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PSG : les manifestations vues par Arrêt sur images
{arretsurimages.net} a enquêté sur nos critiques des médias
Qui de l’AFP, du Parisien, de L’Équipe ou de PSGMAG.NET s’est trompé ?
jeudi, 26 août 2010, par Vivien B.

Samedi 14 août, le site de décryptage de l’actualité des médias arretsurimages.net a publié une enquête intitulée « Les supporters du PSG, ces autres repoussoirs du gouvernement » et sous-titrée « Supporters contre journalistes : @si arbitre le match ». Suite à notre récit des manifestations ayant précédé le match PSG-Saint-Étienne puis nos analyses sur leur médiatisation (voir PSG : chronique de la désinformation quotidienne et PSG : focus sur la propagande de L’Équipe, du JDD), Laure Daussy a tenté d’en savoir plus en vérifiant nos critiques. Le résultat nous semble sans appel, même s’il nécessite des précisions de notre part.

La présentation d’@si reflète bien le résultat de leur enquête :

Après les Roms et les « délinquants d’origine étrangère », les supporters de foot sont-ils le troisième repoussoir estival du gouvernement ? […] Selon la préfecture, ils se sont montrés violents, lors de leur rassemblement, et auraient fait pression sur les autres spectateurs pour qu’ils n’entrent pas dans le stade. Mais selon un site de supporters, PSGMAG.NET, il n’en serait rien, et les médias auraient épousé sans nuances la version de la police. Manifestation violente ou non ? Difficile de savoir qui dit vrai. La plupart des médias traditionnels ont davantage donné la parole à la police qu’aux supporters, confirmant ce que nous notions voici quelques mois : le « supporter land » reste un milieu largement inexploré par les médias généralistes. Des journalistes spécialisés rejettent la critique, accusant en retour les supporters d’exagérer leur victimisation, tout simplement parce qu’ils sont en train de perdre leur pouvoir de pression auprès du club.

L’AFP n’informe pas : « C’est difficile »

Première critique émise par PSGMAG.NET et vérifiée par Arrêt sur images : les dépêches partielles et partiales de l’AFP.

Y a-t-il eu un traitement partial des journaux concernant ces interpellations ? C’est ce que dénonce le site PSGMAG.NET, un site de supporters : « Entre paresse et a priori, l’essentiel des médias ont accordé une forte exposition médiatique aux incidents sans jamais les expliquer, ni même les décrire fidèlement. »

L’enquête menée par @si est instructive :

L’AFP ne donne pas la parole aux supporters

« Une communication parfaitement orchestrée par le ministère de l’Intérieur, et reprise par l’AFP », selon le site. Toutes les dépêches publiées le soir du match ne reprennent, en effet, que la version de la préfecture : « À l’extérieur du Parc des Princes, il y a eu des faits de violence, d’insulte, et de pression sur des spectateurs pour les empêcher d’accéder au stade », a expliqué un porte parole de la préfecture de police de Paris. L’AFP cite également des « témoins », qui racontent des « altercations avec la police qui a chargé et utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser ces groupes ».

L’AFP ne donne la parole à aucun supporter. Certes, les manifestants sont pour la plupart d’anciens des tribunes de Boulogne et d’Auteuil, dont certains « ultras » sont connus pour être violents. Toutefois, par souci d’impartialité, l’AFP aurait pu interviewer certains d’entre eux, comme dans d’autres types de manifestation.

Interrogé par @si, un journaliste de l’AFP, de la rubrique informations générales, reconnaît qu’une interview de supporter manque en effet à la dépêche. Il explique que la rédaction était déjà occupée à obtenir les chiffres des interpellations. Il leur était donc difficile de joindre des supporters dans la nuit. D’autant qu’ils n’ont pas de contact direct avec des associations ou clubs, contrairement au service sport. Lequel service sport n’est pas mieux introduit : « les journalistes étaient occupés à traiter le match, explique son chef, Pierre Pointreau. Et de toute façon, le lendemain, il leur était difficile, comme à chaque fois en ce qui concerne les supporters du PSG, de trouver des interlocuteurs : les associations du club parisien concernées par les arrestations sont peu structurées, il est difficile de savoir qui parle au nom de qui. »

« La rédaction était déjà occupée à obtenir les chiffres des interpellations. » Et dire que certains reprochent à l’AFP de ne pas avoir d’humour. L’agence a effectivement passé la soirée à annoncer 245, 246, 247, 248 ou 249 interpellations selon les dépêches. Une information nettement plus décisive que de savoir qui manifestait où, pourquoi, qui a été interpellé, quand, où, pourquoi et dans quelles conditions.

« Il était difficile de trouver des interlocuteurs », assure encore l’AFP, « comme à chaque fois en ce qui concerne les supporters du PSG ». Voilà un autre gros mensonge. Jusqu’aux dissolutions d’avril dernier, les associations du PSG étaient parfaitement structurées et identifiées. Leurs anciens responsables — Christophe Uldry, Philippe Pereira, Amar Bennacer, Simon, Hooman, etc. — sont très bien connus des médias.

Depuis, c’est effectivement plus compliqué. Pourtant, ces obstacles ne semblent pas insurmontables : de notre côté, nous avons réussi à recueillir de nombreux témoignages des manifestations dès le lendemain, nous permettant de nous assurer que les 240 interpellations étaient abusives, les manifestants n’ayant pas fait preuve de violence. Depuis, d’autres médias ont réussi à reproduire cet exploit — France Inter ou RTL par exemple. La semaine passée, nous sommes également parvenus à publier les interviews des anciens leaders du Parc. Reconnaissons qu’il a fallu pour cela se remonter les manches et passer quelques coups de téléphone. Nous en convenons, il est nettement plus confortable de se contenter de copier-coller les communiqués de presse fournis clés en main par le ministère de l’Intérieur. Mais le métier de l’AFP, c’est toujours d’informer, non ?

Quand @si reproduit les erreurs de ses confrères…

Après les dépêches AFP, @si a poursuivi son contrôle de nos affirmations avec notre critique suivante, qui s’adressait aux 13 heures de TF1, France 2 et France 3 :

Le site s’en prend plus particulièrement au 12/13 de France 3. « Ces ex-abonnés des tribunes Auteuil et Boulogne ont violemment manifesté contre les nouvelles mesures de sécurité imposées par le club. Plusieurs altercations ont éclaté avec la police, sans faire de blessés », explique le présentateur, dans un court commentaire sur des images, reprenant pour l’essentiel la version de l’AFP, donc de la police.

Avant de développer la suite de l’enquête menée par @si, il nous semble nécessaire de rectifier quelques erreurs commises par… l’arbitre du match, @si.

Amalgame reporter - sujet de son reportage

Nos fidèles lecteurs le savent, mais prenons un instant pour le rappeler néanmoins : PSGMAG.NET est un site de presse consacré à l’actualité du PSG. Nous n’avons aucun lien avec les organisateurs des manifestations, dont nous nous sommes contentés de relater le déroulement. Plus généralement, nous ne sommes en aucun cas les porte-parole « des supporters du PSG », cette entité n’existant tout simplement pas de manière homogène. Tout au long de son article, @si mélange de manière regrettable « les supporters du PSG » en général, les manifestants en particulier, et notre site. Pour évoquer PSGMAG.NET, @si parle ainsi « des supporters mécontents » — à deux reprises — ou encore « des exclus ». Cet amalgame se retrouve dans l’extrait suivant :

Les supporters avouent eux-mêmes, sur leur site, avoir voulu « bloquer l’accès à leur tribune ». Le site mentionne notamment le témoignage d’un certain Arnaud B, étudiant en journalisme, et participant à la manifestation […]. Les supporters ne semblent pas être à une contradiction près lorsqu’ils critiquent leur traitement médiatique [1].

PSGMAG.NET n’a pas voulu bloquer l’accès à la tribune Boulogne. Nous n’étions même pas présents à la manifestation lors du blocage, raison pour laquelle nous avons interrogé un témoin, Arnaud. Plus généralement, l’enquête donne l’impression — et la journaliste d’@si en convient lors de notre entretien téléphonique — que nos différentes critiques à l’égard de certains médias n’ont qu’une seule explication : nous serions nous-mêmes des supporters violents, mécontents de notre sort. Cet amalgame malheureux entre un reporter (nous) et le sujet de son reportage (les manifestations et leur traitement médiatique) aurait pu être vite dissipé si @si avait pris la peine de nous contacter durant son enquête, mais seuls l’AFP, L’Équipe et le Parisien ont eu ce privilège, bien que de larges extraits de nos analyses soient cités en fil rouge tout au long de l’article, et bien que la conclusion de l’article nous assimile — avec la participation d’Arnaud Hermant — à des supporters violents qui « exerçaient auparavant un pouvoir de pression physique sur la direction du club », sans que nous ne puissions réagir.

Ces précisions ont été apportées dans un droit de réponse publié — tardivement — sur arretsurimages.net.

Le Parisien se trompe ? C’est la faute des hooligans !

L’enquête d’Arrêt sur images se conclut ainsi :

Les journalistes sportifs sont-ils exclusivement alimentés par la direction du club ? Selon les supporters mécontents, ce plan anti-violence est un peu trop vite encensé par le Parisien et L’Équipe, qui en feraient de la « propagande ». « Ils répètent jour après jour les bienfaits de ce plan, quitte à annoncer son succès quand rien ne le justifie. » Les supporters s’en prennent notamment à un article de L’Équipe, intitulé « Paris change d’air », suite à ce match PSG-Saint-Étienne. « Nouveau public, nouveau climat et bon départ. Et si le PSG profitait sur le terrain des mesures qui visent les tribunes », écrit Damien Degorre, qui suit le PSG pour L’Équipe. Selon les exclus, si l’ambiance était plus calme, c’est bien plutôt parce que les tribunes étaient désertées, à cause des restrictions d’accès au stade. Selon le site, avec 23 000 spectateurs, il s’agissait de la plus faible affluence pour un match de L1 au Parc des princes depuis novembre 1993 (un match réunirait en moyenne 42 000 spectateurs). Contacté par @si, le journaliste de L’Équipe était injoignable.

Le site s’en prend aussi à un article du Parisien, qui « gonflerait » les chiffres, évoquant 25 000 spectateurs au lieu des 23 000 en réalité. Contacté par @si, le journaliste du Parisien, Arnaud Hermant, explique qu’il s’agit du chiffre fourni par l’attaché de presse du club le soir du match. Il ne s’explique pas pourquoi le chiffre officiel figurant le lendemain, sur le site de la Ligue 1, LFP.fr était en effet de 23 000, alors qu’il provenait de la même source. Quoi qu’il en soit, Hermant se défend d’avoir tenté de camoufler les tribunes vides. « Le stade sonnait creux », écrit-il par exemple dans cet article. Quant au plan de Colony, « rien ne me prouve qu’il s’agit d’un plan marketing de la part de l’actionnaire, explique-t-il. S’ils peuvent me le prouver, je suis preneur ! » Et de renvoyer la balle à ses accusateurs : « les supporters oublient un peu vite que, si l’on en est arrivé à ce type de plan, c’est en partie à cause des graves incidents qui ont émaillé la saison dernière. » Selon lui, les supporters perdent, avec le nouveau plan, le pouvoir de pression physique qu’ils exerçaient auparavant sur la direction du club. Ils seraient donc prêts à tout pour retrouver leur statut perdu : leur offensive contre la presse ne s’expliquerait pas autrement. Balle au centre ?

Ces quelques lignes appellent deux ensembles de réflexions de notre part.

Le Parisien découvre la vie

@si confirme que, comme nous l’avions révélé, le Parisien et L’Équipe ont surestimé l’affluence de 12 %. Surtout, cette erreur nous semble révélatrice d’un mode de fonctionnement défaillant de la part de ces journaux spécialisés : comme l’AFP, ils se sont contentés d’une seule source — le PSG —, qu’ils n’ont pas cherché à vérifier, par exemple en croisant leurs informations. Ainsi Arnaud Hermant explique-t-il qu’il s’est contenté de la version fournie par l’attaché de presse du PSG, et « ne s’explique pas » qu’elle soit fausse. Comment ? La direction de la communication d’une entreprise ferait parfois de la communication ? Elle chercherait à intoxiquer les journalistes ? Non, vraiment, je ne vois pas de quoi vous voulez parler. De la même manière que l’AFP se contente d’une source gouvernementale, le Parisien reconnaît qu’il ne se s’interroge absolument pas sur la fiabilité des informations qui lui sont fournies par le PSG. Le plan Leproux est parfait, et tous ceux qui émettent des réserves sont des hooligans ? Bien noté…

Il est par ailleurs intéressant de relever que non seulement le Parisien se trompe, mais il n’en informe pas ses lecteurs ! Pour savoir combien de personnes ont vraiment assisté au match PSG-Saint-Étienne, il vous fallait aller à la source sur LFP.fr — ou lire PSGMAG.NET. En vous contentant de consulter la presse spécialisée, vous avez été désinformés… Et bien qu’il en ait conscience, Arnaud Hermant n’a pas jugé utile de le faire savoir à ses lecteurs. L’affluence était pourtant présentée comme l’un des rares indicateurs de la réussite du plan Leproux, et le sujet avait été évoqué la semaine précédente. Même si chacun savait qu’il s’agirait d’un chiffre attendu, le Parisien n’a donc pas envisagé que le PSG pourrait lui communiquer une fausse information. Un journaliste qui n’a pas compris qu’une source officielle n’est pas parole d’évangile, cela existe donc encore. Tout du moins quand cela l’arrange…

Quiconque critique le Parisien est un hooligan

Nous sommes les seuls « accusateurs » cités par @si dans l’article. Les propos d’Hermant sur « les supporters » s’adressent donc manifestement au site PSGMAG.NET. Avons-nous oublié la chronologie des événements et leurs premiers responsables ? Certainement pas. Il y a quelques semaines, nous publiions dans une « chronique de supporter » ce que le journaliste du Parisien nous accuse d’avoir oublié :

J’en veux à ceux qui nous ont amenés là. Et je ne vise pas seulement les dirigeants du PSG. Oui ils ont pondu ce plan. Mais assumons un minimum : les responsabilités ne viennent pas que d’en haut. Le rayon des fautifs compte aussi des supporters. […] Ceux qui ont provoqué cette situation sont bien plus nombreux. […] Tous ceux qui ont […] prôné la haine de l’adversaire avant l’amour de leurs couleurs, tous ils sont coupables, à leur échelle. Coupables d’avoir laissé s’instiller un climat d’agressivité, de violence latente. Coupables de ne pas avoir vu plus loin que le bout de leur nez. Coupables de s’être réjouis de leur bêtise.

Par ailleurs, notre « offensive contre la presse » n’en est pas une : PSGMAG.NET s’exerce modestement à la critique des médias depuis 2008.

« Rien ne me prouve qu’il s’agit d’un plan marketing de la part de l’actionnaire », explique Arnaud Hermant. Pour avoir des preuves, il faudrait enquêter. Tant qu’Arnaud Hermant se contentera de recopier ce qui lui aura été dicté par l’attaché de presse du PSG, il ne risque pas de trouver de preuve de quoi que ce soit — surtout s’il disqualifie toutes les critiques factuelles qui lui sont adressées en estimant que cela ne peut venir que de supporters violents. Reste à espérer qu’il reste quelques journalistes qui envisagent de faire leur travail. Ne comptez pas sur Arnaud Hermant, qui l’avait annoncé le 9 mai dernier : « Ce projet, inédit en France en matière de supporters, doit être encouragé. […] Le président ne doit pas flancher, même si la grogne des supporteurs semble inévitable. […] Les fans doivent comprendre […] que ces mesures courageuses et radicales sont pensées pour leur bien […]. » Voilà la raison pour laquelle Arnaud Hermant ne cherche pas à savoir si ce plan est juste ou même efficace : il milite pour sa réussite. Toute personne qui le critiquerait ne peut donc être qu’un hooligan. CQFD.

Au terme de l’enquête d’arretsurimages.net, il ressort que l’AFP s’est trompée, elle le reconnaît elle-même ; le Parisien s’est trompé, il le reconnaît lui-même ; L’Équipe s’est trompé de la même façon, mais n’a pas répondu. Pour être correctement informé sur les à-côtés du match PSG-Saint-Étienne, il fallait donc lire PSGMAG.NET : un site de supporters soi-disant violents… mais qui sur ce coup-là permettait de savoir ce qui s’est réellement passé, puis de prendre connaissance des erreurs de la presse spécialisée, qui les passe sous silence. N’en déplaise à certains propagandistes…

[1] @si n’avait pas compris qu’il y avait eu deux manifestations différentes — avec blocage côté Boulogne, sans blocage côté Auteuil —, et s’est donc trompé en considérant que nous nous sommes contredits sur ce point, comme l’a volontiers reconnu l’auteure de l’enquête lors de notre entretien téléphonique mardi 17 août. Le droit de réponse diffusé sur arretsurimages.net le mentionne également.