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Zoom rétro n°12 : le parcours de Letizi à Paris

Portrait de Lionel Letizi, un Niçois au PSG

Retour sur le parcours parisien de l’actuelle doublure niçoise

samedi 7 novembre 2009, par Gauthier B.

Portrait de Lionel Letizi, un Niçois au PSG

Outre David Hellebuyck — passé au PSG en 2006/2007 —, Nice possède au sein de son effectuel actuel trois joueurs formés au Camp des Loges : Grégory Paisley, Larrys Mabiala et Ismaël Gace. Mais le personnage qui aura le plus marqué les deux clubs ne foulera vraisemblablement pas la pelouse ce samedi : à 36 ans, Lionel Letizi finit paisiblement sa carrière en tant que doublure d’Ospina. L’occasion de revenir sur les six saisons parisiennes de ce gardien attachant.

Lors du mercato de l’an 2000, Canal+ voit grand pour le PSG. L’actionnaire principal du club de la capitale décide de sortir le chéquier et lance la grande campagne de recrutement façon banlieue. Diverses jeunes stars supposées représentatives des supporters débarquent alors au club — Nicolas Anelka, Stéphane Dalmat et Peter Luccin notamment. Et au milieu de tous ces noms clinquants arrive Lionel Letizi. Le scepticisme est de mise concernant cette recrue.

Le numéro deux qui devient vite indispensable

En effet, le gardien formé à Nice est loin de faire l’unanimité. Pourtant promis à un très bel avenir, il a depuis 1998 une image d’éternel « loser ». Issu d’une famille où l’on est gardien de père en fils, Letizi était bien placé pour participer à la coupe du Monde 1998. Malheureusement, il fait en match de préparation une boulette monumentale face à la Russie [1]. Ce qui lui fera perdre sa place au profit de Lionel Charbonnier — il a fait partie des six joueurs qui ont quitté Clairefontaine peu avant le début de la compétition internationale. Cette même année, avec le FC Metz, il termine deuxième du championnat à la différence de buts, et après que les Lorrains ont dominé le championnat tout au long de la saison.

Alors que l’immense Bernard Lama vient de définitivement quitter le PSG, voir débarquer ce joueur qui ne semble pas capable de surmonter la pression a de quoi laisser dubitatif. D’autant que la situation des gardiens de but est tout sauf claire à ce moment-là : la place de numéro 1 a été publiquement promise à Dominique Casagrande. Dès lors, que Letizi arrive en échange de 40 MF, somme énorme pour l’époque [2] distille son lot de questions. Tout le monde pense que Letizi est venu pour prendre la place de titulaire à la première défaillance de Casagrande. Ce qui ne manque évidemment pas d’arriver. Casagrande joue six rencontres. Lors de la dernière, à Troyes (5-3), il encaisse cinq buts — sur lesquels il ne peut pourtant pas grand-chose. Et ce qui était prévu arriva : Letizi débute le match suivant contre Saint-Étienne — pour une victoire 5-1.

Les premières rencontres de l’ancien Messin sont plus que satisfaisantes. La défense du PSG n’est pas le point fort de l’équipe, et Letizi a souvent l’occasion de briller. Il multiplie les arrêts efficaces. À tel point qu’à l’automne, le PSG ne semble reposer que sur deux hommes : Laurent Robert pour les exploits offensifs, Lionel Letizi pour tenir le score. Mais au bout d’un certain temps, la machine PSG se grippe, Robert ne marque plus et Letizi se retrouve à devoir contenir de plus en plus d’assauts adverses. Il ne peut empêcher les mauvais résultats, mais tous les observateurs s’accordent à dire que sans ce gardien-là, le PSG enchaînerait carrément les déculottées. Philippe Bergeroo finit par se faire renvoyer, remplacé par Luis Fernandez. Letizi ne perd pas sa place, au contraire : de ce recrutement si tape à l’œil de 2000, il s’agit de la seule satisfaction.

Le portier parisien continue à enchaîner les belles performances, et se voit récompensé d’une nouvelle sélection en équipe de France en mars 2001 (Espagne 2-1 France), trois ans après son éviction douloureuse. Il n’arrivera cependant jamais à s’installer durablement chez les Bleus : Ramé, Coupet puis… Landreau lui passeront devant.

La saison suivante, tout est plus serein pour Letizi : Luis Fernandez a mis en place sa défense hispanophone Potillon-Heinze-Pochettino-Cristobal — cherchez l’intrus —, d’une très grande imperméabilité. Derrière cette ligne arrière, enviée même par le Lyonnais Grégory Coupet, Letizi a juste à ramasser les miettes. Et il le fait toujours aussi bien, avec la sobriété qui le caractérise. C’est à cette période que Jean-Michel Aulas songe à proposer un échange Coupet-Letizi au PSG. Sans suite. Qui plus est, d’un point de vue personnel, Letizi retrouve comme doublure et coéquipier son grand ami Jérôme Alonzo, qu’il avait déjà côtoyé au centre de formation de l’OGC Nice.

Blessures et statut de remplaçant

Paris joue alors le haut du tableau, et termine quatrième du championnat. Mais 2002 voit apparaître le début des pépins physiques pour le gardien parisien. En janvier tout d’abord, il se bloque le dos lors d’une activité personnelle. La rumeur, invérifiable, prétend qu’il se serait infligé cette lombosciatique en ramassant une pièce de scrabble tombée par terre. Il s’en suit un mois et demi d’indisponibilité, mais aussi le début de maux récurrents au dos.

Mais le plus gros problème intervient la saison suivante. Lors du premier match de championnat, Letizi se blesse à la cheville en heurtant Djibril Cissé. Il continue pourtant longtemps à jouer, malgré ce qui sera diagnostiqué plus tard comme une déminéralisation de la rotule. Et son niveau s’en ressent : Letizi semble moins vif, et ses arrêts sont moins tranchants. Finalement, en février 2003, après une défaite à Guingamp, la sage décision est prise de mettre le gardien de but au repos : il se soignera durant tout le reste de la saison.

Jérôme Alonzo devient le titulaire du poste, et c’est finalement ce qui, dans l’esprit des gens, va faire le plus de mal à Letizi. Même s’ils sont très proches, les deux hommes sont l’opposé l’un de l’autre. Alonzo peste, râle, fait des gestes spectaculaires, des sorties kamikazes, pas toujours rigoureuses mais qui font forcément plaisir à la foule. Et le contraste avec Letizi est frappant : lui est calme, son visage dessine malgré lui une mine un brin défaitiste, et surtout il possède un style de jeu très à l’ancienne. Le Niçois mise tout sur son excellent placement et, de fait, ses arrêts ne semblent pas particulièrement exceptionnels : s’il est bien positionné, il n’a pas à aller chercher la balle très loin.

Toujours est-il qu’il s’en suit un véritable engouement pour Alonzo. La saison suivante (2003/2004), malgré quelques essais après son retour de blessure, Letizi devient pour la première fois de sa carrière une doublure. Il voit son ami Alonzo multiplier les miracles dans sa cage, au sein de la meilleure équipe du PSG de ces dix dernières années. Letizi est alors un peu perdu et avouera après quelques apparitions décevantes qu’il peine à retrouver son niveau. Paradoxalement, ce poste de remplaçant lui offre un bonheur imprévu : Vahid Halilhodzic pratique le turn-over dans les coupes nationales. Letizi se retrouve donc à participer pleinement à l’épopée en coupe de France. Il participe à plusieurs matches épiques : la victoire du PSG face à Troyes 3-2 après avoir été mené 2-0 ; la victoire du PSG au Vélodrome avec une équipe bis ; la qualification à Nantes, où Letizi s’illustre d’abord par une mauvaise sortie face à Yépès, puis par des arrêts lors de la séance de tirs aux buts ; et bien sûr la finale victorieuse face à Châteauroux. Par ailleurs, l’expulsion d’Alonzo face à Nice lui permet également de se remettre dans le bain en L1 : il joue et gagne face aux Azuréens et, le match suivant, au Parc face à Marseille.

Retour au premier plan

En grappillant quelques titularisations, Letizi finit par reprendre confiance. En 2004/2005, la baraka d’Alonzo finit par disparaître, et Halilhodzic confie la place de numéro 1 au revenant Letizi. Celui-ci ne déçoit absolument pas, au contraire. Même si la période est difficile pour le PSG, son gardien est à la hauteur lors des grands rendez-vous : face à Porto, il repousse les assauts lusitaniens, au Parc comme au Portugal — où il sauve littéralement la mise du PSG sur une action improbable [3]. Il s’illustre également lors d’un autre match d’anthologie face à l’OM — remporté à 10 contre 11 —, au cours duquel il effectue un arrêt inattendu à la dernière seconde sur une volée de Luyindula, alors marseillais.

Au final, après deux saisons pénibles pour lui, Letizi n’est plus très loin de sa meilleure forme. Et ce n’est pas le renvoi d’Halilhodzic, remplacé par Laurent Fournier, qui change la donne. Néanmoins, le degré d’exigence de certains supporters parisiens est tel que certaines lacunes de Letizi deviennent presque des défauts rédhibitoires. Il lui est reproché entre autre d’avoir un mauvais jeu au pied — ce qui, comparativement à la moyenne des autres gardiens, était faux —, de ne pas être très bon dans le jeu aérien — il était évidemment inférieur à Lama — mais aussi, et surtout, ce qui était interprété comme de la résignation après chaque but encaissé.

Malgré quelques éternels mécontents, Letizi reste toutefois titulaire et donne globalement satisfaction. Il est d’ailleurs nommé pour le trophée UNFP du meilleur gardien 2004/2005. À la fin de l’année civile se déroule au PSG un événement qui dévoile un trait de personnalité assez méconnu chez Letizi. Après que Laurent Fournier a été inexplicablement renvoyé par Pierre Blayau, la presse affirme que Fournier bénéficiait du soutien des joueurs. Pourtant, il s’avère qu’un seul joueur aura eu le courage d’aller dire à Blayau à quel point sa décision était inadaptée, un seul dira publiquement qu’il s’agissait d’une mauvaise décision : Lionel Letizi. Le joueur est revenu sur cet épisode en mai 2007 dans les colonnes du Parisien :

Quelque chose d’intéressant, que j’attendais depuis cinq ans, se créait. Une forme de découragement a point chez moi quand il a été viré. Lorsqu’il [Laurent Fournier] a remplacé Halilhodzic, les joueurs n’en pouvaient plus. Il a apporté de la fraîcheur mentale. Notre début de saison suivant a été bon.

Quand le président Blayau, dont on ne sait d’où il sortait, l’a viré, je me suis dit : « Ce n’est pas possible. » Il fallait lui laisser le temps de devenir quelqu’un de la trempe de Le Guen. Il en a le potentiel. J’ai pris sa défense. Blayau n’a pas aimé.

Signalons également que Letizi a été plusieurs années durant impliqué dans diverses actions syndicales. Représentant des joueurs auprès de la direction parisienne, il est également très actif au sein de l’UNFP, en qualité de secrétaire général puis de vice-président. Bref, Letizi s’avère être bien plus soucieux des intérêts de ses collègues que son tempérament sur le terrain pourrait laisser penser. Ce ne sont pas forcément ceux qui font le plus de bruit qui agissent le plus…

Conséquence de sa défiance vis-à-vis de Blayau ou non, le successeur de Fournier, Guy Lacombe, décide après quelques matches de remettre Letizi sur le banc, au motif qu’il a besoin d’un aboyeur comme Alonzo sur le terrain. L’effet est cependant de courte durée : Alonzo se blesse assez vite, et Letizi finit la saison en jouant à la fois le championnat et la coupe de France. Entre temps, la signature de Landreau est annoncée comme imminente, et Letizi n’a plus guère d’illusion : il va devoir quitter le PSG à la fin de la saison. La finale de coupe de France face à l’OM constitue donc son dernier match dans la capitale. Il joue ce soir-là avec une grande décontraction, réalise quelques beaux arrêts et surtout, dans les arrêts de jeu, réalise une sortie parfaite sur un centre de Taïwo — ce dont peu de gens le pensaient capable —, accompagnée d’un geste rageur du poing encore plus surprenant.

Letizi quitte donc le club sur un trophée. Il rompt son contrat à l’amiable et part vivre une courte expérience à l’étranger chez les Rangers de Paul Le Guen. Six mois plus tard, il revient chez lui à Nice, où il participe depuis en tant que doublure — voire plus —, à l’éclosion de Lloris puis d’Ospina.

Lionel Letizi aura finalement passé six saisons au PSG, où il a quasiment tout vécu. Bien sûr, son parcours fait de hauts et de bas l’empêche de rentrer dans le cercle fermé des gardiens historiques que sont Dominique Baratelli — autre ancien Niçois —, Joël Bats et Bernard Lama. Mais son calme en toute situation, ses performances de haute volée au moment où le PSG était en souffrance et son attitude on ne peut plus noble font de lui un des personnages les plus marquants du PSG des années 2000.

Notes

[1] Suite à une passe en retrait de Lebœuf, il peine à contrôler la balle et offre un but aux coéquipiers d’Igor Yanovski.

[2] Et encore, le PSG a été à deux doigts de recruter Penneteau pour 70 MF !

[3] Suite à un arrêt du jeu par l’arbitre, Porto devait rendre la balle aux Parisiens, ce qu’Helder Postiga ne fera pas, profitant de l’effet de surprise pour filer vers le but. Letizi avait senti la fourberie et avait réalisé un arrêt impeccable.

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1 commentaire a déjà été posté par nos lecteurs

  • #1

    Snow
    7 novembre 2009 13:55

    Letizi, une des meilleurs prise de balle aeriennes du foot français….

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