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Le club parisien fait son retour dans la rubrique faits divers

Le PSG ? Un nid de psychopathes

Ou comment parler du PSG même quand il n’y a rien à en dire

mercredi 1er avril 2009, par Gauthier B.

Le PSG ? Un nid de psychopathes

Même quand il n’y est pour rien, le PSG fait les gros titres de la presse. Dernier épisode : le dérapage d’un joueur… du FC Sochaux, qui n’aura passé à Paris que six mois durant sa longue carrière de footballeur professionnel — laquelle l’a conduit à Lens, Toulouse, Bordeaux, Marseille ou encore Milan. Et devinez de quel club parle-t-on exclusivement lorsqu’il s’agit d’annoncer ce fait divers ?

Le PSG est un club atypique, c’est une évidence. Excessivement médiatisé, le Paris Saint-Germain traîne une réputation sulfureuse qui, si elle est avérée sur certains points, est complètement fantasmée sur d’autres. Les diverses décisions de commissions de discipline qui font du PSG un exemple laissent à penser que ses joueurs sont des voyous. Les complaintes relayées avec entrain par la presse sportive poussent à croire que l’équipe parisienne est avantagée par les arbitres. Les faits condamnables de certains supporters Rouge et Bleu, généralement seuls à être mis en avant, font croire que le Parc des Princes est un stade peuplé de nazillons assoiffés de sang. Tout ceci est une habitude subie depuis longtemps par les aficionados du club de la capitale, c’est ainsi et ça le restera probablement longtemps. Mais parfois, le traitement des informations relatives au PSG va beaucoup trop loin, surtout quand ces informations n’ont, a priori, aucun rapport avec le club francilien.

Le PSG se fait encore remarquer dans les faits divers

Un nouvel exemple, frappant, nous est offert en ce début de semaine. Alors qu’il n’y a aucune rencontre officielle, que l’actualité parisienne n’a été marquée que par un tournoi amical de Futsal, la presse a réussi à évoquer le PSG plus que de nécessaire. Le joueur de football Stéphane Dalmat a eu des problèmes le week-end passé et est poursuivi pour « violences volontaires sur agent de la force publique ». Un fait divers qui n’a aucun lien avec le PSG, sauf que la majorité des médias ayant évoqué cette information n’a pu s’empêcher d’accoler au nom du principal intéressé la mention d’« ancien joueur du PSG ». Que ce soit sur les sites du Parisien, de L’Équipe, de RMC ou sur des sites plus généralistes, comme sur Le Post, où le titre provocateur était même « l’ancien footballeur du PSG Stéphane Dalmat interpellé et placé en garde à vue » — titre changé depuis, mais l’URL ne ment pas [1]. Cette façon de traiter l’information fait que celle-ci est désormais liée au PSG, au moins dans l’inconscient des gens qui en ont connaissance.

Il serait compréhensible qu’une telle mention, qui n’a rien à voir avec l’info en elle-même, soit présente pour présenter le personnage impliqué dans l’affaire. Mais dans le cas présent, il s’avère que cela ne tient pas du tout la route. Car contrairement à ce que pourraient laisser croire certains titres, Stéphane Dalmat est encore un footballeur en activité, et il est capitaine du FC Sochaux. Mieux encore, Dalmat est un ancien joueur de neuf autres clubs — et pas des plus petits puisqu’il a joué notamment à Lens, l’OM, Bordeaux et l’Inter Milan —, et que le PSG est celui où il a passé le moins de temps — six mois à la fin de l’année 2000. Son passage au Parc des Princes a été bref, et il n’a en aucun cas été marquant : sportivement, Dalmat n’est pas du tout associé au PSG. Bref, il n’y a aucun motif déontologique qui puisse pousser à préciser systématiquement que Dalmat est un ancien joueur du PSG plutôt que d’un autre club.

Ne soyons pas dupes, la vraie raison est qu’une info concernant un joueur d’un club peu important de L1 n’a pas vraiment d’intérêt. En revanche, le PSG étant un des clubs les plus vendeurs, plus on en parle, mieux c’est. Ceci est d’autant plus vrai sur Internet, puisqu’il y a plus de chances qu’un internaute utilise un moteur de recherche avec le mot-clé « PSG » que « FC Sochaux », et donc qu’il tombe sur la page d’information : le fait que le site du Post ait tagué sa page avec le mot « PSG » en est la preuve formelle. L’objectif pour la presse du net est donc de rattacher une information à un terme populaire pour faire venir le plus de monde possible, qu’importe si le lien avec l’actualité est réduit, voire inexistant dans ce cas précis. C’est un aveu clair de la stratégie employée par une bonne partie des médias : le potentiel attractif passe avant la qualité de l’information… À ce compte-là, le site du Post ferait mieux de placer le terme « porno » dans chacun de ses articles, comme c’était parfois l’usage il y a une dizaine d’années, cela ferait venir à coup sûr un grand nombre d’internautes.

Mais si le procédé trouve une explication dans le cas du web, ce n’est plus du tout le cas pour ce qui concerne la presse papier ou radiophonique. L’AFP, qui fournit l’ensemble des médias en matière brute, rappelait pourtant dans ses dépêches l’intégralité du parcours de Dalmat, de Lens à l’Inter Milan, où il est resté trois saisons — soit six fois plus longtemps qu’à Paris — en passant par Marseille ou Bordeaux. Signalons par ailleurs que si la première phrase de la dépêche précisait le statut de capitaine de Dalmat à Sochaux, un autre club était mentionné dans le corps de l’article : le Paris SG… Ajouté au fait que les journalistes auraient tout aussi bien pu dire « ancien joueur de l’OM », le club du sud étant tout aussi vendeur que le PSG, le fait de vouloir toujours associer un fait divers peu glorieux au PSG nous fait envisager que maintenir la mauvaise image du club peut parfois être le but de la manœuvre. Inconsciemment ou pas. Quoi qu’il en soit, le résultat est clair : ceux qui suivent cette affaire de loin peuvent se dire en toute logique qu’il y a encore un problème avec le PSG, que c’est un club de voyous, etc. Et avec des faits présentés de cette manière, il n’y aurait rien d’anormal à penser cela.

Dans le même temps, on apprend l’interpellation de Djibril Cissé en Angleterre à la sortie d’un établissement de nuit. L’AFP se contente cette fois de présenter le joueur comme un « attaquant international français », sans évoquer son club actuel — Sunderland —, son dernier club français — l’OM, à qui il appartient toujours — ou son premier club — l’AJ Auxerre. À l’heure actuelle, la presse française ne rattache pas davantage cette affaire à l’un de ses anciens clubs [2].

Les précédents Okpara et Brunerie

D’autant que ce n’est pas la première fois que le PSG se retrouve associé à un incident qui ne le concerne pas du tout. Nous l’avions déjà constaté avec la façon dont a été traité le cas Godwin Okpara. Sans rentrer dans les détails, l’ancien joueur de football et sa femme ont été condamnés pour viols répétés sur mineur et actes de barbarie. Une sombre histoire qui, là encore, s’est retrouvée comme par magie liée au PSG. Ceci pour la simple raison qu’à chaque rebondissement dans cette affaire, Okpara était présenté comme « ancien footballeur du PSG ». Sur L’Express.fr ou TF1.fr, cette « précision » figure même dans le titre. Dans ce cas, on peut effectivement accorder aux journalistes que la carrière d’Okpara est minime, et que le club le plus huppé dans lequel il a joué est bien le PSG. Sauf qu’il n’y a passé que deux ans, et qu’il n’y a quasiment jamais joué : le club dans lequel il a été le plus marquant est celui du RC Strasbourg [3]. Même auprès des supporters parisiens, dire qu’Okpara est un ancien du PSG n’aide pas vraiment à resituer le personnage tant il a peu marqué le club.

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Okpara sur {TF1.fr}

Mais là où un journaliste a abandonné toute idée d’honnêteté intellectuelle, c’est lorsque lequipe.fr annonce le verdict du procès de la façon suivante : « Foot - PSG - 10 ans de prison pour Okpara ». L’intitulé a été corrigé depuis en plaçant « justice » à la place de « PSG », mais le mal est fait : un fait divers dramatique, qui parle de viol, de torture et d’esclavage se retrouve complètement associé au PSG, uniquement parce que le fautif a été salarié du club parisien pendant deux ans… Pour bien comprendre l’absurdité de la chose, prenons un exemple récent. Yvan Colonna a été condamné à la perpétuité. Il s’avère que par le passé, il a fait son service militaire dans la brigade de sapeurs-pompiers de Paris. Ne tomberiez-vous pas des nues en voyant dans la presse un intitulé tel que celui-ci : « Sapeurs-pompiers de Paris — perpétuité pour Colonna » ?

Et ce n’est pas tout. Le 14 juillet 2002, un dénommé Maxime Brunerie tente d’assassiner le président Jacques Chirac. Une fois l’affaire dévoilée, chaque mention dans les médias aura à peu près cette forme-là : « Un homme a tenté de tirer sur Jacques Chirac. Précisons qu’il s’agit d’un supporter du PSG… » On ne sait pas bien quel intérêt peut être trouvé à donner ce détail. Peut-être est-ce une circonstance atténuante : il a commis un geste grave, mais il faut l’excuser, car toutes les semaines il doit supporter les défaites du PSG ? Ou alors une justification : on ne comprend pas ce qui lui est passé par la tête, jusqu’à ce qu’on sache qu’il est en fait supporter du PSG — donc un terroriste, cela coule de source. Au final, cela peut tout simplement être un jugement : c’est un dangereux déséquilibré, en plus d’un supporter du PSG ; il n’est plus besoin de faire de procès, rétablissons la peine de mort pour cet homme-là. La vérité c’est qu’il n’y a pas de lien, Maxime Brunerie avait peut-être une carte Ikéa au moment des faits, ce n’est pas pour autant que l’info a été mentionnée. Les fans de meubles en kit peuvent donc se rassurer, leur réputation n’est pas remise en cause.

En revanche, celle du PSG, par le biais de trois affaires qui ne le concernent pas le moins du monde, se retrouve ternie. Il s’agit donc d’un club de voyous, de tricheurs, peuplés de supporters sanguinaires, mais qui en plus génère des alcooliques frappeurs de policier, des violeurs esclavagistes, et des assassins. Ces amalgames sont tellement rentrés dans les mœurs qu’ils ne choquent même pas au-delà du cercle des habitués du Parc des Princes, et qu’ils contribuent à alimenter de manière indue l’exécrable réputation du PSG. Finalement, la logique de la presse semble être qu’il faut continuellement parler du PSG, même quand on n’a rien à dire dessus. Et si on peut en parler en mal, c’est encore mieux…

Notes

[1] Comme Le Post, plusieurs sites ont, suite aux commentaires de leurs lecteurs, modifié leurs articles. Certains étaient même illustrés par une photo d’archive de Dalmat sous le maillot du PSG… Nous n’avons pas retrouvé trace de toutes ces modifications a posteriori.

[2] Et sur Le Post, aucun tag ni aucune mention dans l’article n’évoquent Auxerre ou Marseille.

[3] Il a notamment participé à la grande campagne européenne du club alsacien, qui l’a vu éliminer les Rangers, Liverpool, puis perdre de justesse face à l’Inter Milan.

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10 votes

4 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    Arno P-E
    1er avril 2009 20:57

    Excellente enquête ! Merci Gauthier. C’est fou comme on remarque les ficelles une fois qu’on vous les a montrées. Et là c’est vrai que c’est tellement grossier…

    Ca fait du bien de lire de telles articles. J’espère qu’il fera un petit buzz celui-là.

  • #2

    commentateur anonyme
    2 avril 2009 10:01

    +1 . c’est le genre d’article qu’il faut faire tourner entre amis, parce que c’est flagrant, bravo a toi

  • #3

    Snow
    2 avril 2009 10:22

    Il fallait que ce soit dit…et c’est bien dit.

  • #4

    Titi’
    2 avril 2009 11:08

    Bravo pour cet article bien ficelé. On voit bien que taper sur l’image du PSG est rentré dans les moeurs.

    Plusieurs fois par jour je passe sur votre site à la recherche d’un article croustillant et je ne suis jamais déçu. Continuez comme ça :)

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