Mercredi matin, L’Équipe révélait l’existence d’une discussion tendue entre Stéphane Sessegnon et Antoine Kombouaré, qui a entraîné l’absence du Béninois à Nancy. Ce jeudi, le quotidien sportif publie l’interview du milieu offensif, dans laquelle il assure avoir été insulté par l’entraîneur parisien — ce que dément le journal le Parisien.

La réunion de mardi vue par Sessegnon

Après avoir raconté la scène dès mercredi, L’Équipe publie cette fois une interview de Sessegnon dans laquelle le Béninois répète ce qu’il avait vraisemblablement communiqué au quotidien sportif la veille :

Pour quelles raisons ne suis-je pas allé à Nancy ? Tout simplement parce que j’ai eu une discussion avec le coach, mardi midi, et des propos m’ont blessé. Mentalement, je n’y étais plus. Je ne pouvais pas faire ce déplacement, ne serait-ce que par respect pour le groupe, auquel je n’aurais vraiment pas rendu service.

[…] On avait programmé une réunion depuis quelques jours pour discuter. J’avais déjà fait part de mon envie de partir cet hiver, et je voulais m’en expliquer avec le coach. La réunion a bien eu lieu, mais elle a vite dérivé vers quelque chose de désagréable pour moi. J’ai été choqué par la tournure qu’elle a pris. […] Je lui ai dit que je voulais partir. Lui m’a répondu que je ne partirai pas, que j’étais important dans son groupe. Je suis resté calme, je comprenais sa position, mais lui ne comprenait pas la mienne. Il s’est énervé, et ça a dépassé le simple cadre d’un entraîneur qui ne souhaite pas laisser partir un joueur. Dans ce qu’il a dit, dans son comportement, il m’a blessé. […] Bon, le coach m’a insulté. Je pense qu’un entraîneur ne peut pas traiter l’un de ses joueurs d’« enculé », de « joueur de merde », comme cela a été le cas mardi avec moi. Voilà ce qu’il m’a dit, je ne vais pas le cacher. Dans ces conditions, il me paraît impossible de continuer à jouer à Paris. (Il insiste.) Impossible. Moi, je n’ai jamais manqué de respect à personne, que ce soit à mes coéquipiers, aux membres du staff ou au personnel du club. Jamais. Je ne vois pas pourquoi je me laisserais traiter de la sorte. Je suis un père de famille, j’ai des enfants, je ne peux pas admettre que quelqu’un me traite d’enculé. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Sessegnon évoque son avenir

Stéphane Sessegnon confirme par ailleurs qu’il souhaite quitter le PSG depuis plusieurs semaines, et que ce clash lui donne l’opportunité de partir :

Si je peux encore travailler sous les ordres d’Antoine Kombouaré ? Impossible. C’est allé trop loin. J’avais tellement de respect pour lui, une personne que j’apprécie, ce qu’il m’a dit m’a profondément blessé. Il a son caractère, j’ai le mien. Mais là, on est arrivés à de telles extrémités… Aujourd’hui, le mieux, c’est que je parte tranquillement, qu’on trouve un accord et tout ira bien. Quitter le PSG alors qu’il est parmi les premiers de L1, c’est tout de même mieux que de l’abandonner s’il avait été dix-septième.

[…] Si j’ai déjà contesté ses décisions ? Jamais. De toutes façons, je ne l’ai jamais fait de ma carrière, il n’y a pas de raison que ça commence. L’équipe gagnait, il n’y avait pas lieu de se plaindre. Moi, j’ai continué à bosser, j’arrivais parmi les premiers à l’entraînement, je me donnais au maximum, j’ai essayé de regagner une place. Maintenant, je n’y suis pas arrivé. Mais ce qui a motivé ma volonté de partir, c’est que je suis arrivé à saturation à Paris. Je sens que je ne peux pas donner davantage à ce club. […] Ça fait deux ans et demi que je suis ici, et je pense simplement qu’il est l’heure de partir. Ça fait quelques semaines que j’y réfléchis. Ce n’est pas une décision prise sur un coup de tête. J’avais déjà eu des propositions à l’issue de ma première année, mais je voulais encore progresser à Paris, franchir ce cap, être au sommet de mon football ici, au PSG. Maintenant, ce n’est pas le cas. Ça ne sert à rien d’insister davantage.

La réunion de mardi vue par le PSG

Le Parisien — qui avait raté l’information mercredi — semble épouser de son côté la version du PSG, en publiant ce jeudi un article titré « Sessegnon ne partira pas » assurant qu’il n’y a pas eu d’insulte entre Kombouaré et son joueur et que celui-ci restera au club jusqu’en juin prochain :

Stéphane Sessegnon n’était pas à Nancy hier soir. Comme le révélait L’Équipe dans son édito [« édition », en fait] d’hier, le Béninois a eu une vive explication avec Antoine Kombouaré mardi. Lors de ce tête-à-tête dans le bureau de l’entraîneur, le joueur a confié son désir de quitter la capitale dès cet hiver. Une issue inenvisageable pour Kombouaré. Le ton est monté, mais aucune insulte n’a été proférée. Sessegnon est reparti tête basse, dépité.

Si son avenir semble aujourd’hui très sombre, impossible de l’envisager à court terme ailleurs qu’à Paris. Robin Leproux nous l’a confirmé hier. « Je suis catégorique, je l’ai répété aux uns et aux autres, il n’est pas question qu’un joueur quitte l’effectif, affirme le président parisien. On n’a pas un effectif pléthorique, on ne remplace pas comme ça un joueur du niveau de Stéphane. Il n’est pas question de déstabiliser le groupe, je l’ai dit aux joueurs, il n’y aura pas de bon de sortie. »

Concernant l’altercation entre le joueur et son entraîneur, Leproux tente de minimiser. « C’est une histoire terriblement banale dans le monde du football entre deux personnalités fortes. Il y a eu un échange vif, mais on est passé à autre chose. Que Stéphane passe de bonnes vacances et qu’il nous revienne en forme. »

[…] Sessegnon, qui vient de déménager, ne quittera pas Paris cet hiver. Non seulement parce que Kombouaré a besoin de lui, mais surtout parce qu’à ce jour aucun club ne s’intéresse à lui. En revanche, un départ l’été prochain semble inéluctable. Le PSG s’est fait une raison et sait déjà que le retour sur investissements d’un joueur acheté 8,5 M€ sera extrêmement limité.

Mercredi soir à Nancy, lors de son point-presse d’après-match, Antoine Kombouaré avait tenu le même discours :

Il n’y a aucun souci. Ça fait partie de la vie d’un groupe. Moi, je ne le lâche pas. C’est un joueur en qui j’ai grandement confiance. Je l’ai excusé pour ce match-là. Je peux comprendre. Il a besoin de repos. Il est attendu à la reprise, avec l’idée qu’il apporte sa contribution pour qu’on fasse une très belle deuxième partie de saison.

Rappelons que Stéphane Sessegnon est sous contrat avec le PSG jusqu’en juin 2013, le joueur ayant prolongé à l’été 2009 en contrepartie d’une revalorisation salariale.