PSG MAG - le magazine du PSG
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C’est enfin la crise au PSG !
Un article du {Parisien} repris de volée
Chérie, ressort mon dico, les affaires reprennent !
vendredi, 15 janvier 2010, par Arno P-E, Gauthier B.

Pour le désœuvré, les fêtes de fin d’année prennent souvent des allures de calvaire. Alors autant vous dire que dans la salle de rédaction du journal le Parisien, faute de bonne crise à se mettre sous le clavier, l’ambiance était plus que morose. Et c’est pas le stage à Vannes, pluvieux (étonnant non ?), le derby contre Aubervilliers, glacé, ou la nécro de Séguin, morbide, qui auront poussé nos journalistes à se doucher au champagne. Heureusement, avec la défaite du PSG à Guingamp, les affaires reprennent. Ah, c’est pas trop tôt !

Soulagement au journal le Parisien. L’élimination du PSG à Guingamp a enfin permis à Christophe Bérard d’écrire un de ces articles truffés de remarques gratuites dont il a le secret. Et là, après des mois d’abstinence, on sent qu’il en a mis du cœur à son petit ouvrage, notre Christophe…

Il faut dire que ses collègues et lui avaient été plutôt sevrés ces derniers temps. Non pas que le PSG enfile les bons résultats comme une Versaillaise les perles de son collier, mais il faut avouer que depuis l’arrivée de Kombouaré, le PSG parvenait à éviter les remous. Oh, le journal a bien annoncé cinquante fois l’arrivée définitive de la pré-crise, la crise ou la vraie crise en octobre-novembre.

Agaçant ça : comment voulez-vous vendre du papier avec un club qui ne concède qu’une poignée de défaites étriquées en déplacement, sans la moindre réelle humiliation ? Il ne demandait pas grand-chose Christophe Bérard : juste une déroute ! Allez quoi, une toute petite fessée de rien du tout ! Histoire de lui permettre de ressortir son article de remise en cause d’à peu près tout l’organigramme du club : Les solutions pour sauver le PSG, empêcher la fonte des calottes polaires et faire baisser le chômage, en sept points. Un classique… Il est sauvegardé sur son Mac depuis des semaines, prêt à l’emploi. Suffirait d’un clic, un matin [1], et hop, le texte tournerait sur les rotatives.

Mais là, rien. Du coup, le Parisien se contentait d’annoncer inlassablement le match suivant du PSG comme un match couperet, que ce coup-là attention, c’est victoire obligatoire, parce que sinon c’est la crise, et encore plus que la semaine dernière d’abord… Sauf que là, l’élimination à Guingamp, elle change tout ! Fini de rire, branle-bas de combat en tribune de presse. Une défaite du PSG face à une équipe de L2, il s’agirait pas de laisser passer une telle occasion. Enfin on va pouvoir ressortir le dictionnaire pour retrouver tous les synonymes de défaite (déroute, débâcle, revers, humiliation, claque)… et critiquer le coach. Raaaah, oui… Critiquer du coach… C’est bon…

Allez, première défaite significative, et Bérard de retrouver son statut de meilleur buteur du Parisien : une occasion et hop, c’est au fond. La marque des plus grands.

Bérard et la rédaction précoce

Avec la défaite à Guingamp, le journaliste retrouve des réflexes que l’on pensait perdus, et nous sert l’artillerie lourde, direct :

En panne d’envie, les Parisiens ont trébuché face au 16e de la Ligue 2. Inquiétant. […] L’une des trois possibilités (avec le championnat et la coupe de France) de revoir le PSG en coupe d’Europe la saison prochaine vient de s’envoler. Quelques minutes plus tôt, le PSG avait sombré dans le ridicule. Alors qu’ils évoluaient en supériorité numérique et que Guingamp cherchait surtout à arriver jusqu’à la prolongation, les Parisiens se sont éliminés tout seuls. Le but contre son camp de Mamadou Sakho (1-0, 79e) aura une place de choix dans le bêtisier de la saison, mais ne conserver que cette image de ce déplacement serait réducteur.
Christophe Bérard n’hésite pas à qualifier d’entrée le scénario de ridicule, ou la défaite d’inquiétante. Le recours à un tel registre pour ce qui n’est après tout qu’une défaite concédée sur un coup du sort et contre le cours du jeu pourrait sembler excessif. Comme nous l’avions montré l’an dernier, les coupes nationales sont jalonnées de revers de clubs de L1 face à des clubs de divisions inférieures (National, CFA voire CFA 2). Parmi ce panel, l’élimination du PSG à Guingamp n’est pas forcément ce qui se fait de plus grotesque. Mais il faut comprendre que ça fait six mois qu’il ronge son frein en silence Christophe ! Six longs mois d’abstinence. Que voulez-vous, quand d’un coup, l’occasion de prendre du plaisir se présente, alors que l’on n’osait y croire… forcément on lâche tout un peu plus rapidement que prévu. Il n’y a pas de honte : beaucoup de jeunes hommes souffrent de rédaction précoce. Il suffit d’affronter ce problème dans le respect de son partenaire pour y remédier, avec le temps.

Et puis on ne peut limiter cet article à de trop rapides raccourcis : ce serait injuste pour son auteur. Non, Bérard aime aussi travestir la réalité. Ainsi, sa description du but interpelle : le journaliste prétend que le PSG jouait en supériorité numérique. Pourtant, avec un peu d’attention, il aurait remarqué que juste après l’expulsion de Diallo, Jean-Eudes Maurice était resté plusieurs minutes à se faire soigner sur la touche ! Le but a donc été encaissé à un moment où les deux équipes jouaient encore à 10 contre 10. Seulement c’est moins sympa que le scénario-à-la-Bérard : les gentils petits joueurs de L2 qui marquent en infériorité numérique, ça colle mieux avec l’image d’un PSG ridicule. Allez, vendu, on n’aura qu’à dire que depuis la tribune de presse, on ne voyait pas le bord du terrain ! Crédible ça, non ?

Quoi qu’il en soit, même si le PSG avait joué contre une formation réduite à 8 ou 9 joueurs, cela n’aurait rien changé : un défenseur parisien a dégagé la balle dans ses propres cages… alors qu’il n’était même pas vraiment pressé par l’adversaire. Paris s’est mis ce but tout seul. Le plus regrettable reste que le club de la capitale n’ait pas su réagir ensuite. Mais dire cela aurait certainement coûté à Bérard un effort d’analyse que le trop plein d’excitation ne permettait plus. Il fallait en finir au plus vite, à l’aide d’une bonne phrase expéditive.

« Naufrage », « inquiétant », « ridicule »

La suite de l’article réserve elle aussi quelques surprises :

Mais quand un naufrage est collectif, il n’épargne pas l’entraîneur. A la lumière de cette élimination, deux questions se posent sur les choix de Kombouaré.
1. Était-il obligatoire d’aligner Sakho à un poste d’arrière gauche qu’il répugne visiblement à prendre et où il n’a aucun repère ?
2. Fallait-il à ce point se faire une montagne des amateurs d’Aubervilliers pour leur opposer l’équipe type du PSG ? Les titulaires habituels auraient assurément été plus utiles face aux professionnels guingampais, même si ceux-ci sont à la peine en championnat (16es de L2).
Notons ici le courage de Bérard qui met en doute les choix de Kombouaré… après la rencontre. Auparavant, alors qu’il avait tout le loisir de prendre ses responsabilités, il n’a jamais commenté le coaching de Kombouaré face à Aubervilliers, ni le fait que Sakho allait jouer à gauche, comme son journal l’annonçait pourtant le matin même. Comme le dit le proverbe turc, il est plus facile d’expliquer par où il ne fallait pas passer une fois que la roue du chariot s’est brisée.

Ce dernier cas illustre d’ailleurs les responsabilités que certains journalistes imputent systématiquement aux entraîneurs. À Guingamp, Sakho est passé au travers de son match. Mais Christophe Bérard le dédouane complètement de cette faute, qu’il attribue à Kombouaré. Si Sakho n’a pas su défendre face à son vis-à-vis, c’est parce qu’il était aligné à un poste d’arrière gauche qu’il répugne visiblement à prendre. Si Sakho dégage dans ses propres buts, c’est parce qu’à gauche, il n’a aucun repère. Était-ce si difficile de dire que Sakho a raté son match comme rarement et que Kombouaré n’a rien à voir là-dedans ?

D’autant plus que Bérard se trompe une fois de plus : Sakho a débuté sa carrière pro en tant qu’arrière gauche [2] ! Il a encore rejoué à ce poste récemment, à Rennes, et même s’il ne s’agit pas de son poste de prédilection, l’international espoirs ne peut endosser le costume du novice absolu. Quoi qu’il en soit, spécialiste ou pas, le fait de bien défendre, bien relancer ou tout simplement de ne pas dégager dans ses propres buts semblait dans ses cordes… Sauf pour Bérard, qui avait tout deviné, mais préférait garder le suspens le matin du match. Sans doute pour éviter de nous raconter la fin de l’histoire.

Par ailleurs, s’il voulait faire souffler Armand, Kombouaré n’avait de toute façon pas le choix : Sakho était la seule option, Makonda revenant actuellement de blessure…

Concernant la deuxième question, le reporter paraît d’ailleurs rencontrer quelques difficultés d’apprentissage avec le concept de récupération physique. Expliquons lentement, au cas où il passerait par ici [3] : le PSG devait enchaîner trois matches en une semaine. Aubervilliers, Guingamp puis Lille. Le match de samedi dans le Nord est évidemment le plus important, et le plus difficile. Pour mettre toutes les chances de son côté, Kombouaré a donc fait tourner son effectif en fonction de cette échéance [4].

Dans l’absolu, Guingamp était effectivement un adversaire plus coriace qu’Aubervilliers — encore que, rappelons-le une nouvelle fois, contrairement à ce que laisse entendre Christophe Bérard, Guingamp ne s’impose que par la grâce d’un coup du sort —, mais l’ordre des matches imposait à Kombouaré d’éviter de faire jouer ses titulaires à trois jours d’intervalle. Là, Erding, Makelele et Armand bénéficieront de six jours de récupération. Aligner les titulaires à Guingamp aurait tout changé de ce point de vue !

Et vues les méthodes déployées dans cet article, si d’aventure Kombouaré l’avait fait, et que le PSG avait ensuite perdu Lille, Bérard ne se serait sans doute pas privé de brocarder l’incohérence de ses choix. Mais uniquement après coup.

Reste la conclusion. Tradition oblige, Christophe Bérard s’offre un petit classique. Vous ne le croirez pas, c’est de l’inédit : le prochain match parisien prend valeur de possible déclencheur de la crise !

Dans ce contexte, le déplacement du PSG à Lille samedi voit son importance décuplée. Là-bas, une spirale très négative menacera les Parisiens. Et de ce voyage Paris serait bien avisé de rapporter autre chose qu’une leçon d’abnégation.
Oh mon Dieu : les Parisiens sont « menacés » ! Là, on ne rigole plus. Bérard vous aura prévenu, pas question de se louper. Ce coup-ci, Paris frôle la crise comme jamais. La pression est de retour. C’est terrible, affreux, la tension atteint des sommets, et…

Euh…

Et on peut aussi réfléchir deux secondes. Et se dire qu’avant le match à Guingamp, Paris restait sur deux victoires par 4-0 et une par 5-0. En cas d’échec ce samedi, Paris risquerait donc de connaître une terrifiante série de… deux défaites consécutives ! Oulà. Drôle de notion de spirale très négative au journal le Parisien

[1] Un matin tout tranquille, et serein. Quelque chose d’infime, c’est certain.

[2] En coupe d’Europe, face à l’AEK Athènes, et en L1 contre Valenciennes, avant d’être placé en défense centrale quelques mois plus tard.

[3] Quand on peut rendre service à des collègues, à PSGMAG.NET, on n’hésite pas. Trop sympas, ça nous perdra…

[4] Ce que Laurent Perrin et Arnaud Hermant, dans le Parisien daté du 15 janvier, ont compris eux aussi : « En agissant ainsi […] il [Kombouaré] a fait de la 20e journée de championnat [Lille-PSG] sa priorité, au détriment du 8e de finale de coupe de la Ligue. »