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2005-2009 : de Canal+ à Colony Capital

Portrait-robot du futur président du PSG (3/3)

Qui sera le nouveau président du PSG ?

mardi 3 février 2009, par Gauthier B.

Portrait-robot du futur président du PSG (3/3)

Qui pour succéder à Charles Villeneuve ? Des prétendants officiellement auto-proclamés aux présidents putatifs sortis d’on ne sait où, la liste des possibles futurs présidents du Paris SG a de quoi faire peur. Sans fin et d’un ennui mortel, elle tiendrait presque du match de l’Olympique Lyonnais version Claude Puel. Mais pourquoi énumérer dans le vide une série de vagues profils-type, quand on peut dégager l’idéal portrait du prochain président du PSG ? Pour cela, il suffit de raisonner à l’envers : pointer les défauts des anciens présidents parisiens et voir ainsi tout ce qui, à l’évidence, ne marcherait pas…

Colony Capital scrute l’horizon, en quête du successeur de Charles Villeneuve. Un homme capable de gérer des footballeurs surpayés, et leurs agents pas toujours bien intentionnés, un dirigeant qui saurait cadrer les supporters les plus indisciplinés de France, et louvoyer entre des médias intransigeants, un budget serré, une exigence de résultats… et un statut bâtard de décideur n’ayant pas toujours les moyens financiers de décider. La perle rare. Depuis l’arrivée de Canal+, ce choix s’est déjà posé huit fois. Pour huit présidents très différents, mais qui, chacun dans leur genre, présentaient un gros défaut.

Pierre Blayau, le président soir et week-end

En mai 2005, probablement lassé par les derniers échecs parisiens, le propriétaire du PSG, Canal+, décide de vendre au plus vite le club de la capitale. Mais il y a un problème : ça ne peut pas se faire instantanément et il faut bien que le club continue à être géré en attendant. C’est donc dans ces conditions qu’est nommé à la tête du club Pierre Blayau, ancien dirigeant du Stade Rennais. Celui-ci se sait donc présent au club pour tout sauf pour le long-terme, et son implication en devient fort logiquement réduite.

La première interview qu’il donne dans la peau d’un président est édifiante. Elle a au moins le mérite d’annoncer la suite. Après le sempiternel laïus qui consiste à dire que gérer un club de football est simple, et qu’il suffit d’un peu de bon sens pour réussir, Blayau glisse qu’il est un président bénévole — encore une raison supplémentaire pour ne pas s’impliquer davantage — mais surtout, que la présidence de son entreprise Geodis est son activité essentielle. Ainsi, il gérera le PSG durant les temps libres que lui laissera sa profession. On imagine alors un président conclure un transfert juste après son jogging matinal… Canal+ vient donc d’inventer le concept de président soir et week-end !

Il en découle la présence d’une sorte de président fantôme qui n’intervient jamais dans tout ce qui peut se passer au club. Les différents problèmes auxquels le PSG fait face n’engendrent aucune réaction chez l’ancien PDG de Moulinex. Fin août 2005, le joueur formé au club Lorik Cana quitte le club avec fracas en insultant tout le staff parisien. Le directeur sportif de l’époque, Jean-Michel Moutier, doit gérer seul cette affaire. À l’automne, l’entraîneur parisien Laurent Fournier est intoxiqué de façon très suspecte dans les vestiaires du stade Vélodrome, il se fait ensuite calomnier par les dirigeants marseillais, tout ceci sans que Pierre Blayau ne prenne sa défense. Qu’importe pour lui après tout, il est juste présent pour maintenir le club dans un état correct dans l’optique de sa proche revente.

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Pierre Blayau

Mais dire que Pierre Blayau n’a rien fait durant son passage au club est faux. Étonnamment, ses principales actions et communications ont eu pour cible… Laurent Fournier, l’entraîneur en place. Il faut savoir que c’est Pierre Blayau lui-même qui a maintenu le jeune entraîneur dans ses fonctions. Mais à partir de ce moment-là, il s’est exprimé à intervalles réguliers pour mettre en doute le travail du coach, et lui ajouter une pression superflue. Et ce, alors que les résultats sportifs étaient bons ! En complet décalage avec ce que la logique imposait — mais Blayau semblait suivre ce qu’il se passait de très loin — Blayau licencie Fournier en justifiant son acte par cette phrase devenue historique : « Il ne faut pas que la stabilité rime avec médiocrité ». Pire encore, le président n’avait pas de solution de rechange satisfaisante à ce moment-là — sa cible prioritaire était probablement Le Guen, qui ne voulait alors pas prendre la place de son ancien coéquipier — et recrute Guy Lacombe en toute hâte. La suite, tout le monde la connaît : le PSG, qui était proche de la deuxième place, chute au classement, et ne gagne plus que quatre matches en championnat avec son nouvel entraîneur. Finalement, le club est vendu à un trio d’investisseurs franco-américains — Colony Capital, Butler Capital et Morgan Stanley — ; la mission de Pierre Blayau est remplie.

La morale de cette histoire peut sembler triviale, mais il n’est pas inutile de l’expliciter : pour être président du PSG, il faut être investi à 100 % dans sa tâche. Peut-être que si Blayau avait été plus proche du terrain et de ses joueurs, il aurait senti que licencier Fournier était loin d’être nécessaire, et peut-être que s’il s’était su présent pour longtemps, il aurait davantage réfléchi à son acte, puisqu’il aurait aussi eu à en assumer les conséquences. Cela montre que la solution consistant à nommer Sébastien Bazin seul à la présidence du club serait très risquée, alors qu’il déclare lui-même qu’il ne peut consacrer que 10 % de son temps au PSG [1].

Alain Cayzac, le président-supporter

Premier président nommé par Colony Capital, Alain Cayzac avait tout du président rêvé pour le PSG. Il connaissait le club sur le bout des doigts pour y avoir été impliqué de près ou de loin depuis plus de 20 ans. Baignant de fait dans le monde du football, il était un homme ayant travaillé dans les médias et par-dessus tout un vrai passionné du Paris Saint-Germain. Pourtant, avec son passage au club, c’est l’image idéale que l’on se fait du président-supporter qui a été sérieusement égratignée.

L’hypothèse d’un illustre ancien prenant la présidence du club — comme Ginola, qui s’est porté candidat récemment — est toujours attrayante, mais il faut pourtant rester mesuré. Car lorsque l’on regarde le parcours d’Alain Cayzac à la tête du club — lire son livre paru l’année dernière est un excellent support pour ceci —, il ressort deux principaux facteurs de son échec. Le premier est qu’il a joui d’une déveine assez incroyable, comme si rien ne pouvait fonctionner. Mais ça, Alain Cayzac n’y peut rien. Le deuxième est que sa passion réelle et très forte pour le Paris Saint-Germain l’a finalement desservi, et il est fort probable qu’en tant que vrai supporter, il a pu manquer parfois de clairvoyance et surtout de recul.

Ainsi, en bon amoureux du PSG, il a tendance à voir son équipe plus belle qu’elle n’est, et présider ce club est pour lui un doux rêve. En conséquence, lorsque l’équipe entraînée par Guy Lacombe remporte la coupe de France en 2006, Alain Cayzac trouve cette formation formidable et occulte complètement les diverses lacunes aperçues en championnat. Il travaille donc dans une continuité extrême en accordant une totale confiance à ces joueurs et à ce staff. Il fera la même chose un an plus tard en étant résolument optimiste après un bon tournoi amical disputé à l’Emirates Stadium en matches de pré-saison. Et quand il recrute Le Guen, il voit les choses en grand et planifie pour lui une future carrière de président du club. Enfin en tant qu’homme de communication, il est un bon client pour les journalistes et s’empresse toujours de s’adresser à eux, avec transparence, sans se douter que les informations qu’il donne, parfois hors-micro, peuvent se retourner contre son club.

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Alain Cayzac

Toutes ces choses-là ne sont bien sûr pas condamnables en soi et partent toutes d’un très bon sentiment. Mais on ne peut s’empêcher de penser qu’avec davantage de recul, s’il avait fait un peu moins dans les sentiments avec ses joueurs, ses entraîneurs, ses supporters, les journalistes dont il respecte la profession par-dessus tout, peut-être aurait-il su taper du poing sur la table plus souvent et peut-être aurait-il agi un peu plus froidement — sans pour autant basculer dans les excès carrément frigorifiques de Pierre Blayau.

Le but ici n’est donc pas de reprocher quoi que ce soit à Alain Cayzac, mais de dire que le président du PSG ne doit pas être un supporter du Paris Saint-Germain, ou tout du moins ne pas avoir une histoire aussi forte avec le club qu’Alain Cayzac. Parce qu’il faut savoir parfois agir à froid, et ne pas se laisser influencer, comme semble l’avoir été Cayzac, par tout ce qui peut graviter autour du club parisien. En résumé, il faut de la lucidité, et l’on sait tous que parfois, la condition de supporter entraîne quelques manquements dans ce domaine — sauf quand il s’agit de commenter la prestation d’un arbitre qui est forcément mauvais les soirs de défaite.

Charles Villeneuve, le néophyte prolixe

Occultons le bref intérim de Simon Tahar et du conseiller sportif Michel Moulin — il tombe sous le sens que pour diriger le Paris Saint-Germain, on ne peut se permettre d’être aussi irresponsable que Michel Moulin — pour passer directement à Charles Villeneuve. Celui-ci s’apprête à partir, beaucoup de choses ont été dites et écrites sur cet homme. Il a eu une certaine réussite durant sa présidence parisienne, et les supporters ne peuvent qu’en être satisfaits. Toutefois, s’il y a bien quelque chose de marquant dans la personnalité de Charles Villeneuve lorsque l’on analyse sa présidence, c’est ce qui lui a coûté sa place : sa tendance à s’exprimer souvent, trop crûment, et surtout, sans trop réfléchir aux conséquences de ses propos.

Son départ résulta de ce comportement : alors qu’une simple discussion avec l’actionnaire Sébastien Bazin aurait pu adoucir tous les différends, il est passé par la méthode d’une lettre avec accusé de réception. Lettre contenant qui plus est des propos très autoritaires, parfois même à la limite de l’agressivité. Comme Charles Villeneuve le dit lui-même, c’est son style et il a toujours agi ainsi. Son expérience parisienne semble donc prouver que ce qui fonctionne même dans une entreprise pourtant déjà ultra médiatisée comme TF1 ne passe pas au Paris SG… où imaginer garder quoi que ce soit de secret relève du vœu pieux.

Et effectivement, lorsque l’on se retourne sur ce qui s’est passé depuis la nomination en juin dernier de l’ancien directeur des sports de la première chaîne, on peut se féliciter que ce trait de la personnalité de l’ancien du Droit de Savoir n’ait pas eu de conséquence autre qu’envers sa propre personne. Par exemple, lors de ses premières déclarations, il a exprimé sa volonté de recruter un grand gardien, fragilisant ainsi la position de Mickaël Landreau, qui à l’époque n’avait pas besoin de ça pour se sentir mal [2]. Heureusement que l’entraîneur parisien Paul Le Guen a rattrapé l’affaire en soutenant le gardien du PSG, et que Landreau ait depuis fait des performances irréprochables sur le terrain, sans quoi les rumeurs sur son remplacement dans l’équipe, et sur la volonté présidentielle de recruter à ce poste, auraient été légion.

De même, lorsque Villeneuve donne une interview, après une série de résultats parisiens en dents de scie, dans laquelle il déclare vouloir du beau jeu à Paris, il ne pense pas à mal, mais il donne une belle opportunité aux journalistes de tous bords de déclarer que Le Guen est sur la sellette et que l’arrivée de Deschamps est imminente. Villeneuve a juste dit ce qu’il pensait, de la manière dont il le pensait, mais ce manque de prudence a nui à Paul Le Guen. Et là encore, heureusement que les résultats étaient très bons, sans quoi la position de l’entraîneur aurait été invivable.

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Crise au PSG ?

Plusieurs autres interventions de Villeneuve ont été très limites et auraient pu se retourner contre lui : quand il qualifie les journalistes de « vipères lubriques », quand il désigne un membre du conseil d’administration parisien d’« étrangleur ottoman », ou lorsqu’après la victoire du PSG à Marseille, il déclare à demi-mot qu’il l’a « mis profond aux Marseillais ». Miraculeusement et fort heureusement, tous ces propos, très proches du dérapage et qui auraient pu lui coûter très cher — la presse sportive française peut être redoutable une fois qu’elle a pris quelqu’un en grippe —, n’ont eu que peu de conséquences néfastes.

Le bilan est donc qu’en étant toujours à la limite de l’incident diplomatique dans ses termes, et à force de parler sans réellement mesurer ses propos, malgré son goût prononcé pour la stratégie militaire, Charles Villeneuve n’a pu continuer sa carrière parisienne comme il l’aurait souhaité. Le futur président parisien devra donc savoir communiquer et parler avec mesure, sans risquer que ses propos se retournent contre lui et son club.

Au travers de ces sept portraits de président, nous avons donc vu que divers profils d’homme se sont succédés au club, avec à chaque fois des échecs caractérisés par des défauts essentiels. Le futur homme fort du PSG — qu’il soit président délégué ou directeur du secteur sportif, qu’importe son titre — devra éviter de tomber dans les travers de ses prédécesseurs. Les commandements du futur président pourraient être ceux-ci : il ne devra pas être sensible à la pression médiatique et populaire comme l’a été Michel Denisot, il ne devra pas être un homme trop sûr de son fait comme l’était Charles Biétry, il ne devra pas être un étranger au foot parachuté au club sans raison tel Laurent Perpère, il ne devra pas rentrer dans une relation de force avec les supporters à l’image de Francis Graille, il devra être impliqué à 100 % dans sa tâche au contraire de Pierre Blayau, à grand regret il ne faudra pas qu’il soit aveuglé par sa passion comme l’a été Alain Cayzac, et enfin il devra veiller à la teneur de ses propos pour ne pas finir comme Charles Villeneuve. Si le prochain président pouvait satisfaire toutes ces conditions, ce serait déjà un bon début. Mais même avec toutes ces qualités, nous ne serons sûrs de rien…

Portrait-robot du futur président du PSG

- 1991-1998 : les journalistes de Canal+
- 1998-2005 : le financier et le provincial
- 2005-2009 : de Canal+ à Colony Capital

Notes

[1] Voir l’interview qu’il a donnée au JDD le 1er février 2008.

[2] Il venait de se faire exclure de la liste de joueurs participants à l’Euro 2008 après une impressionnante campagne médiatique.

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