PSGMAG.NET est définitivement fermé depuis 2013.


 

Vahid, Luis et l’émir d’Auxerre

De la violence dans la zone technique (7/7)

Le pouvoir étant centralisé à Paris, il y a sans doute anguille sous roche…

samedi 21 mars 2009, par Vivien B.

De la violence dans la zone technique (7/7)

Évoquez en province une quelconque décision impliquant le PSG et une instance de pouvoir — qu’il soit médiatique, politique ou footballistique —, vous entendrez rapidement parler de la protection dont bénéficierait le club de la capitale (cf. Nicolas Dieuze en mai dernier). En matière de sanctions disciplinaires prononcées par la LFP ou la FFF, c’est pourtant souvent le contraire : le Paris SG sert de laboratoire de sanctions. Les tirages de maillot dans la surface ? Seul Mario Yépès est sanctionné. Les simulations ? Seul Fabrice Fiorèse. Les démêlés des entraîneurs avec les arbitres ? Luis Fernandez. Les exemples foisonnent, nous en avons choisi quelques uns.

L’arbitrage est un sujet sensible. Que ce soit en sortant de leur zone technique ou en conférence de presse, les Parisiens énervent souvent l’homme en noir. Les sanctions sont là pour le prouver…

Vahid suspendu 2 mois ferme

Encore un sujet de discorde pour le Paris Saint-Germain. Entamons cette série avec la rencontre PSG-Lyon du 19 novembre 2004. Suite à l’exclusion de Mario Yépès dès la 23e minute, Vahid Halilhodzic rentre sur la pelouse pour donner des consignes à ses joueurs — ce que le règlement interdit —, et Alain Sars l’expulse pour être sortie de sa zone technique. S’en suit une discussion entre les deux hommes, durant laquelle l’ancien Lillois est resté correct dans ses propos — dixit Sars —, les mains dans le dos. Il refusera toutefois de s’exécuter durant quelques minutes, avant de rejoindre les tribunes en compagnie de son adjoint Bruno Baronchelli, également exclu. La commission de discipline prononce des peines particulièrement sévères à l’époque : deux mois ferme de suspension pour Halilhodzic, un mois ferme pour Baronchelli.

Jacques Riolacci justifie ainsi les sanctions prononcées contre Vahid : « Il lui est reproché un comportement à la limite de l’agression et un refus d’obtempérer lorsque M. Sars lui a demandé de rejoindre sa zone technique puis les tribunes. » Le quotidien le Parisien embraye sur cet amalgame de la violence, en rappelant que ces actes sont intervenus « alors que la Ligue a placé cette 15e journée sous le signe de la non violence ». L’arbitre ne parle pourtant pas d’agression — ni de quasi-agression, comme le fait la commission — : « Je lui avais demandé de rester dans sa zone technique et, peu de temps après, je le vois sur le terrain. Conformément au règlement, j’ai décidé de l’expulser. » Riolacci confirme par ailleurs qu’il ne s’agit que d’un refus d’obtempérer : « Il n’y a pas eu d’insultes, ni de voie de fait. Sinon, vous pensez bien que la sanction aurait été tout autre. Vous avez en mémoire une autre affaire où un autre entraîneur fut sanctionné de manière plus drastique. »

Luis suspendu 6 mois ferme

En effet, tout le monde a en mémoire les précédents entraîneurs sanctionnés. Il ne s’agit pas de Frédéric Antonetti, Pablo Correa, Antoine Kombouaré ou Mécha Bazdarevic [1], mais bien de Luis Fernandez, le précédent entraîneur du PSG à l’époque. L’affaire est caricaturale et symptomatique : le 2 mars 2002 Paris reçoit Bordeaux en demi-finale de la coupe de la Ligue. Deux semaines après un Lyon-PSG dont l’avant-match fut pourri par les déclarations d’Aulas, Élie Baup ouvre les hostilités dans la presse : «  La force du PSG ? C’est l’arbitrage.  » Il ne sera pas rappelé à l’ordre.

Au Parc des Princes, les deux équipes sont toujours à égalité 0-0 quand, à dix minutes de la fin du temps règlementaire, Frédéric Déhu tacle de manière trop virulente Dugarry, dans la surface : penalty, carton jaune. Dans les minutes qui suivent, l’arbitre, Gilles Veissière, panique, allant jusqu’à distribuer six cartons — dont trois rouges — en quelques secondes, pour de simples protestations. La suite est rocambolesque : Élie Baup étant sorti de la zone technique, Luis Fernandez alerte le quatrième arbitre. Stéphane Moulin ne comprenant pas l’entraîneur parisien, ce dernier lui touche le bras pour le faire regarder le coach bordelais, puis retourne s’asseoir sur son banc. Résultat ? L’expulsion de Luis Fernandez est demandée par Stéphane Moulin, qui justifiera son arbitrage par la volonté de mettre un terme à «  l’escalade de la violence  », qui va «  jusqu’à l’agression physique  » (sic) !

Un grand n’importe quoi qui aura la caution de la LFP, la commission de discipline suspendant Jean-Louis Gasset pour trois matches ferme et Luis Fernandez pour six mois ferme, une peine exceptionnelle — comme le confirment les propos de Riolacci près de trois ans après, lorsqu’il annonce la suspension de Halilhodzic. Il faut dire que le président de la commission de discipline semble avoir un problème personnel avec Luis Fernandez. Après son précédent passage devant elle, le natif de Tarifa avait lancé : « Cette commission, elle est mignonne et sympa. Elle me fait marrer. » Des propos que son président a rappelés au moment de se prononcer sur cette nouvelle affaire : « Je suis heureux de constater que Luis a été “visité”, touché par la grâce et qu’il est sur la voie de la rédemption. Mais cela ne changera rien à la décision d’une commission dont il a traité les membres d’archaïques et de non évolués. Si Luis représente le stade suprême de l’évolution humaine, alors je suis heureux d’en être resté au stade larvaire. » Même Laurent Perpère s’était aperçu du manque d’impartialité apparent : « Je suis surpris que Riolacci paraisse déjà avoir son opinion faite sur Luis avant même que celui-ci ne soit entendu… »

L’émir d’Auxerre pas même rappelé à l’ordre

Il n’est pas inutile de rapprocher ces événements du match Auxerre-PSG, un an plus tard. Le 24 mai 2003, lors de la dernière journée du championnat, Philippe Kalt donne le coup d’envoi alors que la fumée des fumigènes parisiens a envahi la pelouse. Au bout d’une minute de jeu, Hugo Leal marque d’une frappe pleine lucarne, le but est validé par l’arbitre. C’est alors qu’on voit Guy Roux courir sur le terrain, se dirigeant vers le rond central (sic), ordonnant à l’arbitre d’annuler ce but en raison du manque de visibilité. Alors qu’aucun règlement ne le permet — un arbitre ne peut revenir sur sa décision que si un assistant ou un délégué lui fait constater une infraction qu’il n’aurait pas vue, ce qui n’est pas le cas ici —, Kalt annule effectivement le but. L’arbitre avait donc donné le coup d’envoi du match considérant que l’on pouvait jouer… tant que personne ne marque.

Après la rencontre, l’entraineur auxerrois savoure : « Au début du match, il y a eu un manque de réflexe de l’arbitre, il doit immédiatement arrêter le jeu, personne ne voit plus rien… Il a finalement rattrapé son erreur. » Plus amusant encore, Guy Roux étant largement sorti de sa zone technique, c’est fort logiquement que l’on assista à l’expulsion de… Luis Fernandez, qui était pour une fois resté sagement dans sa délimitation. Très courtoisement, la commission d’appel et de l’éthique infligera six mois ferme d’interdiction de vestiaire d’arbitres à Fernandez. Jérôme Alonzo dira à la fin du match que Guy Roux est l’équivalent de l’émir du Koweït. Rappelons que lors de la coupe du monde 1982 en Espagne, au cours d’un France-Koweït, Alain Giresse marque un but parfaitement valable. Pourtant le cousin de l’émir du Koweït descend sur la pelouse et réussit à faire annuler le but. La comparaison est donc parfaitement pertinente, à une différence près : l’arbitre du match de 1982 fut radié par la Fifa quelques jours plus tard, ce qui ne fut évidemment pas le cas de Monsieur Kalt. Et Guy Roux n’a pas été sanctionné…

Haro sur les banderoles

L’affaire est encore dans tous les esprits : le 29 mars 2008, quelques supporters parisiens déployent une banderole « Pédophiles, chômeurs, consanguins : Bienvenue chez les Ch’tis ». La France entière ne parlera que de ça durant plusieurs jours. En pleine Dany Boon-mania, la commission de discipline prononcera l’exclusion du PSG de la coupe de la Ligue 2009. En appel, la commission supérieure d’appel de la FFF confirmera le jugement de première instance. Finalement, ce sont les tribunaux qui rendront vraiment justice : le Tribunal administratif de Paris puis le Conseil d’État cassent la sanction de la LFP en référé, permettant la participation du PSG à l’épreuve cette saison. Le jugement sur le fond n’a pas encore été rendu.

Cette affaire méritant plus d’attention, elle sera développée plus en détails très prochainement sur PSGMAG.NET.

Notes

[1] Et ne parlons pas de Jean-Michel Aulas, largement hors concours.

Cet article vous a intéressé ? Notez-le, partagez-le...

12 votes

2 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    commentateur anonyme
    21 mars 2009 16:37

    Excellent article, une fois de plus

    Il y’a le PSG, et les autres…

    A vomir…

  • #2

    Snow
    21 mars 2009 20:24

    gros bravo pour cette serie. C’est edifiant.

    Et tout le virage chante " Curbelo…Curbelo"

    y’a quelqun’un au PSG en ce moment pour secouer un peu le cocotier ?

Qui sommes-nous ? | Mentions légales | Contactez-nous | Partenaires | Plan du site | Archives |  RSS 2.0 (plus d'infos) | Forum PSG