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Zoom rétro n°19 : la carrière de Ljuboja

Danijel Ljuboja, gâchis du PSG ?

Retour sur le parcours de l’ancien Parisien

mercredi 23 décembre 2009, par Gauthier B.

Danijel Ljuboja, gâchis du PSG ?

La venue de Grenoble au Parc des Princes pour la 19e journée de championnat sera marquée par le retour de Danijel Ljuboja sur la pelouse parisienne. « Dans son jardin » prétend même le site Internet de L’Équipe. Ljuboja est passé au PSG de janvier 2004 à mai 2005, et lui affirme d’interviews en interviews qu’il était aimé de tous, qu’il adore ce club et les supporters — de quoi signer à l’OM dans les prochains mois… —, qu’il est très fort et que c’est uniquement de la faute des dirigeants et des coachs qu’il a dû partir. Bref, le discours classique du joueur d’abord exilé, puis qui revient par la petite porte dans un club anecdotique du championnat de France.

Le seul parcours parisien de Danijel Ljuboja, isolé du reste, pourrait laisser croire à un manque de chance du joueur serbe, et à quelques incompatibilités d’humeur. Mais lorsque l’on regarde son parcours entier, il y a de quoi douter de l’attitude globale du joueur à la crête.

Une ascension régulière

Formé à l’Étoile Rouge de Belgrade puis à Sochaux, c’est dans le club doubiste qu’il débute en professionnel en 1998. En première division, à tout juste 19 ans, il grapille beaucoup de temps de jeu, mais son équipe finit par être reléguée. La saison suivante, en D2, il s’impose à la pointe de l’attaque et marque 16 buts pour au final une quatrième place au classement. Sochaux ne remonte donc pas à l’étage supérieur, et Ljuboja ne pourra pas être retenu. Jeune joueur talentueux, il est annoncé un peu partout, notamment à l’OM, mais s’engage finalement pour Strasbourg.

Sa première saison en Alsace ne se passe pas particulièrement bien. Même s’il marque pour son premier match, au Parc des Princes face au PSG, il est catalogué très vite comme un joueur trop dribbleur, très individualiste, et qui a encore beaucoup à apprendre pour s’imposer au plus haut-niveau. Il passera donc l’essentiel de cette saison sur le banc, dans l’ombre de Peguy Luyindula. Le départ de ce dernier pour l’OL la saison suivante, ainsi qu’une relégation du club en L2, lui offrent une seconde chance pour briller chez les Strasbourgeois. Ce qu’il fait en marquant 15 buts, et en permettant cette fois à son club de monter à l’étage supérieur.

La saison suivante, le Serbe commence enfin comme titulaire en Ligue 1. Et il réussit à garder sa place et à présenter des statistiques tout à fait honorables : 9 buts en une saison. Mais c’est à l’entame de la saison 2003/2004 que le talent de Ljuboja éclate aux yeux de tous. Sous les ordres d’Antoine Kombouaré, et avec comme compère d’attaque Mamadou Niang, il réussit à marquer 7 buts en une saison — dont encore un au Parc des Princes — et à faire de Strasbourg une des équipes les plus offensives du championnat de France.

Ce qui ne manque pas d’attirer les divers recruteurs, et Strasbourg, en manque de liquidités, est contraint de brader son joueur au PSG pour 3 M€ — en prêt avec option d’achat automatique à la fin de saison. L’ascension de Ljuboja est jusque-là sans accroc, il lui reste donc à accomplir le plus dur : briller dans un grand club du championnat.

Des débuts réussis…

En janvier 2004, son arrivée est facilitée par la qualité de l’équipe parisienne. Les joueurs de Vahid Halilhodzic collent le train des leaders monégasques et lyonnais, et l’équipe est une véritable machine de guerre. Il lui manquait juste une touche de technique individuelle, et c’est ce que le Serbe est supposé apporter.

Au départ, il s’acquitte de sa tâche avec succès. Pour sa première rencontre au sous le maillot Rouge et Bleu, le putois rentre à une demi-heure de la fin d’une rencontre face à Metz. Le score est et restera de 0-0, mais sur ses premiers ballons, Ljuboja réussit à se créer des occasions par son jeu dans les petits périmètres. Sa protection de balle fait des ravages, et Ljuboja s’impose très vite comme le complément idéal de Pauleta. Il se montre étonnamment collectif — alors qu’il s’agissait de la plus grosse crainte à son égard — et marque très vite contre Montpellier, un doublé. Il enchaîne les buts au mois de février et se voit même élu meilleur joueur de L1 ce mois-là. Début mars, après une réalisation au Mans, il a déjà mis le ballon au fond des filets à cinq reprises.

Tout va bien, mais la fin de saison marque une nette baisse de régime. Il ne marque plus, se crée de moins en moins d’occasions et semble moins se fondre dans le collectif, pendant que Fiorèse et Pauleta s’entendent à merveille. Ces derniers mois du printemps 2004 sont même marqués par sa ridicule dispute avec Reinaldo pour tirer un penalty face aux Girondins de Bordeaux.

Mais malgré cette fin de saison mitigée, l’arrivée de Ljuboja demeure une satisfaction. Son jeu a fait du bien aux Parisiens, et il débute l’exercice suivant sous le maillot parisien, dans la peau d’un titulaire.

… une suite plus discutable

Malheureusement pour lui, pour le premier match de la saison, il se blesse au dos dès la première demi-heure de jeu et se retrouve à l’écart pour plus d’un mois. Des rumeurs font alors à l’époque état de mésententes entre Danijel et son coach Halilhodzic, et l’on parle de sa blessure comme d’une fausse excuse pour écarter le joueur.

Toujours est-il qu’à la fin du mois de septembre, Ljuboja revient dans l’équipe, d’abord en tant que remplaçant puis pour quelques titularisations. Mais Vahid finit par lui préférer Reinaldo ou Pancrate en soutien de Pauleta. Ceci pourra peut-être faire sourire les fans du joueur serbe, mais à l’époque, rien depuis mars 2004 ne plaidait en la faveur de titularisations régulières du joueur. Il fallait gagner sa place et le côté besogneux de Reinaldo ainsi que les bons débuts de Pancrate desservaient clairement Ljuboja.

L’équipe du PSG marche très mal à ce moment-là et, comme toujours, selon la presse et certains supporters, ce sont ceux qui ne jouent pas qui ont raison. Ne pas systématiquement titulariser Ljuboja paraît être une hérésie, ce joueur doit être l’unique solution à tous les maux du PSG. Ljuboja est alors flatté par toutes les éloges ; toutes les interviews qu’il donne à ce moment-là et qu’il a données depuis tendent à prouver qu’il était persuadé de mériter sa place, peu importe son niveau de jeu, et peu importe son implication à l’entraînement. Il y a deux jours, il disait encore au site de L’Équipe : « On aurait dû garder les joueurs cadres comme Sorin, Dehu, Heinze et me faire jouer. Un gros gâchis. »

Par ailleurs, il y a de fortes présomptions sur le fait que le putois se soit mué en taupe : c’est à la période où la presse est dithyrambique sur ce joueur qui ne joue pas que tous les journaux retranscrivent l’intégralité des causeries de Vahid, des réunions entre joueurs et de toutes les choses qui devraient rester internes.

Mais finalement, la situation de Vahid est devenue invivable, et il est débarqué en janvier. Le tortionnaire de Ljuboja est donc parti, le talent du Serbe va donc pour à nouveau s’exprimer… Sauf que le nouvel entraîneur, Laurent Fournier, ne s’appuie pas immédiatement sur lui. Il ne commence à le titulariser qu’à la mi-mars, et le fait jouer huit matches d’affilée. Cette fois, il joue, et n’a pas d’excuse, il marque deux buts — contre Bordeaux et à Lyon — et réalise une passe décisive face à Nice. Au niveau du jeu, il ne donne pas vraiment l’impression que le PSG soit passé à côté de quelque chose durant son séjour sur le banc.

Pourtant, semblant vivre dans un monde parallèle, Ljuboja martèle dans toutes les interviews que le public l’adore, et affirme que ces matches montrent qu’il peut être efficace, avec en preuves flagrantes ses buts et ses passes décisives — il a bel et bien mis le pluriel alors qu’il n’en avait fait qu’une. Bref, Ljuboja a l’impression d’être indispensable, à tel point que Blayau, le nouveau président du PSG, veut le vendre, et que ni Moutier, le directeur sportif, ni Alain Roche, à la cellule recrutement, ni Laurent Fournier ne s’opposeront à cette volonté.

Le calvaire allemand

Ljuboja part donc s’exprimer en Allemagne, au VfB Stuttgart, où il est prêté pendant un an avec option d’achat. Là, il travaille avec Giovanni Trapattoni, avec lequel il s’entend plutôt bien et forme duo assez efficace avec Jon-Dahl Tomasson. Il marque 8 buts en une saison. Ce qui lui fait dire en interview :

Toutes compétitions confondues, j’ai marqué une quinzaine de buts. Donc j’étais le meilleur joueur de Stuttgart, l’un des meilleurs de la Bundesliga.

On ne sait pas comment Ljuboja arrive au total d’une quinzaine de buts, même toutes compétitions confondues, mais ce qui impressionne le plus est son raisonnement fumeux qui le fait s’auto-proclamer l’un des meilleurs de Bundesliga. Si l’interviewer l’avait laissé parler un peu plus, peut-être aurait-il fini par nous avouer qu’il était passé à deux doigts du Ballon d’Or ?

Mais c’est à la fin de cette si brillante saison que Ljuboja décide de ruiner sa carrière. Stuttgart est content de lui et lève l’option d’achat. Ljuboja paraphe donc un contrat. Mais quelques semaines après, pensant être le meilleur joueur du monde, il sonne à la porte du directeur sportif et demande à ce qu’on lui double son salaire, rien que ça. Le coup de force ne passe pas du tout, et Ljuboja est sommé de s’entraîner avec la réserve et de se trouver un club.

Il échoue en prêt à Hambourg, où il joue un peu et marque quelques buts. Mais il a en face de lui un entraîneur qui ne rigole pas avec la discipline, et le fait que Ljuboja multiplie les retards aux soins et à l’entraînement font qu’il finit par être écarté du groupe pour raisons disciplinaires. Dans la même saison, Ljuboja réalise donc la performance d’être condamné à la réserve pour raisons disciplinaires dans deux clubs différents.

La saison suivante, Stuttgart récupère son joueur, mais ne l’intègre toujours pas à son groupe professionnel. Ljuboja passe donc six mois sans jouer. Au mercato hivernal, Felix Magath s’intéresse à lui. Il lui fait passer un essai de 10 jours à Wolfsburg, et le prend en prêt pour six mois. La renaissance de Ljuboja ? Pas vraiment, puisque sur la durée il ne convainc pas. Après huit matches et un seul but — mais Ljuboja serait capable de dire que son bilan était irrésistible —, il n’est pas conservé et retourne à la case Stuttgart.

Là-bas, il exaspère tout le monde à force de refuser systématiquement les offres qui se proposent à lui. Alors que tout était réglé avec le club de Sienne en Série A, il fait volte-face, réclame un plus gros contrat, et se retrouve à nouveau dans la réserve du club allemand. Il passe donc une saison quasi-blanche à Stuttgart — il fera tout de même trois apparitions avec l’équipe première.

À l’intersaison 2009, les propositions pour un joueur de 30 ans qui n’a presque pas joué en deux saisons ne sont pas légion. On parle de la Macédoine, mais finalement,après avoir longtemps espéré mieux, Ljuboja finit par marquer son retour en France en signant à Grenoble, club de son ancien coach à Sochaux, Bazdarevic. Et c’est donc sous ce maillot, après un début de saison franchement bon dans une équipe très faible, qu’il va donc refouler la terre de ses exploits passés.

Une carrière gâchée… tout seul

Quand on regarde tout son parcours, et pas seulement son passage à Paris, en plus de constater que le joueur a une fâcheuse tendance à se surestimer et à croire que tout lui est dû, on se dit que le PSG n’a pas grand chose à se reprocher dans l’échec de cet attaquant. Danijel Ljuboja fait partie de ces joueurs qui, bien aidés par un public fan des joueurs-otaries — joueurs qui préfèrent faire des numéros de cirque pour flatter les fans plutôt que de penser au collectif —, se plaignent de tout le monde, considèrent qu’ils n’ont pas eu de chance et qu’ils sont méconnus. Comme Anelka, qui en son temps avait vilipendé tous les entraîneurs qui avaient croisé sa route, Ljuboja se plaint tantôt de Vahid, de Blayau, du directeur sportif de Stuttgart ou de son entraîneur, de l’entraîneur d’Hambourg, du sort qui a fait que les coachs qui l’apprécient n’ont jamais évolué dans des grands clubs, mais à aucun moment, il ne se remet en cause lui-même.

Au final, Ljuboja a joué au PSG, il a connu des périodes où il a été titularisé à plusieurs reprises — contrairement à ses dires. Et il n’a pas satisfait, tout simplement. Que Ljuboja arrête de se chercher des excuses : à 31 ans, on peut dire qu’il n’a pas tout fait pour être un grand joueur.

P.-S.

Crédit photo : site officiel du GF38

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3 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    Pantin
    23 décembre 2009 14:30

    Globalement d’accord avec cet article. Je pense qu’il avait tout pour devenir un très bon joueur mais qu’il est passé à côté d’une partie de sa carrière comme tant d’autres. Car la technique ne suffit pas, il faut aussi un cerveau pour faire la passe au bon moment ou pour ne pas se prendre les pieds dans le tapis sottement. Peut-être était-il mal entouré ? Et peut-être qu’en vieillissant, il va comprendre qu’il n’a plus beaucoup de temps à perdre et se bonifier ? Début de réponse ce soir au parc ?

  • #2

    Didier F
    28 décembre 2009 23:29

    Très intéressant, comme d’ailleurs bien des choses dans votre site.

    Un détail : en intro, vous écrivez "janvier 2004" pour son arrivée au PSG, au lieu de janvier 2003.

  • #3

    Vivien Brunel
    28 décembre 2009 23:43

    Merci Didier, c’est corrigé. :)

    D’ailleurs, c’est pas en intro qu’on s’est trompés, mais dans l’article : Ljuboja est bien arrivé en janvier 2004, et c’est bien « à l’entame de la saison 2003/2004 que le talent de Ljuboja éclate aux yeux de tous », et non 2002/2003 c’était écrit.

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