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Un joueur du PSG peut-il critiquer la presse ?
De la critique des médias au Paris Saint-Germain
En mai, la presse a fait ses choux gras de la guerre des clans dans le vestiaire du PSG
dimanche, 28 juin 2009, par Vivien B.

Plus la saison 2008/2009 touchait à sa fin, et plus la presse bruissait d’informations livrées sous couvert d’anonymat au sujet du vestiaire parisien : deux clans s’y opposeraient, certains se seraient même battus [1] ! Privés d’interview car confrontés à un boycott des joueurs du PSG en fin de saison, les journaux spécialisés se sont consolés avec les coulisses agitées du Camp des Loges. Tous les jours ou presque, les joueurs découvraient un énième épisode de Dallas au PSG. Pour avoir dit son ras-le-bol après le dernier match de la saison, Sylvain Armand s’est fait démolir par tous les médias possibles, de L’Équipe à RTL en passant par le Parisien ou Le Foot Paris.

L’histoire commence avec la multiplication des articles sur « les clans dans le vestiaire du PSG » début 2009. Bref retour de ce qui s’est écrit avant de rentrer dans le vif du sujet : les déclarations d’Armand et les commentaires de certains journalistes.

Le PSG coupé en deux clans

Jusqu’ici, tout va bien (ou pas — en fait, on ne sait pas trop)

Au-delà de la question de leur entraîneur, les joueurs ont dû faire face à une autre source de dispersion : les gros titres répétés sur les clans qui diviseraient en profondeur le vestiaire. Une thèse rabâchée, rabâchée, rabâchée… et rabâchée encore, notamment dans L’Équipe.

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C’est la crise au PSG !

Le Parisien, de son côté, a soufflé le chaud et le froid. Le 14 mai, Dominique Sévérac dresse un tableau idyllique de la situation :

Au passage, ce groupe parisien a confirmé son caractère insubmersible. Il peut perdre son président en cours de saison, savoir son entraîneur quasi viré avant la fin de saison, il laboure son sillon, imperturbable. La force de l’habitude, sans doute.

Le 16 mai, c’est Christophe Bérard qui se lance dans les paris :

Le groupe semble avoir bien digéré l’annonce du prochain départ de Paul Le Guen.

Et pourtant, dès le lendemain, dans le même journal…

À l’image d’une formation coupée en deux sur le terrain, le vestiaire du PSG semble aujourd’hui scindé en deux.

Après Frédéric Gouaillard, ce sont Sylvie De Macedo, Dominique Sévérac et Arnaud Hermant qui insistent les 21 et 25 mai :

Chacun, désormais, rejette en privé la faute sur l’autre. Il suffit de se souvenir des derniers matches du PSG pour comprendre qui ne supporte plus qui dans cette équipe.
Les rancunes voire les haines sont en passe de tout remettre en cause. Le clan Rothen (Landreau, Armand, Clément) s’oppose au pôle Makelele (Giuly, Camara, Luyindula, Kezman).

Dominique Sévérac encore, le 24 mai :

L’ambiance dans le vestiaire après le match s’est prolongée sur le même mode que sur le terrain : électrique. Les clans divisent l’équipe et les mots volent, entre reproches et détestation de son coéquipier.

Bazin et Le Guen démentent

Pour Paul Le Guen, dans son interview exclusive à L’Équipe le 29 mai, ces désaccords ont été largement surestimés :

Non [le vestiaire ne m’a pas lâché]. Dans un vestiaire, il y a toujours des pro et des anti, ceux qui jouent et ceux qui ne jouent pas. L’essentiel est d’exercer une autorité forte, d’être respecté au-delà d’être aimé. J’ai le sentiment de l’avoir été.

Sébastien Bazin tancera également les journalistes de presse écrite — qui ne retranscriront pas ces paroles, diffusées sur Europe 1 — à la fin de la saison :

Le vestiaire n’a absolument pas implosé, c’est juste pas vrai. C’est un truc que vous pensez parce que vous avez parlé à deux, trois joueurs. […] 50 % des choses lues dans la presse sont fausses. […] Je suis très énervé, parce que j’ai l’impression que tout le monde raconte des histoires, c’est de la provocation à souhait. […] Foutez-nous la paix, ça va très bien dans le club.

À lire la justification spécieuse avancée par Jérôme Touboul le 3 juin, on se demande d’ailleurs s’il est bien sûr de lui :

Contrairement à Bazin […], Kombouaré ne nie pas les pesanteurs de la dernière ligne droite : « […] Il faut un esprit sain dans un vestiaire, pour pouvoir traverser les moments difficiles d’une saison. »
Grande nouvelle : Kombouaré lit la presse. Et à part ça ? Que peut bien savoir Antoine Kombouaré de l’état du vestiaire parisien durant le mois de mai ? Ce que Kombouaré ne nie pas, c’est le cirque qui a accompagné la fin de saison du PSG. Et rien d’autre…

Mais que les joueurs parisiens ne protestent pas : il est interdit de souligner l’impact qu’a pu avoir sur l’unité du groupe la lecture quotidienne d’articles remuant d’éventuelles inimitiés profondes entre les joueurs, sous couvert d’anonymat. Sylvain Armand s’y est essayé. Résultat ? Il s’est fait démolir par tout ce que Paris compte de journalistes spécialisés.

Jérôme Touboul, premier de la classe

Premier exemple avec la retranscription dans L’Équipe du 31 mai des propos tenus par Sylvain Armand en conférence de presse.


— Quel sentiment domine après ce match nul contre Monaco ?
— La déception, forcément. On ne peut pas se satisfaire de manquer l’Europe après être passé si près du but. Mais ce n’est pas ce soir qu’on manque l’objectif. C’est sur les deux journées précédentes, contre Auxerre (1-2) et à Valenciennes (1-2). On a fait des cadeaux.

— Les joueurs se sont peu exprimés ces dernières semaines, notamment depuis l’annonce du départ de Paul Le Guen, qui a coïncidé avec une mauvaise spirale. Comment avez-vous vécu ces événements ?
— Les joueurs se sont peu exprimés parce que certaines choses qu’ils lisent ne sont pas faites pour arranger le club. Elles ont fragilisé le groupe. Ça faisait chier tout le monde de voir dans des articles qu’on parlait de clans dans le vestiaire. La responsabilité de cet échec, on la prend en entier mais, quand tout nous tombe dessus, ce n’est pas évident. Moralement, certains joueurs sont atteints. Ce n’était pas évident de finir ce championnat.

— La presse est donc responsable de la sixième place du PSG ?
— Ce que je dis, c’est qu’on a parlé de tout sauf de football depuis trois semaines. Voir qu’on ne parle jamais de foot dans les journaux, c’est lassant. Au bout d’un moment, il fallait parler football et laisser travailler l’équipe tranquillement. J’en veux à la presse, mais pas seulement à la presse. Peut-être qu’il aurait fallu attendre pour que certaines décisions soient communiquées. Au fond, ce soir, on paie les pots cassés de trois choses : les décisions des dirigeants, les articles des journaux et les prestations de l’équipe. Mais ça fait cinq ans que je suis ici et que je constate qu’avec la presse, ça se passe toujours pareil…

Admirez la relance de Jérôme Touboul après qu’Armand a expliqué, en réponse à une question, que les joueurs étaient lassés de lire certains articles dans la presse [2] : bien que le défenseur parisien ait ajouté spontanément qu’il prenait toute la responsabilité de l’échec, le journaliste reformule ainsi : « La presse est donc responsable de la sixième place du PSG ? » Et malgré les nouvelles précisions d’Armand — il en veut à la presse, parmi d’autres, pour avoir fragilisé le groupe en fin de saison, sans se chercher d’excuse [3] —, Touboul résume ainsi cette interview : « Sylvain Armand a brisé le silence, hier soir, pour estimer que les journaux étaient responsables du déclin du PSG. » Chapeau bas, l’artiste !

Christophe Bérard, le justicier

On aurait préféré qu’ils se lâchent sur le terrain. Au sortir d’une saison au goût amer, Jérôme Rothen, Mickaël Landreau, Sylvain Armand, trois joueurs estampillés pro-Le Guen, déversent leur fiel. Si ce n’était pathétique de la part de joueurs qui ont tous des choses à se reprocher, on préférerait en sourire. […] Il [Sylvain Armand] a tenu des propos déroutants après la non-qualification européenne. Selon lui, la presse, à force d’insister sur les clans qui minaient le vestiaire, aurait pourri l’ambiance au sein de l’équipe. Soit. Mais a-t-il demandé à Claude Makelele pourquoi son livre, où il était question de « nettoyer les saletés qui restent au PSG », est paru à la mi-mai, en plein emballage final ? Ou à Paul Le Guen pourquoi celui-ci a tout déballé la veille du dernier match contre Monaco ? Plutôt que de se tromper de cible, Armand aurait gagné aussi à expliquer pourquoi il n’est toujours pas capable d’assumer un vrai rôle de leader qui irait de pair avec son salaire (160 000 €), le cinquième de l’effectif.

La précision très mal intentionnée du salaire d’Armand vous parait déplacée ? Rassurez-vous, ça aurait pu être pire : Bérard aurait ajouter, comme il l’a fait pour Landreau dans le même article : « et beaucoup plus avec les primes ». Pour mieux percevoir l’hypocrisie de cet article et ses motivations, consultez notre article qui lui est dédié : Quand le Parisien se tape trois joueurs du PSG (1/2).

Eugène Saccomano et Staline

Eugène Saccomano : […] Et là, tout le monde vide son sac au Paris Saint-Germain. C’est terrible. La soupe était peut-être bonne pour certains, mais ils crachent tous dedans. À commencer par Le Guen, puis le président qui lui répond, puis Armand, et puis ensuite Rothen — c’est le dernier. En tous les cas, on se demande vraiment comment ce club a pu aller jusqu’au bout du championnat.
— Vincent Machenaud : […] surtout sur Alain Roche quand même.
— Eugène Saccomano : Oui c’est vrai, c’est la première victime.
— Gilles Verdez : La cible.
— Eugène Saccomano : Oui la cible, voilà, de tous ces gens. […] Mais il y a des explications quand même, il y en a une essentielle, c’est ce qu’a dit Armand, on va y venir tout de suite : si Paris Saint-Germain a merdé sa saison, ne cherchez pas les responsables, ils sont là autour de la table, ils sont dans les journaux. C’est à cause de la presse messieurs dames, eh oui ! Si Paris a mal joué, c’est à cause de la presse. Ben Armand… Je sais pas comment tu vois les choses, mais nous on les voit autrement. […] Bien, alors, on va continuer sur la saga Paris Saint-Germain. Terrible, terrible. […] On a parlé de celles [des déclarations] d’Armand : c’est la faute à la presse si tout va mal. Comme partout d’ailleurs, vous avez remarqué. Faudrait qu’en fait, dans tous les domaines — politique, société —, la presse s’écrase. Ce serait formidable. Vous ne sauriez plus rien. Y a un crime là au coin de la rue, vous le savez pas. Vous êtes dans un régime totalement stalinien, et c’est fantastique. Pourquoi pas ? C’est fantastique. Ne rien dire aux gens. Pas du tout informer. Voilà la vocation de la presse. Non ?
— Renaud Dély : Oui mais c’est dommage parce qu’à un moment on aurait pas su que le PSG aurait failli prendre la tête du championnat. À ce moment-là, je ne pense pas que Sylvain Armand contestait la presse
— Hervé Penot : Et le problème c’est qu’on aurait pas lu les propos de Sylvain Armand. C’aurait été embêtant, on aurait pas pu en parler.
— Eugène Saccomano : Oui, c’est vrai, Sylvain Armand, on aurait pas pu parler de toi là.

Voilà donc le niveau auquel les principaux journalistes sportifs français réduisent le débat sur la presse : émettre une remarque sur une situation bien précise, c’est militer contre la liberté de la presse. Estimer que le traitement médiatique propre au Paris SG a pu influer sur la fin de saison, c’est vouloir bailloner les journalistes. La demi-mesure ? Connais pas !

La réponse de Dély illustre également le manichéisme ambiant : il s’agit de ne surtout pas évoquer le fond du problème soulevé par Armand, ni même de le citer pour les téléspectateurs qui n’auraient pas eu connaissance des propos du joueurs. Si Armand se plaint, c’est parce que le PSG a fait match nul contre Monaco le 30 mai, rien d’autre. Au fait, que disait le même Sylvain Armand le 14 mai — quinze jours plus tôt —, après une victoire au Mans, la seule du PSG en mai : « J’avais peur, surtout après notre défaite contre Rennes et les dix derniers jours où l’on ne parlait pas trop football quand il s’agissait du PSG. » Et que dit-il aujourd’hui ? « On a parlé de tout sauf de football depuis trois semaines. Voir qu’on ne parle jamais de foot dans les journaux, c’est lassant. Au bout d’un moment, il fallait parler football et laisser travailler l’équipe tranquillement. » Le défenseur parisien n’a donc pas attendu la fin de saison ou même un mauvais résultat pour tenir ce discours. Mais c’est tellement plus facile de balayer toute remarque d’un revers de main sans même prendre la peine de l’écouter…

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Tribune de presse au Parc des Princes
Nous avons retrouvé le clan qui pose le plus de problèmes au PSG.

Enfin, passons sur la conclusion parfaitement fallacieuse de Penot et Saccomano, qui réagissent comme si Armand avait tenu ces propos pour s’octroyer une heure de gloire médiatique, lui qui est sans doute plus connu que les deux journalistes réunis… Mais l’explication tient dans la conception qu’a Saccomano de son émission. En septembre dernier, dans L’Équipe, il développait ses principes :

J’ai toujours aimé la polémique, les gens qui allument ! Je ne citerai pas d’émissions mais il y en a qui invitent des « people » et ça dérègle tout, parce qu’ils ne connaissent pas grand-chose au football ; d’autre part, quand vous invitez des gens du foot, ils sont supérieurement langue de bois. Nous, en sept ans, on a fait venir deux dirigeants de club, Francis Graille, quand il était président du PSG, et Louis Acariès [l’homme de confiance de Robert-Louis Dreyfus à l’OM]… On avait beau les titiller, ils ne disaient rien ! Voilà pourquoi je ne veux que des gens de presse à mes côtés. Je veux qu’il y ait une liberté de ton qui est la marque de fabrique de l’émission… – … à laquelle colle aussi une étiquette de café du commerce… – Le café du commerce, ça a un côté vulgaire, alors que les gens que j’ai dans l’émission sont capables d’exprimer des choses réfléchies. Au café, les types ne connaissent pas le football, c’est la tchatche absolue, du type : « Tous vendus, tous pourris ! » Nous, on ne raconte pas ça quand même. – Beaucoup se plaignent du fait qu’il n’y en ait que pour l’OM, le PSG, Lyon… – Quelquefois, des mecs m’écrivent : «  Vous ne parlez jamais de Nancy, du Mans… » mais le jour où Le Mans sera l’OM, j’en parlerai ! Il faut tenir compte de la passion qu’entraînent certaines équipes et pas d’autres. Lyon, l’OM, Bordeaux ou le PSG font parler parce qu’il s’y passe toujours des choses. – Vous vous retrouvez face à Christophe Pacaud qui anime Direct Sport sur Direct 8. C’est embêtant ? – Ça ne me dérange pas. Il fera une émission tout à fait différente de la mienne. Je connais bien Christophe pour travailler avec lui à RTL, il ne fait pas beaucoup de polémiques.

Voilà résumée la pensée d’Eugène : une émission basée uniquement sur la polémique, « les gens qui allument », sans jamais se préoccuper du fond ; croire et faire croire qu’«  il se passe toujours quelque chose » à Paris ou Marseille — contrairement aux autres clubs —, alors que la réalité est tout simplement qu’on ne parle que de ce qui se passe à Paris ou Marseille ; s’estimer supérieurs parce qu’entre « gens de presse », et ne pas se rendre compte des énormités assénées à longueur d’émission.

Voir à ce sujet deux articles des Cahiers du Foot consacrés à l’émission et à Hervé Penot.

Le Foot Paris hurle avec les loups

Pour un but. Pour un but, le PSG ne disputera pas de coupe d’Europe la saison prochaine. Il aurait par exemple suffi de ne pas s’en prendre quatre contre Bordeaux ou Toulouse, et on aurait tous vibré pour la première édition de l’Europa Ligue (sic). […] Qui aurait cru qu’ils ne prendraient qu’un point en trois matches face à Auxerre, Valenciennes et Monaco ? Personne, sauf les joueurs eux-mêmes peut-être. Dans cette dégringolade, il y a forcément des coupables. […] Beaucoup d’entre eux pointent un contexte médiatique très défavorable, expliquant en partie cette baisse de régime. À ce que l’on sache, d’une part, ce n’est pas une nouveauté à Paris, et d’autre part, les journalistes n’ont jamais empêché personne de marquer des buts. Messieurs les joueurs, assumez les responsabilités de cet échec et ne vous déchargez pas sur les médias, vous en perdez même de la crédibilité aux yeux de vos supporters.
Dans son édition de juillet, Le Foot Paris consacre un éditorial aux déclarations d’Armand. Mais Cédric Ferreira est tout juste capable de recracher ce qu’il a lu partout ailleurs : si Paris n’avait encaissé que trois buts à Bordeaux, et non pas quatre ? Très simple : Lille serait en Ligue Europa, pas le PSG. Regarder le classement avant de répéter une prétendue information s’avère parfois utile…

Alors que le mensuel publie longuement les propos de Sylvain Armand, Ferreira choisit donc à son tour de faire dire à l’ancien Nantais ce qu’il n’a pas dit, pour y répondre avec force arguments : à ce que je sache, c’est même pas vrai que les journalistes ils empêchent les joueurs de marquer, je te ferais remarquer, d’abord. Au moins, avec Christophe Bérard, c’était plus subtil.

Et pour que le tableau soit complet, l’interview d’Armand, dans laquelle le joueur déclare : « J’en veux un peu à la presse » est titrée : « Armand : “J’en veux beaucoup à la presse” ». Si ça ce n’est pas prendre les gens pour des idiots…

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Armand en veut à la presse

On notera également que Giuly, passé par Lyon, Monaco, Barcelone et la Roma, s’est lui aussi agacé de la presse en fin de saison, dans sa chronique hebdomadaire pour Les dessous du sport :

Un petit mot sur mon escapade à Barcelone. J’en apprends tous les jours, la prochaine fois, je me protégerai plus. Je ne pense pas que le fait d’aller voir une demi-finale de Ligue des champions avec quelques joueurs du club ait fait perdre le PSG. Je voulais partager un moment de football avec d’autres membres du PSG, je ne voulais pas faire la fête. Quand Nasri va voir Marseille, on ne lui reproche pas de faire perdre Arsenal.

Et pendant ce temps-là…

- Nantes (re)coule en Ligue 2, avec un effectif que l’on dit coupé entre anciens et nouveaux joueurs ;
- le président marseillais et son actionnaire s’allument par presse interposée pendant plusieurs mois, obligeant finalement Louis-Dreyfus à renvoyer Pape Diouf quelques mois après qu’il s’est séparé d’un entraîneur qui faisait l’unanimité pour une simple question d’impatience ; Anigo annonce son départ si Diouf est débarqué, mais reste finalement ; le nouveau président conditionne sa venue à l’arrivée de Jean-Pierre Bernès, condamné pour corruption active et initialement radié à vie par la FFF, puis accepte finalement de venir sans lui ;
- Saint-Étienne se maintient de justesse malgré le cinquième budget de L1 ;
- Lille renvoie brutalement son entraîneur en fin de saison malgré des résultats supérieurs aux objectifs… puis vire son directeur général, et rappelle l’entraîneur à peine déchu ! ;
- Franck Dumas boycotte la presse et renvoie Caen à l’étage en dessous, le tout avec un vestiaire semble-t-il désuni ;
- à Rennes, battu par le rival guingampais (L2) en finale de la coupe de France, l’entraîneur quitte le club un an et demi seulement après son arrivée, non sans avoir multiplié les accrochages avec ses joueurs cadres (Pagis, Wiltord) et la presse [4] ;
- après avoir viré en fin de saison dernière le premier entraîneur qui réalise le doublé championnat-coupe de France de son histoire, Lyon conserve un entraîneur qui est le premier à… ne pas remporter de titre depuis huit ans, avec en prime une qualité de jeu qui s’est littéralement délitée et des recrues très onéreuses qui n’ont pas servi à grand chose cette saison ;
- Le Mans change deux fois d’entraîneur en cours de saison ;
- Monaco — le sixième budget — reste englué dans le ventre mou pour la quatrième saison consécutive, et voit son président quitter le club un an à peine après son arrivée, non sans avoir pris nombre de décisions controversées (le renvoi de Jean-Luc Ettori, l’arrivée de joueurs censés permettre à l’ASM une expansion internationale… même les Ultras Monaco se sont mis en grève).
- etc.

De là à conclure qu’il se passe à Paris des choses extraordinaires qui n’ont jamais lieu ailleurs… À l’inverse, dans la capitale, même des non-événements suffisent parfois à alimenter le délire médiatique. Le 13 mai, Jérôme Touboul publie ainsi un article intitulé « Le PSG et ses non-dits », dont le chapô est ainsi rédigé : « Un entraîneur qui ne réagit pas, un capitaine qui compte rester mais qui n’en parle pas : Paris aborde en silence le sprint final. » Rendez vous compte : l’entraîneur refuse de « balancer » avant la fin de la saison, et un joueur n’officialise pas son avenir. Si avec ça c’est pas la crise au PSG…

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La presse enquête... au PSG.

D’autre part, le désintérêt total des médias pour ce qui se passe dans le reste de l’Hexagone est lui-même source de déséquilibre : si les journalistes spécialisés sont tombés des nues en apprenant le départ forcé de Rudi Garcia une fois la saison terminée, c’est précisément parce que personne n’avait enquêté au Losc. Ce n’est donc qu’une fois la saison terminée, et le départ de Garcia connu, que ses problèmes relationnels furent évoqués. Tout débute dans L’Équipe du 2 juin :

Les dirigeants lui reprocheraient plusieurs choses : de ne pas suffisamment s’appuyer sur le centre de formation, d’avoir entretenu des rapports conflictuels avec certains joueurs (Fauvergue, Malicki, Tafforeau) et de s’être mis à dos une partie du groupe. Rudi Garcia ne s’entendait pas avec Pascal Planque, entraîneur du CFA, et avec Jean-Claude Vandame, le directeur du centre de formation. […] Pour ne rien arranger, Rudi Garcia n’a jamais entretenu d’excellentes relations avec Xavier Thuilot [directeur général du Losc], homme très influent du club.

Le lendemain :

La plupart des éducateurs [étaient] en froid avec Bompard, l’adjoint de Garcia, très critique sur les installations du centre d’entraînement. […] D’autres points de divergence ont conduit à cette séparation. Comme la gestion de l’effectif et le choix d’écarter le gardien Grégory Malicki à quatre journées de la fin, qui ont cristallisé dans le vestiaire l’opposition des plus anciens joueurs.

Quelques jours plus tard, l’ancien entraîneur lillois s’exprimera sur Canal+ Sport (propos retranscrits par Aujourd’hui Sport le 9 juin) :

Je sais depuis ce jour, par courrier, que je vais être reçu pour un licenciement. […] On devait faire une conférence, qui a été annulée. C’est incompréhensible. On préparait il y a peu la saison prochaine. […] Il fallait finir dans les dix premiers, nous sommes européens. Lille est un club formateur, j’ai fait jouer Hazard. J’étais bien au Losc, je ne postulais pas ailleurs. Ça se passait très bien avec Seydoux et les autres. […] Si on m’avait dit les choses plus tôt, j’aurais pu trouver un autre club. Je me retrouve au chômage.

Et finalement, Garcia sera rappelé

Même chose au SMC. « Caen vaincu par les clans » : voilà le titre d’un article publié le 1er juin dans L’Équipe, après le terme de la saison :

Trois explications semblent se dégager. […] Au fur et à mesure des résultats négatifs, des clans anti et pro-Dumas, puis celui des indépendants, se sont formés. Des tensions, voire des jalousies, sont nées. Ces dernières semaines, le ton est monté d’un cran entre certains cadres et Savidan, les premiers reprochant au second son mode de vie.

À Nantes, c’est le président Kita qui balance, le même jour dans le même journal :

Il [Baup] nous a dit qu’il y avait deux ou trois groupes. Que des joueurs n’étaient pas acceptés : Klasnic, Gravgaard, N’Daw. Abdoun et Alonzo, pareil. Ne parlons même pas de Babovic ou de Djorjevic.
— La fracture que vous décrivez est terrible…
— Elle date de plusieurs mois et on l’a cachée. Ce constant, je l’ai fait depuis le début et j’ai essayé d’améliorer la situation. l’ouverture d’esprit vers le sgens qui viennent de l’extérieur n’existe pas au FC Nantes. [….] Il [N’Daw] m’a dit qu’il n’avait jamais vu un vestiaire aussi pourri. […] J’ai d’abord entendu : «  On est montés en L1, c’est nous qui allons jouer, pas ceux qui arrivent… » Ensuite : « Il faut qu’ils s’adaptent à nous. »

[1] « La rumeur a même fait état d’une bousculade entre Parisiens après le match. Une gifle serait même partie. Une version vite démentie. » (Aujourd’hui Sport du 25 mai 2009)

[2] Interrogé sur le silence des joueurs, Armand précise : « Est-ce que ça aurait arrangé quelque chose de votre part [si les joueurs étaient venus parler à la presse] ? Moi, je ne pense pas. Ça fait cinq ans que je suis ici, dès qu’il y a une déclaration, elle est mal interprétée ou on en fait toute une page. Honnêtement, c’était ce qu’on s’est dit, ne pas parler et se concentrer comme on l’avait fait avec le départ du président Villeneuve. Ça avait plutôt bien marché et là on s’était dit la même chose, mais quand vous voyez des choses qui atteignent certains joueurs, mentalement c’est difficile à gérer. »

[3] La vidéo en ligne sur le site du Parisien nous montre qu’Armand a bien insisté sur la responsabilité des joueurs : «  On rate l’objectif nous-mêmes, en faisant des cadeaux. C’aurait été plié beaucoup plus tôt si on avait été un peu plus rigoureux sur certains points. […] La responsabilité de cet échec, on la prend entièrement, parce que c’était à nous d’aller chercher la qualification sur le terrain, de faire abstraction de tout le reste. Mais quand le dernier mois tout nous tombe dessus, ce n’est pas évident. Donc on ne cherche pas d’excuses ce soir, parce que encore une fois on avait notre qualification entre nos pieds, mais c’est vrai que tout ce qui s’est passé ça a fragilisé le groupe. Moralement, ça a atteint certains joueurs, il faut le reconnaître aussi. »

[4] Guy Lacombe s’est notamment fendu d’un communiqué demandant à bénéficier de la même clémence de la part des médias que ses collègues marseillais et parisien, alors que ceux-ci faisaient l’objet d’une attention évidemment bien supérieure à lui. En fait, un petit article paru dans L’Équipe avait contrarié l’entraîneur à moustache, et ce fut suffisant pour déclencher chez lui une crise de paranoïa aigue. Plus tard, il accusera la presse de manipuler le public concernant Pagis.