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Interview : découvrez les filles du PSG

Interview de Camille Vaz, l’entraîneur des filles du PSG

lundi 14 février 2011, par Julien Siriex

Interview de Camille Vaz, l'entraîneur des filles du PSG

PSGMAG.NET vous invite à découvrir l’univers de l’équipe féminine du PSG par le biais de son entraîneur, Camille Vaz. Depuis la saison passée — auréolée d’une victoire en challenge de France —, l’équipe du PSG continue son ascension parmi les meilleures équipes françaises. Dans cette première partie de l’interview, Camille Vaz nous décrit le fonctionnement de l’équipe première des filles du PSG, et analyse les différences entre le club de la capitale et les autres équipes du championnat de France.

Interview réalisée mercredi 9 février 2011.

Interview de Camille Vaz, l’entraîneur des filles du PSG :

- Camille Vaz, le PSG par rapport aux autres clubs français
- La saison 2010/2011, les relations avec le secteur pro, le foot féminin

Rencontre avec Camille Vaz

Pourriez-vous vous présenter aux lecteurs de PSGMAG.NET ?
Je m’appelle Camille Vaz — Camillo en réalité, puisque je suis d’origine portugaise, mais tout le monde m’appelle Camille —, j’ai 35 ans, je suis enseignant, marié et père de deux petits garçons. J’ai une formation professionnelle liée au sport puisque je suis aujourd’hui professeur d’EPS. Concernant ma formation de joueur et d’entraîneur, j’ai passé 17 ans au Racing Club de France à Colombes, où j’ai pu évoluer dans les équipes de jeunes puis en seniors. J’ai ensuite été amené à entraîner, après ma carrière de joueur, les équipes seniors de la réserve. Je suis désormais à la tête de l’équipe féminine du PSG depuis un an et demi.

Vous n’aviez entraîné que des équipes masculines jusque-là ?
À l’exception de l’association sportive à Sciences Po, où j’ai eu pendant sept ans la responsabilité de l’équipe féminine dans le même temps que l’équipe masculine. J’avais donc déjà eu un pied dans le football féminin au sein d’une association.

C’est à ce moment-là que le PSG s’est intéressé à vous ?
Oui. C’est Brigitte Henriques-Olive [manageuse générale de la section féminines] qui m’a proposé ce projet-là, et m’a donc permis d’intégrer le PSG.

Aujourd’hui, entraîner une équipe féminine vous comble-t-il ?
Oui ! Je suis très content de l’approche et du groupe dont j’ai la responsabilité, dans le sens où je retrouve un niveau technique et athlétique qui est vraiment très proche des équipes de haut niveau masculin. Je ne ressens pas du tout de frustration mais, bien au contraire, beaucoup d’épanouissement. Je répète souvent que je me sens très privilégié au Paris Saint-Germain, avec ce groupe de qualité.

Vous êtes donc originaire de la région parisienne. Le PSG faisait-il partie de vos clubs favoris, lorsque vous étiez plus jeune ?
J’ai toujours suivi les résultats du Paris Saint-Germain, en espérant notamment des résultats positifs. Maintenant, je ne cache pas qu’en étant issu du centre de formation du Racing Club de France — qui était un peu un des clubs rivaux du PSG, surtout en équipes de formation —, je n’ai jamais été un inconditionnel d’un seul club ou un fervent supporter. Mais avoir une belle équipe à Paris, c’est important. Paris n’est pas une ville comme une autre, et aujourd’hui je suis pleinement satisfait de mon arrivée dans ce club.

Une histoire qui pourrait donc durer au PSG ?
Cela ne va pas dépendre de moi, mais en ce qui concerne l’état actuel des choses, je suis vraiment très content d’avoir cette responsabilité avec cette équipe-là.

Quel est le type de contrat qui vous lie au PSG ?
J’ai actuellement un contrat d’une durée d’un an, renouvelable.

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Camille Vaz
Photo Éric Baledent — PSGMAG.NET

Le PSG par rapport aux autres clubs français

Lyon peut compter cette saison sur Sonia Bompastor et Camille Abily, toutes deux parisiennes l’an passé. Pourquoi ont-elles rejoint l’OL cette saison plutôt que le PSG ?
Il ne faut pas se voiler la face. Il y a des enjeux politiques et économiques que moi, en tant qu’entraîneur, je ne peux pas mettre en avant parce que ce n’est pas de mon ressort. Et il y a aussi les sensibilités des filles, qu’il faudrait interroger. Ce que je peux vous dire, c’est que le PSG a fait tout ce qui était en son pouvoir pour conserver Camille et Sonia, et cela a sûrement été une décision difficile à prendre pour elles. C’est une petite frustration pour nous, mais en même temps ce sont des filles qui ont la tête sur les épaules, qui sont très attachantes, très professionnelles et qui ont vécu aux États-Unis des années extraordinaires d’un point de vue sportif comme économique, puisqu’elles avaient là-bas un tout autre statut. Aujourd’hui le PSG ne peut pas proposer le même statut à ces joueuses. Après, il y a beaucoup de paramètres politico-économiques qui ne me concernent pas, mais qu’il faut prendre en compte.

Vous parliez de statuts spécifiques aux États-Unis, voire à Lyon. Le PSG tend-il à se rapprocher de cela ?
Oui, à la vue du parcours, de l’investissement du staff qui est mis en place cette année, nous nous en rapprochons… Mais nous n’y sommes pas encore.

Cela passe notamment par les résultats de l’équipe première. Est-ce que tout est mis en place pour que le PSG puisse encore grandir ?
Tout à fait. Il ne faut pas négliger qu’à l’heure actuelle, et comme pour tous les clubs français — à l’exception peut-être de Lyon —, nous fonctionnons avec la section amateur du club, donc nous sommes encore loin des exigences d’une première division féminine. Au PSG, nous sommes très privilégiés par rapport à cette section amateur, parce que beaucoup d’efforts sont faits pour que nous puissions nous entraîner ou voyager dans les meilleures conditions, avoir vraiment ce dont nous avons besoin pour répondre à ce niveau-là de compétition et concurrencer Montpellier, Juvisy ou l’OL. Mais il n’empêche qu’aujourd’hui ce n’est qu’en voie de développement, et que nous ne sommes pas encore dans les conditions de travail des Lyonnaises. C’est en cours.

Les années précédentes, le PSG a indiqué vouloir travailler sur la formation. Qu’en est-il ?
Chez les féminines, la Fédération nous impose des quotas en terme d’école de foot. En tout cas, tout est fait pour aider les jeunes. Ces équipes sont notamment encadrées par des entraîneurs diplômés, nous avons des équipes dans quasiment chaque division des championnats féminins. Cette année, il y a eu l’ouverture d’une classe sport-études avec Verneuil. Il y a une vraie dynamique, une vraie volonté d’élargir la base du vivier et de proposer quelque chose aux jeunes filles.

Certaines joueuses de l’équipe première participent d’ailleurs aux entraînements des plus jeunes.
Oui, c’est ce qui correspond à nos contrats fédéraux. Ce sont des filles investies dans le club, comme Laure Lepailleur, qui sont responsables des jeunes.

Vous citiez Lyon, Juvisy et Montpellier. Parmi ces trois équipes, seule Juvisy ne bénéficie pas d’une structure professionnelle. Comment expliquer son bon classement ?
Montpellier ne profite pas non plus de la structure professionnelle du club. Ils bénéficient certainement de certains avantages, mais je ne connais pas très bien ce club-là. Juvisy n’a pas d’équipe masculine, donc ils ne peuvent pas bénéficier non plus des installations de l’équipe masculine. Finalement, Lyon fait figure d’exception.

Donc Lyon et le PSG sont les deux seules équipes à bénéficier de structures très favorables ?
Je dirais surtout qu’il y a Lyon et les autres. Au PSG, c’est en cours de développement mais toutes les filles travaillent, nous nous entraînons tous les jours à 19h30 sauf le mercredi. Quand nous faisons des déplacement sur deux jours, il faut demander des autorisations d’absence aux employeurs. Nous ne bénéficions d’un service médical qu’à partir de 19 heures… Donc nous avons des privilèges, oui, mais à mon sens il y a Lyon et les autres. Le PSG est en cours de développement.

Cela signifie-t-il que les joueuses de Lyon peuvent vivre de leur contrat de footballeuses ?
À Lyon, les joueuses sont assimilées professionnelles puisqu’elles ont des voitures de fonction, des salaires qui peuvent être bien plus importants que ce que l’on peut avoir dans les autres clubs. Elles s’entraînent le matin, elles bénéficient de certains avantages au niveau des déplacements, comme les pros. Les filles à l’Olympique lyonnais n’ont pas de contrat professionnel, mais elles ont toutes des contrats fédéraux avec une rémunération suffisante pour vivre.

Au PSG, certaines joueuses ne vivent-elles que de leur métier de footballeuse ?
Non. Sur 21 filles, nous ne disposons que de 4 contrats fédéraux, alors que l’OL en a 23. Les chiffres parlent d’eux-mêmes…

L’écart dans les résultats entre le PSG et Lyon peut-il s’expliquer par cela ?
Oui, évidemment. Même pour moi ! Je suis enseignant. C’est pour cela que je répète qu’il y a Lyon et les autres, parce que l’on ne retrouve ces conditions nulle part ailleurs. Nous, nous y arrivons tout doucement, en faisant les choses comme il se doit avec tout ce qui englobe le Paris Saint-Germain puisque ce n’est pas un club comme les autres, qui est chargé d’histoire et de passion. Nous avançons, doucement mais sûrement. Le projet, qui a été entamé l’année dernière, a été présenté sur trois ans. Nous n’en sommes qu’à la deuxième année, nous continuons à avancer. Nous aimerions tous que cela aille beaucoup plus vite, mais il vaut mieux prendre le temps de faire les choses correctement.

Si Lyon est actuellement supérieur, est-ce simplement parce que le club a anticipé plus vite que les autres ?
La qualité des joueuses de Lyon est vraiment exceptionnelle, mais ils ont vraiment investi pour avoir ces résultats-là. C’est le contraire qui aurait été étonnant. Pour faire une comparaison abusive, ce serait comme si le Real Madrid était aujourd’hui avant-dernier de la Liga.

Autrement dit, Lyon se donne les moyens de ses ambitions ?
Exactement !

Le PSG a pourtant conservé Laure Boulleau cet été, alors qu’elle était courtisée par Lyon. Comment l’avez-vous convaincue de ne pas rejoindre l’OL ?
Je vois que vous êtes bien informés… Laure a fait des études sur Paris, elle a également une situation au Paris Saint-Germain et elle véhicule une image très positive qui correspond à celle du PSG. Nous avons donc réussi à la conserver, puisqu’elle bénéficiait d’un contrat fédéral jusqu’à la fin de cette saison. Et nous avions la volonté d’aller au bout des choses, et de continuer à vivre une expérience qui a débuté au début de l’année dernière. Après, les raisons exactes du fait qu’elle soit restée avec nous, elles sont sportives comme extra-sportives. Concrètement, elle est très attachée à Paris et au PSG.

Vous avez également réussi à faire venir de l’OL la buteuse brésilienne Katia. Comment l’expliquez-vous ?
Katia a été libérée en fin d’année dernière par Lyon, nous sommes alors entrés en contact avec elle. Cela s’est fait car elle a eu vent de ce dynamisme, de cet état d’esprit, de ce que nous essayons de véhiculer au sein des féminines du PSG aujourd’hui. Elle est donc venue voir le staff, les joueuses, et elle a décidé de se lancer dans l’aventure avec nous. Nous ne regrettons clairement pas ce choix, car c’est une fille absolument attachante, avec une énorme expérience, hyper professionnelle dans tous les sens du terme.

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Caroline Pizzala
Photo Éric Baledent — PSGMAG.NET
Interview de Camille Vaz, l’entraîneur des filles du PSG :

- Camille Vaz, le PSG par rapport aux autres clubs français
- La saison 2010/2011, les relations avec le secteur pro, le foot féminin

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8 votes

1 commentaire a déjà été posté par nos lecteurs

  • #1

    Thibaut
    14 février 2011 12:26

    Merci pour cette belle interview.
    Prochaine étape : une rencontre avec Laure Boulleau ? :o)

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