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Zoom rétro n°6 — OL-PSG, rubrique mercato

Quand Lyon perturbe les transferts du PSG

Essien, Abidal, Malouda étaient sur le point de signer à Paris…

samedi 19 septembre 2009, par Gauthier B.

Quand Lyon perturbe les transferts du PSG

C’est indéniable, les années 2000 ont permis à l’Olympique Lyonnais de devenir un grand club français, à défaut de l’être sur le plan européen. C’est aussi indéniable, dans le même laps de temps, le PSG a vécu quelques soubresauts qui ne lui permettent plus, pour l’instant, d’avoir des ambitions démesurées. Cela n’a pas empêché les deux clubs de lorgner sur les mêmes joueurs, avec la particularité suivante : certains footballeurs devenaient nettement plus intéressants pour l’OL dès lors que le PSG entrait en contact avec eux.

Ces dernières saisons, les périodes de transferts ont souvent été marquées par des bras de fer entre Lyon et le PSG pour les mêmes joueurs.

Essien, Abidal, Malouda : trois gros coups ratés

Commençons par l’année 2003. Le club lyonnais vient tout juste de connaître la joie de remporter ses premiers titres, et doit désormais faire face aux difficultés que de nombreux clubs ont affronté : confirmer. Quand aux Parisiens, ils viennent de vivre une année assez difficile, et l’arrivée du duo Graille-Halilhodzic doit chambouler pas mal de choses dans l’effectif parisien. Chacune de ces deux équipes a comme priorité de recrutement un milieu défensif et un milieu gauche.

Le mystérieux transfert de Mickaël Essien

Pour le premier poste, la priorité du PSG s’appelle Mickaël Essien, même si un œil est gardé sur Benoît Pedretti. Le jeune milieu défensif ghanéen de Bastia sort d’une très belle saison, et Vahid Halilhodzic veut en faire un de ses hommes de base. C’est un des premiers dossiers gérés par la nouvelle direction du PSG. Le problème est que dans cette affaire, les bons intermédiaires sont assez difficiles à trouver. Le PSG négocie avec le club bastiais, et arrive finalement à un accord : le transfert est même annoncé comme officiel sur le site internet du club parisien… avant d’être vite infirmé. Des agents ont visiblement entre temps fait monter les enchères avec l’Olympique Lyonnais, et le Ghanéen clame soudain son envie de jouer chez le champion lyonnais. Club où il s’engagera finalement, dans des conditions qui restent encore aujourd’hui assez obscures : la justice s’est intéressée de très près à ce transfert, dans le cas de ce qui se nomme le dossier Pieri. L’enquête portait sur le fait qu’une somme indéfinie de ce transfert aurait servi les intérêts d’agents non reconnus et proches des milieux terroristes corses… Bref, peut-être une affaire dont le PSG a bien fait de se passer.

PSG.FR

Pour preuve des divers soubresauts de l’affaire, voici un extrait d’un France Football de l’époque [1] :

Dimanche, en fin d’après-midi, François Nicolaï, le président de Bastia, faisait cette annonce : « Mickaël Essien va nous quitter pour rejoindre Paris. C’est fait à 98 %. On approche du dénouement. Voilà un gros dossier de réglé. » Quelques heures plus tard, le même homme nous téléphone. Il est plus de 22 heures. « Je tenais à vous informer que Mickaël Essien est maintenant beaucoup plus près de Lyon que de Paris. Le joueur est à 80 % à Lyon. […] C’est fou ce qui s’est passé en aussi peu de temps. »

Florent Malouda presque au PSG

Quoi qu’il en soit, cela fait déjà un joueur piqué à la barbe du PSG par l’OL, et cela ne fait que commencer. Durant le même mercato, au mois de juillet, le staff parisien pense avoir trouvé son milieu gauche. Il s’agira de Florent Malouda, ailier guingampais très prometteur. Le journal le Parisien annonce même un accord quasiment conclu, et considère le transfert comme acquis [2]. Mais c’est sans compter sur le rival lyonnais, qui encore une fois, au dernier moment, présente de nouveaux « arguments » convaincants. Même Noël Le Graët, président du club breton, avouera à demi-mot que les Lyonnais ont fait pression sur le joueur alors que tout était réglé avec Paris. Et comme, dans le football actuel, les joueurs ont presque toujours raison, Malouda décide de rejoindre l’Olympique Lyonnais, en déclarant :

Malheureusement, l’affaire a capoté au niveau salarial. Et puis Lyon s’est manifesté.

Traduction : il était d’accord avec le PSG, avant que Lyon ne propose plus. Et le club parisien se rabattra alors sur Hakan Yakin, puis Branko Boskovic [3].

Le feuilleton Éric Abidal

Un an plus tard, les deux clubs se retrouvent en nouveau en conflit sur un joueur : le défenseur Éric Abidal. Nous avons récemment évoqué ce cas sur ces pages, mais il faut encore préciser que le Lillois avait en 2003 été très intéressé par le PSG, à tel point qu’il avait séché les entraînements du Losc pour rejoindre le club parisien. Ce qui ne s’est pas fait devant la volonté lilloise de le garder. En 2004, pour préparer la succession de Gabriel Heinze, Halilhodzic revient à la charge et, dès le printemps, rentre en négociation avec Lille et le joueur. Tout se passe bien, et là encore, les journaux s’empressent d’annoncer un accord imminent. Sauf qu’Aulas et Lacombe déploient des arguments de taille pour attirer le joueur dans leur filet. Ils iront même jusqu’à faire au joueur des promesses qu’ils ne pourront pas tenir. Alors qu’Halilhodzic joue franc-jeu, et annonce que s’il vient à Paris, ce sera pour jouer arrière gauche, les Lyonnais sont malins, et garantissent au joueur une place en défense centrale — ce qu’Abidal réclamait dans la presse —, et éventuellement, des piges à gauche pour dépanner. Cet argument, en plus du fait qu’Abidal est originaire de Lyon, font que le joueur choisira l’OL, après avoir pourtant tout fait pour pourtant rejoindre le PSG. La suite montrera que la promesse donnée par la direction de l’OL était infondée, puisqu’Abidal a passé le plus clair de son temps à jouer arrière gauche à Lyon : vu qu’ils avaient fait venir Cris dans le même temps, et que le capitaine était Caçapa, ça ne laissait pas énormément de place dans l’axe de la défense…

Quoi qu’il en soit, en un an, le PSG vient de rater trois gros coups sur le marché des transferts, et trois fois à cause de l’OL. Particulièrement regrettable lorsque l’on voit ce que ces joueurs ont apporté à Lyon sportivement, puis financièrement avec les grosses plus-values enregistrées à la revente. Mais c’est la loi de cet exercice, et s’il est vrai que l’attitude des Gones peut laisser un goût amer aux Parisiens, cela n’a rien d’aberrant : le PSG a également par le passé raflé la mise en s’engageant sur un transfert à la dernière minute, et l’OL n’a fait que bien jouer le coup pour obtenir des recrues de choix.

L’intérêt pour les joueurs en passe de signer au PSG

Ce qui est plus étonnant en revanche, c’est le comportement adopté par l’Olympique Lyonnais sur certaines recrues plus anodines. Attitude qui pourrait laisser à penser que Jean-Michel Aulas a quelques problèmes avec le club de la capitale. Paranoïa ou réalité ? Quelques exemples : en 2004, le PSG a recruté un ailier droit remplaçant, Fabrice Pancrate. Sauf que le transfert s’est éternisé, et alors que les contacts avaient été pris à l’avance, il ne s’est conclu que dans les dernières heures du mercato. Cette difficulté s’explique tout simplement par le fait que le club de la capitale des Gaules s’était amusé à faire monter les enchères, incitant le président manceau à se montrer plus gourmand avec le PSG. Là où il est tout à fait crédible qu’un club n’hésite pas à employer certaines fourberies pour faire venir un excellent joueur, en revanche dès lors qu’il s’agit d’un footballeur plus moyen, davantage supposé jouer les seconds couteaux, cette attitude devient alors un peu suspecte. Fabrice Pancrate a-t-il jamais été réellement un objectif pour Lyon ? Ou le but était-il juste de gêner le PSG dans son recrutement, alors que le club était à l’époque encore un rival sérieux pour le titre de champion ?

Curieuse coïncidence, le même genre de scénario se produira deux ans plus tard. Alain Cayzac, alors nouveau président du club parisien, tente de mener à bien sa première acquisition de joueur. La cible est Amara Diané, attaquant fantasque de Strasbourg. Un accord moral est vite trouvé entre les deux parties. Mais lorsque tout le monde se réunit au siège du PSG pour signer les derniers papiers, un fax arrive de Lyon, destiné à Amara Diané ! Une proposition évidemment bien supérieure à ce qui l’attend à Paris. La finalisation de la transaction côté parisien ne sera finalement due qu’à la droiture de Diané, qui refuse de revenir sur la parole donnée. Encore une fois, la méthode lyonnaise étonne. Aulas voulait-il vraiment recruter le joueur ? Et si c’était le cas, pourquoi alors ne proposer une offre qu’à la dernière minute ? Si ce n’est pour espérer faire repartir des négociations achevées trop tôt, et ruiner un peu plus le PSG…

Six mois plus tard, l’intérêt déjà prononcé d’Aulas pour les transferts parisiens vire carrément à l’obsession. Paul Le Guen arrive en tant qu’entraîneur du PSG, et souhaite recruter un joueur qu’il connaît très bien : Jérémy Clément, propriété des Rangers. Le PSG s’y intéresse. Donc l’OL aussi… Ce qui est plus surprenant puisque l’on se rappelle que le joueur avait été vendu par l’OL aux Écossais, six mois plus tôt à peine ! Bien sûr, ayant réussi à Glasgow, la cote de Clément a augmenté, l’OL est donc prêt pour faire venir le joueur à dépenser plus que ce qu’il n’avait reçu lors de la vente. Finalement, Clément préfère rejoindre son mentor Le Guen dans la capitale ; mais le PSG doit dépenser plus que prévu, « grâce » à la surenchère lyonnaise.

Ce qui fera prononcer à Aulas cette phrase pleine de classe :

Nous sommes au point mort avec Jérémy Clément, car nous nous sommes assez rapidement mis d’accord avec les Rangers mais un entraîneur de Paris a expliqué au joueur qu’il jouerait tous les matches au PSG, alors qu’il ne les disputerait pas à Lyon. Si j’étais milieu défensif à Paris, je m’inquiéterais.

Cela pourrait être de bonne guerre s’il s’agissait de clubs qui se tirent la bourre en championnat. Mais ce n’était malheureusement pas le cas : alors que Lyon jouait encore le titre, Paris luttait pour ne pas descendre. La volonté d’Aulas de continuer à affaiblir un club qui joue le maintien commençait à devenir plus ridicule qu’autre chose. Mais de ridicule, les Lyonnais n’en manqueront pas cette saison-là, quand ils fêteront au Parc des Princes une égalisation à la toute dernière seconde comme un but qui leur apportait un titre de champion [4].

D’autres cas laissent également perplexe. Lyon a perturbé les Parisiens lors de la préparation d’inter-saison à pas moins de trois reprises — et alors que le PSG n’était pas au mieux — en faisant d’importantes offres financières à des joueurs cadres. Ainsi Pauleta en 2006 puis Armand et Rothen en 2007 ont eu sous les yeux des propositions de contrat très alléchantes contre lesquelles Alain Cayzac ne pouvait pas réellement lutter. Il a dû s’employer énormément, en jouant sur l’affectif pour convaincre les joueurs de rester, mais aussi en tirant sur le porte-monnaie de l’actionnaire pour obtenir des ressources supplémentaires et offrir de conséquentes réévaluations salariales à ces joueurs [5]. Et si ces Parisiens sont restés, c’est en engouffrant une partie du budget que le PSG ne pouvait plus utiliser pour acquérir d’autres joueurs. Plus que de recruter Pauleta, Armand ou Rothen, Aulas voulait sans doute davantage affaiblir un concurrent direct. En conclusion de l’augmentation de salaire, il avouera tout simplement être heureux de voir qu’un joueur comme Pauleta était désormais rémunéré à sa juste valeur, d’autant que ça pourrait inciter les autres joueurs à demander une augmentation à leur tour… [6]

J’ai eu un message de l’agent de Pauleta pour me dire qu’il restait au PSG. Ils se sont donc alignés sur la proposition de Lyon… […] Ça a permis à Pedro d’obtenir ce qui paraissait inaccessible dans les propos d’Alain Cayzac, le président du PSG. J’avais lu que l’offre de Lyon était astronomique. […] Pedro a enfin un statut financier qui correspond à sa valeur. Si notre offre a pu l’aider à mieux discuter avec Paris, c’est parfait. Ça fait partie du jeu. […] Je crois qu’il devrait toucher entre 10 et 11 millions sur les deux saisons [7]. Paris va d’ailleurs être obligé de rendre publics et transparents ces transferts avec l’arrivée des nouveaux actionnaires. C’est parfait. Vraiment, je suis assez content que le PSG garde son symbole. Si le club est capable de payer deux fois et demie son salaire à Pedro, c’est une bonne nouvelle. Même pour ceux qui sont aujourd’hui au PSG et qui doivent discuter avec sa direction…

Et L’Équipe de commenter ainsi l’interview du président lyonnais :

Le choix de Pauleta de rester au Paris SG ne l’a pas vraiment affecté. Il espérait sa venue mais il a bien d’autres idées en tête pour renforcer son équipe. Il ne faut jamais oublier que sa priorité reste Didier Drogba. D’une certaine manière, Lyon a contraint le club parisien à un effort salarial important pour Pauleta. À se demander, même, si ce n’était pas le but de la manœuvre

Après tout ça, difficile de croire que Jean-Michel Aulas ne prend pas parfois un malin plaisir à perturber les transactions parisiennes.

Notes

[1] France Football du 24 juin 2003.

[2] Mais il est vrai que l’expérience montre que ce que le Parisien considère comme acquis n’est pas toujours avéré…

[3] Yakin avait signé au club, avant de se faire opérer une semaine plus tard sans l’aval du staff parisien, ce qui a valu l’annulation de son transfert.

[4] Ce qui n’était évidemment pas le cas. Dans son livre, Alain Cayzac évoque ce match : « Certains Lyonnais, dont Patrice Bergues, adjoint de Gérard Houllier, déjà assurés de leur sixième titre avant la rencontre, célèbrent ce but comme s’il s’agissait du plus important de leur histoire. Pourtant, il ne représente pas grand-chose pour eux sinon la satisfaction de ne pas perdre contre le PSG, ce qui est finalement beaucoup. » Pour Paris, cette égalisation à la 90e+4 représente une perte de 4 millions d’euros en droits TV.

[5] Alain Cayzac de nouveau : « Sur ces trois dossiers, Pauleta, Armand et Rothen, je pense m’être montré efficace et avoir défendu les intérêts du PSG du mieux possible. Garder les joueurs clés est parfois plus difficile et plus important que d’en recruter des nouveaux. Encore une fois, contrairement à certaines idées reçues, Lyon les voulait vraiment. Les offres, je les ai vues. Elles n’étaient pas factices. À chaque fois, ce fut une vraie bataille. »

[6] Dans L’Équipe du 26 mai 2006.

[7] Cayzac a démenti cette somme dans le même journal : « [Ça] me vaudrait d’être licencié par mes actionnaires avant même d’être en place. C’est une vaste plaisanterie. La vérité est qu’on a fait un effort financier raisonnable, avec le soutien complet de mes actionnaires, mais la somme est inférieure à la proposition lyonnaise. J’ai fait tout ça avec un œil sur ma calculette afin de ne pas mettre en péril le recrutement futur. Je n’aurais jamais pu arriver à hauteur de l’offre de Lyon. »

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3 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    2dalhebAerding
    20 septembre 2009 14:01

    bravo pour l’article

    sur la premiere partie rien a dire et c’est clair que malgré des transactions douteuse c’est le jeu du mercato un jeu de requins a qui sera le plus vicieux et sur ce terrain paris a été souvent un des principaux protagonistes.donc c’etait pas mal jouer de la part de aulas, on va dire que c’est de bonne guerre lol

    la deuxieme partie nous en apprend clairement plus sur le caractere obsessionnel d’aulas a detruire paris financierement .
    Comme un defi face aux actionnaires americains.il voulait marquer son territoire sur ce marché facon protectionisme(le management a la francaise contre l’ultra liberalisme us lol)
    avec une grosse part de jalousie dans l’empire colony capital.
    il a tres vite vu venir leurs grosses pattes car il esperait construire patiemment une franchise de type us dans le foot francais mais devait regler dabord les enormes problemes structurels du psg (il les avaient calculé a minimum trois ans)
    Vu ce qu’il en est maintenant Aulas a gagner une bataille mais pas tous seul car il faut dire bien aider par la conjoncture actuel (crise)
    la guerre n’est pas terminé mais bazin prepare sa revanche car il est fautif de n’avoir pas saisi les enjeus et la rancune tenace d’aulas.

    voila c’est la version conspirationniste du sujet lool comme dit denisot ds les guignols pardon….

  • #2

    supertortue
    20 septembre 2009 17:18

    Si tout ce qui est écrit est vrai, alors c’est une très belle, dommage qu’elle ne soit pas signée.

    Que peut elle valoir dans ce cas ?

    Il semblerait que l’auteur n’en accepte pas les responsabilités.

    Supertortue

  • #3

    Vivien Brunel
    20 septembre 2009 17:41

    Salut supertortue,

    De quoi parles-tu ? Tous les articles du site sont signés. Celui-ci fut écrit par Gauthier, c’est précisé en haut de la page.

    Évidemment que tout est vrai. `Mort de rire Nous avons également précisé nos sources pour que chacun puisse vérifier par lui-même les citations (voir également les notes de bas de page) — encore une fois, comme dans tous nos articles.

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