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La traversée du désert semble derrière le portier parisien

Mickaël Landreau, un grand gardien sur le retour

Retour sur une saison mouvementée pour l’ancien numéro 2 français

samedi 27 septembre 2008, par Gauthier B.

Mickaël Landreau, un grand gardien sur le retour

Mickaël Landreau est de retour. Qu’on se le dise, le Paris Saint-Germain a désormais comme dernier rempart un grand gardien. Certains médias commencent même à évoquer timidement son retour en Équipe de France. Il est bien loin le temps où l’ancien Nantais enchaînait erreurs monumentales sur bévues invraisemblables, faisant perdre des points essentiels dans la lutte parisienne pour le maintien en L1 et surtout, mettant en danger la formidable Équipe de France dans sa route pour l’Euro.

Mercredi 24 septembre 2008, le Paris Saint-Germain vient de battre Monaco 1 à 0. Mickaël Landreau a fait son match, ni plus ni moins. Il a grandement contribué à préserver la victoire. Comme à chaque rencontre depuis le début de saison, il a effectué son lot d’arrêts décisifs et de sorties pleines d’assurance. Assurance, c’est le mot qui caractérise le gardien parisien désormais. Il n’est plus question de fébrilité, de faiblesses et d’erreurs qui coûtent cher, à lui et à son équipe.

Mais au fait, tout cela est-il bien vrai ? Le grand écart supposé entre les prestations du portier parisien de la saison dernière et celles d’aujourd’hui existe-t-il réellement ? Était-il à ce point ridicule il y a quelques mois ?

En 2007/2008, Mickaël Landreau était le dernier des nuls

Commençons par regarder de plus près le problème Landreau et son effondrement l’an passé. Reconnaissons-le d’emblée, il n’a pas fait une saison exceptionnelle. En 2006/2007, il a été un grand artisan du maintien du club de la capitale, en réalisant pléthores d’arrêts décisifs, et ce à chaque match. Sur la saison écoulée, il était globalement moins efficace et il a probablement rapporté moins de points : en 2007/2008, il a été clairement moins bon qu’en 2006/2007, tenons-le pour acquis. Les baisses de régimes font partie du métier de footballeur, et aucun professionnel ne peut réellement prétendre avoir affiché le même niveau de performance tout au long de sa carrière.

Ce niveau global légèrement en baisse n’a pas empêché Mickaël Landreau de réaliser des matches pleins, durant lesquels ses arrêts ont été précieux. Ceux qui n’ont pas la mémoire sélective se souviennent forcément qu’en coupe de La Ligue, lors des huitièmes de finale contre Montpellier, Landreau arrête un penalty en toute fin de match, alors que le PSG ne mène que d’un but. Quelques mois plus tard, le PSG a gagné cette coupe, et une fois de plus, en finale, les arrêts de Landreau ont été décisifs. Et il en est de même pour plusieurs matches à l’extérieur — à Saint-Étienne par exemple —, où le gardien parisien réalisa quelques parades de grande classe pour contribuer à chaque victoire.

Il lui a été énormément reproché un but encaissé au Parc des Princes, mais avec l’Équipe de France, contre l’Ecosse. Sans vouloir insister sur des actions qui n’ont plus d’importance désormais, il convient de rétablir une certaine vérité : il faut être honnête, et regarder le but avec attention. Après un dégagement du gardien adverse, le joueur écossais peut contrôler la balle tranquillement, se retourner et frapper. Plus que la responsabilité du gardien, c’est tout le milieu de terrain français qui était aux abonnés absents. Peut-être Landreau fait-il une faute de main — et encore, beaucoup de gardiens seraient resté cloués sur place —, mais il est loin d’être le seul responsable sur cette affaire ; il est même loin d’être le principal fautif.

Les « boulettes », une exclusivité Mickaël Landreau. Ou pas…

Il lui a également été reproché quelques bévues avec le PSG. Quelques sorties ratées, quelques balles mal repoussées ; mais une fois de plus, c’est classique dans la carrière d’un gardien, et même dans la saison d’un gardien. Pour preuve, il suffit de regarder ce qui a été fait par les autres gardiens de l’Équipe de France, qui ont pourtant été considérés comme irréprochables toute la saison.

Commençons par Grégory Coupet, l’homme qui après s’être blessé en se prenant les pieds dans un filet, a dit qu’il aurait arrêté sans aucun souci la frappe de l’Écossais. Mais Landreau aurait-il pu faire ça, selon vous ?

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Coupet contre Saint-Etienne

Continuons avec Sébastien Frey, l’homme qui s’auto-proclame l’égal de Buffon. Il a assumé cette erreur, il l’a dit : c’est la faute du projecteur.

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Frey contre l’Ukraine

Ensuite, il y a Ulrich Ramé, le gardien bordelais. Il a été dit qu’il a fait preuve d’énormément de métier et de qualités l’an dernier. Regardez d’ailleurs comme il analyse bien les situations.

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Ramé contre Lille

Enfin, il y a Steve Mandanda. L’impérial Steve Mandanda, que l’on compare déjà à Bernard Lama. En tout cas, pas pour ses prises de balle.

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Mandanda contre Lille

Il ne s’agit pas ici de dénigrer les gardiens français, mais simplement de rappeler quelques évidences pourtant passées sous silence la saison dernière :
- n’importe quel gardien connaît des hauts et des bas ;
- la spécificité du poste fait que les erreurs sont souvent impressionnantes.

La victoire du lobbying pro-Mandanda

En synthèse, Landreau a commis des erreurs, et il en commettra d’autres. Comme tous ses confrères… Alors pourquoi des performances un peu en baisse, qui ne représentent finalement que les aléas du métier de joueur de football professionnel, ont-elles conduit à des jugements sans appel sur le niveau global du joueur parisien ?

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Landreau, le malaise

Il y a plusieurs raisons à cela. La première est liée à l’image du Paris SG. Sans être paranoïaque, ou crier à la théorie du complot, il est un fait avéré : un joueur unanimement considéré comme bon et pétri de qualités, s’il s’aventure au Paris Saint-Germain, se fera découvrir énormément de défauts. C’est normal : cela fait partie de la pression parisienne. Il s’agit toutefois d’un premier élément d’explication. À Monaco, Jérôme Rothen était un centreur hors-pair ; dès qu’il a mis les pieds au PSG, son jeu fut considéré comme trop stéréotypé. De même, Pedro Miguel Pauleta était le plus grand des buteurs à Bordeaux ; dès ses premiers mois parisiens, c’est son âge avancé et son individualisme qui ont été mis en cause. Il est donc normal que Landreau souffre lui aussi de ce déformateur propre à l’environnement parisien : ses défauts, qui ont toujours existé à Nantes, mais qui n’ont jamais été relayés, ont été mis en avant.

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Unes de la presse sur Mickaël Landreau

L’influence du groupe Amaury étant ce qu’elle est, toute la presse a pris l’habitude de décortiquer chacune des prestations du gardien parisien pour y chercher une éventuelle « bourde ». Ainsi Pierre Ménès, sur son blog : «  sur le premier [but de Bordeaux], la frappe de Wendel est puissante, OK. Mais elle est à mi-hauteur et pas loin du centre du but… » Chaque but encaissé par le PSG devient une nouvelle preuve du déclin de Landreau. Quand ce n’est pas tout simplement la révélation d’une imposture : et si Mickaël Landreau, 400 matches de Ligue 1 à son actif, était tout simplement surcoté ? C’est la thèse de Libération, en février 2008 : « [Landreau] est en train d’y laisser à la fois sa réputation (que beaucoup, dans le milieu, trouvent surfaite) et son statut de doublure chez les Bleus. » Ah, ce fameux milieu. D’aucuns pourraient même ajouter qu’être gardien à Nantes était une chose facile… Dans le concert de remises en question de la qualité intrinsèque du joueur auquel ont grandement participé les émissions de débat sur le football — de 100 % Foot à On refait le match, en passant par Direct Sport ou les émissions radios du même genre —, une exception doit être signalée : il s’agit une nouvelle fois des Cahiers du Football.

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« {Pourquoi le gardien de l’OM doit aller à l’Euro} »
FF du 4 avril 2008

Toutefois, la principale explication concerne l’Équipe de France. Landreau a été victime du putsch réalisé par les médias concernant deux autres gardiens : Sébastien Frey et Steve Mandanda. Le premier a toujours été considéré comme excellent, comme la plupart des joueurs français évoluant à l’étranger — peu d’images nous parviennent d’eux, et celles qui nous parviennent sont toujours flatteuses. Les médias voulaient Frey, malheureusement, sa première sélection ayant été marquée par une erreur monumentale — avérée cette fois-ci —, il a fallu se tourner vers un autre portier. Et là, il s’agissait du phénomène Mandanda. Mandanda était excellent l’an dernier, il fallait donc, de l’avis général, qu’il intègre l’Équipe de France ; et ce au détriment d’un joueur déjà en place. Landreau était alors dans une moins bonne période, ce qui a tendance à expliquer l’acharnement médiatique le concernant. Tout ceci a porté ses fruits, et après des mois de campagne anti-Landreau et pro-Mandanda, le gardien parisien a été écarté à la dernière minute de l’Euro.

2008/2009 : un retour en Équipe de France ?

Aujourd’hui, plus personne n’a d’intérêt à critiquer Landreau outre-mesure : il n’est plus en Équipe de France. Ses performances semblent donc être globalement appréciées à leur juste valeur. Et maintenant que la logique a repris le dessus, il semblerait qu’un retour de celui qui était un paria il y a quelques semaines, ne soit pas à exclure.

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Mickaël Landreau

En effet, la continuité des choix de Raymond Domenech le conduit aujourd’hui à composer son groupe avec deux jeunes gardiens, Mandanda et Lloris, certainement talentueux, mais inexpérimentés. Et à l’heure où toute la défense semble à reconstruire, il est probable que cela finisse par jouer des tours à l’Équipe de France. Dans ces moments-là, rien ne peut remplacer 13 années consécutives en L1 — plus de 400 matches — et 7 années dans le groupe France. Domenech aura vite besoin d’un gardien chevronné, qui peut faire preuve d’autorité, qui peut supporter la pression et qui peut travailler sereinement avec d’autres gardiens, leur transmettre son expérience. Coupet ayant annoncé sa retraite internationale — il n’a de toute façon jamais fait preuve d’une grande solidarité [1] —, et Frey ayant perdu toute crédibilité en s’en allant alors que personne ne voulait de lui, Landreau s’impose de lui-même. Le sélectionneur français saura-t-il mettre sa fierté de côté et faire ce qui est nécessaire ?

Cela n’est pas le problème du Paris Saint-Germain. Ces épisodes récents confortent simplement Paul Le Guen dans son choix : celui d’avoir fait confiance à un gardien dont personne ne voulait, pas même son président. Aujourd’hui, tout le monde sait que Landreau a des ressources morales incroyables — nombre de joueurs se seraient écroulés à sa place —, qu’il peut survivre à n’importe quelle forme de déstabilisation, qu’il sait être performant et régulier, et aussi qu’il est très professionnel. Car à l’heure où tous les joueurs s’expriment en mal dès que quelque chose ne va pas, Landreau a toujours su rester humble, et n’a jamais fait de reproche à qui que ce soit, malgré toutes les attaques dont il a été victime. Il est resté là, à travailler, pour montrer à tout le monde sa valeur. Et aujourd’hui, tout le monde au Paris Saint-Germain sait que le club parisien possède un grand gardien ; c’est bien l’essentiel.

Notes

[1] On se souvient de ses propos à l’encontre de Landreau, mais aussi de son départ avorté du groupe France en 2006, dû au fait qu’il n’admettait pas être le remplaçant de Barthez.

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1 commentaire a déjà été posté par nos lecteurs

  • #1

    commentateur anonyme
    27 septembre 2008 13:57

    C’est toujours réjouissant de voir Coupet se planter comme un étron, Mandanda commander une nouvelle paire de moufles pour Noël, ou bien Frey se la jouer "tiens, et si je jonglais, histoire de…". Mais quand même, je pense que ma préférée reste la boulette de Ramé.

    Je ne sais pas, elle a quelque chose de particulièrement ridicule. En fait je vois pas exactement ce qu’il comptait faire à cet endroit du terrain… Sourire

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