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Le CNE aggrave les sanctions (ou pas)

Halte aux simulations dans le football (4/7)

Le pouvoir étant centralisé à Paris, il y a sans doute anguille sous roche…

jeudi 19 mars 2009, par Vivien B.

Halte aux simulations dans le football (4/7)

Évoquez en province une quelconque décision impliquant le PSG et une instance de pouvoir — qu’il soit médiatique, politique ou footballistique —, vous entendrez rapidement parler de la protection dont bénéficierait le club de la capitale (cf. Nicolas Dieuze en mai dernier). En matière de sanctions disciplinaires prononcées par la LFP ou la FFF, c’est pourtant souvent le contraire : le Paris SG sert de laboratoire de sanctions. Les tirages de maillot dans la surface ? Seul Mario Yépès est sanctionné. Les simulations ? Seul Fabrice Fiorèse. Les démêlés des entraîneurs avec les arbitres ? Luis Fernandez. Les exemples foisonnent, nous en avons choisi quelques uns.

Le conseil national de l’éthique tente de faire sa place, mais il a du mal. Il aura tout de même réussi à porter l’attention sur deux affaires majeures : Fabrice Fiorèse et PSG-OM.

Fabrice Fiorèse : 3 matches ferme

L’affaire Fiorèse reste dans toutes les mémoires. Revenons tout de même sur cet événement clef : en janvier 2002 est créé le conseil national de l’éthique, présidé par Dominique Rocheteau. Sa première décision arrivera quelque onze mois plus tard, à l’occasion du match PSG-Bordeaux, le 19 décembre 2002. Fabrice Fiorèse ouvre le score, mais Feindouno égalise juste avant la mi-temps. Le score est toujours de 1-1 quand, à la 82e minute, le numéro 14 du PSG s’écroule dans la surface. Damien Ledentu accorde à tort un penalty au club parisien, ce qui agace le Caneira. Celui-ci s’en prend à Fiorèse, qui tombe à nouveau ; le Bordelais est exclu. En revanche, le penalty ne porte finalement pas à conséquence puisque Ramé repousse la frappe de Ronaldinho sur Cardetti, qui frappe à côté. Le scandale éclate dès la fin de la rencontre.

Dans les jours qui suivent, le CNE se saisit de l’affaire, et la transmet à la commission de discipline, n’ayant lui-même aucun pouvoir de sanction à l’époque. Le 16 janvier 2003, l’instance de la LFP sanctionne le joueur parisien de deux matches de suspension ferme. Le président Laurent Perpère explique les raisons pour lesquelles le PSG a décidé de faire appel de cette décision : « En sanctionnant de deux matches Fabrice Fiorèse, on ouvre la boite de Pandore. Je crois qu’il n’est pas bon d’agir dans le flou car cette décision ouvre également le débat autour de l’autorité de l’arbitre ou de l’usage de la vidéo. S’il est clair que l’on doit combattre la simulation, cela doit se régler dans le cadre d’une procédure ferme, et non au petit bonheur la chance en convoquant tel ou tel joueur. Fiorèse n’a pas reçu d’avertissement, il y a donc pour le cas une absence de texte, nous sommes bien dans le domaine de l’improvisation. »

Le 21 janvier 2003, la commission d’appel et de l’éthique de la LFP a considéré que la faute commise par Fiorèse, « portant atteinte à l’éthique du football », relevait de sa compétence exclusive — et non de celle de la commission de discipline. Elle aggrave la sanction : Fabrice Fiorèse est désormais suspendu trois matches ferme ! Laurent Perpère annonce son intention d’être vigilant aux prochains cas de simulation : « L’avenir nous dira si, dans un cas similaire, d’autres joueurs seront sanctionnés. Si tel n’était pas le cas, je me ferais fort de le dénoncer. » Fabrice Fiorèse formule le même espoir : « Dans la mesure ou c’est la première fois que ce type de sanction est prise, je trouve qu’elle est lourde. Mais je l’accepte. Je souhaite aussi que ce qui apparaît aujourd’hui comme un exemple ne soit pas un cas isolé. Et puisque le CNE a décidé d’agir durement, j’espère que toutes les actions contraires à cette fameuse éthique, feront, à l’avenir, l’objet d’un traitement similaire. » Cette décision restera pourtant unique. Les seules simulations ayant fait l’objet d’une attention de la part de ces instances disciplinaires eurent droit à des sanctions bien moins sévères.

Vitorino Hilton : 1 match ferme et 1 avec sursis

Le 15 octobre 2006, Vitorino Hilton, le défenseur de Lens, simule un ceinturage avec Cana pour obtenir un penalty contre Marseille, qui permet au RCL d’égaliser (1-1, 79e). Il est suspendu un match ferme et un avec sursis par la commission de discipline de la LFP, suite à un rapport complémentaire de l’arbitre, Fredy Fautrel. Son président, Jacques Riolacci, l’explique : « Il y avait une simulation, une tricherie manifeste, sans violence. Il fallait que l’on sanctionne avec mesure. […] J’encourage les arbitres, quand ils sont dans le doute, à visionner le DVD du match et s’ils considèrent qu’ils se sont trompés, qu’ils nous le disent. »

Francis Collado, le DAF du club lensois, explique pourtant son inquiétude face à ce qu’il considère — à tort — être une première : « Le problème de fond, c’est la sanction a posteriori. Sans nier la faute, on ouvre la boîte de pandore. Cela fera jurisprudence. Il faudra à l’avenir une égalité de traitement. […] Je note que s’il n’y avait pas eu les caméras de Canal+, qui sont là pour le spectacle et nous font vivre, il n’y aurait pas eu de rapport. La télévision peut aggraver et accentuer les circonstances. On en est victimes sur ce cas. La sanction est quand même sévère mais acceptons-la. » De son côté, le joueur lensois juge la sanction plutôt clémente : « Je m’attendais à plus. J’ai dit la vérité, c’est-à-dire que j’avais simulé, mais aussi que j’étais énervé car Cana, avant l’action, méritait un rouge. Toutefois, je m’attendais à une sanction plus lourde après l’affaire Fiorèse. »

Johan Micoud : 1 match ferme

Le 29 mars 2008 — le jour de la finale de la coupe de la Ligue —, Johan Micoud déséquilibre Malonga et réclame un penalty. Éric Poulat lui accorde, ce qui permet aux Bordelais de s’imposer sur le fil contre Nancy (2-1, 83e). Le lendemain, l’affaire fera la une et les gros titres de L’Équipe, pas encore occupé à crier avec les loups contre la banderole anti-Ch’tis — il faudra attendre le surlendemain pour cela. Le milieu bordelais s’insurge alors des commentaires à son égard (retranscription des Cahiers du Football : « Ce n’était vraiment pas voulu, je n’ai jamais joué le penalty. […] Quand je lui tire le bras, je ne me dis pas je joue le penalty, je me suis dit, il ne veut pas que je joue le ballon, en contrepartie, je vais jouer le coup, tu toucheras pas le ballon toi non plus et voilà. Ensuite M. Poulat siffle, c’est peut-être très triste pour les Nancéens, mais voilà, c’est comme ça. Ça a été très dur, ça a été des mots très difficiles, on m’a traité de tricheur, j’ai eu beaucoup de mal à l’accepter donc c’était surtout sur ce point-là que j’ai voulu insister. J’ai voulu expliquer que je n’étais jamais entré dans cette surface pour espérer obtenir quoi que ce soit. J’assume totalement ce que j’ai fait, on accepte la décision de la commission. »

Ladite décision est la suivante : un match de suspension ferme. Trois matches pour Fiorèse puis un ferme et un avec sursis pour Hilton, et maintenant un pour Micoud : les sanctions sont de plus en plus sévères… De son côté, l’ASNL portera l’affaire devant la commission de discipline de la LFP puis la commission supérieure d’appel de la FFF afin d’obtenir le gain du match sur tapis vert. Dans le Parisien, en mai dernier, le président nancéen Jacques Rousselot expliquait ses intentions : « Récupérer des points n’est pas le but de notre démarche. On a fait cette requête pour que l’éthique soit respectée à l’avenir. On a voulu créer une jurisprudence même si les commissions du foot n’ont pas l’habitude de faire machine arrière. […] Je continue de dire qu’il faut combattre les tricheries. Ce serait bien de s’inspirer du cyclisme. Prenez l’exemple de Floyd Landis. Il a triché en se dopant et il a été déclassé du Tour de France. […] On pourrait sanctionner plus sévèrement un joueur qui triche. Si on lui mettait dix matches de suspension, ça en calmerait plus d’un. » En voilà une bonne idée : infliger une lourde sanction et la médiatiser pour que cela fasse ensuite jurisprudence. Disons, trois matches ferme ?

Quant au CNE, tout le monde se demande son utilité, à commencer par son président, Dominique Rocheteau. Dans France Football, en septembre dernier, l’Ange vert déclarait ainsi : « Nous avons la désagréable impression de ne servir à rien. » Invité sur le plateau de Direct Sport à la même époque, il a précisé que son comité fantôme était fondé à se saisir de « tout ce qui nuit à l’image du football, mais en dehors du terrain  ». Fabrice Fiorèse appréciera…

Signalons qu’en 2003 déjà, le CNE avait été déjugé par la FFF : suite à un tacle dangereux, Everson est renvoyé devant la commission de discipline, qui le suspend pour deux matches ferme et un avec sursis. En appel, la commission d’appel et de l’éthique estime que « le CNE ne peut s’autosaisir que lorsque les faits dont il a connaissance sont de nature à attenter à l’éthique et à la réputation du football » et précise « dans l’action de jeu concernée, les faits ont été sanctionnés par le corps arbitral et il n’appartient pas à une commission de revenir sur la décision arbitrale ». Il n’appartient pas à une commission de revenir sur une décision arbitrale… sauf si le joueur s’appelle Makélélé ou Sessegnon, et que le patron de l’arbitrage demande à ses arbitres de rédiger des rapports complémentaires contre eux. Les craintes du président niçois Maurice Cohen à l’époque étaient pour le moins fondées : « À chaque journée de L1, il pourrait trouver des dizaines d’actions similaires, et il y aurait la queue à la commission de discipline. Le CNE est intervenu uniquement parce que la presse a montré des photos. À partir du moment où il n’y a plus d’équité de traitement, on est dans un tribunal d’exception. »

Sur le site de Stages de foot, dans une mise à jour datant a priori vers 2007, Rocheteau précise à propos du CNE : « Déjà de nombreuses mesures ont été prises et parfois des sanctions qui font de ce conseil un organe reconnu, apprécié et redouté à la fois. » Un vœu pieux, sans doute…

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