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Les dessous du complot parisien

Décryptage : pourquoi OM-PSG a-t-il été reporté ?

La grippe A aurait été imaginée pour protéger le PSG…

lundi 26 octobre 2009, par Vivien B.

Décryptage : pourquoi OM-PSG a-t-il été reporté ?

Lorsque les premiers états grippaux sont décelés en milieu de semaine dernière, les Marseillais crient déjà au complot : le PSG tenterait d’échapper aux griffes du terrifiant OM, qui a encaissé deux buts lors de chacun de ses trois derniers matches au Vélodrome. La LFP s’empresse alors de confirmer que le match aura lieu, malgré la prudence des dirigeants parisiens. Dimanche, les résultats des derniers examens confirment que cinq cas de grippe A ont été signalés au PSG. Le match doit désormais être reporté. Il n’en fallait pas plus pour que l’éternel refrain du PSG protégé par les instances fasse son retour dans la cité phocéenne. Décyptage.

Si le match OM-PSG est le premier match de L1 reporté pour cause de grippe A, il existe des précédents en CFA et surtout en Top 14. Les mesures de prévention contre cette pandémie sont effectivement spectaculaires, et ce depuis plusieurs mois déjà.

Le contexte : rappels sur la grippe A

Été 2009. Le monde s’affole. Le virus de la grippe H1N1, apparu au Mexique en mars 2009, n’en finit pas de se propager aux quatre coins du globe. La France fait passer son niveau d’alerte au niveau 5A le 30 avril, puis l’OMS déclenche le sixième et dernier niveau de sa phase d’alerte le 11 juin — la grippe A est alors considérée comme une pandémie. En France, les cellules de crise se multiplient, et plusieurs moyens d’action sont définis. Luc Chatel détaille ainsi un plan de prévention prévoyant que l’audiovisuel public se substitue à l’Éducation nationale.

Le football est également concerné. La LFP envisage de « reporter certaines rencontres, voire une ou plusieurs journées de championnat, si trop de clubs sont contaminés ou si le risque est trop grand » [1]. Des huis clos sont également étudiés pour limiter la propagation du virus dans les tribunes. De son côté, la FFF constitue une cellule médicale autour du Professeur Pierre Rochcongar, « pour répondre aux problèmes que pourrait poser une éventuelle épidémie de grippe A en France ». L’OM reste silencieux face à ces mesures, qui font l’objet d’une abondante communication…

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{Le Parisien} du 17 juillet 2009

Octobre 2009. En France, les fermetures de classes ou même d’établissements scolaires se multiplient. La campagne de vaccination débute dans les hôpitaux français. Samedi 24 octobre, Barack Obama proclame un état d’urgence sanitaire aux États-Unis concernant l’épidémie de grippe H1N1.

Évolution de la situation au PSG

Samedi, sur le site officiel du PSG, le docteur Éric Rolland expliquait la situation :

Mercredi, lors de la séance du matin, trois joueurs se sont plaints de ce que l’on appelle un syndrome viral. Il a été décidé d’attendre l’évolution avec un repos de 24 heures. Passé ce délai, dans le contexte actuel nous avons demandé des examens qui ont décelé deux cas de virus H1N1.

La décision de report du match appartient uniquement à la LFP. Nous sommes simplement dans l’obligation d’informer de l’existence de ces cas, car nous sommes dans une situation de contamination éventuelle.

Les examens ont révélé samedi que Ludovic Giuly et Mamadou Sakho sont bien atteints par le virus de la grippe A. Suite à ces informations, la commission des compétitions, « conformément à la procédure définie par le conseil fédéral [de la FFF] sur la conduite à tenir en matière de grippe A », s’est réunie pour déterminer s’il fallait reporter la rencontre OM-PSG. Après avis de la commission d’expertise médicale de la FFF, elle a décidé de maintenir le match.

D’autres cas suspects étaient pourtant identifiés par le staff médical du club parisien. Ainsi a-t-on appris dimanche à 12h30 que les résultats des tests effectués par Jérémy Clément étaient positifs. Par ailleurs, le PSG a adressé deux autres « fiches de signalement » pour des symptômes déclarés le jour-même — un joueur, a priori Loris Arnaud, et un membre du staff technique — à la commission médicale de la Fédération. La LFP précise que ces deux personnes ont été examinés par « un médecin fédéral dûment mandaté par le Professeur Pierre Rochcongar, accompagné par le délégué principal de la rencontre, Jacques Fiore ».

Suite à ces éléments nouveaux, la commission d’expertise médicale présidée par le Professeur Pierre Rochcongar s’est à nouveau réunie, et à cette fois-ci donné, à l’unanimité, un avis défavorable quant à la tenue de la rencontre sur un plan sanitaire. Elle a également recommandé au PSG « l’isolement des joueurs pendant 72 heures pour éviter toute propagation du virus ». La commission des compétitions a alors suivi cette recommandation, et a prononcé le report du match. Sur son site officiel, la LFP a justifié cette décision «  par le souci d’écarter tout risque de contagion, y compris des joueurs de l’équipe adverse, et d’éviter toute complication médicale grave qu’entraînerait pour des joueurs potentiellement contaminés le maintien du match. »

Tout le groupe parisien et son encadrement resteront en isolement jusqu’à mercredi. Les entraînements de lundi et mardi sont donc annulés, et la tenue du match Sochaux-PSG dimanche prochain n’est pas encore assurée. Le virus étant très contagieux, il est possible que d’autres cas se déclarent dans les jours à venir dans l’effectif parisien.

La paranoïa marseillaise

Samedi, alors que l’on apprenait que Giuly et Sakho avaient passé des examens médicaux, le journal le Parisien mettait en lumière un nouvel accès de paranoïa marseillaise :

En fin de soirée, certaines rumeurs faisaient état d’une réflexion du côté parisien pour demander le report du match si les deux cas étaient avérés. À l’OM, hier soir, personne n’était au courant de rien. Mais on se voulait très vigilant sur la véracité des cas que le PSG pourrait annoncer.

Finalement, les deux cas ont bien été avérés, puis suivis d’un troisième. Et deux nouveaux cas suspects sont même en cours d’analyse, après avoir examinés par un médecin fédéral. Il fallait donc chercher ailleurs pour reprocher au PSG et aux instances — forcément pro-parisiennes — un complot manigancé pour nuire à l’OM… Qu’à cela ne tienne : le PSG aurait volontairement laissé ses joueurs se contaminer pour ne pas avoir à affronter l’ogre marseillais au Vélodrome, où Paris reste sur trois victoires et deux matches nuls en sept saisons. C’est ce qu’insinuait José Anigo samedi :

Pour un clasico, il y a toujours quelque chose qui sort. Là il n’y avait rien jusqu’à hier soir. Heureusement que ça s’est fait à Paris et pas à Marseille. Sinon, on aurait dit qu’on avait caché ça.

Dimanche, le directeur sportif marseillais persistait :

J’ai l’impression que Paris a eu deux discours. L’un disait : « on a envie de jouer » et l’autre, dans l’ombre, qui expliquait aux dirigeants de la Ligue et aux autres que c’était un peu idiot de jouer… Pour la presse, il fallait dire qu’on voulait jouer et dans les coulisses c’était fait pour ne pas jouer.

Même son président a dû le corriger en pleine conférence de presse !

— Dassier : Je corrige… — Anigo : Je le dis quand même… — Dassier : Robin Leproux m’a dit qu’il a mis en garde la Ligue. Quand la Ligue leur a demandé de prendre l’avion samedi, il a dit : « attention vous êtes sûrs que »… Interrogez Robin Leproux. Moi je n’ai pas de nature soupçonneuse. — Anigo : Mon Président est tout neuf dans le football. Peut-être qu’avec Didier Deschamps, on a une autre approche du métier. — Dassier : Robin Leproux étant tout neuf aussi, on peut le créditer d’une absence de duplicité. Je maintiens que je ne les ai pas soupçonnés, mais je ne sais pas. José a peut-être raison. Tenons nous en aux faits. Essayons d’y voir clair. Ça serait souhaitable que cette histoire ne se renouvelle pas.

José Anigo et certains Marseillais cherchent donc à accuser le PSG à tout prix, quitte à assumer toutes les contradictions. Ainsi ce qui n’était samedi qu’une malade bénigne, qui ne devait surtout pas entraîner le report du match malgré le risque de contamination, aurait finalement dû obliger le PSG à mettre en quarantaine tous les joueurs suspects ! Exemple avec « une source marseillaise » citée par lequipe.fr :

Réserve faite d’éléments médicaux que nous ne possédons pas, ce fait-là nous interpelle. Quand on envisage le voyage de quelqu’un, le principe de précaution devrait s’appliquer. Quand il y a suspicion sur un cas, on l’écarte.

José Anigo fait les mêmes insinuations :

Ce qu’on ne comprend pas c’est pourquoi Clément a voyagé au risque de contaminer ses partenaires.

Et certains journalistes de se précipiter dans la thèse du complot, comme ceux de l’inénarrable 10 Sport :

La solution aurait pu être d’annuler le protocole qui veut que les vingt-deux acteurs se serrent la main avant le coup d’envoi. Juste des regards. Ça aurait lancé le match. […] Comme par hasard, le virus est apparu cette semaine au Camp des Loges. Et comme par hasard, un troisième cas est sorti le matin même du match. Bizarre, on dit pourtant que le hasard fait bien les choses.

Lundi, La Provence, se vautre également dans cette thèse :

Une bonne heure durant, Armand, Bourillon, Jallet et Clément ont pris part à une partie de cartes des plus acharnées. Voir le dernier cité au milieu de ses coéquipiers et sans masque était tout de même saisissant.

Robin Leproux avait pourtant déjà répondu dimanche soir en conférence de presse : si Jérémy Clément était malade en début de semaine, il a ensuite été considéré comme guéri en milieu de semaine. Samedi, le PSG a souhaité le tester malgré tout pour s’assurer qu’il n’était pas atteint par le virus. Et le résultat s’est avéré positif…

Jérémy était guéri. Il n’aurait contaminé personne. Quand on a deux joueurs positifs, la question est de savoir si l’ensemble du groupe est contaminé ou non. Normalement, nous ne pouvons pas faire de tests complémentaires le week-end mais nous avons fait le forcing. On ne pouvait pas tester les vingt joueurs, on a choisi Jérémy parce que lui était guéri. Selon les professeurs et le principe de cluster [notion d’ensemble], à partir de trois cas dans un groupe, il y a de grandes chances que l’ensemble du groupe soit touché. Les résultats sont tombés et Jérémy était bien lui aussi porteur du virus. On a testé trois joueurs, et les trois étaient positifs, donc nous savons que la quasi-totalité du groupe est touchée par le virus.

Et Anigo de recourir à d’autres arguments parfaitement absurdes : une comparaison avec le match OM-Lille, qui s’est joué à Montpellier étant donnée l’indisponibilité du Vélodrome pour une enquête judiciaire, et la sécurité… des 60 000 personnes qui étaient attendues au Vélodrome !

Pour OM-Lille, il y avait eu deux morts et une grue sur la pelouse. Il n’y a pas eu de report, nous avons joué à Montpellier.

L’effet tardif de l’annulation de ce match crée un vrai malaise : il y a dans la ville 2 000 supporters parisiens, il y a des incidents qu’on aurait pu éviter. La sécurité de 60 000 supporters au stade est au moins aussi importante que celle des 22 joueurs sur la pelouse.

Notes

[1] Source : Le Parisien du 16 juillet 2009.

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