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Chronique d’Arno P-E

Si RMC et RTL savaient…

De l’autre côté du virage

dimanche 11 juillet 2010, par Arno P-E

Si RMC et RTL savaient…

Peut-être l’avez-vous déjà lu, c’est — presque — l’affaire du jour : deux médias majeurs ont utilisé des photos issues du site pour alimenter leurs propres articles. Soit en les attribuant à l’AFP, soit en se les créditant, carrément. Alors bien sûr, il y a peu de chances que Mediapart accorde beaucoup d’énergie à défendre la cause de PSGMAG.NET. Peu de chances aussi que nous entamions quelque démarche que ce soit contre les mastodontes de l’info… De toutes manières, il y a plus grave, faut avouer. En fait, personnellement, tout ce que cette histoire m’inspire c’est plutôt une série de flashbacks, et quelques sourires sur le mode : « s’ils savaient… »

Quand les journalistes de RMC et RTL recherchent des photos de tribunes parisiennes, un bon petit coup de moteur de recherche, un copier-coller, on rogne vaguement les marges si on a le temps, et hop, leur service archives s’enrichit de créations originales dignes des plus grands professionnels : les photos de PSGMAG.NET. C’est bien simple, AFP ou photo de presse de RMC, on s’y croirait.

Sauf que s’ils savaient dans quelles conditions ces clichés ont été pris, les indélicats seraient morts de honte. Il suffit de revenir quelques mois en arrière pour comprendre pourquoi. Quand nous arrivions dans le virage Auteuil — car il faut désormais en parler au passé — Vivien, notre rédacteur en chef bien-aimé, sortait son appareil photo… ou plutôt il le faisait jusqu’à un certain PSG–OM de triste mémoire. Ce jour-là, alors que Paris luttait pour le titre, l’ennemi quasi héréditaire visitait la capitale pour un match au sommet. Enfin.

C’était il y a plus d’un an. Tout ce que le PSG compte de supporters était arrivé tôt. Très tôt. Nous même avions monté un dispositif spécial [1]. Une fois sa tâche remplie, posé dans notre traditionnel bar d’avant-match, Vivien nous vend son reportage photos. Il nous montre l’appareil et, malgré sa modestie, se découvre des accents lyriques. À l’en croire, les clichés d’ambiance contenus dans la carte mémoire illustrent la montée en pression aux abords d’un Parc à l’aube d’un jour nouveau. Ils reflètent toute la tension d’un événement qui marquera sans doute l’histoire du PSG… Rajoutez à cela sa fierté du jour ; le cliché symbolique qui va bien : un Parisien, maillot sur le dos, occupé à pousser le fauteuil roulant d’un ami marseillais. Bref, la gloire assurée.

Mais une fois en tribune, léger flottement. Poche de gauche, poche de droite, plus d’appareil photo. Passage en revue des travées, escaliers, coursives, rien. Appareil égaré, ou volé par un indélicat. Avec l’ensemble du fameux reportage en mémoire, bien entendu !

D’abord gênés de voir le patron victime d’un tel coup du sort, nous n’osions réagir. Puis nos habitudes n’ont pas tardé à reprendre le dessus. Et Vivien a dû répondre à nos multiples questions toutes plus vaseuses les unes que les autres : « Et sinon, elle était bien cadrée ta photo de la bâche tendue à l’extérieur du stade ? Tu es sûr que ce n’est pas le Marseillais en fauteuil qui t’a dépouillé ? C’est ballot, le tifo était sympa aujourd’hui, non ? Hein, tu ne trouves pas que le tifo était sympa ? Ça aurait bien rendu sur le site moi je trouve… »

Enfin tout ça pour dire qu’à partir de ce funeste jour — davantage funeste dans nos esprits pour la défaite du PSG que pour la disparition tragique de l’appareil photo de Vivien d’ailleurs, égoïstes que nous sommes —, le sujet des photographies du site s’est révélé une inépuisable source de n’importe quoi. L’unique objectif de l’avant-match consistant à pourrir les prises de vues du patron. Toute photo de banderole devait se révéler inutilisable, noblesse oblige. Pour cela, notre imagination s’est révélée débordante. Grimaces en arrière-plan, sauts pour se retrouver dans l’axe au moment du déclenchement, tous les moyens étaient bons.

Mais il ne faut pas croire que notre tâche était facile : pris dans l’ambiance d’Auteuil, et trop occupés à tendre nos écharpes, à insulter le gars de devant qui nous déployait un deux-mâts juste sous le nez, ou à comparer les différentes méthodes qu’utilisaient nos voisins de tribunes pour renouveler le concept du doigt à l’encontre des visiteurs, nous avons mis quelques rencontres avant de remarquer la subtile stratégie du chef. Le fourbe s’esquivait en douce au moment de l’entrée des joueurs sur la pelouse pour prendre ses photos tranquillement. Il a donc fallu le poursuivre dans les travées du virage avant de s’affaler sur sa pauvre personne en prétextant un improbable mouvement de foule, afin de l’aider à obtenir un magnifique cliché de ses pieds, ou de la nuque du Parisien debout trois rangs devant.

Après, il y a eu les épisodes des voiles. Vous savez, ces tifos pour lesquels on déploie une toile immense, en un ou plusieurs morceaux : elle recouvre tout le virage et alors que chacun s’emploie qui à tirer qui à pousser le tissu, un gars, stoïque, tente de cadrer les slogans déployés par les Lutèce Falco. Notre patron. Une main passée par une fente dans le tissu, il déclenche l’appareil en rafales, espérant sans trop y croire qu’un des clichés sera valable, le tout au milieu d’un indescriptible maëlstrom.

Il faut avoir vécu un avant-match sous une voile pour appréhender la valeur de l’exploit : l’ambiance y est assez… hum… particulière. Est-ce le confinement, l’impression que caché de tous on peut se permettre quelques fantaisies, difficile à dire. En tous cas, si l’on sait à peu près d’où l’on commence à déployer la voile, en revanche impossible de prévoir où cela se terminera. Entre ceux qui se font entraîner dans la descente, ceux qui pour une raison connue d’eux seuls souhaitent à tout prix se placer sous un motif particulier, ceux qui essayent de fuir sur le côté, le râleur qui se plaint qu’il va rater le coup d’envoi et interpelle les gars des assoces chargés d’animer le tout, plus son acolyte qui, téléphone branché sur l’oreille, tente d’expliquer à un copain assis en H où il se trouve exactement… C’est un joyeux bordel. Rajoutez à la fin l’irruption d’un type cagoulé qui vous allume un fumi dans le cou au moment où vous espériez regagner l’air libre, et vous aurez un rapide aperçu de ce que Vivien, debout sur son strapontin, devait affronter pour réussir à obtenir une photo des banderoles d’associations.

Enfin tout ça plus vos serviteurs qui tentaient de faire des oreilles de lapins aux gars situés dans le champ de l’appareil.

Qu’après tout cela le patron ait réussi à vous trouver une dizaine de photos publiables à chaque rencontre, cela relevait déjà de l’exploit. Qu’il existe deux gars employés par des sites monstrueux pour juger ces photos crédibles, j’avoue que j’ai peine à le croire. Mais alors qu’en plus ces peintres de RMC et RTL les aient piquées sans aucun remords… Non, là, il n’y a vraiment plus de justice.

Notes

[1] Consistant pour l’essentiel à laisser tout le boulot au patron.

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