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Le carnet du supporter, par Arno P-E

[Billet] Le PSG a match perdu à Séville !

Tout est question de point de vue

dimanche 19 septembre 2010, par Arno P-E

[Billet] Le PSG a match perdu à Séville !

Sur le terrain au moins, le PSG a battu Séville. Et si les Espagnols font montre d’un manque de classe assez surréaliste en posant une réclamation basée sur de simples rumeurs, cela ne nous retirera pas la joie d’une bonne soirée de football. Car il faut bien l’avouer : si le ballon rond, c’est un sport agréable, quand le PSG gagne, c’est encore mieux. Il suffit d’ailleurs d’un tout petit changement de point de vue pour comprendre à quel point la notion de « match sympa » est fragile…

Séville-PSG, un quart d’heure à jouer. Un contre, Luyindula qui joue bien le coup et temporise avant de transmettre à Nenê. Le Brésilien rentre dans la surface, frappe du gauche au ras du sol… avant que le ballon, contré, n’échappe au gardien adverse, puis lobe Dabo revenu défendre sur sa ligne pour quelques centimètres à peine. On évoquera la réussite… ou un petit coup de bol. En tous cas, voilà comment un match tourne en la faveur d’une équipe, sans qu’aucun des deux gardiens n’ait eu à beaucoup s’employer jusque-là.

Après, évidemment, encore fallait-il tenir le score jusqu’à la fin. Mais avec un but d’avance face à un adversaire du calibre de Séville, on affronte ce genre de pression comme le gars qui découvre qu’il va être imposé sur la fortune : c’est le genre de stress qu’on aurait aimé connaître depuis longtemps.

Quant au coucher, une fois la victoire acquise, il se vit avec la sérénité de celui qui non seulement n’a rien glandé, parce que suivre un match sur W9, question débauche d’énergie on peut faire plus intense, mais en plus a bonne conscience. Le PSG a gagné, en Espagne, face au favori de sa poule, et ça comme petite pensée au moment de fermer ses yeux, bien au chaud sous la couette, eh bien c’est bon.

Après, il y a le retour au train-train. La découverte le lendemain matin des notes de Bérard dans le Parisien, qui agacent toujours un peu. L’article à la con du 10 Sport, sur le témoignage exclusif de l’homme qui a vu l’homme qui a vu Ambroise Beyamena se déguiser en Edel Apoula il y a 16 ans. D’ailleurs il s’en souvient bien parce que ce jour-là il avait une compèt’ de poney, et que son cheval aussi s’appelait Philibert. Ce qui est un bon nom pour un bourrin, et du coup, bah il s’en souvient. Rajoutez la réclamation qu’aurait posé Séville et là, c’est complet : le bénéfice de la victoire en Ligue Europa se sera vite évanoui. Avant même d’accueillir les Rennais.

Comment faire pour retrouver les saveurs de ce match andalou ? Juste se mettre à la place des Espagnols.

Imaginez ce que ça donnerait si le PSG avait perdu à domicile sur ce genre de but : José Carlos qui court dans l’axe, avec Chantôme et Clément à ses trousses, déjà dépassés. Le gars fait un stop, et vous, vous hurlez devant votre téléviseur de saines consignes, que tout milieu défensif devrait appliquer dans ces conditions :

Vas-y mon Chantôme, il a ralenti, c’est le moment : pête-z-y le genou ! Allez, tu vas l’avoir, sèche-le !

Enfin bref, vous restez à fond dans les consignes de respect du jeu prônées par l’UEFA. Sauf que voilà, inexplicablement nos milieux restent plantés, inutiles, ne répandant pas un seul ligament croisé sévillan sur la pelouse, et Carlos décale le ballon sur sa gauche… La misère.

D’autant plus que Perotti contrôle dans l’intervalle entre Jallet et Camara, et s’enfonce dans la surface. Catastrophe. Jallet est aux choux, sur le côté il ne peut rien faire. Camara, lui, se jette dans une tentative désespérée de contrer le ballon alors que l’ailier espagnol arme sa frappe. Vous, vous êtes debout, et vous entamez le rongeage des poignets étant donné qu’en moins de quatre secondes tous vos ongles, et même vos doigts, y sont passés.

Tel le Charles Villeneuve des grands soirs, vous encouragez le défenseur parisien avec fougue et à propos :

Allez Souleymane, tu peux la contrer, tu peux ! YEEESSS !

Votre rugissement de joie s’explique aisément, la balle ayant été détournée par un Papus tout content de lui. Mais il ne durera guère : d’une frappe anodine, la balle, contrée, prend une trajectoire particulièrement moisie, qui échappe à Edel. Parce que le gardien du PSG était sorti, et plutôt bien sorti d’ailleurs : vif, il bouchait l’angle, impossible qu’il ne capte pas le ballon… si seulement Camara ne l’avait pas touché. Mais ce revers du destin n’entame pas votre flegme, et pendant que la balle décrit une lente parabole vers vos propres filets, c’est avec retenue que vous analysez la situation.

Raaah, mais Camara, sa mère ! Qu’est-ce que tu foutais là, à contrer ce ballon !?! Tu pouvais pas le laisser au gardien non ? Et puis parlez-vous bande de boulets. Oh pétard, elle va être cadrée, on va se prendre le but le plus… Non, attends ? Allez Tiéné ! Choppe là !

Car jailli du coin de l’écran dans une course folle, tel Valbuena un jour de grand vent, Siaka Livestrong Tiéné [1] se rue vers le but ! Le souffle coupé, vous assistez à l’impossible : certes la balle est haute, mais Tiéné peut la détourner. Il doit la détourner. Il va la détourner ! Dans ses propres buts…

Et là, c’est le champ de ruines. Camara, épaules basses, n’ose pas quitter des yeux ses chaussures, des fois qu’elles au moins ne lui jettent pas de regard noir. Edel, ravi d’être venu, se demande si cette balle pourrie, Coupet ne l’aurait pas arrêtée, lui. Quant à Tiéné, eh bien il va lui falloir encore quelques minutes pour se dégager des filets dans lesquels ils a coincé sa chaussure, alors si vous pouviez lui filer un coup de main…

La fin du match vire au cauchemar : le milieu adverse de 37 ans ratisse tout ce qu’il peut, les attaquants parisiens pourraient doubler l’intégralité des dialogues de Bernardo dans les 117 épisodes de Zorro tellement ils sont muets, et vraiment cette soirée est l’une des plus pourries que vous ayez passées depuis… euh, bah depuis Sochaux-PSG en fait. Ça remonte pas à si loin que ça finalement. Alors tout est foutu, c’est la crise, fallait recruter Bibisevic, Kombouaré démission.

Ouf !

Avouez qu’après avoir vécu ça en première journée de poules, les Sévillans n’ont pas dû trouver leur entrée en matière très agréable. À titre personnel, à leur place j’aurais un peu de mal à trouver le sourire le lendemain de la rencontre. Sauf que c’est même pas fini : continuons notre expérience « vis ma vie de supporter de Séville ». Le lendemain, on apprend que Leproux a porté plainte contre le club andalou, parce que le gardien adverse aurait peut-être changé de prénom et d’âge. Alors OK, qu’il ait 24 ou 29 ans ça change rien. Qu’il s’appelle pas Andrès Palop mais Ambroisio El Beniameno, ça n’a pas dû beaucoup jouer dans la défaite non plus. Oui mais voilà, les dirigeants ont déposé leur réclamation quand même… Ils avaient lu dans un tabloïd qu’un gars possèderait la photo prise de dos d’un type qui ressemblait au goal adverse. Sur une plage. Il y a quinze ans.

Enfin le truc en béton quoi…

Maintenant, il faut prendre quelques secondes pour imaginer les réactions dans la presse. Si c’était Paris qui avait vécu cette semaine-là. Et savourer l’instant présent.

Franchement, il y a des jours où je suis plutôt content d’être supporter parisien. Je dis pas que c’est tout le temps, mais là, vraiment, oui.

P.-S.

Crédit illustration : notrecinema.com

Notes

[1] Eh oui, depuis ce match, Siaka est un peu notre Lance à nous. Mais il n’aime pas trop qu’on lui casse la couille avec ça.

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24 votes

6 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    Nx
    19 septembre 2010 20:00

    Juste enorme et terriblement vrai… !

  • #2

    L eau chaude
    20 septembre 2010 00:23

    Toujours aussi drole et percutant !Merci pour tes articles !

  • #3

    Arno P-E
    20 septembre 2010 09:56

    Merci, content que ça vous ait plu Clin d'oeil. D’autant qu’au début je doutais un peu sur le choix du sujet…

  • #4

    stanc
    20 septembre 2010 11:04

    Sur le fond de "l’affaire", je ne pense pas que le PSG risque quoi que ce soit, qu’il s’appelle Edel ou pas. À priori, on a du prendre toutes les précautions nécessaires dès le début. Si on a des papiers officiels que toutes les autorités compétentes reconnaissent, on peut pas faire plus. On a rien à se reprocher.

  • #5

    JO
    20 septembre 2010 17:44

    Merci ARNO, toujours décalé, mais tellement vrai

  • #6

    Cédric
    21 septembre 2010 20:33

    Toujours mort de rire à la lecture de tes billets Arno :)

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