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Des supporters du PSG blacklistés au foot et au hand
Contrôlés à Lorient, refoulés à Coubertin
samedi, 15 septembre 2012, par Vivien B.

Vendredi soir, une grosse centaine de supporters parisiens avait prévu de se rendre au stade Pierre-de-Coubertin afin d’assister au premier match de la saison de handball, qui opposait le PSG à Cesson-Rennes. Les dirigeants du Paris Saint-Germain ont choisi de ne pas laisser entrer une partie de ces supporters munis de billets, à l’aide d’une blacklist établie avec les pouvoirs publics. Quelques dizaines d’entre eux ont toutefois pu rentrer, et ont été surveillés de près par la police anti-hooligans.

En août dernier, le directeur de cabinet du préfet de police de Paris, Jean-Louis Fiamenghi, annonçait la constitution d’un fichier listant les individus auxquels le PSG refusera de vendre des places, qu’il appelait « la “black list” du PSG ». « Y sera intégrée toute personne ayant fait l’objet d’une interdiction de stade, elle ne pourra plus acheter de billets, ni souscrire d’abonnement », indiquait-il. Un mois plus tard, le dispositif est mis en application, avec deux particularités notables : il n’est pas nécessaire d’avoir été interdit de stade — même administrativement — pour figurer sur cette liste ; et le refus de vente est élargi aux matches de handball.

Ce vendredi, plusieurs dizaines de supporters parisiens se sont ainsi vu refuser l’entrée de la salle Pierre-de-Coubertin pour le match de handball opposant le PSG à Cesson-Rennes. Motif : ils faisaient partie des 400 personnes dont l’identité avait été relevée par les forces de l’ordre à Lorient en mai dernier, lors d’un match où plusieurs supporters du PSG avaient lancé des fumigènes sur la pelouse — des circonstances rappelant ce qui s’était passé à Caen en mars 2011.

Avant que leur billet ne soit scanné et refusé à l’entrée de Coubertin, ces indésirables avaient reçu une lettre recommandée signée du directeur général délégué du PSG handball — et du PSG football —, Jean-Claude Blanc. Le courrier, que nous avons pu consulter, est le suivant :

Monsieur,

Vous avez acheté des places de billetterie pour le match opposant le Paris Handball au club de Cesson-Rennes du 14 septembre prochain.

Cependant, il est parvenu à notre connaissance que vous auriez (sic) adopté une attitude non conforme à nos valeurs et commis des incivilités voire des actes répréhensibles lors de la saison 2011/2012 à l’occasion des matches de l’équipe première de football du Paris Saint-Germain.

Nos objectifs de sécurité étant dorénavant partagés avec le Paris Saint-Germain, nous avons décidé d’adopter une politique commerciale identique à celles applicable aux matches de football.

Ainsi, le Paris Handball n’entend pas accueillir dans son stade Pierre-de-Coubertin les auteurs de comportements agressifs, violents, injurieux ou incivils, même si ceux-ci ont été commis dans un autre stade et pour un [autre] sport.

Ainsi, en raison des faits rappelés ci-avant et compte tenu des impératifs de sécurité légaux et réglementaires nous incombant, le Paris Handball a décidé :
(i) d’annuler votre billet et de vous rembourser le prix du billet acheté, par envoi séparé ;
(ii) de ne plus vous vendre de places de billetterie pour la saison 2012/2013 du Paris Handball.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur, l’expression de nos salutations distinguées

Jean-Claude Blanc
Directeur général délégué

« Ce sont des interdits de stade au Parc des Princes qui ont acheté des billets pour le handball », a assuré Jean-Claude Blanc vendredi soir à l’AFP. L’agence contredit les propos du dirigeant parisien et assure au contraire que « certains [supporters], interdits de stade ou non, avaient reçu un courrier du PSG », ce qui nous a également été rapporté. « Être interdit de stade ne veut pas dire automatiquement interdit de salle, poursuit Blanc. Mais on a pris nos responsabilités. » Des plaintes devraient être déposées prochainement devant les autorités compétentes, à commencer par la Cnil — d’autant que généralement les interdictions administratives de stade, avant d’être jugées illégales par les tribunaux au terme de longues procédures, précisent explicitement qu’elles ne s’appliquent qu’aux matches de football, ce dont certains supporters s’étaient assuré en contactant un avocat, la préfecture de police de Paris ou encore les RG.

« Quelques dizaines d’individus […] ont été refoulés à l’entrée de la salle Coubertin par un imposant et inhabituel dispositif de sécurité d’environ une cinquantaine de policiers, indique encore l’AFP. […] Selon des sources policières, il n’y a “pas eu d’interpellation”, mais de simples “contrôles d’identité”. “On a essayé de rentrer, la police nous en a empêchés, a relevé nos identités, puis mis de côté avant de nous laisser au bout d’une demi-heure”, a expliqué à l’AFP l’un des supporters, issu du groupe Liberté pour les abonnés. “On a alors lancé des chants et il nous ont chargés puis matraqués”, a-t-il affirmé. »

PSG - Cesson-Rennes à Coubertin

Si plusieurs dizaines de supporters parisiens ont ainsi été refoulés à l’entrée, une trentaine d’autres ont pris place derrière les buts, au troisième niveau, où le placement est libre. Ces anciens habitués du Parc des Princes — dont plusieurs anciens leaders de l’association Liberté pour les abonnés, qui s’est auto-dissoute en mars dernier — ont été rapidement encadrés par une demi-douzaine de stewards puis une vingtaine de policiers appartenant à la section d’intervention rapide de la DNLH.

De quoi donner lieu à ce dialogue entre un supporter parisien et l’un des policiers en jogging bleu :
- Vous ne pensez pas que votre présence ici est disproportionnée ? Pourquoi affecter une vingtaine de policiers à notre surveillance ?
- Vous n’avez pas le comportement habituel des spectateurs de handball.
- Mais vous êtes la division nationale de lutte contre le hooliganisme, nous on ne fait que chanter ! Vous n’avez rien d’autre à faire ?
- Vous savez, on va là où on nous dit d’aller…

Reprenant le répertoire habituel du Parc des Princes, ce groupe a chanté durant les trente premières minutes de jeu, sans que la moindre insulte ne soit proférée — en guise d’interpellation du DG délégué du PSG, qui assistait à la rencontre, ce slogan : « Jean-Claude Blanc, une chanson ! » Plusieurs chants de revendication étaient en revanche au programme : « Et il est mort le Parc des Princes », « You can’t ban a Paris SG fan » ou encore « QSi, des ultras à Paris ».

Un autre petit groupe de supporters ayant pris place en tribunes latérales — porte A, toujours au niveau 3 —, les traditionnels échanges du Parc des Princes ont animé la salle Coubertin jusqu’à la pause. Au retour des vestiaires, le deuxième groupe était parti — « reconduit à la sortie », d’après le Parisien. Le premier s’est quant à lui disloqué progressivement, jusqu’à laisser un virage vide en fin de rencontre. « C’était super, a réagi Samuel Honrubia sur eurosport.fr au terme du match remporté par Paris (34-23). Je remercie tous les supporters, car si on a essayé de leur donner quelque chose de beau, eux nous ont rendu quelque chose de magnifique. C’est la première fois que je ressens ça sur un terrain de handball. »

Égrenant les déboires qu’il a connus depuis deux ans, en dépit des victoires obtenues devant les tribunaux administratifs, un ancien responsable de LPA nous lâchait, dépité, à propos de la répression ciblant les défenseurs des tribunes populaires sans régler les causes du conflit parisien : « Il y aurait un livre à écrire sur toutes ces aberrations. » Quelqu’un aura-t-il le courage de l’écrire ?

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Les dissolutions des associations au printemps 2010 ; les interdictions de stade arbitraires ; les arrêtés préfectoraux limitant la circulation des supporters parisiens ; la répression des supporters contestataires et anciens membres d’associations ; la responsabilité des supporters mais aussi celle des pouvoirs publics et du PSG dans les problèmes de racisme et de violence ayant perduré autour du club ; le rôle des médias : les sujets ne manquent pas, mais nous manquons de temps.

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