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Bordeaux 1-0 PSG : Armand, le coupable idéal ?
Analyse du fait du match, le but bordelais
lundi, 7 décembre 2009, par
Sylvain Armand est-il responsable du but encaissé à Bordeaux ? |
La défaite du Paris Saint-Germain en Gironde a donné lieu à débats sur Internet. Sur différents fils d’actualité des forums de supporters, de nombreux Parisiens ont suivi la rencontre minute par minute. Dès l’ouverture du score, le but girondin a semblé diviser les fans du club de la capitale. C’est le fait du match.
Armand, montré du doigt à plusieurs reprises depuis le début de la saison commence à prendre des allures de tête de Turc. Présenté comme l’une des déceptions d’un mois d’octobre catastrophique, le latéral gauche fait désormais l’objet d’une surveillance continue, et sans complaisance. Or, sur le but de Plasil, l’ancien Nantais intervient directement. La question s’est posée dès 21h23 samedi soir : Sylvain Armand était-il fautif sur le seul but de la soirée ?
Nous sommes à la 24e minute de jeu. Paris vient de développer quelques bonnes séquences, mais désormais Bordeaux fait tourner la balle à quarante mètres de ses buts. Pas de pressing des attaquants parisiens. Gourcuff lance Sertic droit devant lui. Cearà monte alors sur Sertic, pourtant situé plein axe, à près de 35 mètres des cages du PSG. Le jeune milieu de terrain décale alors Trémoulinas, laissé complètement seul côté droit. Trémoulinas dépose Chantôme d’un crochet intérieur. Le milieu parisien était revenu couvrir le poste de Cearà, monté sur le début de l’action et désormais au marquage de Sertic à l’entrée de la surface.
Traoré et Sakho sont dans la surface, Sakho marquant Chamakh. Armand redescend se placer sur le flanc gauche. Le latéral parisien se rend alors compte que Plasil, venu de son côté, plonge vers les cages de Edel Apoula. Dans la défense du PSG, personne d’autre n’a remarqué l’appel de Plasil.
Chantôme, un peu lent et surpris par l’absence de Cearà, tarde à revenir gêner Trémoulinas qui a le temps de centrer, libre de tout marquage après son crochet. Cearà laisse filer Sertic, qui fait un appel vers le poteau de corner. Il n’aura été d’aucune utilité sur cette phase de jeu.
Sakho reste devant Chamakh. Traoré, planté devant ses 6 mètres, n’a personne à surveiller. Chamakh recule et s’éloigne de Sakho, qui semble esquisser un signe en direction d’Armand, lui demandant de s’occuper de l’attaquant bordelais parti dans son dos. Mais ensuite, le jeune défenseur central reste statique. Au moment du centre il se baisse pour dégager de la tête le ballon de Trémoulinas. Il ne va pas vers le ballon et ne tente pas de le disputer à Plasil, dont la course va couper la trajectoire du centre.
Armand quant à lui a compris le danger et ne se dirige pas vers Chamakh, qui est pourtant désormais dans sa zone. Au contraire, il se rue dans l’axe et tente jusqu’au bout de gêner Plasil. Hélas, situé derrière le Tchèque, il ne peut rien faire. Edel, placé sur ses 6 mètres, tente une claquette désespérée mais voit la balle lui échapper de peu et finir sa course dans la lucarne.
L’action en elle-même dure moins de dix secondes, depuis la relance bordelaise jusqu’au but.
Le fil dédié au match sur le forum culturepsg.com illustre bien tout l’éventail des réactions parisiennes.
Il y a ceux qui sont persuadés que Armand est fautif :
Ceux qui au contraire le défendent :
La chronologie de ces réactions interpelle : on remarque que si les réactions contre Armand viennent immédiatement après le but, il faut en revanche attendre trois minutes et une dizaine de posts anti-Armand pour qu’un premier internaute (Varino) prenne sa défense. Comme souvent sur le web, les positions se figent ensuite et chacun défendra la thèse qu’il a choisie dès le départ. Mais le délai semble suggérer que les pro-Armand ont pris le temps de l’analyse, là où les anti-Armand ont réagi dans l’instant.
Plusieurs facteurs jouent contre Sylvain Armand. Tout d’abord c’est lui qui est à la lutte avec Plasil à la retombée du ballon. Pour ceux qui suivent le match à la télévision, cela en fait un coupable tout désigné : le défenseur parisien a été battu de la tête, c’est donc lui le coupable.
Autre facteur, certains de ceux qui ont suivi la rencontre à la radio ont sans doute écouté la retransmission radio de France Bleu Île-de-France, 107.1. Or Bruno Salomon a cru quelques instants que Sylvain Armand avait marqué de la tête contre son camp. On voit durant la minute qui suit le but plusieurs internautes peut-être induits en erreur par ce témoignage :
Là encore, cette erreur de jugement [1] fait que Bruno Salomon désigne à tort Armand comme principal fautif sur le but.
Mais où est la vérité ? Les torts semblent pour le moins partagés. La position de Cearà au départ de l’action pose question. Tout le déséquilibre vient de là puisque Chantôme, venu compenser, se voit obligé de se livrer. Trémoulinas joue d’ailleurs très bien le coup. Cearà reprend sa zone avec un temps de retard mais le mal est fait : Sertic a poursuivi son action et propose une nouvelle solution à gauche, empêchant désormais Ceará de remonter sur Trémoulinas. Le décalage est définitif. On peut se demander pourquoi les milieux défensifs parisiens avaient laissé Sertic seul au départ de l’action.
Autre souci, Traoré qui reste très statique lors de toute l’action. Placé bas, il remonte à peine au moment du centre. Mais surtout, et là c’est assez étonnant pour un défenseur de son expérience, il ne quitte jamais Trémoulinas des yeux. Il ne prend absolument aucune information sur ce qui se passe dans son dos, ou dans l’axe. Et ce n’est pas la première fois que la défense du PSG semble obnubilée par le ballon, perdant de vue que si un centre n’est pas repris, il n’y aura pas but.
Même critique à l’égard de Sakho : au marquage de Chamakh, le jeune international espoir se préoccupe exclusivement de la balle une fois qu’il comprend que le buteur marocain sera hors du coup. Il se prépare à réceptionner le ballon tranquillement… sans penser qu’un Bordelais puisse en couper la trajectoire. Pas de prise d’information, ni de course vers la balle. Sakho reste statique et commet une erreur fréquente chez les jeunes joueurs.
Quant à Armand, il est certes battu de la tête mais paradoxalement, avec Chantome, c’est le seul qui sent bien le coup. Chantôme court pour boucher le trou mais ne pourra jamais compenser le décalage initial. Et Sylvain Armand voit son positionnement de défenseur extérieur l’empêcher de venir se placer devant Plasil. Ce n’est d’ailleurs a priori pas à lui de couvrir cette zone. Les défenseurs axiaux, placés juste devant le but, possèdent au contraire un avantage qui devrait leur laisser un temps d’avance pour rester entre la balle et un adversaire déboulant depuis le côté. Encore fallait-il avoir vu cet adversaire… Le placement d’Edel n’est pas forcément mauvais, la reprise de Plasil semblait tout aussi inarrêtable pour un gardien situé sur sa ligne.
Alors à qui la faute ? Comme souvent dans les sports collectifs, c’est une chaîne de petites erreurs qui aboutissent au but. Tout d’abord, l’absence de pressing dans l’axe fait que Gourcuff peut ouvrir vers Sertic. À sa décharge, Erding plutôt généreux dans l’effort, était déjà blessé à ce moment du match.
Il y a ensuite l’absence de marquage sur Sertic, à imputer aux milieux défensifs ; mais surtout l’incompréhensible montée de Cearà, qui laisse tout le couloir gauche à Trémoulinas. Chantôme fait ce qu’il peut mais le latéral bordelais a tout le temps de le passer. Sakho et Traoré semblent trop attentistes, trop focalisés sur la balle. Armand est battu de la tête mais ce n’était pas à lui d’intervenir ici, la tâche lui était quasi impossible.
Il n’y a pas vraiment de coupable tout désigné à accabler sur ce but. L’analyse de cette action dessine une certitude : même s’il ne réalise pas son meilleur début de saison, Armand ne mérite clairement pas de se voir mettre cette défaite du PSG sur le dos [2].
[1] Erreur causée par une absence de moniteur de contrôle dans certains postes de la tribune de presse bordelaise… Le club de M6 n’est pas vraiment à la pointe de la technologie !
[2] Si, comme à son habitude, So Foot se contente de propos de comptoirs, même Jérôme Touboul parvient timidement à envisager que la responsabilité d’Armand n’est pas totale : « Il n’a pas forcément tort de dénoncer le marquage cacophonique sur le but. ».