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Portrait de l’ancien canonnier parisien

Laurent Robert, l’intenable gaucher du PSG

Retour sur la carrière de Laurent Robert, au PSG et ailleurs

vendredi 14 mai 2010, par Gauthier B.

Laurent Robert, l'intenable gaucher du PSG

Aujourd’hui, le PSG n’a plus de milieu gauche dans son effectif. Il y a dix ans, ce poste-là était la force de la formation parisienne : le Réunionnais Laurent Robert occupait la place avec brio. De centres précis en frappes de balle improbables, ses deux années et quelque passées par le club parisien auront été particulièrement marquantes. Et ce malgré un caractère de cochon, qui lui aura fait bien des misères…

Élément moteur d’un PSG leader du championnat, devenu international à Paris puis passeur décisif à Newcastle, Laurent Robert a ensuite connu plusieurs problèmes relationnels qui l’ont conduit à une fin de carrière en eau de boudin. Retour sur les quinze saisons professionnelles du Réunionnais.

De la Paillade à l’équipe de France

Natif de La Réunion, Laurent Robert fait ses gammes de footballeur sous le soleil montpelliérain, en intégrant le centre de formation du club de Louis Nicollin — son jeune frère Bertrand suivra le même parcours. C’est en 1994/1995 que Laurent, alors âgé de 19 ans, fait ses débuts en première division. La saison suivante, il participe à une vingtaine de matches, la plupart en rentrant en cours de rencontre, et parvient à marquer tout de même cinq buts. Et déjà le Parc des Princes est témoin de ses exploits : lors d’un PSG-Montpellier de sinistre mémoire [1], il donne la victoire à son équipe par trois buts à deux.

Robert gagne encore plus de temps de jeu la saison suivante, mais c’est à partir de fin 1997 qu’il devient un maillon essentiel de son équipe. Sa frappe de balle commence à faire parler de lui, et il termine la saison 1998/1999 avec 11 buts au compteur, dont un triplé effectué à Toulouse. Cette saison pleine dans un club modeste attire forcément le regard ; le PSG, qui a alors besoin de se reconstruire, le prend pour renforcer son secteur offensif.

Il arrive donc au club à l’été 1999, en même temps qu’Ali Benarbia. Les deux hommes parviennent à redynamiser une équipe moribonde, dans laquelle l’ambiance n’était pas au mieux. La préparation estivale, supervisée par Philippe Bergeroo, s’effectue dans un très bon esprit, et les premiers résultats du mois d’août s’en ressentent : avec 10 points pris sur 12 possibles, Paris est en tête du championnat à la quatrième journée.

Le Réunionnais y est pour beaucoup : il a en effet marqué le premier but de la saison face à Troyes — sur un coup franc détourné —, puis un doublé à Rennes la rencontre suivante. Son duo d’animateurs offensifs avec Benarbia fonctionne à merveille : le Franco-Algérien apporte son sens de la passe depuis le côté droit, Robert sa percussion incessante depuis le gauche. Et les deux joueurs n’hésitent pas à permuter durant les rencontres pour semer la zizanie dans les défenses adverses.

Le sélectionneur français Roger Lemerre, qui cherche quelques nouvelles têtes, n’est pas insensible à ces performances. Il convoque Laurent Robert en équipe de France dès le mois d’août, et le néo-Parisien joue ses premières minutes en Bleu face à l’Irlande du Nord : il y remplace Johan Micoud. Il disputera un mois plus tard un match officiel face à l’Arménie.

Les cartons, un frein à sa progression

Malheureusement, ce bon début ne connaît pas de suite immédiate. Le cinquième match de la saison à Lyon laisse des séquelles : Laurent Robert est expulsé d’une rencontre perdue par le PSG pour un tacle très dangereux, et se voit suspendu pour trois rencontres. Quand il revient dans l’équipe, il se montre moins décisif, et passe au travers de la plupart des grosses affiches, à l’instar de tous ses coéquipiers. Mais le pire est qu’il se fait expulser deux fois de plus, lors d’une défaite au Havre puis d’une déconvenue à Monaco — il sera d’ailleurs questions d’insultes adressées par Damien Ledentu, arbitre du match, à son encontre [2]. Toujours est-il que ces expulsions à répétition font manquer au total six matches à Laurent Robert.

Il rate du même coup le coche de la sélection — pourtant en manque cruel de gaucher offensif — et laisse Sylvain Wiltord le supplanter comme joueur de couloir des Bleus. Robert traverse la saison en livrant des performances inégales, étant plus souvent passeur pour Christian que buteur, mais se ressaisit bien en fin d’exercice, alors que le PSG est en course pour une place en Ligue des Champions. Le numéro 11 parisien se montre alors décisif en marquant un but lors de chacune des cinq dernières rencontres de la saison, dont un coup franc d’une puissance invraisemblable face à son ancien club, Montpellier.

Parallèlement, il participe activement au parcours du PSG en coupe de la Ligue, inscrivant trois buts dans la compétition. Mais la finale face aux modestes Gueugnonnais (D2) est un fiasco : une histoire de négociations de primes ayant mal tournées serait la cause d’un match balancé par certains joueurs. S’il ne s’agit là que de rumeurs, il s’avère que, comme bon nombre de ses coéquipiers, Robert passe au travers de la finale. Il est même remplacé avant la fin par Murati.

Malgré tout, la saison est plutôt prometteuse pour le gaucher, déjà adulé par le Parc des Princes. La saison suivante est l’occasion d’un recrutement spectaculaire, orchestré par Laurent Perpère et Pierre Lescure. L’équipe ayant terminé deuxième du championnat est complètement bouleversée : les titulaires deviennent des remplaçants au profit d’une génération banlieue dont l’impact sera finalement très nocif. Laurent Robert est un des rares rescapés de cet été 2000 ; il garde l’animation de son couloir gauche.

Été 2001, Laurent Robert inarrêtable

Dès le début de saison, le gaucher se montre irrésistible. L’équipe tourne d’abord à plein régime, et il enfile les buts comme des perles : de la 1re à la 12e journée, Laurent Robert marque un but par rencontre à domicile, tout en réalisant deux doublés à l’extérieur. À ce moment-là, il culmine à 10 buts inscrits en 12 journées. Et il a grandement élargi sa palette, en réussissant également de jolis buts du droit ou de la tête — face à Marseille. Ce qui amène le PSG à la première place du classement en octobre 2000.

En Ligue des Champions, Robert brille également à domicile. Il marque face à Helsingborgs et se montre intenable face au Bayern, même s’il reste pour une fois muet au Parc. Mais c’est surtout face à Rosenborg qu’il réalise un véritable récital : impliqué sur cinq des sept buts de son équipe, le Réunionnais passe la rencontre à dribbler les joueurs adverses comme de vulgaires piquets.

Robert semble devenir un cador, et retrouve alors logiquement l’équipe de France — au moment où celle-ci est irrésistible. Il y marque même un but, en Turquie, sur une passe de Johan Micoud. Mais le jeune milieu connaît alors un compréhensible coup de mou, et l’on se rend compte qu’il tenait le Paris SG à bout de bras. Aucun des autres joueurs offensifs n’est capable de prendre la relève quand Robert ne brille pas ; la défense, déjà montrée du doigt, ne peut compter que sur les exploits de Letizi.

Lorsqu’aucun de ces deux joueurs ne sauvent la maison, le PSG prend l’eau. Paris sombre donc petit à petit, jusqu’au match à Sedan, où une défaite 5-1 — avec un nouveau match balancé par certains joueurs, mais a priori pas Robert, seul buteur ce soir-là — pousse Bergeroo vers la porte.

Mauvaise entente avec Fernandez

C’est donc le retour de Luis Fernandez. Comme lors de l’hiver précédent, Robert se montre plus discret. Et l’entente avec le nouveau coach n’est pas idyllique. Robert n’apprécie pas le ton trop paternaliste du coach parisien, et Luis Fernandez, toujours adepte du turn-over massif, se prive de son gaucher à plusieurs reprises. Robert marque toutefois un but important face au Milan AC, mais ne participe en revanche pas à la rencontre décisive à La Corogne.

L’incompatibilité d’humeur entre les deux hommes éclate publiquement après une défaite à Marseille. Dans les arrêts de jeu, Robert, rentré en cours de rencontre, veut tirer un coup franc bien placé à l’entrée de la surface. Mais Fernandez se manifeste, et ordonne à son joueur de laisser le jeune Mikel Arteta le frapper. Le coup franc terminera dans les bras du portier adverse, ce qui fera rager Laurent Robert. En interview, il s’en prend à son entraîneur, et à sa façon de lui parler : en substance, il ne tolère pas que celui-ci l’appelle « petit » quand il lui parle, terme qu’il juge trop condescendant.

Toutefois, les deux protagonistes de l’affaire ont l’intelligence de ne pas en rajouter, et parviennent à mettre de côté leurs différends pour la fin de saison. Robert marque trois buts lors des dernières journées, dont un doublé à Strasbourg qui qualifie son club pour la coupe Intertoto.

Roger Lemerre le sélectionne alors en équipe de France pour disputer la coupe des confédérations 2001, au milieu d’une équipe mixte, composée à la fois de titulaires chevronnés et d’internationaux novices — dont Landreau, Coupet et Camara. Il y dispute quatre rencontres, dont la finale face au Japon, ce qui sera d’ailleurs sa neuvième et dernière sélection.

Robert annonce ensuite vouloir quitter le PSG après deux belles années, mais fin juin, il n’a toujours pas de club. Il revient donc à l’entraînement, en attendant que sa situation se décante, et affiche un état d’esprit tout à fait satisfaisant. Il se retrouve à préparer sa saison en compagnie de Ronaldinho, Okocha et Anelka, pour effectuer des toros qui donneront envie de vomir à Jérôme Alonzo. Durant le mois de juillet, il n’hésite pas à donner un coup de main à ce qui est toujours son club en disputant les rencontres de coupe Intertoto. Il y marque quatre buts — dont un triplé face au FC Jazz Pori, club finlandais. À la reprise du championnat, il est même titulaire face à Lille.

Succès en Angleterre, puis globe-trotter

Ce match PSG-Lille sera la dernière apparition parisienne de Laurent Robert, puisque c’est finalement le club de Newcastle qui le recrute début août. Paris fait une bonne affaire en le cédant pour environ 15 M€. Pour le remplacer, le club recrutera un dénommé Agostinho… Mais ceci est une toute autre histoire.

Dans le nord de l’Angleterre, le Réunionnais est très bien accueilli. Son insouciance balle au pied, son aisance dans les coups francs et les corners et, surtout, ses buts incroyables en font un des joueurs particulièrement appréciés du public de St James’ Park. Laurent Robert termine même meilleur passeur de Premier League avec 15 passes décisives. Son club termine quatrième la première année, et joue donc la Ligue des Champions. Tout se passe donc à merveille… jusqu’au jour où Sir Bobby Robson est remplacé par Graeme Sounness au poste d’entraîneur. À l’instar de ce qu’il s’était passé avec Luis quelques années plus tôt, Robert digère difficilement ce changement. Il continue à jouer mais se montre moins tranchant et, surtout, il s’en prend publiquement à son coach et à certains de ses coéquipiers.

À la fin de la saison 2004/2005, Robert est donc logiquement poussé dehors. Il est prêté au Portsmouth d’Alain Perrin. Là-bas, il ne marque qu’un seul but, et son tempérament bouillant fait encore parler de lui : il refuse de prendre place sur le banc lors d’une rencontre face à Sunderland. Le renvoi de Perrin lui fait gagner du temps de jeu, mais Portsmouth ne veut pas garder Robert plus longtemps.

Newcastle, qui ne veut pas récupérer son joueur, réussit à le transférer définitivement au Benfica Lisbonne, en janvier 2006. Il se distingue en marquant d’emblée un coup franc de 40 mètres à Vítor Baía, gardien du FC Porto. Mais au bout de six mois, Benfica cherche déjà à se débarrasser du gaucher. Robert enchaîne alors les clubs où il ne s’impose pas réellement : Levante en Espagne — club possédant une colonie de Français en perdition [3] —, Derby County en Angleterre, où il ne jouera que quatre rencontres, puis… le Toronto FC, qui évolue en MLS. Enfin, la saison dernière, Robert s’est engagé avec le club grec de Larissa.

Après ce parcours plutôt exotique, Robert se retrouve sans club. Ces dernières saisons, il a fait de nombreux appels du pied aux formations de L1 pour retrouver un club dans son pays, sans succès. Afin de maintenir sa forme, il s’entraîne depuis septembre 2009 au Camp des Loges avec la CFA du PSG. Il en a même profité pour offrir ses services à Antoine Kombouaré — demandant à n’être payé qu’au résultat —, proposition restée sans suite.

En attendant un improbable retour à Newcastle — ce sont les dernières rumeurs —, à bientôt 35 ans, Laurent Robert s’approche de la fin de sa carrière. Joueur fantasque, capable d’exploits incroyables, adulé par le Parc des Princes, il reste un des derniers joueurs à avoir côtoyé les Bleus grâce au PSG [4]. Ses deux années au club auront été marquantes, le joueur atteignant parfois un niveau stratosphérique, le début de saison 2000/2001 étant le point culminant de son passage dans la capitale. Dommage que son caractère bouillant, cause de ses cartons à répétition et de ses brouilles avec certains entraîneurs, l’ait privé d’une carrière qui aurait pu être plus grande encore, à la vue de son indéniable talent.

Notes

[1] Alors qu’il menait 2-0 à la 76e, le PSG a encaissé trois buts en quatre minutes, pour un des nombreux matches à regrets de cette fin de saison 1995/1996.

[2] Plusieurs joueurs parisiens affirment avoir entendu l’arbitre dire à Robert « J’aime pas ta gueule ! » au moment de l’exclure.

[3] C’est là que le PSG ira chercher Luyindula.

[4] L’avant-dernier, le dernier joueur devenu international A au PSG étant Bernard Mendy. Guillaume Hoarau a été convoqué pour affronter la Lituanie en mars-avril 2009, mais il n’a pas joué et ne compte donc aucune sélection.

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