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Le carnet du supporter, par Arno P-E

[Billet] L’été de tous les non-changements au PSG

Récit du trophée des champions OM-PSG, à distance

samedi 31 juillet 2010, par Arno P-E

[Billet] L'été de tous les non-changements au PSG

Ces rencontres estivales disputées avec une pincée de sable entre les doigts de pieds, des têtes de homards bien cuits devant la télé, ça a quand même du bon. Pas de pression, un trophée dont on est incapable de donner le nom du gagnant trois jours après la rencontre, quelques cruciales nouveautés à superviser entre deux chasses au moustique et un coup de zapette sur l’athlétisme : enfin de la zen attitude… Alors vous pouvez me dire pourquoi j’ai un peu les boules d’avoir perdu, là ?

Ah… Le premier match de l’année ! Qu’on le vive en tribunes, chez soi parce qu’on n’a pas eu la chance de poser quelques congés, ou perdu au milieu des campeurs, il a toujours un parfum de soulagement. Ne me mentez pas : vous aussi vous en aviez fait le serment : cette fois-ci pas question de s’enflammer à l’avance. Avouez : vous n’en aviez rien à faire, entre les déceptions sportives passées et les histoires de réabonnements, vous n’observeriez plus le PSG version 2010 que de loin. Muni d’une longue vue et du détachement glacé des grands stratèges.

D’ailleurs, avant la rencontre de mercredi, OM-PSG ou pas, vous avez suivi l’actu avec un flegme que vous auraient envié tous les touristes anglais du coin. Personnellement, et je le clame avec fierté, j’ai tenu le coup. Seule concession, un enquête discrète pour s’enquérir de l’horaire de diffusion de la rencontre. Mais pas plus. Serein que j’étais.

Et puis au coup d’envoi, imprévisible, survint le drame. Est-ce le fait de voir les trois ramasseurs de balle affublés du maillot de l’OM dans le couloir du stade, ou le timbre de Jean-Marc Ferreri promettant moult buts à ses téléspectateurs, mystère. En tous cas j’ai craqué. Pas beau à voir…

— Que Saint Christophe [1] nous protège… Mais ?!? Jallet s’est rasé le crâne ! — Papa ? Ils jouent en quelle couleur la France ? [2] — Non mais c’est pas la France, c’est le PSG ! Tu sais, Papa a le maillot à la maison. Là ils jouent en rouge. Et en plus Jallet s’est rasé le crâne. — Ah bon ? Et l’autre équipe c’est qui ? — Marseille. Eux ils jouent en blanc, je précise avant que tu poses une question débile. Nous en rouge, eux en blanc, l’arbitre en jaune, et Jallet sans cheveux. Maintenant tu te tais, Papa est concentré. — D’accord. Alors moi je suis pour les blancs. (Regard froid, habituellement réservé pour les grandes occasions, du type « dis Papa, j’ai le droit de pousser mon frère du haut du pont ? ») — Non, t’es pour les rouges. — Maiheu… Alors ça, ça se fait trop pas, parce que moi en fait je voulais… — Chut ! T’es pour les rouges, et d’ailleurs tu trouves que Jallet est très bien coiffé. — Bon… D’accord Papa. Il joue en quelle couleur Jallet ? — OK, tu sors…

Bref, tout ça pour dire que le compteur affichait trois minutes de jeu et j’avais déjà cherché fébrilement où se trouvait sur la télécommande le bouton qui envoie des décharges électriques létales à Thierry Roland [3]. Le siamois, ayant sans doute subi un tragique partage neuronal lors de sa séparation avec sa moitié Jean-Mimi, arguait que Marseille « monopolisait le ballon » alors même que les Olympiens n’avaient pas encore effectué leur deuxième passe. D’où mon envie de meurtre. Ça, c’était après que je me sois collé le nez à la télé pour vérifier si de près on voyait les motifs imprimés sur le nouveau maillot, après que j’ai envoyé une poignée de textos à un copain pour dresser la liste des Marseillais que je ne peux pas blairer [4], après que je me suis extasié sur le premier simili dribble de Nenê. Bref, j’étais dans mon match. Aux orties les bonnes résolutions d’avant-saison, oubliés les conseils de prudence et de retenue.

Quatre-vingt-dix minutes et deux penalties ratés plus tard, la tête dans le sac, et comme une vague impression qu’en fait les vacances et le mercato n’avaient pas effacé grand-chose.

Alors je sais bien qu’il ne sert à rien de s’enflammer pour ces rencontres. Je sais aussi que la vérité d’aujourd’hui n’est pas celle de la fin du championnat, j’ai lu ce que disait Bodmer… On a beau dire, tout ça me fait quand même bien chier.

Vous me pardonnerez cette pointe de vulgarité, mais elle illustre bien mon état d’esprit alors que les Parisiens s’en allaient quérir leur joli trophée en véritable imitation de plexiglas auprès de l’hilare Frédéric Thiriez. Le plus agaçant restant cette affreuse inquiétude : et si rien n’avait changé ?

Paris maîtrise la rencontre, mérite sans doute la victoire. Et on perd. Un Mevlüt Erding à l’implication irréprochable, qui se dépense pour deux ou trois. Sauf qu’il préfère frapper dans un angle impossible plutôt que de donner en retrait. Luyindula qui combine, se crée des occasions, toujours malin… mais qui ne cadre ni ses frappes ni son tir au but. Sakho, impressionnant physiquement, mais qui découpe un adversaire en deux. Camara, appliqué, sérieux… jusqu’à sa glissade peau de banane à la 80e. Plus la vague impression qu’un soir de championnat, face à Nancy ou Caen, le tir dévié de Taïwo qui rebondit sur le poteau avant de sortir, cet unique avorton d’occasion de toute la rencontre, eh bien il aurait fini dedans. Le gros doute.

Un jour de réflexion plus loin, quelques motifs d’espérance avaient fait surface : la préparation et surtout le mercato sont loin d’être finis. Nenê et Bodmer semblent apporter d’intéressantes solutions dans le jeu vers l’avant, et Hoarau changera la donne. Tout n’est pas mauvais, et puis malgré toutes les déclarations des joueurs après-match en mode « on voulait le gagner ce titre », le trophée des champions ça reste un match-barbecue. Mais c’est aussi ce qui m’inquiète, là, perdu sur mon lieu de vacances.

La reprise commence à se dessiner en gros plan, et je n’ai pas ressenti de changement majeur dans la mentalité du PSG. Mais bon, la saison sera longue…

P.-S.

Crédit photo : Gil

Notes

[1] Saint Christophe-Landrin est le patron des coiffures mèches dans le vent. Les fidèles peuvent admirer une relique en l’abbatiale de Geoffroy-Guichard : dans un sobre reliquaire du XXe siècle sont régulièrement exposés un tibia et la moitié du poumon droit du martyr, torturé à Paris sans avoir jamais abjuré sa foi et son amour des coiffures improbables.

[2] Oui, ma fille possède encore quelques lacunes footballistiques. Bien compréhensible, vu que… c’est une fille.

[3] Si vous le trouvez, merci d’envoyer un mail à cette adresse.

[4] C’est une traditionnelle source de motivation : rien que d’énoncer les noms des insupportables du jour, on sent monter l’envie de les enfoncer. Mais là vu le nombre, cette affaire a quand même bien grevé mon forfait…

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13 votes

2 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    Cédric
    2 août 2010 15:36

    Toujours aussi géniaux et criants de vérité, tes billets, Arno :)

  • #2

    Arno P-E
    2 août 2010 15:43

    Merci, je rougis…

    On en a discuté entre rédacteurs et pour cette saison, je vais essayer d’écrire des textes un peu plus personnels, dans lesquels tout le monde pourrait se retrouver, un peu. J’espère que ça va marcher, on verra à l’usage. Mais en tous cas ton commentaire me fait très plaisir.

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