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Quand le Parisien se tape trois joueurs du PSG (2/2)
Christophe Bérard se fait plaisir avec Armand, Landreau et Rothen
Nom : Bérard — Prénom : Christophe — Profession : torchoniste
dimanche, 7 juin 2009, par Arno P-E

Le mardi 2 juin 2009, le journal le Parisien publie un article signé Christophe Bérard, reporter chargé de suivre le Paris Saint-Germain. Le titre, « Les pro-Le Guen cherchent le clash », promet révélations explosives et détails croustillants : il s’agira de découvrir comment des joueurs du PSG, affidés à leur ex-entraîneur, adoptent volontairement une attitude provocatrice dans le seul but de quitter leur club. Deuxième partie : les motivations et les sources du journaliste.

Après avoir vu comment Christophe Bérard, rédacteur au journal le Parisien, n’hésitait pas à tenter de charger les dossiers en rajoutant des détails n’ayant aucun lien avec l’affaire, du moment qu’ils sont néfastes —, histoire de dénigrer ses cibles, mine de rien —, voyons maintenant avec quelle intégrité il s’attaque au fond de ses enquêtes.

Info vérifiée ou racontars éhontés, au choix

Dès qu’il s’agit de s’en prendre à un joueur, Christophe Bérard ne s’embête pas avec ces détails que sont l’éthique ou la vérification de la véracité de ses accusations. Mickaël Landreau par exemple, est traité de menteur dans le titre de la partie qui lui est consacrée. Les preuves de l’auteur de l’article ? Les voilà :

Le gardien du PSG (140 000 € brut mensuels, beaucoup plus avec les primes) déclare à qui veut l’entendre qu’il n’est plus heureux à Paris et qu’il s’en va. Dont acte. Officiellement, l’éviction de Le Guen l’aurait décidé. Faux. Les contacts avec Lille, par exemple, remontent bien avant la non-prolongation du contrat de l’entraîneur breton [1].
Quelle source Christophe Bérard fournit-il à qui voudrait vérifier si oui ou non, Landreau a bien cherché à se transférer à Lille avant que l’on apprenne que Le Guen ne serait pas prolongé ? Aucune. Où sont les preuves ? Nulle part. Et chacun sait que l’on n’en trouvera jamais, dans ce milieu des transferts ou tout le monde parle avec tout le monde, un agent proposant son poulain juste pour tâter le terrain, histoire de… Personne n’avait jamais entendu parler de cette rumeur avant qu’elle ne jaillisse le 26 mai, dans un autre article du Parisien… mais teintée de conditionnel (« Les premiers contacts remontent à plusieurs semaines et les discussions auraient permis d’aborder un certain nombre de points »). Est-on sûr ou pas ? Conditionnel ou pas conditionnel ? Difficile dans ces conditions d’accuser Landreau avec certitude de mentir. Sauf pour Christophe Bérard ; sauf quand on tient à commencer par un intertitre bien racoleur… Là, pas besoin de prendre de gants.

Maintenant, les mêmes chroniqueurs qui taxaient la cellule de recrutement du PSG d’imprudence quand elle n’avait pas prévu de solution de rechange après le faux bond de Gouffran auraient beau jeu de critiquer Landreau s’il s’avérait que son agent ait eu la sagesse de chercher un éventuel futur club à son joueur, au cas où… Car après tout, il arrive que l’on change d’avis.

Tenez, même Bérard change d’avis, lui qui sous-entend aujourd’hui que Landreau est bien trop payé. N’écrivait-il pas, le 9 mars, que Paris avait « le vent en poupe, à l’image de Mickaël Landreau, redevenu l’un des meilleurs gardiens français » ? Comme quoi…

Rothen lui aussi a droit aux petits raccourcis bien pratiques du sieur Bérard.

Rothen voit les choses autrement : selon lui, on « l’oblige à partir ». S’il ne court plus assez vite, c’est la faute des dirigeants ; si le public le siffle, c’est encore de la faute des dirigeants. Dans L’Équipe, il étale ses états d’âme, indignes d’un professionnel, et prend l’initiative du divorce avec le PSG alors qu’il lui reste encore deux ans de contrat.
En plus du lamentable travestissement du discours d’un Rothen qui n’a jamais nié une saison délicate (« J’ai fait une saison moyenne, irrégulière »), ni reporté son manque de vitesse sur ses dirigeants, Bérard accuse le joueur de « prendre l’initiative du divorce », arguant que ce n’est que « selon Rothen » qu’on l’obligerait à partir. Oui mais voilà, d’autres médias nationaux abondaient dans le sens du joueur parisien depuis déjà plus de trois semaines ! Le site Internet de RMC publiait par exemple le 7 mai un article dans lequel on pouvait lire des propos aux troublantes similitudes avec les griefs de l’international parisien :
Jérôme Rothen ne supporte plus qu’Alain Roche le dénigre auprès des agents alors qu’il peut se targuer d’être le deuxième meilleur passeur du championnat. […] Jérôme Rothen a par ailleurs eu une explication musclée avec le président du club, Sébastien Bazin, après sa sortie médiatique dans Luis Attaque mardi sur RMC. Bazin lui a reproché de s’être exprimé et plus précisément d’avoir dit « Ne pas prolonger Le Guen c’est lamentable… », des propos que Rothen n’a pas tenus à l’antenne. Bazin, reconnaissant son erreur, s’est finalement excusé auprès du joueur.

Le discours est pile dans la lignée de ce que Rothen déclarera bien plus tard dans L’Équipe. Et là, sur le site de RMC, pas trace de conditionnel quand on évoque les agissements des dirigeants du PSG. Alors, faux maître-chanteur le Rothen, ou véritable victime du duo Bazin-Roche ? Il faudrait se mettre d’accord entre professionnels de l’information… ou prendre le temps de vérifier ses sources.

Concernant Armand, voici les reproches assénés par Christophe Bérard :

Sylvain Armand, 28 ans, lié jusqu’en 2011, espère être rapidement prolongé et attend des nouvelles d’Alain Roche d’ici à demain.
On comprend l’émoi et la révolte du reporter, il n’y a bien qu’au PSG que cela arriverait ça : un joueur qui souhaiterait voir son contrat prolongé avant de partir en vacances, ou qui hésiterait à quitter son club au bout de cinq saisons ?! Le traître…

Alors, certes, ça paraît ridicule — peut-être parce que ça l’est, d’ailleurs —, mais il faut replacer ça dans le contexte : cette phrase est ici pour d’une part justifier le fait que Bérard qualifie Armand de « pathétique » et d’autre part illustrer le fait que le joueur « déverse son fiel ». On sombre dans le grand n’importe quoi !

Ensuite, pour ce qui est des preuves des velléités de départ du latéral gauche, c’est autre chose : vous pouvez toujours les chercher : il n’y en a pas ! C’est simple en fait de travailler au Parisien

Comment accorder le moindre crédit à un raisonnement basé sur ce qui ne sont finalement que des on-dit, voilà une question qui ne semble pas tarauder la rédaction du quotidien régional. Mais au rayon des attaques calomnieuses, la palme revient tout de même à l’hallucinante conclusion de la partie sur Landreau :

Faux modeste mais vrai parano (« c’est souvent à moi qu’on s’en est pris », répète-t-il), il est persuadé que le club alimente la presse en rumeurs à son sujet. Mais qui manipule qui ? Dans l’intimité du vestiaire, une majorité de ses camarades ont d’ailleurs de lui l’image d’un intrigant.
Les racontars, c’est une spécialité à part entière. Une pratique que certains ont élevé au rang d’art. Mais il faut avouer qu’après le joueur sous-couvert d’anonymat, les « couloirs du Parc où il se murmure que… » et la célèbrissime taupe, là, avec sa « majorité de camarades », Bérard transcende le genre. Un esthète.

Qui sont ces camarades ? Mystère. Quand ont-ils parlé de cela ? On ne le saura pas. Sur quoi leur hypothétique avis repose ? Pas davantage de précision. Est-ce une impression, un remugle des vieilles rumeurs nantaises, une vague idée fondée sur un faisceau d’anecdotes, balancée comme ça ? Allons, pourquoi s’embêter avec tous ces soucis, quand il suffit de colporter de bons vieux ragots ?

Peut-être pour éviter de faire rimer « journaliste » avec « corbeau »…

Seule certitude, inutile de faire appel à une majorité de ses collègues de la salle de rédaction du Parisien pour affirmer qu’à PSGMAG.NET, nous avons de Christophe Bérard l’image d’un journaliste malhonnête. Lire et commenter ses articles nous suffit. Là où nous séchons en revanche, c’est quand il s’agit de trouver les motivations d’un article aussi infâme.

Mais pourquoi est-il aussi méchant ?

Quels raisonnements obscurs ont bien pu amener Christophe Bérard à pondre une telle copie ? Lui qui se montre toujours en avance à l’entrée du Parc des Princes les soirs de match, ses lunettes d’enfant sage sur le nez, la housse de son ordi coincée sous le bras comme on porterait son cartable d’écolier sur les bords du Rhône… Mais où est-il passé, le bon élève, celui qui savait apprécier à sa juste valeur le confort bourgeois que lui confère la tribune de presse du PSG ?

Pourquoi attaquer, calomnier ces trois joueurs ? Pour trouver le mobile, il faudrait d’abord découvrir le point commun, le détail qui relierait Landreau, Rothen et Armand.

Et si la réponse se lovait dans le texte de Bérard lui-même ?

Faux modeste mais vrai parano (« c’est souvent à moi qu’on s’en est pris », répète-t-il), il ([Landreau] est persuadé que le club alimente la presse en rumeurs à son sujet. […]

Dans L’Équipe, il [Rothen] étale ses états d’âme, indignes d’un professionnel, et prend l’initiative du divorce avec le PSG alors qu’il lui reste encore deux ans de contrat. […]

Il [Armand] a tenu des propos déroutants après la non-qualification européenne. Selon lui, la presse, à force d’insister sur les clans qui minaient le vestiaire, aurait pourri l’ambiance au sein de l’équipe.

Et si M. Bérard avait du mal avec les joueurs qui osent émettre la moindre critique à l’encontre de la presse ? Intouchable, le reporter du Parisien ?

Les attaques les plus virulentes, et les moins justifiées aussi, se concentrent les trois fois autour de comportements en rapport avec la presse. Landreau est un « faux modeste » quand il tente de se défendre… Pas de bol, dans cette interview [2], avant de faire remarquer qu’une certaine presse ne lui accordait jamais de seconde chance, Landreau présentait justement son mea culpa :

Plaidez-vous coupable sur le match à Kiev ?
Landreau : « Oui. Je ne fuis pas, au contraire. Je me sens responsable sur le deuxième but, je fais une erreur comme cela peut arriver au cours d’une saison. Mais bon, avec moi, c’est toujours particulier. Je suis un peu vu comme le Sisyphe du foot français : un jour tout en haut, le lendemain au plus bas. On ne me passe rien. Jamais. (silence) Mais je commence à avoir l’habitude. »

Que doit faire le faux modeste, qui reconnaît ses erreurs, pour éviter de déplaire à sa toute puissante majesté Christophe Bérard ? Éviter de remettre en cause le traitement médiatique dont il est l’objet, peut-être…

Rothen pour sa part est « indigne d’un professionnel » quand il se livre à L’Équipe… Qu’avait-il déclaré au juste au quotidien sportif ? Ceci : « Le public a réagi à ce qu’il y a dans les médias. On répète que je veux partir, mais moi, je n’ai jamais rien déclaré. »

Et soudain, alors que le journaliste du Parisien avait passé ce détail sous silence, on découvre que ce ne sont plus seulement ses dirigeants que Rothen visait, mais aussi la presse… Troublante coïncidence. Christophe Bérard serait-il plus prompt à lancer les critiques qu’à les accepter ? Voilà qui expliquerait pourquoi les propos de Sylvain Armand n’ont été « déroutants » que pour l’auteur de l’article, petit garçon capricieux qui n’apprécie guère qu’on lui fasse remarquer que parfois, il fait bien mal son travail. Pour lui, et c’est finalement son seul grief, « Armand se trompe de cible ».

Mais on peut comprendre le latéral du PSG. On peut même se dire que finalement, si Armand pensait que certains articles de presse signés Bérard ne reposent que sur du vent, si Rothen voulait dénoncer le fait que l’on puisse lire dans le Parisien des textes travestissant délibérément les propos d’un joueur dans le seul but de lui nuire, si Landreau jugeait que certains « torchonistes » sont même prêts à colporter des rumeurs afin de vendre du papier… au vu de ce texte commis par celui à qui on n’ose plus faire l’honneur d’accorder le titre de journaliste, oui, on peut se demander si ces trois joueurs se trompaient vraiment de cible…

[1] Il faudra se souvenir de cette petite phrase si Landreau venait un jour à rejoindre Paul Le Guen à Lille : selon Bérard, Landreau avait déjà commencé à négocier avant l’éviction du coach breton. À ressortir si on parle complot machiavélique : Landreau, très fort, aurait préparé sa sortie pour retrouver un coach dont personne ne pouvait prévoir le départ à Lille. Très, très fort même…

[2] Réalisée par l’AFP et diffusée le 19 avril sur le site d’Eurosport.