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Zoom rétro n°20 — Paris, Monaco, l’Italie

Marco Simone au PSG, le capitaine individualiste

Retour sur le parcours de la star italienne à Paris puis à Monaco

mercredi 20 janvier 2010, par Gauthier B.

Marco Simone au PSG, le capitaine individualiste

À l’été 1997, Michel Denisot décide de remodeler le visage offensif de son PSG. Il va donc dénicher deux grands joueurs en devenir, dans le petit club qu’est alors l’OL : Franck Gava et Florian Maurice. Sur les conseils avisés de sa cellule recrutement, il fait également signer un ailier qu’on annonce sensationnel, Edmilson. Mais surtout, il réalise un très gros coup en faisant venir en France une star de Milan AC, en mal de temps de jeu dans le club lombard : Marco Simone.

Le joueur, même s’il n’a pas une grande carrière internationale — quatre sélections — , a acquis une solide réputation, ses 49 buts en championnat et ses 17 buts en coupe d’Europe sous le maillot rossoneri faisant de lui un joueur d’envergure [1]. Un de ces joueurs qu’un club français pourrait difficilement attirer dans ses filets de nos jours.

Des débuts remarquables

Mais le recrutement de cette star a forcément un prix, et Denisot se rend assez vite compte que le salaire mirobolant de l’Italien pourrait mettre très vite le club parisien dans le rouge. Il se voit donc contraint de vendre à toute vitesse sa recrue phare de l’année précédente, Leonardo… au Milan AC [2]. Plus tard, on lira dans la presse que Marco Simone n’aurait pas reçu son salaire durant trois mois en ce début de saison 1997/1998, jusqu’à ce que le transfert de Leonardo ne permette de tout faire rentrer dans l’ordre… Ceci est assez symptomatique du clinquant voulu par Canal+ à l’époque, et la vision à très court-terme de l’actionnaire de l’époque : tout faire pour avoir un nom, quitte à mettre en danger la pérennité du club.

Mais une star arrive au PSG, alors ceci passe inaperçu. En revanche, certaines réserves sont émises sur Simone. Ses dernières années dans le club italien l’ont vu s’asseoir avec une régularité confondante sur le banc de touche, et les mauvaises langues affirment que le joueur aurait des « ampoules aux fesses ». Ces critiques se taisent immédiatement : Simone met tout le monde d’accord d’emblée, et se montre irrésistible.

Il est virevoltant, spontané, très explosif, tente et réussit des gestes de grande classe, se mue aussi bien en passeur qu’en buteur, et son duo avec Florian Maurice fait des merveilles. Début septembre, il affiche le total impressionnant de 7 buts marqués en 7 matches, dont un très joli but face à Bastia [3] et un doublé contre Rennes [4]. Sur la scène européenne, il n’est pas en reste, inscrivant quatre buts en Ligue des champions. Le joueur aux chaussures blanches est l’un des seuls au niveau lors de la déculottée à Munich. Malheureusement, à la différence de buts, le PSG ne sort pas de sa poule [5], et voit son aventure européenne se terminer à l’automne.

Première blessure et premiers doutes

Sur le plan national, en revanche, tout va bien. À la 13e journée, le PSG vient de battre Lens, et se retrouve leader du championnat avec une seule défaite au compteur, à Metz. Dans la foulée de cette rencontre, Marco Simone va jouer en Italie le jubilé de Franco Baresi. Peu professionnel, il participe au match de gala sans faire le moindre échauffement ; évidemment, il se blesse pour plus d’un mois. Et l’on assiste à ce moment-là aux premiers grincements de dents du côté de la direction parisienne.

Dans la foulée, les performances parisiennes se détériorent considérablement. Durant son absence, Paris s’incline trois fois en six matches. Toutefois, l’absence seule de Simone ne justifie pas tout, le PSG subissait à cette époque une cascade de blessures, de suspensions — notamment celle de Le Guen suite à l’affaire Coridon — et les contrecoups du contrôle positif de Vincent Guérin à la nandrolone.

La preuve en est qu’une fois son retour acté, Simone ne peut endiguer la chute du PSG au classement. Il ne marque que six buts lors de la phase retour — portant son total final à treize —, et son entente si parfaite avec Maurice n’est plus qu’un lointain souvenir. Celui-ci dira d’ailleurs après coup que l’individualisme de l’Italien lui avait clairement posé des soucis au PSG : Simone vampirisait tous les ballons et n’avait pas pour ambition de faire briller son coéquipier. Ouédec tiendra plus tard le même genre de discours. Il est difficile cependant de faire la part entre l’égoïsme exacerbé de la vedette parisienne et le niveau tout bonnement insuffisant qu’ont affiché Maurice et Ouédec durant leur passage parisien.

Même si Simone brille moins, il a toujours la bonne idée de réaliser de temps à autre des matches d’anthologie. Et notamment face à Lyon où il détruit l’équipe adverse à lui tout seul en faisant d’abord marquer Raì, puis en inscrivant deux buts sublimes.

Simone est également un des grands artisans des deux succès en coupe du PSG. En demi-finale de coupe de la Ligue, il réussit un doublé face à Lens (2-1). Et il marque dans chacune des deux finales : en coupe de la Ligue face à Bordeaux (2-2, 4 t.a.b. à 2) — il réalise par ailleurs un geste d’anthologie, une volée de trente mètres atterrissant sur la barre, à ranger dans la catégorie des plus beaux non-buts avec le coup du scorpion de Pauleta — et en coupe de France, à nouveau contre Lens (2-1).

Bref, malgré une saison globalement en dents de scie, Marco Simone a clairement marqué les esprits. C’est d’ailleurs sans aucune discussion qu’il se voit attribuer le titre de meilleur joueur de Division 1 pour la saison 1997/1998. Le PSG a recruté un cador ; même si le club n’a pas fait une saison rêvée, ses performances individuelles valaient largement l’investissement. Une fois sa carrière terminée, l’Italien estimera que cette saison fut, avec la saison 1994/1995 à Milan (durant laquelle il a inscrit 17 buts en Serie A et 4 en Ligue des champions) et la saison 1999/2000 à Monaco (voir plus bas), la meilleure de sa carrière [6].

L’interminable négociation de l’été 1998

Les premiers gros problèmes arrivent à l’intersaison suivante. En 1997, Simone était arrivé dans une équipe dont la structure était déjà en place. Les leaders étaient connus, il n’avait qu’à s’intégrer sur le terrain. Mais en 1998, c’est une révolution qui a lieu au PSG : Raì, Roche et Le Guen partent d’eux-mêmes, et le nouveau président Charles Biétry pousse Guérin et Fournier dehors. Des icônes du PSG s’en vont, et Biétry veut marquer ce club de son empreinte, avec des joueurs moins estampillés Denisot.

Il annonce toutefois vouloir bâtir son équipe autour du joueur italien, base toute sa campagne d’abonnement là-dessus et, à grand coup de conférence de presse, annonce la prolongation du contrat du joueur jusqu’en 2002. Tout va bien donc… Sauf qu’à la reprise, Simone se rue vers les journalistes pour dire qu’il n’a pas eu de nouvelle de ce fameux contrat — une prolongation avec à la clef une grosse augmentation la dernière année.

Le feuilleton dure pendant toute la préparation estivale. Simone joue les divas, en utilisant la bonne vieille fibre démagogique, pendant que Biétry multiplie les incohérences dans ses propos. Bref, les journaux sont ravis de cet épisode tumultueux ; Simone annonce plusieurs fois qu’il va forcément finir par partir… ce qui n’empêche pas Alain Giresse de le nommer capitaine pour la saison à venir. C’est finalement dans l’anonymat le plus complet que Simone accepte de rester, sans prolonger son contrat, mais en y ajoutant une clause qui fera très mal au PSG…

Une saison moyenne et un départ qui fait mal

Sur le terrain, le néo-capitaine, pris dans ses problèmes personnels, n’arrive pas à vraiment rassembler ses troupes. Il peine à s’entendre sur le terrain avec les nouvelles recrues — Ouédec, Adaïlton, Lachuer, Okocha — et son rayonnement est nettement moindre que l’année précédente, malgré trois buts marqués lors des quatre premières rencontres. Il ne peut empêcher le licenciement d’Alain Giresse — entraîneur dont il disait pourtant le plus grand bien — au bout de huit journées. Il manque d’ailleurs littéralement de sauver son coach, en ratant un penalty face à Lens alors que le score était vierge. Lens marquera dans la foulée, et Giresse sera débarqué.

Il voit donc arriver Artur Jorge et ses méthodes très défensives. Simone se retrouve parfois à être le seul joueur offensif sur le terrain, épaulé de temps à autre par Lachuer, Okocha ou Jérôme Leroy. Toutefois, le fait de ne pas partager l’espace offensif avec un autre joueur ne lui déplaît pas forcément. Le PSG n’a pas de bons résultats, mais Simone arrive à la trêve avec le score honorable de sept buts marqués.

Le mercato hivernal est l’occasion pour Simone d’accueillir de nouveaux compères : Gravelaine, Rodriguez et Madar arrivent au club. Il est avancé qu’avec Bernard Lama, ceux-ci forment une sorte de clan réduisant considérablement l’influence et les effets néfastes du comportement individualiste de Simone. Ce qui dans l’absolu ne change pas grand-chose : sportivement, rien ne s’arrange pour Paris. Après la démission de Biétry, Artur Jorge se voit également congédier. Un léger mieux est opéré avec la nomination de Bergeroo, même s’il faut bien l’avouer, le capitaine parisien n’y est pas pour beaucoup. En 1999, il ne marque que deux buts pour le Paris Saint-Germain.

C’est quantitativement très peu, mais l’un de ces buts est rentré dans l’histoire du club, et a marqué probablement toutes les personnes qui en ont été témoin. En fin de saison, le PSG n’a plus grand-chose à jouer et reçoit l’Olympique de Marseille, club rival qu’il n’a plus battu en championnat depuis la fin des années 1980, soit près de dix ans. L’ambiance autour de la rencontre est électrique. Mais le scénario commence très mal pour Paris, puisque le club se retrouve mené très tôt, par un but de… Florian Maurice. Le PSG court après le score, et réalise une partie de très haut niveau, mais aucune tentative ne rentre. À dix minutes de la fin, les supporters sont résignés, et l’on pense se diriger vers une défaite cruelle. C’est alors que Marco Simone sort de nulle part, et envoie une frappe sèche et soudaine dans la cage de Porato. Le Parc des Princes exulte, et Simone, en transe, vient provoquer les supporters marseillais en exhibant son tatouage de Batman. Pour l’anecdote, Paris gagnera ce match grâce à un deuxième but signé Bruno Rodriguez.

Ce fût le dernier coup d’éclat de Simone à Paris. On apprendra plus tard que le capitaine du PSG avait en fait entériné son départ dès le début de la saison. La fameuse clause signée en catimini était une clause de départ à 6 M€… dont 3 M€ allant dans la poche de Simone et de son agent. Voilà ce qu’il aura fallu accepter pour finalement voir ce joueur faire une saison terne au club.

La gloire et le déclin à Monaco

Monaco se porte donc acquéreur du joueur à l’été 1999, et même si le club n’y gagne pas financièrement, c’est avec un certain soulagement que le PSG s’apprête à reconstruire une équipe compétitive sans sa vedette. Pour Simone, qui vient de s’enrichir considérablement, son aventure monégasque est une idylle. Il trouve avec David Trézeguet son parfait compère d’attaque, et il affole les statistiques. Il marque 21 buts — quand Trézeguet en marque 22 — et réalise 12 passes décisives, faisant de lui le meilleur passeur du championnat. Il obtient le titre de champion de France qu’il n’a pas eu avec Paris, et c’est ici le point culminant de sa carrière.

La suite est un long déclin. La saison suivante, sans Trézeguet, est bien moins bonne. Simone ne marque qu’à sept reprises. En 2001/2002, il a à faire au nouvel entraîneur Didier Deschamps. Le courant ne passe pas entre les deux hommes, à tel point que Deschamps l’envoie en prêt une demi-saison au Milan AC. Dans son pays natal, il ne convaincra pas plus, et devra retourner sur le Rocher. Deschamps ne le fera pas plus jouer, et Simone finira par résilier son contrat à l’amiable. Après six mois de chômage, il tentera le challenge niçois. Il jouera sept matches avec l’OGCN, sans marquer le moindre but, et finira par résilier à nouveau son contrat, arguant que le club n’était pas à la hauteur de ses espérances. Ceci sonne la fin de la carrière du joueur Marco Simone, qui devient ensuite propriétaire du modeste club italien de Legnano, et consultant pour différents médias français (France 2, L’Équipe TV).

Au final, Simone aura été pour le PSG un joueur très talentueux, aux inspirations géniales, clairement à citer lorsque l’on évoque les joueurs de prestiges passés par le club. Mais il n’aura jamais été un des grands de l’histoire du club, puisqu’il incarne à lui seul tout ce qu’il y a de plus détestable dans le football actuel : l’individualisme et la course au gros contrat… Il est de plus le symbole des errances de Canal+, déjà sous Denisot. Malgré ses réussites sportives, l’ancien président délégué ne doit pas être exonéré de nombreux couacs de gestion, lui qui a grandement participé au déclin du club. Symbole des décisions prises au jour le jour, en occultant toute notion de long terme, et en entraînant lentement, mais sûrement, le PSG dans la plus instable des situations.

Notes

[1] Avant de signer au PSG, son palmarès était le suivant : trois fois champion et deux fois vice-champion d’Italie, deux fois vainqueur de la supercoupe d’Europe, vainqueur de la coupe intercontinentale, finaliste de la Ligue des Champions. Il fut également élu meilleur joueur du championnat d’Italie en 1995 et troisième meilleur buteur italien de l’histoire en coupe d’Europe.

[2] Le joueur brésilien quittera le PSG fin août après un festival de passes décisives face au Steaua Bucarest (quatre, sur les cinq buts parisiens).

[3] Lancé en profondeur sur à côté, à la lutte avec un défenseur bien plus costaud que lui, il arrive à le semer, au physique, et redresse sa course pour aller ajuster le portier corse.

[4] Hormis contre Châteauroux lors de la première journée, il a marqué au moins un but à chaque match.

[5] Le PSG finit troisième meilleur deuxième, juste derrière la Juventus.

[6] « Ma première année à Monaco, la première à Paris et l’année 94 au Milan sont mes meilleures saisons. Je ne retiens pas une saison particulière, les trois ont pour moi la même valeur », a-t-il déclaré à Planète-ASM.

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