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Notre avis sur le livre Témoignages

Critique du livre de témoignages sur le PSG

mardi 1er février 2011, par Gauthier B.

Critique du livre de témoignages sur le PSG

Sorti en novembre dernier, le livre Témoignages, 40 stars pour 40 ans de passion avait été l’occasion pour nous d’interroger l’un des co-auteurs, Bruno Salomon [1]. Nous poursuivons notre présentation de cet ouvrage avec notre critique du livre : les raisons qui pourraient vous pousser à vous l’offrir, ponctuées de quelques bémols.

Un livre original et savoureux

Les auteurs ont décidé d’appliquer une règle très stricte : chacune des 40 saisons évoquées est rigoureusement traitée de la même manière. Quatre pages sont ainsi dédiées à une saison — deux pages seulement pour les exercices 1972/1973 et 1973/1974, lorsque le club évoluait dans des divisions inférieures, et que les sources manquaient vraisemblablement — : une photographie pleine page du joueur choisi pour la saison, une page pour l’interview en elle-même, avec un bandeau le présentant brièvement, et enfin une double page consacrée à des souvenirs et anecdotes, illustrées par des photographies d’époque — toutes bien trouvées et sélectionnées avec à propos — et les commentaires du joueur. Y figure également un bref résumé de la saison ainsi que quelques chiffres.

Hormis quelques rares écarts, chaque joueur se contente de parler de la saison qui lui a été attribuée. Frustrant au premier abord — voir Bernard Lama ne parler que de sa dernière année parisienne peut s’avérer décevant —, ce procédé a le mérite de respecter l’histoire du Paris Saint-Germain. Ainsi, chaque saison ne vaut pas mieux qu’une autre, et l’ouvrage ne tombe dans l’écueil de tant d’autres à se focaliser sur un seul évènement, et à en faire des pages et des pages… Ici la chronologie est respectée, et il sera finalement fait mention bien plus souvent d’un joueur qui a passé neuf ans au club que d’un qui a péniblement bouclé deux saisons. Rien que par ce choix, le livre est une belle représentation de ce qu’ont été ces 40 dernières années pour le PSG.

La qualité des interviews à proprement parler dépend logiquement du joueur questionné. S’il ne faut pas attendre monts et merveilles d’Anelka ou de joueurs encore au club, et n’ayant donc que peu de recul, les autres anciens Parisiens s’expriment sans interdit ni langue de bois, et il en résulte une profusion d’anecdotes savoureuses. On peut ainsi découvrir les joueurs de l’époque Borelli parler d’une préparation estivale incongrue effectuée sur une croisière, Amara Simba évoquer Michel Bibard imitant le sifflet de l’arbitre pour empêcher Jean-Pierre Papin de marquer un but, Christian Perez estimer sans ambage que le titre de 1989 lui a été volé, Vincent Guérin expliquer comment Pierre Ménès lui infligeait systématiquement des mauvaises notes ou José-Karl Pierre-Fanfan raconter comment Juan-Pablo Sorin a ignoré les consignes de son coach pour donner la victoire à son équipe… Tout ceci contribue à donner un éclairage nouveau à des faits que nous connaissons bien. Ici, ce ne sont pas des journalistes qui décrivent des situations d’une manière orientée, mais bien les premiers acteurs qui évoquent leur ressenti. Seul regret — mais les auteurs ne sont pas à blâmer puisque cela résulte d’une volonté des intéressés —, des joueurs importantissimes comme Susic, Fernandez ou Le Guen ne font pas partie des quarante personnalités interrogées.

Quelques bémols malgré tout

Concernant ces fameuses interviews, il faut toutefois émettre une légère objection : la dernière question, posée à tous les joueurs, est particulièrement inappropriée. Son intitulé est le suivant : « Que peut-on souhaiter au PSG pour ses 40 ans ? » Évidemment, cela ne génère qu’une réponse plate — comment pouvait-il en être autrement ? —, qui sur une interview d’une page prend de la place inutilement. Surtout, certains comme Lemoult ou Jeannol répondent en parlant du plan Leproux. Il est regrettable que dans ce qui pourrait devenir un document référence de l’histoire du club figure une mention aussi nette de l’actualité du moment. Quel que soit son sentiment à son égard, quand on évoque l’histoire du PSG au cours des quarante dernières années — saison actuelle exclue —, le plan Leproux ne devrait pas être mentionné.

Pour continuer dans les reproches marginaux, certains des chiffres présentés sont loin d’être pertinents — « 1 : le PSG remporte le premier trophée des champions » — voire complètement faux, ne serait-ce que dans leur énoncé — « Le PSG établit un nouveau record avec 61 matches disputés […] (38 en championnat […]). Un record quasi-imbattable pour un championnat à 18 clubs. » De la même manière, on peut reprocher aux auteurs de ne pas avoir vérifié la véracité des propos des joueurs, certains parlant de faits qui ne ce sont pas déroulés. L’exemple le plus parlant concerne Jérôme Alonzo, qui déclare : « Ronaldinho rayonnait pour son retour au Parc contre Ajaccio mais Luis a décidé de le renvoyer sur le banc pour une raison que j’ignore. Je me souviendrais toute ma vie de la tête de Ronnie : j’ai vu la haine dans ses yeux. » Pour cette fameuse rencontre, Ronaldinho est au contraire rentré en cours de rencontre à l’heure de jeu, et Alonzo parlait vraisemblablement d’un autre match — peut-être plus en fin de saison. [2]

Notre synthèse

Les quelques reproches que nous avons recensés sont finalement bien maigres ; ce livre-recueil, qui se lit avec plaisir, est donc un bon moyen d’avoir un aperçu de chacune des saisons qui ont émaillé l’histoire récente du PSG. Son plus gros défaut est finalement d’être vendu avec ce maudit DVD, PSG 40 ans de fièvre, une honte pour les hommes qui ont fait le club, et une apologie de l’entité Canal+. Si jamais vous décidez d’acheter ce livre, nous ne saurons trop vous conseiller de jeter immédiatement ce cadeau forcé. Pour le reste, lire tous ces propos de joueurs que l’on a adorés ou que nous ne connaissons que trop peu est un vrai régal.

On a aimé :
- le découpage, qui rend hommage à chaque saison ;
- les photographies illustratives ;
- le franc-parler de l’essentiel des interviewés.

On n’a pas aimé :
- la présence d’un DVD qui n’avait rien à faire là ;
- les références au plan Leproux et l’inutilité d’une des questions ;
- certaines statistiques vraiment discutables.

Notes

[1] Le livre a été écrit par Michel Kollar et Bruno Salomon.

[2] Michel Kollar, co-auteur du livre, nous a contactés pour apporter la précision suivante : Jérôme Alonzo voulait dire que Luis a renvoyé Ronaldinho sur le banc après qu’il s’est échauffé, ne le faisant rentrer que plus tard.

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3 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    Charles
    1er février 2011 12:46

    …ça donne envie de le lire, et moi qui ai malheureusement regardé "40 ans de fièvre " avec mes fils, je suis entièrement d’accord avec toi : c’est une honte !!!
    maintenant, on a raison d’hésiter..

  • #2

    jloan
    3 février 2011 10:18

    J’ai lu le livre il est effectivement interessant, par contre je ne suis pas du tout d’accord avec vous. L’actualité des 40 ans c est bien le plan leproux. Aussi dramatique soit il, le plan leporux fait malheureusement partit de notre histoire.

    Certes c’est une (la ?) des pages les plus sombre de notre histoire que nous vivons actuellement. Il est tout à fait logique que certaines personnes en parlent.

  • #3

    Gauthier B.
    3 février 2011 11:22

    Jloan, je reconnais que le point de vue que j’ai émis est un peu subjectif : je comprends la démarche des auteurs de montrer l’histoire du club telle qu’elle est perçue à un moment donné, mais j’aurais préféré avoir un livre qui détaille l’histoire du club de la façon la plus intemporelle possible — dans le sens où elle sera vue de la même manière dans plusieurs années.

    En l’occurrence, le plan Leproux nous semble extrêmement important aujourd’hui, sera-t-il autre chose qu’anecdotique dans quelques années ? On ne sait pas encore. D’autant qu’il s’agit d’un livre sur la période 1970-2010, et que le plan Leproux entre en vigueur juste après. Pour prendre un fait un peu plus léger, c’est comme si Nenê avait été mentionné dans le livre, alors qu’il n’a pas joué au club sur la période décrite. Mais ça me gène peut-être parce que j’ai l’esprit tordu :), il s’agit vraiment d’un détail au milieu d’un bel ouvrage.

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