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Transferts : bilan du mercato hivernal du PSG
Retour sur les récents transferts parisiens
vendredi, 3 février 2012, par Gauthier B.

Cette fois, c’est bel et bien fini : l’arrivée de Thiago Motta est le dernier mouvement au PSG pour la saison 2011/2012. Les journalistes et supporters parisiens vont pouvoir ranger la boîte à fantasme pendant quelques mois, avant d’annoncer ou de souhaiter l’arrivée imminente d’à peu près tous les joueurs imaginables au mois de juin. Même si, au final, le pourcentage de transfert confirmés est faible par rapport au nombre de rumeurs apparues — qui doit largement dépasser la centaine —, avec treize arrivées en six mois, le PSG vient de renouveler massivement son effectif. Nouveau riche, le Paris Saint-Germain développe une politique qui peut laisser perplexe, entre utilisation raisonnée de moyens colossaux et dépenses superflues et risquées. Retour sur les choix lors du récent mercato parisien pour aider à y voir plus clair.

Rappel des épisodes précédents

Si l’on se replace dans le contexte de juin dernier, on se rend compte que le PSG ne pouvait pas uniquement capitaliser sur l’équipe qui venait de terminer à la quatrième place et devait forcément recruter. Par exemple, au poste de gardien de but, le PSG devait faire avec la retraite de Grégory Coupet et la fin de contrat d’Edel. Recruter deux gardiens était impératif, et c’est ce qui a été fait avec les venues de Sirigu et Douchez — le tout pour 3,5 M€ seulement : même qatari, le PSG peut toujours faire de bonnes affaires. Le même raisonnement s’applique avec Makelele — retraite —, Traoré et Giuly — fin de contrat — ou encore Clément — départ demandé après une année sur le banc —, qui ont été tout simplement remplacés numériquement par Sissoko, Bisevac, Ménez et Matuidi. On peut même considérer que Kevin Gameiro est venu pallier le départ hypothétique — et qui n’est jamais intervenu — de Luyindula, répondant de toute façon à une problématique concernant l’efficacité des attaquants parisiens qui venaient de traverser une saison 2010/2011 mitigée.

Finalement, sur les neuf recrues de l’été dernier, seuls Pastore et Lugano ne semblaient pas forcément indispensables. Pour le premier, avoir un milieu offensif en plus n’avait rien de délirant quand on savait que les doublures pour Nene et Ménez n’étaient que Kebano et Bahebeck. Seule la somme investie relevait un caractère hors-norme, mais à partir de quand une indemnité de transfert devient-elle indécente ? Les 42 M€ mis pour Pastore sont-ils finalement plus déraisonnables que les 28 M€ pour Lisandro, les 24 M€ pour Lucho ou les 26 M€ pour Gourcuff ? Concernant Lugano, l’arrivée semblait initialement inutile dans un poste bien pourvu, il s’avère pourtant que sans lui, le PSG aurait été bien embêté en défense centrale à la fin de l’été avec Sakho, Bisevac et Armand tous indisponibles sur blessure. Même la venue de Lugano a eu une utilité sportive évidente ; sans aucun effort de contorsion intellectuelle, il est possible d’affirmer que la première vague de recrutement qatarie avait des contours cohérents.

Analyse des recrutements du PSG en janvier 2012

Venons en au mercato hivernal. Le remplacement d’Antoine Kombouaré par Carlo Ancelotti n’a pas fini de faire débat ; sans revenir sur ce sujet, rappelons simplement qu’il a amorcé une volonté — prématurée selon certains — pour le PSG de passer la vitesse supérieure. Aussi bien en vue d’une éventuelle future participation à la Ligue des champions que pour attirer ensuite de gros poissons au sein de l’effectif. Car sans manquer de respect à Antoine Kombouaré — dont on ne cessera de défendre le travail en ces pages —, on peut légitimement se demander si le PSG ne doit pas à la présence de Carlo Ancelotti le fait d’avoir réussi à arracher à l’Inter Milan l’un des ses titulaires. Si certains parlent avec aplomb de fiasco pour le mercato parisien, suite aux non-venues de Beckham, Tevez ou Pato, il ne faudrait pas perdre de vue qu’en allant chercher Maxwell, Alex et Motta, le PSG vient de prendre trois joueurs au palmarès très étoffé dans trois grands clubs des trois plus grands championnats européens. En terme d’image, l’impact est important. Dans l’attente bien sûr de répercussions sur le plan sportif.

Car tout ceci nous éloigne de l’essentiel, à savoir le terrain. Mettre en péril l’équilibre d’un groupe de joueurs au profit du clinquant et des coups d’éclat, c’est toujours le danger qui guette le club qui a des sous à ne plus savoir qu’en faire. Ainsi, malgré la qualité évidente des joueurs fraîchement arrivés et, surtout, leur expérience qui contraste avec la jeunesse de l’essentiel des recrues de l’été dernier, la salve de transferts hivernaux peut susciter un certain scepticisme. Ce recrutement peut en effet aussi bien avoir un effet stimulant sur tout le groupe que créer des dissensions et des baisses de motivation chez des joueurs prometteurs qui, ayant mené le PSG à la première place du championnat, peuvent vivre avec injustice qu’on les mette face à une concurrence aussi forte. Surtout à un moment où le PSG ne joue plus que deux compétitions… et donc généralement un match par semaine.

Le cas Ronan Le Crom est un peu à part puisque, sauf catastrophe, le troisième gardien parisien ne portera jamais le maillot du PSG en compétition. Il est là pour faire le nombre à l’entraînement et permettre au jeune Areola de poursuivre sa formation en jouant systématiquement avec l’équipe réserve. Et éventuellement dans l’optique d’installer ce dernier au poste de numéro deux l’an prochain. Passée inaperçue au milieu des rumeurs spectaculaires, cette décision laisse espérer que l’excellent travail du centre de formation fourni depuis une demi-douzaine d’années ne va pas être immédiatement rangé aux oubliettes. L’arrivée de Sherrer Maxwell correspondait elle à un besoin connu depuis bien longtemps : avec le départ de Siaka Tiéné à la coupe d’Afrique des nations, et le fait que Sylvain Armand n’a plus joué sur la durée à ce poste depuis plus d’un an et demi, Paris, riche ou non, aurait cherché à embaucher un spécialiste du poste.

La venue du défenseur Alex n’avait quant à elle absolument rien de nécessaire dès le mois de janvier, mais elle répond tout de même à une redistribution des postes effectuée par Ancelotti. Contrairement a ce qui a pu être avancé parfois, Alex ne porte pas à six le nombre de défenseurs centraux actuels, mais à quatre. L’entraîneur italien a en effet replacé Milan Bisevac en tant qu’arrière droit titulaire, et Sylvain Armand n’a jamais joué à ce poste sous la direction du nouveau coach — précisons que cette saison, sous Kombouaré, il n’a débuté qu’une seule rencontre en tant qu’arrière central. En suivant la logique d’Ancelotti depuis sa mise en place, Alex ne fait que doubler tous les postes défensifs.

Par ailleurs, affirmer aujourd’hui comme le fait le Parisien que le stoppeur parisien est venu pour pousser Sakho sur la touche est une pure élucubration : les choix d’Ancelotti ne sont pas forcément faits, ou tout du moins pas connus, et Diego Lugano pourrait tout aussi bien retrouver le banc de touche d’ici quelques matches. Parallèlement, le transfert d’Alex correspond également à un autre phénomène, finalement assez fréquent : lorsqu’un entraîneur arrive dans un nouveau club, il a tendance à faire venir au moins un joueur avec lequel il a travaillé précédemment. Kombouaré [1] ou Le Guen [2], pour prendre les exemples parisiens les plus récents, n’y ont pas échappé. Avoir une tête connue est sûrement un moyen pour l’entraîneur de se mettre en confiance.

Enfin, l’ultime surprise du mercato est finalement venue de Thiago Motta. Paradoxalement, alors qu’il s’agit du joueur le plus chevronné arrivant à Paris, il est aussi le plus accessoire, Paris regorgeant de titulaires potentiels au milieu de terrain. Mais il ne faut pas perdre de vue que le changement d’entraîneur a engendré une évolution tactique, avec désormais une ligne de trois relayeurs, dont un à la Pirlo, positionnés devant la défense davantage pour relancer proprement que pour récupérer. Rôle dévolu à Bodmer jusque-là, et qui pourrait très bien revenir à Motta par la suite, si l’on se fie aux récents échos sur son style de jeu. Bien sûr, Paris aurait très bien pu achever sa saison sans la venue de ce joueur, et il est normal de s’inquiéter pour le sort de joueurs déjà en place comme Chantôme ou Matuidi, considérant que tout ceci est une prémisse à un départ en juin prochain… Mais là encore, il faudrait éviter de tirer de conclusion trop hâtive. Rien ne dit qu’Ancelotti n’appliquera pas une concurrence saine sur la durée, et surtout, que ces joueurs ne seraient pas prêt à accepter de se battre pour gagner leur place. Chose qui était jusque-là plutôt naturelle dans les grands clubs étrangers, moins dans les clubs français. Leonardo avait expliqué plusieurs fois vouloir changer les mentalités, c’est peut-être de cela dont il était question.

Sirigu (Douchez)
Bisevac (Cearà) — Alex (Lugano) — Sakho (Camara) — Maxwell (Tiéné)
Chantôme (Jallet) — Motta (Bodmer) — Sissoko (Matuidi)
Pastore (Ménez) — Nene (Bahebeck)
Gameiro (Hoarau)

Le PSG présente ainsi ci-dessus une équipe où tous les postes sont doublés, avec en prime Sylvain Armand pouvant dépanner sur plusieurs postes, et deux jeunes supplémentaires aux postes offensifs : Neeskens Kebano et Loris Arnaud, qui vient tout juste de réintégrer l’entraînement collectif après avoir été mis à l’écart sous Kombouaré. Trop pour jouer uniquement le championnat et la coupe de France ? Certainement. En revanche, malgré un effectif déjà conséquent lors du précédent semestre, on a vu qu’il n’est pas évident de mener de front championnat et bon parcours européen. Le Paris Saint-Germain avait déjà l’occasion de se renforcer significativement pour bâtir un groupe capable de bien figurer dans deux compétitions importantes. C’est chose faite, il reste juste à voir si cela portera ses fruits sur le terrain.

[1] Avec Grondin, Tiéné, puis Bisevac, Kombouaré a recruté un Valenciennois à chacun de ses mercatos parisiens.

[2] Dès son arrivée en janvier 2007, Paul Le Guen a fait venir Luyindula et Clément, qu’il a connus à Lyon.