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Bazin fait le point sur Colony Capital et le PSG
dimanche, 1er février 2009, par Vivien B.

Cette semaine, le Journal du Dimanche publie une interview de Sébastien Bazin. Les départs d’Alain Cayzac puis Charles Villeneuve, le prochain président, la situation financière du club, l’avenir du PSG… Le représentant de l’actionnaire majoritaire du PSG fait le tour des questions que tout le monde se pose.

Le futur président

Sébastien Bazin évoque tout d’abord le nom du président qui sera nommé mardi lors de l’Assemblée générale :

Si je dois assumer, j’assumerai. Ce n’est pas une question de titre. Président ou non, je suis responsable de ce club. Quand nous aurons trouvé la bonne personne pour diriger quotidiennement le PSG, nous la nommerons. Ce sera mardi, ou ce sera en mars ou en avril. Je prendrai mon temps pour ne pas me tromper. Il faut quelqu’un qui accepte que l’institution PSG est plus forte que lui et pas un président qui se prend pour le propriétaire. J’ai des pistes, certaines dont personne ne parle et qui pourraient surprendre. Si nous ne trouvons pas tout de suite, je présiderai le conseil d’administration. Je serai un président non exécutif par intérim en attendant un nouveau directeur général…ou un nouveau PDG, s’il tient au titre. Je n’ai pas le besoin de parader avec l’étiquette « président du PSG ». Je connais beaucoup de gens qui laisseraient leur carrière pour le PSG. Moi, je ne trouve pas mon bonheur dans la surmédiatisation. J’ai d’autres participations à gérer, et elles pèsent plus lourd en termes financiers. Le PSG c’est logiquement 10 % de mon temps.

Les échecs Cayzac et Villeneuve

Alain [Cayzac], j’ai une profonde affection pour lui et j’admire son courage. Quand je suis arrivé, je pensais faire toute l’aventure avec lui. Mais au printemps dernier, il fallait un électrochoc. Ça a été Michel Moulin, et Alain ne voulait pas travailler avec lui. Quant à Michel, son dynamisme est impressionnant, et il présidera un jour un club de football ! Mais ça ne pouvait pas être le PSG : ça n’était pas mûr. Quant à Charles [Villeneuve], son côté meneur d’hommes m’avait plu, comme son envie et sa connaissance des médias. Je ne m’explique toujours pas ce qui lui a pris. Rompre ainsi un lien de confiance ? Il peut arriver d’être été trompé par des partenaires dans le business. À chaque fois, ça se termine par une séparation. Dans le football, c’est plus médiatisé, simplement. Villeneuve s’inquiétait de la situation financière du club. Elle est saine et il le savait.

La situation financière du PSG

Le club n’a pas de dettes extérieures. Colony est un actionnaire affreusement discipliné et responsable : 90 % des sommes que nous avons investies depuis deux ans donneront des plus-values. Je ne regrette même pas nos impasses, comme Jimmy Briand. Ce n’était pas le moment et l’investissement était alors trop lourd. […] Le club a de l’argent. Mais il n’avait pas besoin de nouveaux joueurs [lors du mercato hivernal]. J’ai eu une rencontre rude et passionnante avec les supporters. Ils m’ont fait des reproches : « Vous n’avez rien investi, vous n’aimez pas le PSG. » Je leur ai demandé combien de joueurs étaient déjà là quand on a racheté le club ? Il y en a trois : Armand, Rothen et Pancrate. On a investi ! Investi, pas spéculé : Makélélé et Giuly, ce sont des investissements en salaire pour faire rayonner des compétences. On n’a jamais aussi bien joué au milieu de terrain qu’avec Makélélé. Alain se posait la question [de le recruter un an plus tôt], Paul Le Guen n’était pas sûr ; il redoutait un peu le rayonnement de Claude dans un vestiaire. Je n’ai pas poussé. Makélélé avait un contrat d’un montant extrêmement élevé, ce n’était pas raisonnable. Claude n’était pas libre. Il valait mieux attendre. Est ce qu’on aurait quand même dû le prendre ? Avec lui, le club n’aurait sans doute pas frôlé la descente. Mais maintenant, il est là et c’est très important. En plus, Paul Le Guen, qui l’a nommé capitaine, s’en sert comme relais et cela l’aide sans doute vis-à-vis du groupe.

Les motivations de Colony Capital

En début de saison, j’ai décidé de ne plus aller dans la corbeille présidentielle, je ne profitais pas des matches. Maintenant, je suis en tribune, plus haut, avec mes enfants, et je me régale. J’ai joué au foot. Je connais le foot. J’allais au Parc avec mon père, supporter du PSG comme moi. Pourquoi ne pas le dire plus souvent ? Je ne veux pas qu’on se trompe sur la nature de mon engagement. Colony au PSG, ce n’est pas Sébastien Bazin qui assouvirait une passion enfantine : c’est un choix raisonné. J’aime ce club, mais ce n’est pas au nom de cet amour que je l’ai racheté. Paris, c’était l’investissement qu’il fallait avoir. Le club dormait depuis 1998. Un potentiel énorme, laissé en jachère. Il y avait aussi un dossier immobilier très fort autour du Parc des Princes. [Mais] n’inversez pas les priorités. On fera du PSG un grand d’Europe. Construire un beau stade pour avoir une équipe de seconde zone, ça ne sert à rien. […]

Nous n’investissons pas sur du court terme. Nous avons la même implication dans tous nos projets. Faire du PSG un grand club européen, ou accompagner le développement d’Accor, ou changer le cépage Château Lascombes, c’est la même ambition de transformer les sociétés dans lesquelles nous investissons. Colony a repris ce club pour être champion de France. […]

Tom [Barrack, PDG de Colony Capital] est au courant de tout, et il m’encourage à assumer. Il connaît les particularismes du foot. Nous avons eu une vraie discussion stratégique quand nous sommes devenus majoritaires dans le capital du PSG en rachetant les parts de Walter Butler. Tom m’a dit : « Sébastien, si cela réclame un chef dans la cuisine, il faut racheter les parts de Butler. » Désormais, il n’y a qu’un chef, et ça durera le temps de notre engagement. Nous pouvons encore rester au moins cinq ans. Même si quelqu’un pose 100 M€ sur la table, Colony n’est pas vendeur. Que cet investisseur éventuel les mette plutôt en augmentation de capital et qu’on aille plus loin ensemble, parfait. Mais il n’y aura qu’un chef dans la cuisine, qu’un chef au PSG : Colony.

Les objectifs à moyen terme

[Nous allons garantir la pérennité du PSG] en le transformant en une institution dans laquelle d’autres auront envie d’investir. Le foot n’est pas une machine à perdre de l’argent. Il faut trois choses : un tiers de l’effectif issu de la formation, donc exploiter enfin le potentiel de l’Île-de-France : ça sera notamment un travail pour Claude Makélélé. Diversifier les revenus grâce aux produits dérivés comme l’ont fait tous les grands clubs européens. Et investir. Quand on aura solidifié le PSG, on transmettra le club à une personne responsable, capable de le garder dix ou quinze ans.