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Comparatif des profils de Paul Le Guen et Didier Deschamps

Pourquoi Deschamps ne doit pas venir au PSG

La venue de l’ancien Monégasque serait-elle un gage de réussite ?

vendredi 10 octobre 2008, par Gauthier B.

Pourquoi Deschamps ne doit pas venir au PSG

L’Équipe a lancé la rumeur selon laquelle Didier Deschamps allait venir très vite remplacer Paul Le Guen à la tête du PSG, en ne se basant sur aucun fait ou propos concret. Précisons d’emblée pourquoi la venue de Didier Deschamps n’aurait aucun intérêt — en se basant cette fois sur des faits réels.

L’histoire retiendra que le 9 octobre 2008, le journal L’Équipe a lancé les hostilités : la campagne de dénigrement de l’entraîneur parisien en place a commencé ! La une de L’Équipe est sans appel : Paul Le Guen va sauter.

Le problème avec cette histoire, c’est que même s’il est avéré que cette information sensationnelle ne repose sur rien, elle va être reprise par toutes sortes de médias dans les semaines à venir, et finir par être considérée comme fondée par l’inconscient collectif. Charles Villeneuve aura beau démentir autant de fois qu’il le faudra, le fait qu’il nie aura aux yeux des experts footballistiques moins d’importance que l’article originel de L’Équipe, même si celui-ci n’est que la conséquence d’une panne d’inspiration journalistique [1]. La position de Le Guen ne deviendra que plus fragile : pour beaucoup la solution Deschamps sera suffisamment séduisante pour pousser à sa réalisation. De fait, les articles véhiculant cette rumeur, et les comportements hostiles d’une part du public parisien risquent fort de se multiplier. Il s’agit ici du phénomène de prophéties auto-réalisatrices, remis au goût du jour en ces temps de crise financière. Quels que soient les résultats d’ailleurs, nous faisons confiance à toutes ces personnes pour systématiquement trouver quelque chose à redire.

Alors à PSGMAG.NET, nous allons pour une fois anticiper, et le dire tout de suite : Didier Deschamps ne doit pas venir au Paris Saint-Germain. En voici les raisons.

Un palmarès extraordinaire… qui tient sur une ligne

Tout d’abord, il faut se poser la question principale. Que peut apporter ce champion du monde au Paris Saint-Germain que Le Guen n’apporterait pas ? Qu’a-t-il de plus ? Soyons clairs d’entrée : la réponse est rien.

Beaucoup estiment qu’il faut un entraîneur de très grande envergure au Paris Saint-Germain. Mais si ceci peut prêter à débat, considérer que Deschamps est celui-là reste tout simplement un leurre. En analysant son expérience à la tête d’un effectif professionnel, on constate que Didier Deschamps compte en tout et pour tout quatre années complètes en première division. Quatre saisons à Monaco et c’est tout, son parcours à la Juventus n’ayant été accompli qu’en Série B. Si à ce compte-là Deschamps est l’entraîneur d’expérience dont a besoin le PSG, n’importe quel entraîneur peut faire l’affaire. Que ce soit Alain Perrin, Pablo Correa ou Jean Fernandez, presque n’importe qui a au moins autant d’expérience que Deschamps en tant qu’entraîneur principal d’une équipe peut être l’homme de la situation. Même Paul Le Guen, qui compte la bagatelle de huit années en première division [2] — et pour lui ça continue à s’accroître, pendant que Deschamps parfait son savoir sur les plateaux de RMC ou de Canal +

Alors oui, l’expérience ne fait pas le tout. Certains diront que Deschamps n’a certes que cinq années de pratique, mais quelles années ! Et quel palmarès ! Deschamps a quand même gagné… une coupe de la Ligue. Pendant que cet incompétent de Le Guen gagnait… une coupe de la Ligue, mais aussi trois titres de champion de France et trois Trophées des champions. La plus fameuse année de Deschamps est donc l’exercice 2003/2004 où son formidable groupe a atteint la finale de la Ligue des Champions, et a terminé 3e du championnat de France… derrière le PSG de Vahid Hallilhodzic. Précisons d’ailleurs que si cette saison blanche fut saluée par la presse, il en aurait été tout autre à Paris : l’AS Monaco, champion d’automne, comptait pas moins de 8 points d’avance sur le PSG après les matches aller fin 2003, pour finir un point derrière les Parisiens en mai 2004. Couplée à une défaite finale en coupe d’Europe, cette descente aux enfers ressemble étrangement à la saison 1995/1996 du PSG, à ceci près que le club parisien, qui ne comptait « que » sept points d’avance sur Auxerre après la 19e journée et termina finalement deuxième, gagna la coupe d’Europe… Pourtant, la presse retiendra une saison « catastrophique » pour le Paris SG en 1996 et une saison « formidable » pour l’ASM de Morientes, Nonda, Giuly et Rothen en 2004.

Mais il ne faut pas se borner aux simples résultats, et regarder le travail qui a été accompli. Deschamps est arrivé en 2001 à Monaco, il a surfé ensuite sur le travail préalable effectué par Claude Puel — champion de France un an plus tôt — pour réaliser au final trois bonnes saisons sur quatre. Puis, il n’arrive pas à maintenir son groupe, effectue un recrutement douteux en 2005, et enfin s’en va comme un voleur une fois qu’il constate que l’équipe qu’il a construit est tout simplement mauvaise, malgré les largesses financières inhérentes au club monégasque. Depuis, le club de Monaco tente tant bien que mal de s’en remettre, mais ni Guidolin, ni Boloni, ni Banide, ni Ricardo n’ont réussi à faire sortir le club de l’état lamentable dans lequel Deschamps l’a laissé. À la Juventus, Deschamps a réalisé l’exploit de faire monter le club de la série B à la série A. Quel talent ! Avec un effectif constitué entre autres de Buffon, Trezeguet, Del Piero ou Nedved, il est fort probable que même un club présidé par Gervais Martel, et entraîné par Jean-Pierre Papin aurait réussi le même exploit.

Le Guen est caractériel ? Deschamps est pire !

Bref, au final, Deschamps n’a rien prouvé. Mais il a son aura de joueur. Il a gagné un grand nombre de trophées, à une époque où les joueurs actuels étaient jeunes, et par conséquent, un respect implicite va en découler. Deschamps a effectivement le plus gros palmarès du football français — même si certains de ses titres ont été obtenus dans des clubs qui ont recours à des procédés discutables [3]. Mais là aussi, Paul Le Guen a son mot à dire. Son palmarès de joueur est loin d’être anodin, lui aussi a été international français, et surtout, son palmarès, il l’a forgé au Paris SG. Ce paramètre n’est pas à prendre à la légère, tant on a pu constater ces dernières années à quel point cette légitimité-là était importante aux yeux des supporters. Des Fernandez ou Fournier pouvaient travailler calmement — du moins dans leur relation avec les supporters — pendant qu’un Lacombe ou un Vahid [4] étaient jugés bien plus durement. Et il est probable que tout autre entraîneur que Le Guen ne serait pas sorti indemne des dernières saisons. Alors, nous vous laissons imaginer la situation de Deschamps, le capitaine marseillais, au moindre accroc au Parc des Princes

Par ailleurs, il se dit que Le Guen est un caractériel qui a peut-être du mal à coexister avec des stars. Mais Deschamps souffre du même syndrôme, probablement même accentué : durant sa période monégasque, il a réussi à se fâcher avec Marco Simone, Marcello Gallardo et Christian Panucci qui sont loins d’être des anonymes. À la Juventus, il est parti fâché avec ses dirigeants. Partout où il est passé, l’ami Deschamps s’est donc fait des ennemis. Tout ceci laisse à penser qu’il n’est pas évident de travailler avec le champion du monde.

Enfin, il faut s’interroger sur le fait que s’il ne travaille plus depuis plus d’un an ; il doit bien y avoir une raison à cela. Non content de faire payer ses services extrêmement cher au nom de sa grande expérience de cinq ans, et de son palmarès d’entraîneur qui ne comporte qu’une ligne, Didier Deschamps veut toujours venir avec l’intégralité de son staff. Tous ses adjoints, préparateurs physiques, équipe médicale, et bien sûr, son armoire à pharmacie. Donc, en plus de ses émoluments déjà suffisamment rédhibitoires en soi, la venue de Deschamps et de sa fine équipe, va impliquer le licenciement de tous les hommes en place, et toutes les dépenses qui vont avec — indemnités, frais prud’homaux. Sans compter que le Basque est assez buté : il voudra certainement renvoyer certains joueurs qu’il ne trouvera pas assez bons ou trop caractériels puis faire venir les siens d’Italie, ce qui n’est jamais donné.

En synthèse, pour accroître le déficit parisien, Deschamps est une bonne solution. En revanche, pour construire une véritable équipe sur la durée et, au final, gagner des matches et des trophées, peut-être vaut-il mieux se contenter de Paul Le Guen.

Notes

[1] L’article a été publié en milieu de semaine, alors qu’il n’y avait aucun match à disséquer, ni aucune actualité brûlante. De là à dire que cette rumeur a été inventée pour faire du remplissage, il n’y a qu’un pas… que nous franchissons allègrement.

[2] Trois ans à Rennes, trois ans à Lyon, six mois à Glasgow, un an et demi à Paris.

[3] L’Olympique de Marseille et la Juventus de Turin ont été reconnus coupables dans des affaires de matches truqués. Par ailleurs, Deschamps a explicitement avoué avoir pris de la créatine durant son passage italien.

[4] Il a certes joué au PSG, mais son historique en tant que joueur parisien est moins ancré dans les mémoires…

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3 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    jérémie
    11 octobre 2008 10:54

    Autant sur le principe je suis d’accord pour dire qu’un changement d’entraîneur ne résoudrait sans doute pas tous les problèmes , autant je trouve l’article un peu démago sur les bords.
    Qui a dit que la saison 96 du PSG était un échec ? Quand à la saison 2003/04 de l’AS Monaco je trouve assez injuste de dire que tout le mérite en revient à Puel et de laisser entendre que finalement, c’était pas si terrible de ne terminer que 3ème sans remporter la finale de la LdC. car ce que vous oubliez de dire c’est que l’effectif de l’ASM de l’époque était loin d’être aussi étoffé que celui de ses adversaires directs en championnat.

    Quand à dire que Deschamps est la cause unique des déboires récurrents de l’ASM, là c’est franchement abuser… L’instabilité chronique du club (cf les nombreux changements de présidents, d’entraîneurs et de joueurs !) est sans doute plus due à l’interventionnisme permanent des dirigeants dans la gestion de l’effectif ainsi qu’à des choix peu pertinents en terme de recrutement qu’à la seule personnalité de Didier Deschamps.

    Ce dernier avait d’ailleurs quitter le navire monégasque notamment du fait qu’il n’avaient une grande visibilité sur les transferts du club. Entre la finale contre Porto et le début du championnat suivant, l’ASM avait perdu entre autres Rothen, Giuly et Morientes, soit une grande partie de ce qui lui avait permis de réaliser sa superbe saison l’année précédente.

    D’ailleurs, Banide avait réussi a remettre l’ASM sur de bons rails mais les dirigeants Monégasque n’avait pas franchement fait des pieds et des mains pour le conserver à l’époque…

    En revanche rien à redire sur le fait qu’il n’y avait rien de miraculeux dans l’obtention de la montée en Série A de la Juve. A ce sujet, ce dernier l’a plutôt bien joué, dans le sens où une fois la montée obtenue, il s’est esquivé pour le retour en Série A, où, ils auraient vraiment dû faire ses preuves face au Milan, à l’Inter, la Roma etc.. En quittant le club avant la reprise, il est resté comme celui qui a remis le club en A et s’est fait un nom en Italie… et a renforcer l’image qu’il avait en France.

  • #2

    Vivien Brunel
    11 octobre 2008 13:19

    Salut Jérémie,

    Merci de ton message. Concernant la saison 1995/1996 du PSG, c’est toute la presse qui disait à l’époque qu’il s’agissait d’un échec cuisant. Par exemple, France Football, la veille de la finale de la coupe d’Europe Paris SG - Rapid Vienne, titrait « le PSG doit gagner pour sauver sa saison  ». Il ne s’agissait pas d’une occasion rare de remporter un titre européen, mais juste de limiter la casse… Autre exemple : le jour de la finale, le dessin de Chenez dans L’Équipe représentait un joueur du PSG sur une pièce de monnaie. Côté pile, la coupe des coupes. Côté face, des clous…

    Ce n’est pas l’angle par lequel la saison 2003/2004 de Monaco fut observée. Il fut surtout souligné la qualité du jeu déployé et les joies procurées par l’équipe monégasque. Dans le bilan de cette saison, on pouvait même lire et entendre que c’est quand même dommage, un peu triste pour ce fabuleux groupe, qu’ils n’aient pas été récompensés d’un titre. Aux antipodes du traitement réservé aux Parisiens huit ans plus tôt.

    Et cela avait un impact également sur la saison en elle-même : dès le mois de janvier 1996 et les premières contre-performances, le processus « crise au PSG » s’est enclenché, et le club parisien est rentré dans un cercle vicieux où les défaites alimentent la crise, qui augmente les difficultés… De son côté, l’ASM a pu bosser en paix, sans pression outrancière pour préparer sa fin de saison et notamment son parcours en Ligue des Champions.

    Pour tes autres remarques, je laisse le soin à Gauthier de te répondre, je ne me sens pas assez qualifié. :)

  • #3

    Gauthier
    11 octobre 2008 14:28

    Salut Jérémie,

    Merci pour ta réponse. Sur le caractère démagogique, il faut voir que cet article est plus une réponse à ce qui commence à se dire, et qui va probablement s’accentuer, sur Deschamps. Deschamps va sûrement être présenté comme LA solution, et tous ses défauts risquent d’être complètement occultés les semaines prochaines. Ca a toujours fonctionné comme ça lorsqu’un changement d’entaîneur était pressenti, je ne vois pas pourquoi cela serait différent cette fois-ci.

    Quand bien même, si les raisonnements peuvent paraître expéditifs, ils n’en sont pas pour autant infondés. Quand tu dis que l’effectif de Monaco était juste en 2004 par rapport à ses rivaux en championnat, je ne suis pas d’accord. Le PSG était un de ses rivaux, et son banc était généralement le suivant : Cubilier, El-Karkouri, Hugo Leal, Boskovic ou Reinaldo. Reconnais qu’on a déjà vu qualitativement plus riche comme effectif :)

    Sur Deschamps à Monaco, il fait du bon travail, oui, mais a quand même bénéficié du travail préalable de Puel, que ce soit en terme de formation ou d’effectif professionnel (un groupe champion un an plus tôt quand même). Dans cette continuité là, il a réussi à construire un groupe qui a fait des bonnes saisons, c’est vrai, mais n’a pas su le maintenir. Il a forcément sa part de responsabilité dans le fait que tous ses joueurs soient partis en même temps, et surtout, il n’avait pas réussi à le prévoir. Sa tactique de recrutement qui consiste à obtenir des grands joueurs en perdition dans les très grand clubs en prêt (et donc sûrs de repartir au bout d’un an), ou à acheter des joueurs hors de forme (Chevanton, Kallon, avec lequel i s’était aussi fâché d’ailleurs), a montré ses limites. Donc, sa part de responsabilité est réelle, et une fois qu’il a vu que son recrutement n’était pas bon, il a bel et bien démissionné, 2 mois après le début du championnat. Si son problème était réellement de ne pas maîtriser les transferts, il se serait peut être en aller pendant l’inter-saison non ? Pour moi, ce qui ressort de son parcours, c’est que Deschamps refuse d’assumer ses erreurs, et s’enfuit à chaque situation difficile.

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