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Quel capitaine pour le PSG ?
Tour d’horizon des capitaines possibles
jeudi, 2 août 2012, par Gauthier B.

Ces dernières années, lors des préparations estivales, le PSG ne se posait pas la question de savoir qui pouvait bien être son capitaine : un homme s’imposait de lui-même. Pauleta et Claude Makelele avaient une carrière suffisante pour mettre fin à toute forme de débat, et l’an passé Mamadou Sakho apparaissait comme une solution tout à fait naturelle. Finalement, la dernière fois qu’un entraîneur a réellement dû trancher, c’est en 2004 lorsque Vahid Halilhodzic a offert le brassard à José-Karl Pierre-Fanfan. Aujourd’hui, la nouvelle donne au sein de l’effectif parisien, ainsi que la présence récente de Carlo Ancelotti à la tête du club, changent les choses. L’Italien a annoncé vouloir se décider pour le dernier match amical, ce samedi face au FC Barcelone. Alors, sur quel biceps viendra se poser le brassard rouge et bleu ? Rapide tour d’horizon des candidats possibles.

Carlo Ancelotti l’a dit : malgré les nombreux achats de joueurs étrangers, il veut garder un socle conséquent de joueurs français au sein de son groupe. Et également faire d’un joueur français son premier relai sur le terrain en le nommant capitaine. Voilà qui donne déjà une réelle indication, excluant de fait les candidats naturels qu’auraient pu être les joueurs étrangers expérimentés et à la carrière imposante : Thiago Motta, Thiago Silva et Zlatan Ibrahimovic. Cela met aussi de côté des hommes comme Salvatore Sirigu et Alex, qui ont semblé l’an dernier très bien s’intégrer et avoir une influence positive vis-à-vis de leurs coéquipiers — même si de l’extérieur, il est toujours difficile d’être affirmatif sur le sujet. En fait, Carlo Ancelotti a été particulièrement précis en citant cinq noms : son capitaine est à chercher parmi Mamadou Sakho, Mathieu Bodmer, Momo Sissoko, Christophe Jallet et Jérémy Ménez.

Mamadou Sakho était le capitaine l’an dernier, et il l’est resté finalement jusqu’à la fin mars, au moment où Carlo Ancelotti a décidé de placer son joueur sur le banc de touche. Qu’Ancelotti affirme publiquement qu’il tient encore suffisamment en estime le jeune défenseur parisien pour songer à en faire son capitaine est une bonne chose, au moment où il est répété un peu trop abusivement que le nouveau staff parisien fait tout pour faire partir Sakho. L’international français est toujours là ; il a semble-t-il fait une bonne préparation et, malgré ses propos malheureux du mois de juin, a peut-être à cœur de faire oublier son précédent exercice. D’autant qu’avec l’arrivée tardive de Thiago Silva [1], Sakho a un bon coup à jouer sur le premier mois de compétition. La question du brassard est un peu plus épineuse. Il n’est pas question de nier les qualités de leader de Sakho, mais malgré sa déjà longue carrière parisienne, il ne faut pas oublier que Sakho n’a que 22 ans. Est-ce lui rendre service que d’en faire le capitaine d’un PSG, devant des joueurs qui sont pour l’essentiel bien plus âgés et plus expérimentés que lui ? Le numéro 3 du PSG doit continuer à progresser, assumer le fait qu’il n’est désormais plus le jeune à qui l’on pardonnait certaines erreurs, et le mieux pour lui est peut-être de le faire sans le poids du brassard. Même si, pour le symbole, rien ne serait plus beau que de voir cet enfant du club soulever en premier les trophées que les supporters espèrent voir venir enrichir la salle des trophées cette saison.

Ancelotti a également désigné Mathieu Bodmer comme potentiel chef de meute. L’idée peut surprendre, puisque Bodmer est un joueur qui donne l’impression d’être assez discret et pas forcément le plus à même de fédérer. Néanmoins, Antoine Kombouaré en avait déjà fait l’un de ses vices-capitaines l’an passé, et Carlo Ancelotti a multiplié les éloges à l’égard de l’ancien Lyonnais à son arrivée. L’intelligence de jeu de Bodmer a été régulièrement mis en avant en ces pages, et l’on peut penser — mais ce n’est qu’une intuition — que celle-ci s’accompagne d’une intelligence dans la façon d’appréhender la vie d’un groupe, qui pourrait être positive. Il y aurait une certaine forme de panache à mettre en capitaine un joueur aussi atypique, qui n’oublie jamais l’aspect esthétique du football ; mais Bodmer présente le gros désavantage d’évoluer dans un secteur de jeu très fourni. Même si Carlo Ancelotti pratique un turn-over massif, et même si Bodmer jouera beaucoup en août étant donné l’état de l’infirmerie, il n’est pas dit qu’il soit un titulaire régulier. Il serait plutôt étrange de désigner capitaine un joueur qui risque de débuter les matches les plus importants sur le banc de touche.

Le cas de Momo Sissoko est compliqué. Avant tout, il faut rappeler que l’ancien de la Juventus rentre bien dans la catégorie des joueurs français. Même s’il est international malien, Sissoko est né et a grandi en France et possède la double-nationalité. L’an dernier, Sissoko avait été le premier choix d’Ancelotti après la mise sur le banc de Sakho. Le problème est qu’avec ses suspensions consécutives à ses cartons rouges, Sissoko n’a pas pu porter le brassard bien longtemps. En cette intersaison, Sissoko a vu réapparaître de vieux démons en voyant une blessure le tenir éloigné du stage aux États-Unis. Il ne sera de retour que vendredi, et ne jouera pas face à Barcelone. En fait, Sissoko donne surtout l’impression de devoir avant tout lutter contre lui-même pour retrouver une forme durable et pour ne plus être dans le collimateur des arbitres. Pour pouvoir enchaîner les performances de haut-niveau dont on le sait évidemment capable. Un peu à l’image du cas Sakho, il ne semble pas forcément être dans les meilleures dispositions pour être le représentant de tous ses coéquipiers. S’il revient bien, qu’il règle ses problèmes individuels et qu’il arrive à enchaîner les rencontres, la question pourrait se poser à nouveau, mais cela semble un peu juste pour le nommer capitaine dès maintenant.

Le quatrième candidat, Christophe Jallet, fait clairement office de grand favori. L’ancien Lorientais a en effet tout pour lui. Il a semble-t-il appréhendé parfaitement le changement de statut du club parisien en haussant son niveau de performance — sa fin de saison dernière a été excellente —, il est dans les petits papiers de son coach — qui a déclaré qu’il était ni plus ni moins que le meilleur arrière droit du championnat — et possède un capital sympathie évident. Là encore, cela peut paraître subjectif, mais Jallet semble faire partie de ces joueurs qui ne se posent pas trop de questions, et qui ont suffisamment de recul pour ne pas s’inventer une pression supplémentaire avec le port du brassard. Par ailleurs, des cinq joueurs pressentis, Jallet est celui qui part avec le plus de probabilité dans la peau d’un titulaire — son seul concurrent au poste d’arrière droit est Milan Bisevac. S’il fallait trouver un point négatif, on pourrait mentionner le relatif anonymat du joueur : le PSG a pour ambition de devenir un club important sur le plan international, mais que représente Jallet, ancien joueur de Niort et Lorient, jamais appelé en équipe de France, face aux stars des championnats européens recrutées lors des derniers mercatos ? Tout dépend finalement du rôle que l’on veut donner au capitaine. S’agit-il d’un porte-drapeau symbolique, vis-à-vis du public ou des médias, ou a-t-il des fonctions à remplir au sein d’un groupe, vis-à-vis de ses coéquipiers et de son coach ?

La dernière solution est la plus inattendue : Carlo Ancelotti a suggéré que Jérémy Ménez pouvait hériter du capitanat. Cela semblait être une lubie temporaire, un nom balancé à tout hasard, jusqu’à ce que Ménez avoue avoir eu une discussion avec Ancelotti à ce sujet, et que l’Italien ne lui confie effectivement le brassard lors de la dernière rencontre amicale face à DC United. Jérémy Ménez, le joueur récemment pris dans la tourmente des Bleus pour son comportement jugé inapproprié — insulte très franche à l’encontre d’un arbitre —, le joueur le plus averti du PSG l’an passé et le joueur qui traîne une réputation tenace d’individualiste [2] ? L’idée peut sembler délirante, l’image que l’on se fait d’un capitaine étant celle d’un homme qui donne l’exemple et se montre exemplaire, ce que Ménez n’est pas encore. Mais il peut le devenir, et c’est peut-être le pari que souhaite faire Ancelotti. Ménez est un vrai professionnel ; que ce soit sous Kombouaré ou sous Ancelotti, il a toujours semblé dans de bonnes dispositions pour travailler et progresser. Récemment encore, il a écourté ses vacances pour faire l’intégralité du stage américain avec ses coéquipiers. L’attitude est donc positive, et Ancelotti doit sûrement penser que pour faire franchir un pallier à ce joueur qu’il désigne déjà comme un fuoriclasse, il faut le titiller en le forçant à avoir des responsabilités qu’il n’envisageait même pas. Qui sait, peut-être que le brassard pourrait galvaniser le joueur, le faire devenir encore plus régulier, et enfin le faire se calmer dans ses rapports avec les arbitres. Le PSG aurait alors en son sein un joueur vraiment exceptionnel.

Qui sera donc capitaine ? Nous le saurons assez vite. Aujourd’hui, l’hypothèse Jallet semble la plus crédible, même si celle de voir Ménez est loin d’être farfelue. Il y a toutefois une donnée à ne pas perdre de vue : le PSG possède un effectif dense, va disputer de nombreuses compétitions et Carlo Ancelotti est un grand adepte du turn-over. Quel que soit le capitaine, il ne sera pas assuré de disputer toutes les rencontres, ni même d’être un titulaire indiscutable. Le brassard naviguera donc entre plusieurs joueurs, et si Ancelotti donnera un nom dès samedi, ce n’est pas pour autant que les recalés, ou même d’autres joueurs dont le nom n’a pas été cité jusque-là, ne devront pas assumer à un moment des responsabilités de leader.

[1] Actuellement aux Jeux olympiques, Thiago Silva ne rejoindra son nouveau club qu’au courant du mois d’août.

[2] Ce qui est toujours paradoxal dès lors que l’on parle du meilleur passeur du PSG l’an passé.