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Les tirages de maillot et les mains sont une plaie

Nettoyer la surface de réparation [du PSG] (3/7)

Le pouvoir étant centralisé à Paris, il y a sans doute anguille sous roche…

mercredi 18 mars 2009, par Vivien B.

Nettoyer la surface de réparation [du PSG] (3/7)

Évoquez en province une quelconque décision impliquant le PSG et une instance de pouvoir — qu’il soit médiatique, politique ou footballistique —, vous entendrez rapidement parler de la protection dont bénéficierait le club de la capitale (cf. Nicolas Dieuze en mai dernier). En matière de sanctions disciplinaires prononcées par la LFP ou la FFF, c’est pourtant souvent le contraire : le Paris SG sert de laboratoire de sanctions. Les tirages de maillot dans la surface ? Seul Mario Yépès est sanctionné. Les simulations ? Seul Fabrice Fiorèse. Les démêlés des entraîneurs avec les arbitres ? Luis Fernandez. Les exemples foisonnent, nous en avons choisi quelques uns.

De Frau à Yépès en passant par Pichot ou Yépès — eh oui, encore —, les joueurs du PSG font l’objet d’une attention toute particulière.

Stéphane Pichot : 3 penalties en deux mois

En 2004/2005, Stéphane Pichot coûta deux victoires en championnat et une qualification en coupe de la Ligue. Stéphane Pichot, ou plus exactement ses mains. Ou sa maladresse. Voire sa « sale gueule » peut-être, on ne sait pas vraiment… Toujours est-il qu’en l’espace de trois mois, l’ancien Lillois fut sanctionné de trois penalties pour « trois mains involontaires », comme le précisait à l’époque Régis Testelin dans L’Équipe. Tout commence le 28 novembre 2004 [1] : Paris mène 0-1 à Nice jusqu’à ce que Philippe Kalt sanctionne Pichot (68e). Score final : 1-1. Un mois plus tard, le 21 décembre, le PSG et Montpellier sont toujours à égalité lorsque Pascal Vileo sanctionne Pichot (85e) ; Paris est éliminé (1-0). Le comique de répétition étant ce qu’il est, Dominique Fraise sifflera lui aussi penalty le 26 janvier 2005 alors que le PSG mène 2-0 face à Istres (61e) ; les promus égaliseront peu après (2-2).

Interrogé en février 2008 par Foot-Interview, le néo-Sochalien raconte son pire souvenir : « Des mains sanctionnées durement de penalties ! Ça fait partie des moments négatifs. À Paris, on n’est pas épargné. […] Ça me désole qu’un arbitre siffle une main involontaire. C’était rageant sur le terrain. On s’en veut mais en même temps, on y peut rien puisque ce n’est pas fait exprès. » La loi 12 est pourtant très claire : il n’y a faute que si un joueur de champ touche «  délibérément le ballon des mains ».

Mario Yépès : 3 penalties en deux semaines

Cette histoire était un avant-goût de ce qui allait arriver deux ans plus tard. Samedi 26 août 2006, le PSG se déplace à Sochaux lors de la quatrième journée de L1. En fin de première période, alors que les Doubistes mènent 2-0, l’arbitre Tony Chapron siffle un penalty pour un tirage de maillot de Mario Yépès dans la surface parisienne. Sans conséquence, puisque Landreau s’interpose. Rebelote à dix minutes de la fin du match, alors que le PSG est revenu à égalité (2-2) : nouveau tirage de maillot de Yépès sanctionné d’un avertissement et d’un penalty, que Ziani transforme, cette fois. Sochaux s’impose 3-2. Le défenseur colombien ne comprend pas ce qui lui est arrivé : « Je ne sais pas ce qu’il se passe sur les deux décisions. Je pense que des accrochages comme ça, il y en a cent par match. »

Mickaël Landreau, fraîchement arrivé en provenance de Nantes, s’interroge dans L’Équipe : « C’est difficile de parler de ça sans être considéré comme des pleureuses. Mais l’arbitrage, franchement… Qu’on veuille nettoyer les surfaces, d’accord, mais on est la seule équipe à payer. […] [Dans les surfaces] rien n’a changé. Des accrochages, il y en a toujours autant. Si ce sont des fautes flagrantes, pourquoi pas, mais là, même avec les ralentis, on ne sait toujours pas s’il y a faute. […] Les fautes contre nous sont difficiles à comprendre, sauf si on les siffle toutes chaque week-end. On ne va pas jouer les pleureuses mais je comprends maintenant ce que vit le PSG quand il joue à l’extérieur. »

Dans sa chronique arbitrale, Joël Quiniou évoque également « le besoin d’un arbitrage uniforme » : « Ce qui nous interpelle face à ce phénomène, c’est le manque d’uniformité. Car des actions similaires lors de Nice-Lyon (1-4), quelques minutes auparavant, n’ont pas été sanctionnées par M. Piccirillo. Pour la compréhension de tous, il paraît important que les arbitres observent la même attitude, quelles que soient les rencontres. Le grand public réclame que les surfaces de réparation ne soient plus des zones de non-droit, une analyse partagée par tous. Encore faut-il que les tirages soient nets et ne souffrent d’aucune contestation.  »

À la sortie du match, Tony Chapron est sûr de lui : « Je n’ai fait que mettre en pratique les consignes. Et je sifflerai encore à chaque fois que je verrai de telles fautes se reproduire. » Il ajoute toutefois un élément pour le moins étonnant : « C’est incompréhensible, car il a recommencé alors que j’avais déjà sifflé un penalty. Et si je vais au bout des choses, je vous dis que j’aurais même pu siffler un troisième penalty sur une autre action. » Ce propos est tout bonnement hallucinant : soit Yépès a commis une faute, et elle devait être sifflée, l’arbitre doit alors rédiger un rapport complémentaire ; soit les fautes n’existent pas, et elles ne devaient pas être sifflées. Marc Batta, le Directeur national de l’arbitrage, défendra Chapron tout en corrigeant indirectement ce dernier argument : «  S’il faut siffler cinq penalties par match, les arbitres le feront.  » Ce n’était sans doute pas nécessaire, puisque plus aucun match ne donnera lieu à de multiples penalties pour tirage de maillot…

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Penalty de Pauleta en 2006

Ou plutôt, un seul match. Après la rencontre à Sochaux, la nouvelle règle de l’arbitrage français ne fait plus de vagues jusqu’au match PSG-OM, qui se déroule deux semaines plus tard. Sous les lumières des projecteurs, le « clasico » est le moment idoine pour taper un grand coup. L’arbitre du match, Stéphane Bré, ne rate pas l’occasion : 6e minute de jeu, penalty pour « une faute peu évidente » de Yépès, écrira pudiquement L’Équipe. Un quart d’heure plus tard, c’est Marseille qui se voit sanctionner pour une faute elle aussi « très contestable ». Dans le quotidien sportif, Jérôme Touboul soulignera que cette faute « pouvait laisser flotter un parfum de compensation… ou d’équilibre dans l’injustice, si l’on préfère ». Mario Yépès sera encore signalé coupable d’une faute dans la surface en fin de match (87e) — incontestable, cette fois. Bilan : un penalty « très discutable » de chaque côté, pour citer notre quotidien sportif préféré. Et pour que la blague soit totale, l’arbitre fera retirer les deux premiers penalties. Cité par PSG/OM, les meilleurs ennemis, Stéphane Bré se justifiera : « Nous avons revu les images avec la DNA. Sur le penalty du PSG, je le redonne à retirer car une dizaine de joueurs sont entrés dans la surface au moment du tir. La seconde fois, si j’avais été jusqu’au-boutiste, je l’aurais encore fait retirer mais il n’y avait que trois joueurs, ce qui est tolérable. Sinon, on aurait sombré dans le ridicule et il faut parfois savoir raison garder. » Comme Chapron à Sochaux, Bré affirme donc qu’il a constaté une infraction au règlement, mais qu’il a considéré que cette fois, c’était tolérable… Pourtant, les règlements sont formels :

Si l’arbitre a donné le signal de l’exécution du coup de pied de réparation et que, avant que le ballon ne soit en jeu, […] un coéquipier de l’exécutant pénètre dans la surface de réparation […] l’arbitre laisse exécuter le coup. Si le ballon pénètre dans le but, le coup de pied de réparation sera recommencé.
La loi 14 ne précise donc pas « sauf la deuxième fois, s’ils ne sont que trois à rentrer dans la surface ». Un oubli, sans doute ? En fait, l’explication sera donnée quelques temps après, toujours dans le même livre : « PSG-OM est un match référence qui conditionne pas mal de choses. Je ne vais pas vous dire qu’on réalise au travers de ces matches une opération marketing, cela serait assez malvenu, mais quelque part, cette rencontre donne le ton de ce qui pourrait se passer sur d’autres terrains de Ligue 1 dans la saison. »

L’Équipe fait les totaux : « En 50 matches, 17 penalties ont été accordés jusqu’ici en L1 cette saison (15 ont été réussis), dont quatre pour des accrochages sur coups de pied arrêtés. À chaque fois, le Paris SG était concerné puisqu’il a concédé deux penalties de ce genre à Sochaux (2-3), puis un contre Marseille (1-3), les deux fois par Yepes, avant d’en obtenir un grâce à Sammy Traoré, toujours contre l’OM. » Trois penalties pour tirage de maillot de Yépès en deux matches — les deux seuls lors desquels cette faute a été sifflée —, le bilan est troublant… D’autant qu’on évoque alors un DVD transmis aux arbitres pour étudier les tirages de maillot, qu’il convient d’éradiquer. Une « source parisienne » citée par Eurosport.fr affirme que le montage fait la part belle au Colombien : « Sur ce DVD, on voit 10 actions, et 8 sont avec Mario ». Stéphane Bré, l’arbitre de PSG-OM, confirme l’existence de ce support dans le Parisien : « Il est vrai que nous avons visionné un DVD sur le tirage des maillots, sur lequel on voyait beaucoup Yépès commettre des actes répréhensibles. Ce n’est pas suffisant pour me conditionner à ne regarder que Yépès, mais si j’étais un jeune arbitre, je tomberais facilement dans ce piège… » Mickaël Landreau semble plus sceptique. Après Sochaux-PSG, il s’inquiétait des a priori de l’arbitre, Tony Chapron : « Si j’ai discuté avec M. Chapron ? Mais discuter de quoi ? Quand j’ai parlé avec lui, il m’a dit : “Mais vous le connaissez bien, Mario Yepes, non ?Comme s’il n’avait que ça en tête avant le début du match : Mario Yepes… Je sais bien que c’est super difficile d’arbitrer, mais, au moins, qu’ils [les arbitres] le fassent tous de la même manière et dans le même sens. Là, il n’y a qu’un seul stade en France où on siffle ce genre de penalties, et c’est celui où joue Paris. »

Les accusations de paranoïa parisienne volent en éclats à la lumière des réactions à l’époque. Ainsi Joël Quiniou écrit-il dans L’Équipe après le clasico : « Si on ne peut qu’adhérer au principe d’assainissement des surfaces de réparation, il faudrait éviter de tomber dans un excès qui consisterait à sanctionner des fautes vénielles, voire anecdotiques, pas toujours comprises de tous. Les tirages de maillots clairs, les ceinturages flagrants, autant de fautes incontestables contre l’esprit du jeu qui doivent être bannies des surfaces de réparation. On rappellera néanmoins que le football reste un sport d’engagement et de contact. En fait, il ne s’agit que d’un problème de discernement et de dosage. Au directeur de jeu de trouver le juste et difficile équilibre entre un laxisme débridé et un contrôle vétilleux jusqu’à l’incompréhension. »

Christian Gourcuff, déjà entraîneur de Lorient à l’époque, est encore plus précis : « Cela faisait très longtemps que je demandais une plus grande sévérité dans le respect des règles sur les tirages de maillot et les accrochages de toutes sortes dans la surface, qui représentent de véritables actes d’antijeu intentionnels. Ils doivent absolument être sanctionnés et éradiqués. Alors sur le principe, les directives données aux arbitres en début de saison […] vont vraiment dans le bon sens. Après, le problème, c’est leur application. Il faut qu’il y ait vraiment faute ! Par exemple, lors de Paris SG - Marseille (1-3), dimanche, il ne me semble pas que la faute de Yepes sur Zubar, puis celle de Niang sur Traoré, soient évidentes, loin s’en faut. Certes, on connaît Yépès depuis longtemps et il s’agit d’un spécialiste du tirage de maillot, mais là, il est sans doute un peu victime de sa réputation. Il ne faut pas que l’on en vienne à jeter la pièce pour, au moindre contact dans la surface, siffler un penalty. […] D’abord, il y a le risque de rentrer dans la logique de la compensation, comme on l’a vu dimanche. Surtout, cela peut inciter les joueurs en position d’attaque à simuler ou à amplifier au maximum ce genre de fautes pour obtenir le penalty. Alors, il faut continuer dans cette volonté de sanctionner ces fautes de manière harmonieuse – pas seulement quand le PSG est concerné, ce qui est un peu troublant – sur tous les terrains et quand elles existent vraiment. »

Après le match face à Marseille, Guy Lacombe sera amené à mettre Mario Yépès sur le banc des remplaçants, pour laisser le temps à chacun de retrouver de la sérénité. Le Colombien perdra sa place en défense centrale durant plus d’un mois — quatre matches —, avant de profiter de la suspension de Sylvain Armand — qui le remplace alors en défense centrale, Dramé prenant le couloir gauche — pour revenir contre Sedan. N’étant pas sanctionné d’un penalty cette fois-ci — au contraire, il marqua un but —, le numéro 6 parisien conservera son poste jusqu’à la fin de la saison — ou plus exactement, jusqu’à la blessure provoquée par Cissé au match retour. Et l’on ne siffla plus de tirages de maillot durant toute la saison… Il aura donc suffi de deux matches pour que ce qui était « la plaie du football français » disparaisse complètement des surfaces de réparation dans l’Hexagone ?

Notes

[1] Signalons par ailleurs que Bernard Mendy avait déjà été sanctionné d’une penalty pour une faute similaire quelques mois plus tôt, contre Caen (2-2), alors que le PSG menait 2-1.

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