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Scoop : Douchez n’est pas le meilleur goal du monde
Douchez : {le Parisien} déjà dans le rythme
mardi, 3 mai 2011, par Gauthier B.

Depuis ce lundi, l’arrivée au Paris Saint-Germain de Nicolas Douchez, gardien de Rennes, est considérée comme acquise. Grégory Coupet partant à la retraite, Edel semblant parti pour accepter un poste de numéro deux, le PSG met ainsi fin au dossier toujours épineux des gardiens de buts. Bien avant l’ouverture du mercato, Paris a déjà réussi à dénicher, sans indemnité de transfert, un gardien expérimenté de Ligue 1, transition parfaite pour l’éclosion annoncée d’Alphonse Areola. De quoi se réjouir… mais visiblement pas pour tout le monde. Le journal le Parisien ne veut visiblement pas perdre ses bonnes habitudes ; avant même l’officialisation de ce transfert, il offre à l’actuel gardien de Rennes son premier article à charge.

Christophe Bérard et Laurent Perrin, après avoir passé leur hiver à adresser le maximum de piques possibles à l’attention d’Edel — et ce même quand le portier parisien ne faisait rien de mal —, ne veulent pas perdre la main, et commencent déjà à mettre en doute les capacités de Douchez dans un article très sobrement intitulé « Douchez au PSG, le bon choix ? » Après les informations d’usage quant à son contrat parisien, notre duo magique de journalistes lance sa première attaque :

Par rapport aux autres prétendants [Ospina et Ruffier], il a l’avantage d’être gratuit. Mais, malgré ses 31 ans, son expérience du haut niveau reste limitée : il ne totalise que 191 matches de L1 là où Mickaël Landreau, au même âge, en compte déjà plus de 500…

Ici, c’est la logique élémentaire qui prévaut. Le Parisien prétend que Douchez a été privilégié à Ospina et Ruffier parce qu’il était gratuit et sous-entend qu’en contre-partie, le PSG a fait une croix sur l’expérience. Si l’on continuait à comparer avec Ospina et Ruffier, nous verrions pourtant qu’avec 92 matches de L1 pour Ospina et 112 pour Ruffier, Douchez est encore loin devant ses deux désormais anciens rivaux. Mais comme l’argument ne tenait pas, embobinons notre monde et comparons Douchez à quelqu’un d’autre qui n’a rien à voir : par exemple Landreau. Le hasard fait visiblement bien les choses, puisqu’ayant commencé à 17 ans, Landreau est un cas exceptionnel de précocité et compte logiquement aujourd’hui un nombre faramineux de rencontres de L1. Douchez s’est révélé sur le tard, comme d’autres joueurs avant lui, gardiens ou non — on peut citer des exemples comme Drogba ou Hoarau —, et on ne voit pas au nom de quoi cela serait quelque chose de péjoratif. Quitte à faire une comparaison dénuée de sens, Bérard et Perrin auraient carrément pu reprocher à Douchez de ne pas avoir 602 matches de L1 à son compteur, comme Jean-Luc Ettori. Et désormais, quand un attaquant rejoindra le PSG, on lui reprochera également ne pas avoir marqué autant de buts que Pauleta. Le côté constructif de cette analyse reste assez bien dissimulé.

Mais ce qui est le plus savoureux dans ce passage est que ce soit Mickaël Landreau qui ait été retenu comme exemple. Lui qui est déjà passé par Paris et qui, comme d’autres avant et après lui, a donc eu droit à de nombreux articles expliquant qu’il n’était pas fait pour un club comme le PSG. Landreau, celui-là même qu’il était nécessaire de remplacer en 2009, devient opportunément le gardien que Paris devrait regretter de ne pas avoir dans son effectif en 2011. À ce rythme-là, attendez-vous à lire en 2013 des articles vantant les arrêts rassurants d’Edel.

L’article continue ensuite en relatant l’avis de Jean-Michel Moutier. Avec tout le respect que nous pouvons avoir pour cet ancien Parisien, il est impossible de nier qu’il a une dent contre le PSG de Colony Capital. Remercié de son poste de directeur sportif à l’arrivée du nouvel actionnaire en 2006, ayant vu capoter le projet de rachat du club par HSBC en 1998 — alors qu’il était mandaté par la banque internationale —, Moutier met régulièrement en cause des choix effectués par le club. Sur Douchez, voilà ce qu’il dit :

Douchez a-t-il l’envergure pour Paris ? Ruffier, je n’aurais pas eu de doute. Douchez a fait deux saisons correctes à Rennes, mais il n’a pas de grands matches références. Comment va-t-il encaisser la pression ? Tout le monde va l’épier, il lui faudra être très fort.

En tant qu’ancien spécialiste du poste, Moutier a bien sûr le droit d’avoir son avis. On se demande juste sur quoi il se base pour dire qu’un gardien qui joue dans des clubs flirtant avec la coupe d’Europe depuis 2004 — et non depuis deux saisons — aurait forcément plus de mal à supporter la pression que Ruffier, gardien jouant depuis plusieurs saisons le bas de tableau dans un club auquel personne ne prête attention. Environnement serein qui n’a pourtant pas empêché le jeune Monégasque de connaître plusieurs sorties médiatiques qui auraient fait passer l’affaire Nenê–Hoarau pour une broutille. Ceci étant dit, Moutier a raison, Douchez devra être très fort. Mais de quel gardien aurait-on pu dire qu’« il pourra être très faible » ?

Retournons à Bérard et Perrin. Nos enquêteurs sont allés voir Antonetti et Baup, deux entraîneurs ayant eu Douchez sous leurs ordres. Et là, c’est la désillusion : aucun mauvais mot, rien. Les deux techniciens ne pensent et ne disent que du bien de Nicolas Douchez. Ne voulant surtout pas terminer l’article là-dessus, les journalistes utilisent leur pirouette préférée en nuançant fortement les propos de leurs interlocuteurs au détour d’une phrase fondée sur rien d’autre que leur ressenti personnel :

Malgré tout, le doute subsiste. La bonne réputation de Nicolas Douchez n’en fait pas forcément le choix idéal, car, comme le souligne Bernard Lama, « un gardien, tant qu’il n’a pas joué au PSG, on ne sait pas s’il est fait pour ça… »

Ce qui dans une cour d’école aurait pu se traduire aussi par : « Oui, mais ils peuvent dire ce qu’ils veulent, c’est nous qu’on a raison ! » Notez le choix des mots à peine orienté, le Parisien ne fait pas état des qualités de Douchez, mais bien de sa bonne réputation, laissant insidieusement supposer que celle-ci serait surfaite. Bien sûr, pour se donner du poids, il y a une citation de Lama… qui sort d’un tout autre contexte. Cette phrase a été prononcée lors d’une longue interview dans laquelle Lama défendait surtout le bilan d’Edel, et adressait cette réponse lorsqu’on lui demandait quelle pouvait être la meilleure solution pour l’année prochaine. Cela aurait donc pu s’adresser à n’importe quelle recrue, et il est fort possible que le Parisien ne se serait pas gêné pour la ressortir si Ruffier ou Ospina avait rejoint le club parisien…

Mais il faut croire que le seul fait de signer au PSG change radicalement la perception que l’on peut avoir d’un joueur de football. Car que disait ce même Laurent Perrin quand il évoquait Douchez il y a trois semaines, alors que sa venue n’avait que le contour d’une rumeur :

À 30 ans, le gardien du Stade rennais est une valeur sûre. Il a surtout l’immense avantage d’être en fin de contrat. Rennes veut le prolonger, mais l’intéressé prend son temps. Natif de Rosny-sous-Bois (93), formé au Paris FC, il rêve d’évoluer au Parc des Princes et s’imagine bien y terminer sa carrière. Sa personnalité est également un atout aux yeux d’un entraîneur très attentif au comportement de ses joueurs.

À l’époque, la question de savoir s’il s’agissait d’un bon choix ou non ne se posait même pas : le gardien rennais était « une valeur sûre ». Quelque part, cet article montre avant tout ce qui attend Douchez. Il n’a même pas posé un orteil à Paris que, déjà, tout est analysé dans tous les sens, avec finalement pour seul reproche celui de ne pas être le meilleur gardien du monde. Rien ne lui sera pardonné par les journalistes. Chaque erreur, ou assimilée, sera disséquée et amplifiée, et ses défauts — dont personne n’avait jamais entendu parler lorsqu’il jouait à Toulouse ou Rennes — deviendront évidents pour tout le monde. Bon courage à lui…