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Zoom rétro n°17 : les victoires lensoises au Parc

Quand Lens enchaîne les victoires face au PSG

Entre 2002 et 2006, les Lensois ont gagné cinq fois de suite à Paris

mercredi 16 décembre 2009, par Gauthier B.

Quand Lens enchaîne les victoires face au PSG

Ce mercredi, Paris reçoit Lens. Face à un promu, on peut légitimement envisager une victoire des Parisiens. Pourtant, il ne faut pas occulter le passé récent des confrontations entre les deux équipes. On observe ainsi que, de 2002 à 2006, Lens s’est imposé pendant cinq saisons consécutives, quel que soit le classement ou la situation des équipes, créant bien des soucis au Paris Saint-Germain.

Jusqu’en septembre 1998, le RC Lens s’était systématiquement cassé les dents lors de ses déplacements au Parc des Princes. De 1974 à 1984, pour les dix premiers PSG-Lens en première division, le PSG totalise un bilan de… 10 victoires — et 3,1 buts par match en moyenne !

Même lors de la saison 1997/1998, durant laquelle ils furent sacrés champion de France, le club de l’Artois s’est cassé les dents en région parisienne… et trois fois s’il vous plaît : une fois en championnat (2-0), à nouveau en demi-finale de coupe de la Ligue (2-1), et une dernière fois à Saint-Denis pour la finale de la coupe de France (2-1). Un peu à l’image des Stéphanois qui, même dans leurs meilleures années ne s’étaient jamais imposés à Paris durant 35 ans — entre 1972 et 2007 —, les Lensois nourrissaient de grands complexes au moment de jouer dans la capitale.

Et en septembre 1998, la première victoire a finalement lieu : les Lensois s’imposent un à zéro, grâce à un but de Wagneau Eloi et un penalty raté par Marco Simone. Victoire qui précipite le départ d’Alain Giresse, trois mois seulement après son arrivée. Cette victoire paraissait alors comme une anomalie dans le parcours chaotique des hommes de Gervais Martel au Parc des Princes.

Pourtant, depuis, la tendance s’est nettement inversée, les Lensois ont abordé ces déplacements avec une confiance de plus en plus grande, jusqu’à réaliser la série impressionnante de cinq victoires consécutives au Parc des Princes de 2002 à 2006. Couplée à une difficulté récurrente pour les Parisiens de s’imposer à Bollaert — aucun succès entre 1997 et 2007 —, cette série a fait du RC Lens la véritable bête noire des Parisiens dans les années 2000.

Deux victoires de suite à l’arrachée

Nous avons déjà évoqué récemment la fin de saison en roue libre du PSG en 2003. Entre la victoire de prestige à l’OM, le départ annoncé de Luis Fernandez, ceux attendus de plusieurs joueurs cadres, l’arrivée imminente d’une nouvelle équipe dirigeante et surtout la possibilité de gagner la coupe de France, c’est une équipe en fin de cycle qui joue les rencontres de championnat sans grande motivation. Les Parisiens sont bien au chaud dans le ventre mou… ce qui est également le cas des Lensois, onzièmes avant la rencontre. Il s’agit donc de la confrontation de deux gros clubs ayant raté leur saison. Les Lensois, coachés par Joël Muller, possèdent en leur rang Zoumana Camara et surtout Daniel Moreira.

Celui qui deviendra un vrai bourreau pour les Parisiens — que ce soit à Lens ou à Toulouse — est le seul buteur de la rencontre. Dès le début de la seconde période, Olivier Thomert profite d’une inattention d’un Cristobal proche de la retraite pour servir en retrait Moreira, qui trompe tranquillement Alonzo. Paris tentera bien de réagir, mais l’arbitre Bruno Ruffray refusera un penalty à Ronaldinho, et avec pas mal de blessés dans le secteur offensif — Fiorèse, Ogbeche et Cardetti sont absents —, Luis Fernandez ne pourra faire rentrer pour renverser la vapeur qu’Alioune Touré et Chiguy Lucau. Pas de quoi inquiéter des Lensois qui finiront la saison en boulet de canon, doublant même le PSG lors de la dernière journée.

Cette victoire reste anecdotique vu le contexte presque sans enjeu de la rencontre. Lors de la saison suivante, en novembre 2003, tout est différent. Les Lensois font un début de championnat mitigé et sont neuvièmes quand ils vont affronter des Parisiens quatrièmes et invaincus depuis la fin août. Bref, c’est cette fois-ci un PSG surmotivé et en quête du podium que les Lensois affrontent. Avec toutefois un bémol : le meilleur passeur parisien Fabrice Fiorèse est absent, tout comme Juan Pablo Sorin, et le PSG doit donc compter sur le maigre duo Boskovic — Benachour pour alimenter le seul Pauleta.

Les Lensois, avec Charles-Édouard Coridon dans leurs rangs, jouent la même rencontre que quelques mois plus tôt : ils sont solides, empêchent les Parisiens d’attaquer, et profitent de la moindre erreur. Sur un long ballon venu de la gauche, Gabriel Heinze estime mal la trajectoire du ballon et laisse Moreira se présenter face au but, et marquer. Lens s’impose donc à nouveau, pour la deuxième fois consécutive.

Cette victoire a bien plus de conséquences que la précédente : la marche vers l’avant du PSG est clairement freinée. Associée à une élimination en coupe de la Ligue à Gueugnon, cette défaite permet aux Parisiens de se remettre en question : ils enchaîneront ensuite 17 rencontres de L1 sans la moindre défaite, pour finalement s’incliner à… Lens. Et quand on sait que le PSG a fini à trois points du champion cette saison-là, ces défaites sont encore plus rageantes.

La fin de Vahid

La saison suivante, le match se déroule dans un contexte détestable. Début février 2005, le PSG a été éliminé de la coupe d’Europe suite à son non-match face au CSKA Moscou ; en championnat, rien ne va ; la presse, qui s’estime lésée par les mesures de contrôle du coach parisien, ne cesse de s’en prendre à Vahid Halilhodzic ; enfin les supporters sont englués dans une guerre pour leurs libertés face à la direction du PSG. Il faut en plus ajouter à cela une des idées de marketing les plus idiotes qui soit, venant de Nike : sous prétexte de lutter contre le racisme, le match verra s’opposer des Parisiens en blanc à des Lensois en noir. Les blancs contre les noirs, difficile de faire plus manichéen quand on veut lutter contre des clivages…

Paris reste sur six matches sans victoire, et les Lensois ne sont pas forcément dans un meilleur état : treizièmes, ils viennent tout juste de limoger Joël Muller, remplacé par Francis Gillot. Le choc psychologique est salutaire chez les Nordistes, puisque ce sont eux qui s’imposent, par deux buts d’écart : deux buts marqués par Alou Diarra et Jérôme Leroy au terme de cafouillages invraisemblables de la défense parisienne. Certains joueurs comme Mendy et Yepes étaient alors au creux de leur forme.

La pression était déjà forte sur le PSG avant cette rencontre, et la défaite n’arrange rien. Francis Graille est contraint de faire plaisir aux joueurs et décide de se séparer de son ami Halilhodzic. Il catapulte Laurent Fournier entraîneur de l’équipe première. Pour l’anecdote, cette rencontre était la première de Sergueï Semak, et donc la seule jouée sous les ordres de l’homme qui l’a recruté. C’est la deuxième fois qu’une victoire des Nordistes conduit à l’éviction d’un coach parisien.

Les victoires spectaculaires

En 2005/2006, Laurent Fournier dirige une équipe quasiment intraitable à domicile, qui vient en plus de frapper un grand coup à l’extérieur en s’imposant à Bordeaux. Paris est donc deuxième au moment de recevoir les Lensois, sixièmes. Fournier reconduit son expérimentation tactique girondine en plaçant un 4-3-3, avec Sylvain Armand en milieu défensif : il continue ainsi à sanctionner Kalou et Mbami de leur irrégularité.

La rencontre est entamée sur des bases improbables : Thomert marque d’entrée, Pauleta égalise dans la foulée d’un but sublime. Mais peu à peu, c’est Lens qui prend l’ascendant en dominant l’entre-jeu, et en jouant vite et bien vers l’avant. Toutes les occasions lensoises font mouche, et à la 70e minute, Paris est mené 1-4 suite à des réalisations de Jussié et Dindane — auteur d’un doublé.

Tout le monde est assommé côté parisien, beaucoup croyaient voir enfin le PSG se mêler à la lutte pour le titre. Les locaux auront bien une réaction, mais trop tardive pour empêcher la défaite : Pauleta et Yepes marqueront dans les arrêts de jeu.

Indirectement, cette défaite fera très mal à Fournier : c’est à partir de ce moment-là que Pierre Blayau affichera une posture publique allant à l’encontre de son entraîneur, conduisant à son éviction lors de la trêve.

L’année suivante, à l’automne 2006, Guy Lacombe est le coach parisien. La période n’est pas très reluisante pour les Parisiens, dixièmes, qui reçoivent des Lensois au pied du podium. Le match doit se jouer sans Pauleta. Lacombe, qui a au moins le mérite de lancer de jeunes joueurs, aligne une équipe assez expérimentale : Édouard Cissé est arrière droit, l’axe central est composé de deux gauchers, Yepes et Armand, Dramé est arrière gauche, et le milieu de terrain est confié à l’inexpérimenté duo Chantôme-Mulumbu.

Malgré cela, le PSG tient largement la route, et réalise une première mi-temps de grande envergure. Après de multiples occasions, le capitaine Armand ouvre le score sur corner, et Paris mène 1-0 à la pause. Tout le public est satisfait du niveau affiché, mais la seconde période sera cauchemardesque. Gillot a fait rentrer Daniel Cousin : refusant de jouer à Bollaert pour éviter les sifflets des supporters Sang et Or — qui sont pourtant les meilleurs de France —, celui-ci ne peut briller qu’à l’extérieur. Ce qu’il fait ce soir-là, puisqu’au bout de cinq minutes, il égalise d’une frappe enroulée digne de Pauleta, avant de doubler la mise puis de voir Thomert clore la marque. Les jeunes milieux de terrain parisiens n’ont pas encore le coffre pour tenir un match complet, et ça s’est vu.

Paris vient donc de perdre ce soir-là son cinquième match consécutif au Parc des Princes face aux Lensois. Une série surprenante qui, dans des périodes charnières, aura causé bien des maux au PSG. Heureusement, l’année suivante, Paris se rattrapera en l’emportant 3-0 à la maison, et en devançant Lens dans la lutte pour le maintien.

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