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Le PSG a fait son retour devant le CNE

Kombouaré - Gourcuff : les derniers échanges

Les deux entraîneurs ont adopté des attitudes différentes cette semaine

mercredi 14 octobre 2009, par Gauthier B.

Kombouaré - Gourcuff : les derniers échanges

Pour Christian Gourcuff et Antoine Kombouaré, tout est arrangé. Le Lorientais ira expliquer à de jeunes Bretons qu’il faut être respectueux sur le terrain, et donc ne pas tacler comme Makelele, et Kombouaré avancera à des enfants franciliens qu’il ne faut pas mettre de l’huile sur le feu comme le fait Gourcuff. Le conflit est magnifiquement résolu et le CNE a donc jugé que les deux hommes avaient commis une erreur d’égale ampleur. Pourtant, ils ont adopté des comportements radicalement différents ces dernières semaines. Récit.

Lundi soir, le conseil national de l’éthique (CNE) — entité qui a acquis l’essentiel de sa notoriété grâce au PSG — a décidé de sanctionner les entraîneurs Antoine Kombouaré et Christian Gourcuff en leur imposant de « participer à une action pédagogique sur le rôle de l’éducateur dans la promotion et la défense des valeurs du football, notamment le respect entre ses acteurs. » Voici donc la première sentence de cette affaire, en attendant jeudi soir et la décision de la commission de discipline de la LFP pour ce qui concerne le joueur Makelele. Sentence relativement clémente, quand on se remémore les antécédents du CNE envers le PSG. Peut-être que la présence de Gourcuff parmi les accusés a rendu difficile la mise en place d’une des fameuses sanctions dites exemplaires.

Kombouaré calme le jeu…

Mais avant d’en finir avec cette histoire — pour la partie entraîneur —, revenons sur l’attitude des deux techniciens après leur joute verbale. Tout d’abord, celle de Kombouaré : après avoir dérapé en considérant que Gourcuff méritait « des claques dans la gueule », le Kanak a fait amende honorable, a reconnu être allé trop loin et a souhaité passer à autre chose. Le problème, c’est que lorsqu’il s’agit du PSG, il faut que les polémiques aient une longue vie. À titre d’exemple, il suffit de regarder la conférence de presse de Kombouaré, donnée avant PSG-Nancy, et retranscrite partiellement sur Football 365. Voici un extrait des questions posées :

— Quid de Claude Makelele ? Pensez-vous que les événements qui ont suivi la rencontre face à Lorient peuvent le déstabiliser ?

— Et l’arbitre ?

— Vous n’avez pas peur qu’il existe une certaine pression sur l’arbitre ?

— Après l’avis du comité de visionnage, Claude Makelele a été convoqué devant la commission de discipline, Vous trouvez cela juste ?

— Pensez-vous qu’il aurait aussi été convoqué sans la sortie de Christian Gourcuff ?

— Est-ce que Christian Gourcuff vous a téléphoné ?

— Cette semaine, on a beaucoup parlé de cette affaire, cela a-t-il pesé sur la préparation ?

— Vous continuerez d’agir de la sorte ?

Soit huit questions, sur douze au total, qui concernent cette polémique, la veille d’un autre match de championnat. C’est surtout l’insistance qui choque, Kombouaré ayant à plusieurs reprises dit ne pas vouloir s’appesantir sur l’affaire. Entre deux refus polis, il parvient tout de même à éviter d’en rajouter, en concédant qu’il n’a pas bien réagi [1]. Mais ce genre de péripétie pose tout de même une question : est-il préférable de répondre à toutes les sollicitations de médias avides de polémiques ou plutôt de verrouiller complètement sa communication comme le faisait Paul Le Guen ? Puisque de toute façon, l’entraîneur du PSG sera montré du doigt, on peut vraiment se demander laquelle de ces deux attitudes est réellement bénéfique — il ne s’agit pas d’une formule rhétorique, il est difficile d’être affirmatif sur le sujet.

… pendant que Gourcuff s’excite tout seul

Quoi qu’il en soit, malgré les divers traquenards, Kombouaré a tenu bon, il s’est assagi et n’a pas prolongé les hostilités. Pourtant, de façon assez inaperçue, une mèche a été rallumée en fin de semaine dernière par le premier responsable de cette cacophonie : Christian Gourcuff. Lui n’a visiblement pas considéré utile de se remettre en cause, ni même de nuancer ses propos. Extrait d’une brève de lequipe.fr :

Dans un article paru cette semaine dans France Football sur sa personnalité et son franc-parler, l’entraîneur de Lorient Christian Gourcuff dit qu’il « ne comprend pas ce [qu’il] ira faire devant cette justice des hommes et du football », en clair le conseil national de l’éthique, après ses déclarations consécutives à Lorient - PSG (1-1).

« J’ai dit en termes respectueux ce que je pensais d’un joueur [Makelele] qui a récemment avoué [dans L’Équipe magazine] que l’intimidation faisait partie du jeu. Et là, je crains que nous ne soyons plus dans l’éthique de notre sport. Pourtant, aucune commission ne s’est emparée de ses propos. Autrement dit, on peut commettre des attentats et ne recevoir qu’un carton jaune. Et ceux qui les dénoncent passent devant ce conseil de l’éthique. Est-on toujours dans un État de droit ? »

[…] « Il m’insulte et c’est à moi de demander pardon ? Mais il peut m’insulter, ce n’est pas un souci. Ça le serait si on se voyait tous les jours, mais là… J’arrive simplement à un âge où je dis ce que je pense, […] sans me soucier des préoccupations des uns ou des autres, ni des conséquences de mes propos. » Le coup de « la pleureuse » et du « cigare » laisse aussi de marbre l’amoureux du beau jeu. Kombouaré « a tout faux », dit Gourcuff. « Comme en beaucoup d’autres choses. »

Et voilà comment on apprend en premier lieu que Gourcuff est complètement amnésique, mythomane ou manipulateur, au choix. Quand il explique qu’il ne comprend pas sa convocation devant le CNE, il oublie littéralement ses propos initiaux puisqu’il avait mis en cause l’impartialité de tous les arbitres de L1 en suggérant une trop grande mansuétude vis-à-vis de Makelele. Et chacun est libre de juger si dire qu’un joueur est « dépassé et en bout de course » est particulièrement respectueux envers Makelele. Quoi qu’il en soit, Gourcuff a oublié d’évoquer à nouveau cette partie de son discours, et visiblement le CNE aussi, puis qu’il n’a pas été suspendu sur cet aspect-là de sa diatribe. Comme le souligne d’ailleurs le site officiel du PSG, dans un communiqué digne des plus grandes heures du site de l’OL, mais pas dénué de vérités pour autant.

On ne peut aussi qu’apprécier le lien fait entre les propos de Makelele dans L’Équipe magazine, et son carton jaune à Lorient. Pour Gourcuff, Makelele aurait dû être expulsé sur la base d’une interview donnée deux mois plus tôt qui prouverait l’intentionnalité malsaine du geste… En gros, Gourcuff encourage ni plus ni moins ce qu’il déplore : un arbitrage à la tête du client — mais en défaveur de l’adversaire, ce serait mieux. Et une fois de plus, il est regrettable qu’aucun journaliste n’ose mettre « l’amoureux du beau jeu » devant ses contradictions : durant ce Lorient-PSG, nous l’avons déjà écrit ici, ses joueurs ont commis trois fautes au moins aussi graves que celle de Makelele. Parce que ses joueurs n’ont pas expliqué les rouages de leur jeu dans les journaux, ils ne méritaient pas de sortir du terrain ? Si Gourcuff aime tant que ça le jeu épuré, qu’il apprenne avant tout à ses joueurs à arrêter de tacler n’importe comment avant de jouer au bon samaritain.

Car en fait, c’est bien de cela dont il s’agit, et pour le coup, Gourcuff l’assume complètement : tout ce qu’il voulait c’est qu’on suspende Makelele. Il s’est emparé des médias, a usé de sa très bonne image médiatique pour faire du bruit sur un fait de jeu qui ne provoque des hurlements nulle part ailleurs. Tous ces journalistes — dont certains sont amis du Breton — l’ont relayé avec plaisir, et voilà comment on en arrive à un procès couru d’avance à l’encontre de Makelele.

Mais le comble de cette interview de Gourcuff reste le final. Il nie être une « pleureuse » et ou avoir le « cigare ». Pour la première assertion, le fait qu’il ait passé son temps à gémir dans les médias et surtout qu’il dise lui-même être dans son bon droit en « dénonçant » prouve qu’il n’y a pas que du faux dans ce qu’a dit Kombouaré. Quant au fait qu’il ait pris la grosse tête : ses leçons incessantes et sa phrase finale — « Il a tout faux. Comme en beaucoup d’autres choses. » — est sans équivoque. Oui, Gourcuff se prend pour le plus érudit des entraîneurs. Vivement qu’il se fourvoie dans un club de plus grande envergure [2], qu’on n’entende plus parler de lui.

Notes

[1] Mais aussi en glissant à tacle appuyé au journal L’Équipe : « Maintenant, cette affaire est allée trop loin quand je vois que mardi Lyon jouait en Ligue des Champions et que c’est moi qui faisait la Une de L’Équipe. Je suis vraiment peiné pour le foot. »

[2] Même s’il l’a déjà fait à Rennes, ce que tout le monde semble avoir oublié.

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