Assis dans les canapés au design futuriste de la salle d’attente, nous touchions enfin au but. L’avenue d’un quartier d’ambassades, la cour intérieure majestueuse, l’escalier monumental aux tapis sans doute lauréats d’un prix d’excellence au concours des tapis les plus épais du monde, la porte en chêne doublée d’un blindage discret. Tout aurait participé à la construction d’une ambiance au chic intimidant… si la perspective de rencontrer ce personnage n’avait déjà pas tout occulté depuis longtemps.

Au sein de la rédaction de PSGMAG.NET, notre liste des hommes à interviewer avant de mourir l’âme sereine commençait par son nom. Mais jusque-là, de tentatives d’approches infructueuses en sollicitations de connaissances peut-être pas si connues, nous avions déjà élaboré un paquet de plans. Tous géniaux, tous irrésistibles. Tous ratés. Non pas que celui que nous attendions dans cette pièce emplie d’œuvres d’art contemporain tente de vivre en ermite. C’est peut-être au contraire parce qu’il sait se rendre trop disponible et parce que les journées ne comptent après tout que vingt-quatre heures que nous avons éprouvé toutes ces difficultés à monter notre entrevue.

Mais là, nous touchions enfin au but. La trop gracieuse assistante nous apportait un trop corsé café noir, dans cette pièce trop chauffée, et nous meublions en nous lançant de trop vaseuses preuves de notre stress. Il était là. Une poignée de main, direction son bureau. Nous sommes trois, il faut aller chercher un autre fauteuil, c’est lui qui s’en charge. Nous sommes gênés. Lui pas. Nous expliquons notre travail, comment nous avons réussi à l’approcher, enfin. Il rit, s’intéresse à nos aventures. On n’ose lui dire ni notre excitation, ni notre envie de pinailler. Peut-être qu’il s’en fiche. Ou bien il a deviné, et n’en rajoute pas. Lui, il préfère nous raconter. Tout.

Son entrée au sein de l’association PSG, en 1987. Ses années Canal+, les bonnes comme les mauvaises. Les anecdotes qui peuplent l’éviction d’un entraîneur. Il nous explique aussi sa présidence. Il nous demande notre avis sur ses choix, comme si nous pouvions en avoir un de valable. Nous discutons. Il nous explique qu’il ne veut pas être mis en avant, qu’il n’est plus qu’un supporter du Paris Saint-Germain, que ça le gênerait qu’on en fasse trop. Il nous explique sa douleur après son départ. Répond aux attaques, tord le cou aux rumeurs. Aucun tabou, jamais d’interdit. L’homme n’a rien à cacher, habité qu’il est d’une envie d’expliquer, de transmettre. Le Stade de France, la politique financière du club, le plan Tous PSG, sa médiation avec les supporters… Tout y passe. Nous, nous sommes gênés : il est si tard. Les batteries du dictaphone ont lâché [1]. Lui nous raconte encore, en off, ce qu’il pense des Bleus, du football, de ces joueurs qu’il a vus passer. L’entretien aura duré deux heures et demi.

Ce qui vous intéresse, c’est que PSGMAG.NET a interviewé Alain Cayzac, ancien président du Paris Saint-Germain, actuel membre du conseil de surveillance du club. Pas d’inquiétude, l’intégralité de l’entretien sera mis en ligne en cinq parties, tout au long de la semaine. Voilà pour vous.

Nous, c’est autre chose. L’espace d’une fin d’après-midi, nous avons éprouvé comme jamais le sentiment de faire partie de la famille PSG. Et si nous pouvons vous faire passer un morceau de cette expérience au travers de ces cinq articles, alors sans doute M. Cayzac en sera-t-il heureux… Il faudra le lui demander, une autre fois. Derrière une porte en chêne, un café à la main.

Alain Cayzac

Photo Mathieu Genet — PSGMAG.NET

[1] Le dictaphone de secours n’a en revanche pas perdu une miette de l’entretien, rassurez-vous.