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PSG-OM : interview d’un supporter marseillais
Semaine spéciale PSG - OM
La saison 2008/2009 du PSG et de l’OM vue par un Olympien
samedi, 14 mars 2009, par Vivien B.

Afin d’en savoir plus sur l’adversaire des Parisiens ce dimanche, nous avons interrogé un supporter de l’Olympique de Marseille. Âgé de 25 ans, Aurélien encourage le club olympien depuis le début des années 1990. Il évoque pour nous son club favori : la saison de l’OM, ses difficultés et ses points forts, son entraîneur, le cas Ben Arfa. Aurélien livre également son sentiment sur le Paris SG 2008/2009, le match aller et ses souvenirs des PSG-OM précédents.

Que pensent les supporters marseillais de la saison de leur équipe, et de leur adversaire du week-end ? Pour en avoir une petite idée, nous avons interrogé l’un d’entre eux, Aurélien.

Le Paris SG, le match aller, les PSG-OM

Le PSG 2008/2009

Le premier match que j’ai vu de Paris, c’était PSG-Nantes [1-0, le 14 septembre 2008]. Je n’ai pas franchement été impressionné. Depuis, j’ai changé d’avis. Pour résumer, ils sont solides, jouent très bien en contre et sont efficaces sur coups de pied arrêtés — c’est la patte Le Guen. Deux individualités leur font, en plus, gagner beaucoup de matches. Sessegnon et Hoarau sont les vraies stars de Paris.

Sessegnon peut éliminer à tout moment, et il est très bon dans le dernier geste. C’est l’un des tous meilleurs joueurs du championnat ; s’il devient un peu plus constant, je le vois bien devenir énorme et quitter Paris pour un très gros club.

Hoarau est moins spectaculaire, il n’est pas rapide, pas costaud, pas très technique et pas encore assez tueur… mais il est indispensable ! Son jeu de remise est très au point, il gagne la plupart de ses duels aériens, se procure beaucoup d’occasions, donne de très bons ballons et défend comme aucun autre attaquant en France. C’est pour moi la révélation de la saison.

Landreau a fait un très bon début de saison — surtout comparé à l’année dernière —, mais il est moins bon depuis 2009. La défense est très efficace et sans point faible, les quatre titulaires sont constants et font une bonne saison, mais leur tâche est facilitée par Makélélé. On a l’habitude de lire que son expérience et son placement font beaucoup de bien à son équipe. On pourrait aussi rajouter que son aura auprès des arbitres permet à ses partenaires d’éviter certaines sanctions. J’ai en revanche beaucoup de doutes sur Clément : il est courageux, se bat bien, mais est assez limité. C’est le joueur que Paris devrait changer l’an prochain. Matuidi, Cabaye ou Balmont le remplaceraient facilement. Rothen est assez décevant, Giuly n’est pas assez important dans l’équipe mais fera toujours le geste juste, et enfin Luyindula revient très bien.

Le problème du PSG n’est donc pas dans son onze titulaire. On l’a déjà vu à Rodez, sans Sessegnon et Makélélé, Paris n’est plus le même. Que se passera t-il si en cas de blessure ? C’est bien simple, Paris n’a pas de banc. Kezman en attaque, Chantôme au milieu ou Traoré en défense sont loin du niveau des titulaires. Ils peuvent apporter sur quelques matches mais pas sur une longue durée. Cette année, Paris est redevenu une bonne équipe, pas encore un gros club. Mais si la chance au niveau des blessures leur sourit toujours, ils accrocheront — au moins — la Ligue des Champions.

Le match aller : OM 2-4 PSG

Ce match reste ma plus grosse frustration de la saison. C’était vraiment bizarre : après un mauvais début de match et un but encaissé sur corner, l’OM a la chance de marquer deux fois avant la mi-temps. Ensuite Marseille est nettement plus fort et domine vraiment. Le PSG n’existe presque plus mais parvient à marquer sous les yeux de Hilton, qui était sorti se faire soigner et qui ne demandait qu’à rentrer. Un penalty oublié, un ballon sur la barre et un but casquette du PSG sur coup-franc font que l’OM se voit mené alors que Paris n’a pas montré grand-chose. Le dernier but amplifie encore plus ce mélange d’aigreur, d’incompréhension et d’abattement. Les statistiques sont édifiantes : le PSG a eu 4 tirs cadrés et a marqué 4 fois — si l’on suppose que le coup-franc de Rothen est un tir… On va se coucher en se demandant encore comment le PSG a pu gagner.

La revue de presse du lendemain est ensuite assez typique : tous les journaux et sites spécialisés louent l’énorme match du PSG face à un OM « trop léger ». Le score a vraisemblablement guidé leur plume. Après tout ça, on a envie de s’éloigner un peu du foot…

Souvenirs de PSG-OM

Mon meilleur souvenir est assez récent, le 1-3 en 2006/2007. C’était surtout la preuve que la « série noire » était vraiment terminée. Un match particulier, car c’est l’année où les arbitres voulaient faire des exemples sur les tirages de maillot dans la surface. Résultat : seuls l’OM et le PSG en feront les frais, comme ce soir-là avec ces deux penalties généreux. Mais je préfère forcément penser aux actions de Ribéry, notamment sur Mendy et Traoré, et à la maîtrise de l’OM.

J’ai un autre très bon souvenir d’un PSG-OM, c’était paradoxalement l’année où Marseille a failli descendre, en 1999/2000 [1]. Pourtant, lors de ce match, je me souviens avoir eu l’impression que l’OM jouait à domicile, avec un Ivan De La Peña omniprésent. L’OM avait gagné 0-2 grâce à Maurice et Ravanelli. Avec un peu de provocation, on pourrait dire que Ravanelli a marqué dans son jardin du Parc des Princes…

Le match du retour de Fiorèse au Parc, en 2004/2005, reste en revanche un souvenir beaucoup moins amusant [2-1 pour Paris]. Le carton rouge d’Armand pour un attentat sur Fiorèse augurait pourtant une victoire de l’OM, mais même à 10 contre 11, Paris semblait beaucoup plus fort. Leur maîtrise était impressionnante et les buts de Pauleta et d’Édouard Cissé restent les plus beaux dans un classico depuis bien longtemps.

L’OM, Ben Arfa, Gerets, la L1 2008/2009

L’OM 2008/2009

L’OM est dans une mauvaise passe actuellement. L’équipe peine à trouver un fond de jeu, et les attaquants sont de plus en plus décriés. Pourtant, la saison avait plutôt bien commencé, avec peu de changements par rapport à la (belle) fin de saison précédente. Le schéma tactique était le même, un 4-2-3-1 pouvant alterner avec un 4-4-2 en losange, selon le déroulement du match. Mais les blessures à répétition ont empêché Gerets de pouvoir travailler avec les mêmes joueurs, et ont entretenu le flou sur le fond de jeu. Se sont succédés à l’infirmerie Valbuena, Ben Arfa, Niang, Ziani et Koné. Comment alors trouver des automatismes entre ces joueurs offensifs ? Quand ils ne sont pas blessés, Ben Arfa, Koné et Valbuena jouent rarement deux fois de suite au même poste. Il est difficile dans ces conditions d’avoir des repères individuels et collectifs. Alors toute cette saison ou presque, l’OM a fonctionné par à-coups. Si ses individualités étaient en forme, l’OM pouvait plier n’importe quelle défense, sans forcément proposer un niveau de jeu impressionnant sur tout un match — à part peut-être à Bordeaux ou en Ligue des Champions. Mais lorsque les blessés étaient trop nombreux à des postes majeurs, ou les convalescents insuffisamment remis, l’OM devenait une équipe insipide.

Gerets n’a donc pas vraiment de solutions pour améliorer ce coté offensif. On pourrait en revanche lui imputer le mauvais début de saison défensif de l’OM. Personne n’a compris le choix d’Elamin Erbate, le véritable fiasco du recrutement marseillais. Ce joueur ayant vite déçu, Zubar, Civelli et Givet pouvaient le remplacer. Zubar a eu la préférence de Gerets, mais comment comprendre que « monsieur boulettes » soit resté si souvent titulaire ? Pourquoi, alors qu’il pénalisait lourdement l’équipe, n’a-t-il pas été remplacé par Givet ou Civelli ?

Givet parti et Rodriguez encore blessé, Gerets a donné sa chance à Civelli pour une série de matches solides et sérieux. Mais il ne faut pas se tromper, Civelli n’est qu’une solution de rechange, son niveau est assez limité. Il est certes très bon dans le jeu aérien, anticipe plutôt bien, mais attendons de le voir en duel face à un joueur technique.

Le renouveau défensif de l’OM est plutôt dans sa mentalité. Gerets remarquant que l’attaque était trop décimée, il a changé l’équilibre de l’équipe depuis le match de Lyon et la blessure de Niang. Désormais, tout le monde défend — même Ben Arfa —, et forcément l’équipe encaisse beaucoup moins de buts. Les critiques s’abattent donc maintenant sur l’attaque, bien que cette dernière soit toujours autant décimée [2].

Cette saison, le problème est donc principalement le nombre de blessés, Gerets devant souvent « composer avec les moyens du bord ». Et c’est désormais au tour de la défense d’être touchée : Cana, Hilton, Bonnart, sans parler de Rodriguez. Espérons alors que l’attaque redevienne efficace et explosive car, après tout, l’OM n’est que troisième à cinq points de Lyon

Le cas Hatem Ben Arfa

Son transfert a beaucoup fait parler, on aurait pu penser qu’il aurait du mal à surmonter la pression en début de saison mais, paradoxalement, ça a été sa meilleure période. C’est un joueur un peu spécial qui pouvait perdre plusieurs ballons faciles puis percer la défense sur une action géniale. Mais en ce moment, il ne fait plus rien de bien, devenant même le stéréotype du « footballeur tricoteur » qui s’empêtre dans ses dribbles sur chaque ballon qu’il reçoit. Alors forcément, on commence à perdre patience avec ce joueur aussi doué et si loin de son niveau potentiel. Certains iront même jusqu’à dire que Ben Arfa n’est pas un joueur de foot — Larqué par exemple, toujours aussi mesuré dans ses constats — et que sa carrière ne décollera pas. Pourtant, son cas peut faire penser à celui de Cristiano Ronaldo qui, à ses débuts, multipliait les dribbles foireux et les actions personnelles ratées. Sir Alex a été patient, et Ronaldo a commencé petit à petit à comprendre le jeu. Aujourd’hui, le Portugais est toujours aussi doué, mais il fait les bons choix. Chacun souligne la « maturité » qui a transformé son jeu.

Il parait évident que cette maturité ne s’acquiert pas lors de la première année en tant que titulaire dans un club. Il ne s’agit pas ici de dire que Ben Arfa sera un jour Ballon d’Or, mais plutôt qu’il faut lui laisser le temps, sans attendre d’exploits techniques sur chaque action et en acceptant qu’il puisse se tromper. Alors bien sûr, s’il n’est pas bon, il ne doit pas jouer, ce que Gerets applique parfaitement. Ben Arfa sait qu’il n’est pas intouchable et qu’il ne jouera que s’il est performant. Dans ce cas, à lui de montrer — si on lui laisse le temps — que même sans « changer son jeu », il arrivera à faire les bons choix et devenir plus proche d’un Ronaldo que d’un Denilson.

Impressions sur la Ligue 1

La meilleure équipe que j’ai vu jouer, c’est Bordeaux. Outre le match contre Le Havre, pas vraiment représentatif, ils m’ont vraiment impressionné contre Lyon, malgré la défaite. Gourcuff est souvent énorme dans le jeu, c’est peut-être le meilleur joueur de L1 cette saison. Il est indispensable au club, au même titre que Diarra et Diawara, qui rendent l’équipe beaucoup plus solide et agressive. J’ai vraiment du mal à comprendre, en revanche, pourquoi Ramé est encore titulaire. C’est, cette année, un des moins bons gardiens de L1, il enchaîne les boulettes et ne sort pas de gros arrêts. Lorsqu’il s’est blessé, Blanc aurait pu en profiter et laisser définitivement Valverde, il ne l’a pas fait…

J’ai bien aimé Lille également. Proclamé, à juste tire, « meilleur milieu de L1 », l’entrejeu lillois est assez impressionnant. Il leur manque quand-même un avant-centre pour pouvoir jouer les trois premières places. Bastos est évidemment la star de cette équipe. Espérons seulement qu’il n’aille pas, lui aussi, gonfler l’effectif de Lyon.

Je suis assez bluffé par Rudy Garcia, qui a réussi à instaurer un jeu offensif et efficace en si peu de temps, alors que le Losc semblait formaté à vie par le « catenaccio » de Puel et Halilhodzic. Le constat est le même pour Laurent Blanc, qui a réussi à faire oublier l’ennui installé par Ricardo. Tant par l’envie de créer du beau football que par leur communication dans les médias — où ils n’hésitent pas à livrer quelques leçons tactiques —, ils se rapprochent plus de Gerets que de Le Guen. Le Parisien n’est pas vraiment une référence de communication, mais soulignons quand même la performance de « l’homme qui ne sourit jamais » : avoir réussi à redonner la confiance à son groupe, et avoir changé du tout au tout les objectifs du PSG, passés en un an de la lutte pour le maintien à la lutte pour le titre. D’ailleurs, l’année dernière, les médias se focalisaient sur le recrutement désastreux du PSG — Everton, Souza, Bourillon, Traoré, Luyindula… —, il serait juste de remarquer que, là aussi, le contraste est important, avec Makélélé, Giuly, Sessegnon et Hoarau.

Un grand merci à Aurélien pour sa disponibilité.

[1] Marseille termine 15e avec 42 points, à égalité avec Nancy, relégué en deuxième division à la différence de buts.

[2] Niang revient à peine, Koné se blesse fréquemment, Brandao et Wiltord viennent d’arriver.