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Le PSG et ses supporters, les médias et les journalistes

[Exclu] Interview : Laurent Fontaine et le PSG

L’ancien animateur de Y’a que la vérité qui compte nous répond

mercredi 30 décembre 2009, par Arno P-E

[Exclu] Interview : Laurent Fontaine et le PSG

Né à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) il y a 47 ans, Laurent Fontaine est surtout connu pour son rôle de producteur et animateur de l’émission controversée Y’a que la vérité qui compte — diffusée sur TF1 entre 2001 et 2006 —, aux côtés de Pascal Bataille. Mais Fontaine cumule également plusieurs caractéristiques : journaliste de formation, professionnel des médias, supporter du PSG et auteur d’un reportage sur les supporters parisiens diffusé sur Jimmy l’an dernier. Autant de bonnes raisons de l’interroger sur la relation qu’il entretient avec le Paris SG.

Il y a quelques mois, la chaîne Jimmy proposait un reportage sur les supporters parisiens produit par Loribel, la boîte de production de Bataille et Fontaine. Le sujet, diffusé dans l’émission C’est off !, alternait images des tribunes et interviews de plusieurs responsables des Supras Auteuil — avant, pendant et après le match PSG-Grenoble. Nous avons interrogé son présentateur, Laurent Fontaine, sur les raisons qui l’ont amené à réaliser ce documentaire et, plus généralement, sur ses relations avec le Paris SG.

Cliquez ici pour voir le reportage

Le reportage sur les Supras Auteuil

Pourquoi avoir choisi le PSG pour ton sujet dans C’est off ?
Pour plein de raisons… D’abord parce que j’aime le PSG et que je déteste les amalgames permanents qui sont faits sur ce club : les Parisiens ne sont pas sympathiques, les joueurs « se la pètent » et les supporters sont des fachos racistes, bas du plafond et ultra-violents ! Lorsqu’on va au Parc régulièrement, on sait bien que cette dernière affirmation est ridicule. Il ne faut pas se voiler la face, il y a eu des incidents au Parc — comme il y en a eu à Marseille il y a quelques semaines… —, mais les Parisiens sont des supporters comme les autres, qui aiment leur équipe, et qui viennent pour beaucoup en famille, ou entre potes, au Parc passer un bon moment. Tout simplement !

« C’est normal que les supporters parisiens soient méfiants envers la télé. Moi, je n’ai jamais cherché à leur faire à l’envers. »

Comment réussit-on à convaincre des supporters du Parc des Princes comme Christophe Uldry (ex-président des Supras Auteuil), pourtant réputés méfiants, de t’accueillir en tribune, caméra au poing ?
Christophe et les ultras se sont faits avoir plus d’une fois par la télé. C’est normal qu’ils soient méfiants ! « Faites nous confiance… On va parler de vous différemment… », pour au final faire l’amalgame entre des images de violence récupérées ici et là, et quelques interviews de supporters que l’on monte de façon à donner d’eux une image de pauvres types cons et dangereux. Tu sais bien qu’on peut faire dire ce que l’on veut avec un montage malin…

Christophe ? Je ne sais pas… Je lui ai parlé… et il m’a tout simplement cru. Demande lui pourquoi il m’a fait confiance… à moi ! Mais voilà, la différence, c’est que je n’ai jamais cherché à lui faire à l’envers et que j’ai, au final, mérité cette confiance en faisant évidemment exactement ce que j’avais envie de faire…

Quel était ton objectif ?
Justement, de montrer vraiment ce qu’il y avait dans la tête de ces types — et de ces nanas d’ailleurs… — qui consacrent une partie de leur vie à une passion, une équipe de foot en l’occurrence : leurs week-ends, leurs soirées, leur fric, leur temps… J’ai vu de l’amitié, de la solidarité, des larmes, des déprimes partagées après certains matches. Une association de supporters, c’est plein de valeurs. Et même si les bobos ne les comprennent pas… elles sont là, elles sont vraies.

J’ai découvert des gamins de 20 ou 25 ans pour qui supporter le PSG, faire partie d’un clan, d’une culture — ils disent eux-mêmes une « sous-culture » tellement on leur a mis dans la tête que dans la « hiérarchie culturelle », le foot était en dessous… —, vivre la vie en commun était tout simplement un moyen comme un autre de se construire et de se trouver une identité.

Laurent Fontaine, le PSG et les médias

As-tu connu un jour le terrible déclic du fan : « Ce coup-ci, il faut regarder la dure réalité en face… Je crois bien que je suis supporter du Paris Saint-Germain » ?
(rires) Pas de déclic… une évidence ! Mais tu sais quoi, je serai définitivement ultra quand mon pote Luis reviendra aux commandes et qu’il y aura du spectacle sur le banc autant que sur la pelouse ou dans les tribunes…

« Au PSG, tout est exagéré, amplifié… Mais faut-il s’en plaindre ? »

En tant que professionnel des médias, que penses-tu du traitement réservé au PSG dans la presse ?
Il est unique ! Il y a des blagues sur le PSG — pas sur Lille ou Bordeaux… —, la moindre crise fait la une des journaux, tout est exagéré, amplifié… Mais faut-il s’en plaindre ? Le PSG, c’est le club de la capitale de la France ! On le déteste, on l’adore, mais il fait fantasmer. C’est ce qui fait que jouer au PSG, entraîner, diriger, supporter est une expérience qui est, elle aussi, comme ce traitement médiatique, unique ! Je vais te dire un truc, moi qui n’ai jamais été épargné par les médias, je comprends encore mieux. Dans ce cas, il faut se marrer, faire le dos rond et se blinder. Crois moi, faire taire les cons et demander à certains commentateurs un peu plus de subtilité dans leur vision des choses, c’est un trop vaste programme !

Être un personnage célèbre du Paf, cela aide-t-il à vivre sa passion de supporter ?
Je ne vais pas te la jouer « non, ça ne change rien… », bien sûr que ça change les choses. On voit les joueurs, on est assis à côté de leurs familles, de leurs femmes et de leurs gosses en tribune, on serre la main des dirigeants, on descend au vestiaire, et on a toujours des places en appelant le service de presse. Évidemment. C’est comme ça… c’est le super bon côté du métier que j’ai choisi.

Et dans l’autre sens : se déclarer supporter du PSG, comment cela est-il perçu, quand on travaille à la télévision française ?
C’est encore une belle tranche d’hypocrisie ! En vrai, les mecs des médias ne parlent pas si mal du PSG, de ses joueurs et de ses supporters. Ça, c’est la soupe qu’ils servent au public pour vendre une histoire simple à raconter : « Le Parc, ça craint parce que c’est rempli de fachos ! Regardez les images incroyables que nous allons vous montrer ! » C’est sûr que c’est plus vendeur, notamment auprès des publics de footeux de province qui détestent déjà a priori le club de la capitale, que de faire le portrait d’un père de famille, prof de maths, qui emmène tous les week-ends ses gosses au Parc… et qui est membre des ultras !

À l’image du PSG, certaines des émissions que tu as produites ou animées ont connu un immense succès populaire, mais essuyé de nombreuses critiques. Comment expliques-tu cette similitude ? Serais-tu attiré par ce qui ne fait pas l’unanimité ?
Je vais te dire un secret : je suis attiré par ce que j’aime ! Et je déteste les gens qui ont des « postures ». Que ça fasse bien ou pas d’aimer tel ou tel truc, de dire qu’on regarde ceci ou cela à la télé… je m’en fous ! Je préfère me marrer en lisant Voici que m’emmerder en lisant Télérama… Et alors ? Et je suis prêt à comparer ma culture en littérature ou en art contemporain avec tous ces gens qui passent leur temps à t’expliquer ce qui est « bien » ou « mal ». Et je ne suis pas certain de perdre (rires) !

À propos de Jérôme Rothen

À propos de ne pas faire l’unanimité, dans un article, PSGMAG.NET se déclarait « pour le retour de Jérôme Rothen au PSG ». C’est ton voisin et ton pote, penses-tu que Jérôme ait désormais fait une croix sur son histoire parisienne ?
Jérôme, il a une vraie histoire d’amour avec le PSG ! C’est le club qui le faisait déjà rêver quand il était gamin à Meudon. Je ne suis pas certain qu’ils soient nombreux dans ce cas à être alignés en ce moment sur la pelouse du Parc. Mais voilà, il paraît que « les histoires d’amour finissent mal en général » !

Rothen, c’est une grande gueule, c’est un mec qui n’écoute pas assez les conseillers, les stratèges, les « communicants » comme on dit aujourd’hui ! Mais c’est un mec bien et je me dis que son pied gauche, son rôle de milieu offensif, manquent certains soirs au Parc…

Jérôme a tenu des propos très durs à l’égard d’Alain Roche, le responsable de la cellule recrutement du PSG. Que dirais-tu à Alain Roche pour le convaincre de faire revenir Rothen à Paris dès cet hiver ?
Je ne dirais rien à Alain Roche qui connaît son métier mieux que moi… sinon ce que je viens de te dire. Mais, visiblement, cela ne suffit pas. Dommage qu’un joueur de talent ne serve plus son équipe et soit handicapé par quelques propos sans gravité au final… Quelques mots dans L’Équipe resteront moins qu’une place sur le podium à la fin de la saison, non ?

Pascal Bataille possède des attaches dans la région bordelaise. Pas trop difficile les soirs de matches PSG – Bordeaux ?
Comment te dire qu’en ce moment, j’évite de parler de foot avec lui… (rires)

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