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Mamadou Sakho peut-il être titulaire chez les Bleus ?
Le débat du mercredi — la carrière internationale de Sakho
Le jeune Parisien doit-il rester sur le banc en équipe de France ?
mercredi, 13 octobre 2010, par Gauthier B.

Présent dans toutes les listes de Laurent Blanc depuis sa nomination au poste de sélectionneur, Mamadou Sakho semble être bien installé en équipe de France. Seul problème : pour l’instant, la place qu’il occupe avec une régularité confondante est sur le banc de touche. Il ne possède pas encore le statut d’international A tricolore, puisqu’il n’a officiellement joué aucune seconde avec les Bleus. Sakho n’a que 20 ans ; être considéré comme le troisième meilleur défenseur central de son pays à cet âge-là ressemble déjà à un sacré tour de force. Mais il faut quand même se demander ce qu’il a réellement de moins que les titulaires actuels du poste.

Lorsque Mamadou Sakho a été convoqué pour la première fois par Laurent Blanc, en août dernier, d’aucuns ont jugé que ce joueur était encore trop tendre et n’avait pas prouvé grand-chose. Dans l’absolu, ce n’est pas faux ; mais il faut voir par rapport à quoi et qui on établit cette comparaison. Le nom de Sakho n’est pas évoqué pour succéder à un Blanc ou un Desailly de la grande époque — encore que, leurs successeurs attitrés étaient Leboeuf et Christanval, sans que personne ne trouve cela absurde —, mais bien pour jouer dans un secteur qui ne connaît plus aucune valeur sûre depuis des années et, surtout, pour rentrer en concurrence avec Rami et Mexès.

Si Mexès peut se prévaloir d’une expérience non négligeable — mettons de côté pour cette fois-ci la chance qu’a eue Mexès d’avoir souvent à ses côtés un joueur faisant l’essentiel du travail à sa place —, il faut bien dire qu’il n’a jamais affiché une sérénité faisant de lui un cador indéboulonnable. Précision supplémentaire : actuellement, le Romain n’est plus qu’un vulgaire remplaçant dans son club. Quant à Rami, si l’on parle d’inexpérience pour Sakho, il faut avoir l’honnêteté d’en faire de même pour le Lillois. Rami a 24 ans, mais cela ne fait pas de lui un joueur plus chevronné, et pour cause : il n’est pas passé par un centre de formation et évoluait jusqu’à ses 20 ans en CFA, à Fréjus. Il a commencé à jouer régulièrement à Lille au moment où Le Guen faisait débuter Sakho en coupe d’Europe…

Et le niveau de jeu ? S’il est arrivé à Sakho de connaître des trous d’air par le passé, Rami n’en est pas exempt non plus. Sa défense toujours sur le fil engendre des ratés parfois grossiers ; par ailleurs, bien que ses aptitudes physiques lui permettent souvent de rattraper le coup, l’impression d’un ensemble laborieux demeure. Non seulement ses performances en équipe de France n’ont rien d’enthousiasmant, mais il fait preuve d’une maladresse et d’une agressivité à la limite d’être handicapantes. Ce mardi soir, il a réussi à prendre un carton jaune face une équipe strictement inoffensive comme le Luxembourg. Même en essayant de rester le plus objectif possible, on ne voit pas en quoi il est impensable que Sakho supplante Rami chez les Bleus.

D’autant que sur la forme du moment, Sakho atteint un niveau très intéressant en cette première partie de saison. Le terme est utilisé à outrance mais, pour le coup, le jeune Parisien paraît avoir réellement franchi un pallier. Toujours intraitable dans les duels, il est l’un des maillons essentiels du secteur défensif actuellement imperméable du PSG — 6 matches sans encaisser de but. Et il n’a pas connu pour l’instant les sautes de concentration qui ont coûté quelques buts au PSG l’an dernier.

Reste l’argument — peut-être celui du sélectionneur actuellement — qui consiste à considérer qu’il ne faut pas griller le joueur. Laurent Blanc lui prédit un grand avenir ; pour ne pas le compromettre, autant lui laisser le temps de s’imprégner du haut-niveau, et l’intégrer doucement. Ce raisonnement n’est certes pas insensé, mais si tous les entraîneurs qui ont eu Sakho entre les mains ont considéré qu’il était très mature et hors-norme, c’est bien pour une raison : Sakho sait déjà très bien gérer la pression. Lorsque Paul Le Guen le lance face à l’AEK Athènes pour ses 17 ans, Sakho est élu homme du match ; quelques mois plus tard, Sakho gère avec le plus grand sang-froid son statut de capitaine du PSG ; quand Sakho doit jouer des matches à enjeu, et notamment des finales de coupes, il se montre à la hauteur de l’évènement sans aucun problème — là où un joueur comme Ribéry a toujours failli dans les rencontres à enjeu.

Il y a donc fort à parier que si Sakho devait jouer demain en équipe de France, il saurait être à son meilleur niveau sans être paralysé par l’évènement. Il n’a pas trois trains de retard sur les titulaires du poste, à qui il n’est pas intrinsèquement inférieur, et semble être même être en très grande forme… Bref, si Laurent Blanc cherche prochainement à tester un autre joueur en défense centrale, il n’aura vraiment pas à chercher bien loin.