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OM-Montpellier : une revanche sur le PSG ?
Retour sur le PSG-Bordeaux de 1999
mercredi, 11 avril 2012, par Gauthier B.

En 1999, Paris perdait au Parc des Princes contre Bordeaux lors de la dernière journée de championnat, privant les Marseillais d’un titre qui leur tendait les bras. Le match à venir opposant Marseille à Montpellier serait donc enfin l’occasion pour les Sudistes de se venger de ce terrible affront… Mais y avait-il réellement matière à crier au scandale à l’époque ?

Ce mercredi, en fin d’après-midi, le leader du championnat Montpellier va disputer à Marseille son match en retard de la 30e journée. Avec la possibilité pour les Héraultais de conforter leur place de leader en mettant le PSG à trois points. Marseille n’ayant plus grand-chose à jouer en championnat, cette situation rappellerait celle de 1999 où les rôles étaient inversés : lors de la dernière journée de championnat, Paris recevait le leader Bordeaux, pendant que le dauphin Marseille allait à Nantes. Le PSG a perdu le match, offrant ainsi le titre à Bordeaux.

Suffisant pour laisser penser que le PSG aurait lâché le match, afin d’empêcher son club ennemi de devenir champion. L’entraîneur olympien de l’époque, Rolland Courbis, ne peut s’empêcher depuis de se servir de ce justificatif pour expliquer la non-obtention du titre — et par là même son palmarès désespérément vierge —, sous-entendant parfois même qu’il y aurait eu un arrangement entre Girondins et Parisiens… Si cette théorie fumeuse est aujourd’hui minoritaire, ce PSG-Bordeaux 1999 est tout de même considéré désormais comme la référence absolue du match qu’une équipe laisse filer. Preuve en est avec les nombreuses références à cette rencontre entendues depuis quelques jours. La palme revenant au Montpelliérain Olivier Giroud, qui semble avoir une conception toute personnelle du sport qu’il pratique. Celui-ci a en effet déclaré sur RMC : « S’ils pouvaient se souvenir de la fin de saison en 1999 quand Paris avait perdu le dernier match contre Bordeaux et que Marseille n’avait pas pu être champion, ça pourrait nous arranger. »

Faisons donc ce que Giroud demande, et souvenons-nous de ce mois de mai 1999. Le PSG de cette saison-là n’était pas un très grand cru [1]. Deux présidents — Charles Biétry puis Laurent Perpère —, trois entraîneurs — Alain Giresse, Artur Jorge et enfin Philippe Bergeroo —, de nombreux joueurs en situations d’échec et un exercice entier passé dans le ventre mou. Et, en conséquence, plusieurs défaites surprenantes : Maccabi Haïfa, Lorient, Montpellier, Nancy. Dès lors, sans même parler de rivalité avec Marseille, il n’y avait de toute façon rien de délirant à envisager que le leader girondin vienne s’imposer au Parc. D’autant qu’il y a un autre paramètre à prendre en compte : il s’agissait du dernier match de la saison. Paris n’avait absolument plus rien à jouer et les Franciliens attendaient surtout de partir en vacances, tandis que les Bordelais se battaient pour finir premiers. Qu’il y ait eu une motivation différente entre les deux formations peut s’expliquer alors tout naturellement… Tout comme l’on peut expliquer que Marseille s’est imposé face à Nantes — qui n’avait pas plus d’objectif que les Parisiens — sans aucune opposition.

Il reste qu’en plus de ce déséquilibre naturel entre les deux formations, les Parisiens auraient très bien pu perdre de façon complètement intentionnelle… S’il est clair que dans les tribunes du Parc, une majorité de supporters parisiens souhaitaient que le titre aille à Bordeaux, il est difficile d’affirmer la même chose pour les joueurs. À part quelques cas exceptionnels comme Francis Llacer, il est en effet rare que les joueurs parisiens éprouvent une réelle aversion pour le club des Bouches-du-Rhône. Les joueurs se seraient donc fait influencer par l’ambiance du Parc qui espérait, au moins pour une partie, voir son équipe sombrer…

Mais le scénario du match peine à donner du crédit à cette thèse : le PSG est en effet revenu deux fois au score au cours de la rencontre, au terme d’actions qui n’étaient pas des exploits individuels — même si Courbis aime à suggérer qu’Adaïlton, le deuxième buteur parisien, avait inscrit sa réalisation sous le regard désapprobateur de ses partenaires. Le PSG n’a en fait attendu que les dernières minutes pour s’incliner. Quitte à perdre volontairement, il aurait été plus simple de ne plus faire d’efforts dès le premier but encaissé, et l’affaire aurait été entendue. Voici un court résumé du match, chacun se fera son idée.

Il s’agissait finalement un cas classique de fin de saison, et les Marseillais de l’époque, avant d’estimer que le titre s’est joué sur cette dernière journée, peuvent surtout se reprocher à eux-mêmes d’avoir perdu au Parc des Princes [2] et à Lens lors de la dernière ligne droite, ou même de n’avoir pris qu’un point sur six lors de leurs confrontations directes avec Bordeaux, comme nous le rappelait Philippe Bergeroo l’an passé : « À chaque fois, [Rolland Courbis] revient sur PSG-Bordeaux, alors qu’il a perdu le titre là [lors de PSG-OM], et il l’a perdu à Lens [où Marseille a perdu 4-0 peu avant]. C’est une manière de se dédouaner. » [3] Ne plus avoir son destin entre ses mains est finalement le meilleur moyen de ne pas atteindre ses objectifs.

Tout ceci nous amène à aujourd’hui et à ce match de Marseille à Montpellier. Sans présumer de ce que les Olympiens vont faire, il est utile de rappeler qu’il s’agit d’une équipe qui reste sur 11 défaites en 12 matches, qui est en perdition depuis des semaines et qui a une finale de coupe de la Ligue à préparer pour ce week-end. Alors, avant de crier au complot et à l’arrangement entre clubs voisins, il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que dans n’importe quel contexte, ce Montpellier-là a toutes les chances de battre ce Marseille-là. Et si, à la fin de la saison, le PSG venait à ne pas être champion, ce ne sera pas en raison de ce match, mais à cause des points perdus avant ou après cette rencontre.

[1] Voir PSG 1998/1999 : « la pire saison de l’ère Canal+ ».

[2] Voir Quand le PSG bat Marseille contre toute attente.

[3] Voir Bergeroo : « PSG-OM ? J’en ai encore des frissons ».