très professionnel. Dommage que A.B. n’ait pas pris le temps de relire ne serait-ce qu’une fois son propre article, parce que jusque-là il faisait presque illusion.

C’est ici que l’on se dit que 50 centimes d’euros, ça n’est pas cher payé, si c’est pour vivre de grands moments de journalisme comme ceux que A.B. a proposé lundi dernier. Il ne lui reste plus qu’à conclure son papier sur une sentence choc. Celle qui fait que lorsque l’on a terminé un article de A.B., le silence qui suit est encore de A.B. Attention, ça va faire mal…

Et son entraîneur se retrouve de nouveau sous pression et dans une position légèrement inconfortable.

Ouh, comme il y va ! Le Guen, dans une position légèrement inconfortable ? A.B. ne serait-il pas allé trop loin, quitte à se faire un ennemi juré ? Non…

Car celui qui est dans une position légèrement inconfortable, c’est davantage A.B., lui-même : quand son patron s’apercevra qu’il a collé sur son principal projet un gars qui ne se relit même pas, il risque de douter un peu de sa future affectation. Des fois que Michel Moulin, le magnat de la presse, décide de le rediriger vers un service plus en accord avec ses capacités, c’est un coup à se retrouver rédacteur en chef de la mythique rubrique « Meubles d’occasion » du journal Paru-Vendu, ça…

P.-S.

Sur le même thème, retrouvez aussi l’article de Libération : Pourquoi il faut virer Le Guen ! (1/2)

Notes

[1] Après une enquête approfondie, la rédaction de PSGMAG s’est révélée incapable de trouver son nom dans le journal…

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